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EAN : 9791033509301
Ankama Editions (30/11/2018)
4.39/5   9 notes
Résumé :
Los Animales, en 2254. La civilisation n'est plus, le monde appartient désormais aux animaux. Vous voyez là la possibilité d'une paix éternelle ? Détrompez-vous ! La culture de meute règne et engendre une violence inhumaine. Au milieu de tout cela, Jack Mandrill le babouin et Hammerfist le gorille, deux vermines, tentent de défendre leur place au sommet de la chaîne alimentaire. Vous êtes prévenus : Los Animales n'est pas une ville pour les estomacs fragiles...
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'histoire : XXIIIe siècle, les animaux ont pris la place des humains, ces derniers sont quant à eux retournés à l'état sauvage. Jack Mandrill le babouin et Hammerfist le gorille, personnages sans scrupules, se débrouillent dans ce monde sans foi ni loi en vendant leurs services au plus offrant, assassinats, intimidations, rackets… le récit est composé de petites histoires presque indépendantes les unes des autres, mais qui au final constituent un ensemble parfaitement cohérent, partant d'histoires de guerres de gangs, on évolue vers un récit de science-fiction, post-apocalyptique, genre “La planète des singe” revisitée en version trash.
Je vous fait un rapide brainstorming de tout ce qui me vient à l'esprit au sujet de cette bande dessinée, autant pour les textes, le récit, le dessin... :
crade, vulgaire, grossier, trash, drogue, putes, violence, alcool, beuveries, lâcheté, bêtise, escroquerie, chantage, vengeance, inculture, hypocrisie, corruption, humiliation, saloperie, frime, mégalomanie, gangs, mafia, sadisme, cruauté, sexe (forcément sans consentement)... on pourrait sortir toutes les horreurs possibles, mais le néant du côté du positif, pas la moindre once de bons sentiments. Jack et Hammerfist sont sans doute les pires héros de l'univers de la bande dessinée, ou de l'univers tout court. J'aime bien quand ça tourne en cacahuète, mais là, c'est la cacahuète perpétuelle, âmes sensibles, s'abstenir ("c'est pas pour les opossums ce truc"), c'est tout bonnement atroce…

… et j'ai adoré !
Pozla et El Diablo parviennent si haut dans la surenchère de l'immonde que c'est à se tordre de rire, à tel point qu'on se prend vite d'affection pour ces deux salauds. Pour ceux qui connaissent Philippe Vuillemin, c'est assez proche de l'état d'esprit. Ça part dans toutes les directions, lutte de gangs, post apocalyptique, voyage dans le temps, écologie, recherche militaire, pornographie, flash-backs. Tout cet imbroglio improbable s'imbrique parfaitement, les auteurs ont trouvé le moyen d'extirper de cette fange une véritable saga romanesque, une histoire passionnante, échevelée, rocambolesque, totalement délirante, très actuelle, ébouriffante, crue, iconoclaste et bourrée de références. Cette lecture, c'est un tsunami, ça décoiffe sec, ça déchire grave !
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De l'homme ou de l'animal, qui est le plus bête ? Bienvenue au 25ème siècle. A la suite d'un cataclysme miltaro-nucléaire, l'humanité est retournée à son état de nature, nue, menacée, abêtie. Mais la nature n'a pas laissé le grand vide prendre la place laissée par ceux qui l'ont tant malmenée, et l'expression "règne animal" prend, dans ce 25ème siècle, tout son sens. Singes, oiseaux, amphibiens, mammifères petits et grands, reptiles en peau ou en écailles, ce sont nos amis les animaux qui sont désormais les maîtres en ce monde, et qui le régissent selon des lois, ma foi, fort humaines. Monkey bizness se déroule dans une cité-jungle, appelée Los Animales, qui a gardé de l'antique Los Angeles le bruissement ininterrompu, les activités interlopes, les magouilles politiques. Pour nous servir de guides, voici deux compères, le gorille Hammerfist - dont le nom révèle le caractère éminemment pugilistique - et le babouin Jack Mandrill, un ancien gosse de privilégiés devenu terreur des rades miteux. Hommes de main - si l'on ose dire - de toutes les autorités possibles - mafieuses comme politiques, à moins que ce ne soit les mêmes -, Hammerfist et Jack tiennent à leur indépendance, fils en cela d'une Amérique de souvenir, qu'ils défendent par leur verve et leurs poings. Délire bouillonnant et patchwork de courtes histoires, Monkey bizness réussit à garder la cohérence des longs romans graphiques, tout en imprimant une patte visuelle forte, le tout relié par une drôlerie qui emprunte des chemins multiples.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, Monkey bizness est un objet narratif relativement complexe, car il explore des thèmes et use de niveaux de langages différents, tout en gardant ce fil rouge essentiel à la cohésion de l'oeuvre entière. Il y a, dans ce livre, un souffle, un rythme, dicté et imposé par ces deux singes et leurs tribulations dans une cité où, si l'on excepte quelques variations physiologiques, les vices et les vertus des individus semblent identiques à ceux de nos sociétés actuelles. Voici donc deux gros bras qui louent leurs services à qui veut bien les payer - le maire, un maquereau, des chefs de gang - et qui, par leurs actions, se créent peu à peu des inimitiés qui les forcent - quand ce ne sont pas leurs propres sales caractères, une sorte de stupide orgueil mâle partagé par d'autres primates - à prendre des décisions, lesquelles influent donc sur le cours de l'histoire. Les rebondissements sont donc nombreux, et les flash-backs aussi, qui permettent de donner davantage de densité aux personnages (ainsi la déchéance sociale de Jack Mandrill s'explique par l'arrivée d'un véritable parasite dans sa famille). Tour à tour, nos deux singes défient les gangs dans une prison, échappent et pactisent avec un tueur à gages, se trouvent pris dans une nouvelle lutte des espèces, voyagent enfin dans le temps. Aussi décousu que cela puisse paraître, la narration est extrêmement bien maîtrisée, et aucun élément n'en semble être le fruit du hasard : ainsi les auteurs se rattrapent très aisément aux branches des boucles spatio-temporelles dans la dernière partie du livre.

Il ne faut pas en douter : Monkey bizness est drôle. Rageusement drôle, même. Drôle ne signifie pas léger : les sujets que l'on devine, en profondeur ou qui ne sont que prétextes à la narration, sont souvent graves : c'est le rôle négatif de l'homme sur l'écologie de sa propre planète, c'est l'exploitation sociale, c'est la corruption politique, c'est l'exploitation sexuelle ...D'ailleurs, si la société entièrement animale n'est pas exempte de cruautés et d'une part de violence assumée, les deux auteurs trouvent bien le moyen de démontrer, en ces cas, la supériorité de l'espèce humaine, prête à tout, sous l'égide d'un fils de militaire attardé et celle d'un président exécrable et autoritaire, pour retrouver sa place au sommet de la chaîne alimentaire. L'homme pourri - plus que les autres animaux, en tout cas, car il flingue aussi la planète -, Los Animales en paradis. Monkey bizness est drôle, et pour y parvenir, dispose d'une galerie de personnages riche et acide. Aucun d'entre eux ne peut dire : je n'ai pas de travers. Voyons un peu : le maire, pachyderme de son état, est corrompu jusqu'à l'os ; Hammerfist et Jack Mandrill usent volontiers de la violence, ont le goût de cette fête qu'on nomme ivrognerie, n'ont pas plus de pitié que de modération ; surgissent aussi des zèbres capables de cruauté sur des jeunes gorilles sans parole, des crocodiles patrons de night-club, des lapins crasseux qui défendent un terrain vague et, bien-sûr, des hommes, dont le plus éminent représentant est un vieux garçon stupide, naïf, avide d'héroïsme, un homme resté petit garçon prêt à tous les sacrifices pour impressionner un père militaire et amateur de plaisirs claquants et cachés. L'humour de Monkey bizness est volontiers noir ; il est basé à la fois sur les situations (ainsi le gage donné par un flic cochon à Jack Mandrill pour que ce dernier accepte de sortir de prison, ou la concurrence amoureuse entre Jack et Hammerfist pour le coeur de la mère de leur infortuné logeur) et sur la langue, dont les auteurs utilisent plusieurs registres. Au langage châtié de Hammerfist, volontiers ampoulé, répond l'argot de la rue et de Jack Mandrill, les insultes et les allusions sexuelles et scatophiles.

Le propos est féroce et acerbe, et reflété par un dessin nerveux, précis et vivant, au rendu parfois chatoyant tant les couleurs utilisées sont vives, avec une dominante des couleurs chaudes : jaunes, orangés, roses, rouges et violets, couleurs de la vie qui bouge et de la violence. Et si la cruauté réelle - ou plutôt directe, exposée sans les atours de l'humour - sait aussi se faire une place dans le récit (ainsi le traitement humiliant - métaphorique - du fils décevant par le père déviant à la fin du livre), elle n'est jamais gratuite ; elle est, pourrait-on dire, ce que même à grand renfort d'humour, on ne parvient à cacher. Cependant, il ne faut pas désespérer. Entre la vie bouillonnante, la violence et l'humour, Los Animales a finalement conservé une grande humanité.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
- On est des enfoirés quand même non ?
- Des opportunistes... C'est différent.
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