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EAN : 9782246863632
224 pages
Grasset (22/03/2017)
3.82/5   37 notes
Résumé :
« Mes mains, je veux bien vous les montrer. Blanches, veineuses, rien d’extraordinaire. »
C’est avec la modestie des grands artistes qu’Alexandre Tharaud, pianiste phare de sa génération, nous parle de son métier. Souvenir après souvenir, il nous livre ses doutes, ses convictions profondes, ses habitudes les plus intimes.
Quelles sont les différences entre Bach et Ravel, au contact du public ? Entre la loge du Symphony Hall de Boston et celle du Musikv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un piano, un soliste, c'est un couple qui se raconte dans le premier roman d' Alexandre Tharaud, Montrez moi vos Mains, il est écrit pour ceux qui se nourrissent de silences, comme un soliste pour qui une demi-pause, font deux silences, où chaque temps compte.

Le soliste c'est Alexandre Tharaud, quand il rentre en scène, ce sont les applaudissements, qui lui nouent le ventre, jouer de mémoire. Ce roman déroule cette double vie consacrée à la musique, Alexandre ou le Soliste, les deux tuniques d'un même rôle ; « Un ébéniste pratique le bois. Un pianiste le piano. le soliste pratique sa solitude. En artisan il la sculpte, La polit, la fait vivre. »p 113


Alexandre Tharaud est fidèle à son piano, mais il ne peut le transporter, il ira donc vers d'autres claviers, il apprend à les aimer, « le pianiste vise le coeur, uniquement le coeur. P 110
Comme dans un concert, il faut passer les premières mesures, les premières pages, prendre son temps, s'imaginer dans la peau du Pleyel, où seul dans un théâtre à la recherche de la musique, et se laisser embarquer par la prose, de ce jeune pianiste, dont les nuits sont peuplées d'animaux étranges, car si les mains sont si dociles, sa tête bouillonne en quête de silences.


Les émotions pour celui qui l'écoute, et qui se laisse pénétrer par la musique, elles viendront à foison, Alexandre Tharaud fait vibrer une âme d'émotions, « page 71 il se livre, je pouvais m'offrir de ne penser qu'en musique et j'en suis le passeur. »


Il me semblait incroyable de tracer 200 pages, à malaxer des pianos, à éprouver ses mains, à épuiser son corps en jouant de mémoire des livrets aussi compliqués que leurs auteurs, tel le scrupuleux Ravel. Sa mémoire flanchera une fois de trop, enfin les partitions l'accompagneront sur scène, sa bible, sa clé. L'absence se comble, ses silences s'apaisent.


Le livre explore bien plus qu'une joyeuse relation, parfois tendue entre son piano et ses humeurs, les travaux de maintenance ou les massages de ses cordes vocales peuvent transformer un Pléyel en crécelle, où le faire toucher la note pure.
Comme moi peut-être vous serez pris par le désir d'écouter les variations de Goldberg de Bach. Puis en fredonnant Barbara qu'il accompagna jusqu'en ses derniers chuchotements, à la voie si tenue, mais qui pour se maintenir, trichait avec ses cordes distendues.

Une merveilleuse ballade sur les doigts, si rare, pour traverser deux siècles d'opus, où il n'y a pas de grand ou de petits compositeurs, mais des phrasés immortels de Chopin à Litz, de Bach à Rachmaninov, et des interprètes qui parfois trichent, improvisent, emportés par leurs émotions, ces impromptues qui les a entendus ?
Au temps de Debussy les femmes tombaient en pâmoison, les fleurs et les silences peuvent en dire plus encore.

« Le pianiste Christian Ivaldi, avait sorti cette phrase : je ne vous sers pas la main elles sont pleines de fausses notes," pique ironique ou compliment, c'est tout le mystère du Soliste.

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Pianiste dont la renommée n'est plus à faire, Alexandre Tharaud est aussi écrivain. Dans ce « Montrez-moi vos mains » il raconte sa vie de nomade, de pays en pays, de ville en ville, d'hôtel en hôtel, de salle en salle et de loge en loge. Il se raconte aussi. Avec un sens aigu de l'auto-dérision, sans complaisance et simplement, il dévoile ses habitudes, ses angoisses, ses rêves, ses manies, ses rituels. Très habilement, il a décomposé son récit en trois parties, chacune étant en relation aux trois moments qui rythment une journée de concert : Naissance (sa préparation, la répétition, l'interview, …), Désir (l'approche du concert) et Feux (le concert). Chacun de ces épisodes, à côté de ce qui le concerne à titre personnel, est prétexte à anecdotes. Il dresse ainsi une galerie de portraits de tous les acteurs qui gravitent autour de l'artiste. On y découvre son premier professeur, son agent, le producteur, la journaliste, les tourneurs de page (A. Tharaud ne joue jamais de mémoire, il s'en explique). Certains sont de véritables hommages, tel celui rendu aux accordeurs. Sans oublier le public. Il en parle avec un profond respect, mais aussi avec humour : le portrait de Madeleine, la représentante des dames qui, partout dans le monde, déballent un bonbon pendant le concert en essayant de faire le moins de bruit possible, mais que tout le monde entend, le pianiste en premier lieu, est un véritable sketch. Les sensations jouent également un rôle majeur dans ce que A. Tharaud décrit : le toucher, l'acoustique, les lumières, …
On y rencontre un homme extrêmement sensible, quelqu'un qui capte et se nourrit de tout ce qui l'environne.
En artiste complet, A. Tharaud nous emmène dans son univers, où, sous l'apparence d'une certaine légèreté, on perçoit l'érudition, la rigueur, la discipline pour servir la musique.
« Montrez-moi vos mains » est un témoignage amoureux du métier de pianiste international qui, outre les informations qu'il apporte, se lit avec un immense plaisir.
Quant à savoir pourquoi l'auteur a donné ce titre à son essai, je laisse au lecteur de cette critique la surprise de le découvrir en lisant … A. Tharaud.

Cantus
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Si vous entriez dans la peau d'un pianiste, de renommée internationale de surcroît. Alexandre Tharaud nous ouvre son univers et nous livre son intimité de musicien.
Avec Montrez-moi vos mains nous voyageons d'un bout à l'autre de la planète, pénétrons dans les grandes salles de concert, leurs coulisses, les loges d'artistes. C'est aussi l'occasion de découvrir les avant et les après concerts, de distinguer ceux qui oeuvrent à leur réussite, de repérer ceux qui écoutent. Car la réussite dépend de tous. Certes, beaucoup participent à la préparation d'un concert, contribuent au choix et à la qualité de la musique, mais le pianiste, les musiciens ne sont pas les seuls à jouer, le public aussi a sa part. Alexandre Tharaud l'affirme "nous jouons ensemble". Et si les applaudissements et les bouquets de fleurs s'adressent principalement à l'artiste, il aimerait les partager avec beaucoup, l'accordeur en tout premier lieu.
De nombreuses anecdotes viennent agrémenter ce récit, créant une complicité plus grande non seulement avec le pianiste-écrivain, ses habitudes mais aussi avec de grands compositeurs : Chopin, Liszt, Rachmaninov, Bach et bien d'autres.
Un livre intéressant. Une grande simplicité et une belle humilité chez ce "passeur" de musique.
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Des bribes de la vie de pianiste soliste: les voyages, les décalages horaires, les pianos, les tourneurs de page, les fans, la routine à re-créer. le style un peu scolaire du début laisse place à un beau partage des émotions au fil des pages, avec des pincées de « fun facts » sur l'histoire de la musique qui en font un livre agréable.
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Captivée par ce témoignage construit comme un tableau. de petites touches de couleurs qui nous laissent une impression de bien être. Bel hommage aux solistes en général et à tous les acteurs gravitant autour d'eux qui font que nous public nous puissions écouter des concerts pour notre plus grand bonheur.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
De ce silence, celui-ci et pas un autre, unique, va surgir la première note, celle qui invite, la plus belle.
Ma main se pose sur le clavier, d'un geste direct, charnel.
P 153
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La répétition du matin, c’est d’abord la découverte de l’instrument. Je m’en approche, le respire à pleins poumons. Tels deux chiens, on se renifle, on se retrouve. Le piano m’appelle et son ventre dit tout. À son odeur de vernis, de feutre, de bois, il me parle. Oui, un instrument se livre beaucoup avant même d’être joué. Les Steinway n’ont pas les mêmes effluves que les Yamaha, à chaque modèle son parfum. Les Bösendorfer sont de loin les plus enivrants. Adolescent, je humais chaque jour mon Bösendorfer modèle B, auquel j’avais donné le nom du cheval d’Alexandre le Grand, Bucéphale. Je passais des après-midi à l’admirer de l’intérieur, scruter ses entrailles, chaque marteau, chaque corde. Son corps était un trésor.
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Si j'étais le piano, j'aurais peur.
L'accordeur semble doux mais tape fort.
P 41
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La rencontre d’une vie n’est-elle pas celle qui a lieu avec soi-même ? Les concerts offrent cet instant si bref, à lui, à moi, avant de nous jeter dans le vide, intense moment que nous ne tenons cependant pas à éterniser. Quelques secondes, pas davantage. Chaque fois nous nous rencontrons un peu plus profondément. L’autre nous fait moins peur. On se connaît si bien. Pas de lassitude, nous continuons notre travail, coûte que coûte. À chaque concert nous déposons une petite pierre sur ce chemin partagé, un chemin lumineux mais sans gloire. Un jour ce sera le dernier.
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Ce jour-là, Madame Vuinnet est venue avec sa fille. Dès le début du concert elle a fermé les yeux, s'est endormie sous la musique de Bach, son compositeur de coeur. Elle n'a plus bougé. Elle est morte comme ça, à quatre-vingt-treize ans, le sourire aux commissures des lèvres, son silence recouvert de Bach. Dans l'abandon. Offerte.
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Videos de Alexandre Tharaud (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alexandre Tharaud
Alexandre Tharaud vous présente son ouvrage "Montrez-moi vos mains" aux éditions Grasset. Entretien avec Sylvie Hazebroucq.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2014647/alexandre-tharaud-montrez-moi-vos-mains
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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