Petit livre intéressant mais il faut être concentré. Etude d'un meurtre. Un religieux, condamné pour hérésie tue l'inquisiteur venu le visiter. A travers les deux seuls documents témoignant de cet événement on essaie de reconstituer la scène. Religieux condamné pour hérésie mais laquelle? Peut-être juste une lutte contre l'inégalité sociale. L'inquisiteur en visite, oui mais les visites des inquisiteurs étaient souvent synonymes de torture...Au final pas de certitude mais un cas intéressant, étudié au maximum des possibilités existantes.
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Je connaissais cet auteur grâce à mes cours d'italien. On avait lu "una storia semplice" que j'avais adoré.
Je ne m'attendais pas à ce que ce soit un essai et non un roman.
C'était tout de même intéressant, puisque je ne connaissais pas du tout cette partie de l'Histoire. J'aimerais lire autre chose de cette période si vous avez des recommandations, je prends.
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Un livre très complet même si il est relativement peu épais, sur la fin de la sainte inquisition en Sicile. Les rapports compliqués de cette institution destructrice pour les populations civiles ou religieuses, et les relations étranges avec la noblesse durant des décennies, tout est décortiqué, analysé et retoqué d'anecdotes de références et des dates. L'auteur est un brin brouillon dans le plan de ce livre documentaire mais le sujet est intéressant.
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incipit :
Patience,
Pain, et temps.
Giuseppe Pitré réussit en 1906 à déchiffrer ces mots, gravés sur le mur d'une cellule du Palais Chiaramonte, siège du Saint-Office de 1605 à 1782, avec d'autres inscriptions de désespoir, de peur, de mise en garde, de prière, et parmi des images de saints, d'allégories, de choses rappelées ou rêvées.
Pense bien à la mort.
En ce monde il n'y a point de remède.
Dis qu'ici on donne des tours de corde et...
Pense bien qu'ici on donne la corde...
Je vous avise qu'ici, d'abord, on donne la corde...
Fais comme si tu venais d'arriver.
Innocens noli te culpare ; si culpasti, noli te excusare ; Verum detege et in D. no confide.
Mors, ubi est victoria tua ?
En plus des chroniques, des relations, des ouvrages qui sont cités ici, j'ai lu
(ou je présume que j'ai lu) tout ce qu'il y avait à lire au sujet de l'Inquisition en Sicile ;
et je puis dire que, pour cet essai, j'ai travaillé davantage,
et avec plus de soin et de passion,
que pour aucun autre de mes livres.
Et dans ce travail, j'ai été accompagné, tout comme certains thèmes,
certaines phrases musicales nous accompagnent parfois pendant des heures
ou des journées entières,
par certaines notations de mon ami Antonio Castelli ;
celles qui, dans ce livre très fin qui s'intitule Gli ombelichi tenui,
parlent de nos racines (des siennes comme des miennes) de notre respiration,
de notre mesure humaine dans le village où nous sommes nés.
Et des souvenirs aussi m'ont accompagné :
ceux de personnes aimées et estimées, de ma famille, de mon village,
qui maintenant ne sont plus.
Des hommes, dirait Mantraga, "d'opinions tenaces" ;
têtus, inflexibles, capables de supporter une énorme quantité de souffrance
et de sacrifice.
Et j'ai parlé de frère Diego comme de l'un d'eux, hérétiques,
non pas en face de leur religion (qu'à leur manière, ils observaient ou n'observaient pas)
mais en face de la vie.
Mais je ne veux pas, après avoir (à ma façon) écrit un livre d'histoire,
décliner des souvenirs et des états d'âme.
Et je dis simplement que ce petit livre est dédié aux habitants de Racalmuto
vivants et morts, "d'opinions tenaces".
"Ce qui étonnait par-dessus tout,
c'était que les fils payassent les crimes de leurs pères ;
que l'on ne connût ni ne révélât celui qui accusait,
qu'il n'y eût point de citation de témoins,
tout à l'opposé de ce qui était autrefois d'usage dans les autres tribunaux.
En outre, cela semblait une chose nouvelle
que de tels pécheurs fussent punis de la peine de mort ;
et, ce qui était plus grave,
qu'en raison de ces investigations secrètes
la liberté de parler et d'écouter diminuât,
pour cette raison qu'il y avait dans les villes, bourgades et villages
des personnes qui avaient pour tâche de rapporter ce qui se passait :
chose que d'aucuns tenaient pour un très pesant esclavage,
et semblable à la mort."
Juan de Mariana (historien jésuite), in "Historia de Espaňa, Toledo, 1592"
Extrait des notes de Leonardo Sciascia
[...] l'un de ces destins est celui du cardinal Jiménez de Cisneros :
régent de Castille à la mort de Ferdinand le Catholique, Grand Inquisiteur,
fondateur de l'Université d'Alcalà de Henares ;
une main, comme dit D'Ors dans son langage, qui a étouffé l'Espagne
mais l'a soutenue en même temps.
Quant à savoir comment il est possible d'étouffer et de soutenir en un même temps,
c'est là un mystère de la prose (nous ne pouvons pas dire de la pensée) de D'Ors.
Une main qui étouffe ne soutient qu'un cadavre ;
à moins que la force ne lui manque pour accomplir son œuvre.
Il y eut, en tous cas, des obsèques solennelles,
toutes les cloches de la ville sonnèrent le glas,
et on arrêta pour la journée l'horloge du palais Chiaramonte.
Cette horloge est passée en proverbe dans le peuple :
"l'horloge du saint-Office ne vous livre jamais",
elle ne livre jamais à la liberté,
elle ne sonne jamais l'heure de la libération.
Le 1.10.2022, Hubert Prolongeau présentait “Actes relatifs à la mort de Raymond Roussel” de Leonardo Sciascia dans “Mauvais Genres” (France Culture).