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EAN : 9782916589039
186 pages
Cambourakis (10/10/2007)
3.85/5   217 notes
Résumé :
"En avril 2006, sur le site internet de l'Institut National de l'Audiovisuel (INA), je suis tombée sur un reportage tourné à Beyrouth en 1984. Les journalistes interrogeaient les habitants d'une rue située à proximité de la ligne de démarcation, qui coupait la ville en deux. Une femme, bloquée par les bombardements dans l'entrée de son appartement, a dit une phrase qui m'a bouleversé : " Vous savez, je pense qu'on est quand même, peut-être, plus ou moins, en sécurit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (48) Voir plus Ajouter une critique
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C'est une fresque aux motifs multiples, en un unique noir et blanc.
Le binaire d'une sorte de jeux d'obstacles, pour échapper aux balles du tireur embusqué.
Le livre est puissant, pressant, qui fait partager au lecteur une attente angoissante, insoutenable pendant une soirée de tirs et de bombardements.
C'est la guerre.
Certains sont déjà morts ou disparus. le monde, dans ce quartier de Beyrouth, se rétrécit dans les barricades de bidons et de parpaings. On se retire loin des fenêtres, on attend le passeport qui permettra de fuir la guerre, on repense au beau mariage déjà sous les balles.
C'est la vie, en noir et blanc, retracée dans un dessin au trait plein, chargé de minutieuses géométries.
En tout cas, pour moi, c'est la très belle découverte d'une auteure douée.
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"Vous savez, je pense qu'on est quand même, peut-être, plus ou moins, en sécurité ici."
Voici la phrase qui a immortalisée à la télé la grand-mère de l'autrice.
On est dans une ville en guerre, vue à hauteur d'enfant : c'est Beyrouth, et c'est la jeunesse de Zeina Abirached elle-même.
Dans un dessin magnifique, où l'émotion se niche dans les petits détails, elle raconte cette soirée passée à attendre dans l'angoisse les parents en visite à quelques rues de là… et dans l'impossibilité de revenir car l'avenue est sous la menace d'un sniper.
Tous les habitants de l'immeuble viennent alors entourer les deux enfants dans l'entrée de leur logement, seul lieu sans fenêtres et donc "quand même, peut-être, plus ou moins, en sécurité".
L'autrice dresse le portrait touchant de chacun de ces voisins, Anhala qui toute sa vie a veillé sur les enfants des autres ; le jeune couple qui attend un bébé ; le serviable chauffeur de taxi. Et mon préféré, le monsieur qui récite par coeur Cyrano de Bergerac
Un album d'une très grande beauté malgré son sujet terrible.
Challenge Bande dessinée 2023
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Le récit raconte la guerre de Beyrouth, au début des années 80, vu par un enfant, au travers de la vie dans un immeuble, sous la menace des bombardements et des francs-tireurs. le dessin est en noir et blanc, le trait épais, les motifs ornementaux de l'art de cette région sont très présents, faisant ressortir les sons, le odeurs, les accents, derrière cette pudeur, il y a beaucoup de finesse, l'angoisse est racontée sans que jamais les armes et la violence ne soit montrées, faisant la part entre la perception des enfants et celle des adultes. Il est sujet d'émigration, de vie de tous les jours, cette drôle de vie que celle qui se déroule dans une ville en guerre. On ne sort presque pas de l'immeuble, la mort et la survie sont montrées de la même façon que sont évoqués la couture, la cuisine, et toute une série de petits tracas quotidiens. Cette façon de raconter sa ville, qui même dans les moments les plus sombre de son histoire, avec ces gens simples et touchants, est totalement bouleversante. Alors qu'elle ne semble rester qu'en superficie, un peu à la manière du cinéma italien des années 50 à 70, avec les éléments picturaux de sa culture, Zeina Abirached nous fait une belle démonstration de sensibilité, d'humanité, avec un recul faussement naïf… avec donc beaucoup de talent.
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Une soirée de bombardements dans un Liban en guerre. L'entraide entre voisins dans ce contexte pour survivre et conserver un semblant d'humanité. le questionnement sur la nécessité de partir ou rester. Tel est le sujet de « Mourir Partir Revenir : le jeu des hirondelles ».

Ce roman graphique de 2007 m'a fait penser à un autre écrit sur des thématiques proches publié en 2015, à savoir « Yallah Bye » de Kyungeun Park et Joseph Safieddine, même si le premier se déroule à Beyrouth en 1984 et le deuxième à Tyr en 2006 et que le graphisme est très différent.

Ces tranches de vie, petites histoires dans la grande Histoire, donnent un éclairage sur le quotidien dans un pays marqué par les affrontements, pour ne pas oublier qu'au-delà des grandes idées et des intérêts économiques, il y a des parents et leurs enfants, des femmes enceintes, des personnes âgées…

Des textes utiles pour rappeler que derrière les guerres, il y a des individus.
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Mourir partir revenir, le jeu des hirondelles est un roman graphique publié aux éditions Cambourakis. Lorsque l'on entame cette lecture, on est tout d'abord frappé par la couleur noire entêtante des graphismes : le roman est illustré en noir et blanc mais le noir empiète sur le blanc, devient oppressant et même menaçant. Tout ce noir, c'est la représentation de la guerre qui fait rage au Liban, qui étouffe les habitants et les prive de leur liberté. Les dessins sont épurés et leurs lignes sont très géométriques : il n'y a aucune courbe dans les paysages et l'on ne remarque que très peu de souplesse dans la représentation des personnages, toutefois le dessinateur ne semble pas manquer d'imagination mais plutôt de liberté créative car malgré la pauvreté du style, les dessins restent très expressifs. Ainsi, les illustrations accompagnent le texte et mettent en exergue le contrôle absolu des armées sur la ville ainsi que l'autorité exercée sur les habitants qui sont bridés et doivent obéir à des règles strictes. L'absence de liberté est partout, même dans le coup de crayon du dessinateur.

Cependant, malgré la tension et la violence quotidiennes, les privations de toutes natures, l'absence d'eau courante et d'électricité ainsi que les difficultés évidentes à continuer de vivre dans un environnement économiquement instable, quelques individus survivent dans la bonne humeur et s'entraident fraternellement. C'est ce souvenir humain et tout en émotions qu'a souhaité partager Zeina Abirached : ainsi, ce roman n'apporte aucun éclairage nouveau sur la guerre qui sévit au Liban en 1984 et n'est en rien le témoignage d'un soldat rescapé, il s'agit simplement du souvenir d'une soirée dans l'entrée d'un appartement alors que les bombardements font rage à l'extérieur.

"Ne t'en fais pas. Tant qu'on est dans l'entrée, rien ne peut nous arriver."

Habiter dans l'entrée d'un appartement peut sembler incongru, mais il s'agit pourtant de l'endroit le plus sûr parmi ce danger constant et absolu dans lequel sont obligés d'évoluer les personnages. L'entrée de l'appartement est éloignée des fenêtres et surtout, de la rue occupée par le franc-tireur : ainsi les chambres, la cuisine et le salon sont délaissées pour ce minuscule endroit qui offre plus de chance de survie. Une petite entrée d'appartement. Et lorsque les tirs reprennent et que les bombardement retentissent, les voisins descendent en toute hâte pour rejoindre ce refuge chaleureux, car l'entrée de cet appartement est situé au premier étage, celui qui est le mieux protégé. En effet, des sacs de sables, des conteneurs récupérés sur les quais ou encore des parpaings sont empilés devant les maisons, les immeubles et les magasins ainsi qu'au-travers des rues afin de constituer une protection de fortune contre les tirs. Grâce aux illustrations, il est possible de visualiser ces protections et ainsi de se rendre compte de ce qu'elles protègent et de ce qu'elles ne protègent pas : on pénètre visuellement la réalité des personnages et leur maigre sécurité.

La gravité des événements est atténuée par la vision toute enfantine de la narratrice, une enfant qui n'est pas encore capable de comprendre la situation de son pays et le danger qui la menace. Les quelques phrases qui jalonnent le roman sont courtes et purement descriptives, aucune réflexion n'est proposé au lecteur - c'est la réalité du souvenir qui est racontée et illustrée. Cependant, l'absence de texte laisse plus de place aux images et l'on s'imprègne rapidement de la noirceur des illustrations et de l'atmosphère qui s'en dégage, on prête plus facilement attention aux regards des personnages, aux frémissements de leurs lèvres et à leurs postures. Ainsi, alors que les dialogues se veulent neutres et détachés pour ne pas effrayer les enfants, la gestuelle et les regards des adultes soulignent leur inquiétude face à l'absence de deux personnages qui tardent à rentrer : les tirs à l'extérieurs ont repris, l'attente est longue et presque éternelle pour ce groupe d'amis qui vivent dans l'incertitude et l'angoisse permanente.

Mourir partir revenir, le jeu des hirondelles est court et vif, c'est un souvenir brûlant qui reprend vie grâce aux illustrations efficaces qui l'enrichissent. Zeina Abirached n'a pas souhaité expliquer la guerre ou raconter son pays, elle s'est concentrée sur le souvenir d'une soirée d'entraide, de jeux d'enfants, d'attente et d'angoisse. Chaque personnage a un passé unique que la guerre a meurtrit, mais tous ont le même présent : leurs destins convergent vers cette petite entrée d'appartement, illusion de sécurité dont le pouvoir symbolique est rassurant. Ensemble, ils trouvent la force d'affronter une situation pénible et épuisante. Les souvenirs d'une vieille dame, le théâtre d'un ancien professeur, les réserves d'alcool d'un restaurateur : chacun, à sa manière, soutient les autres. Si le texte n'est pas novateur dans son approche de la guerre, il permet toutefois de ressentir les émotions qui animaient les habitants, victimes indirectes de cette violence. Malgré son apparente simplicité, ce souvenir véhicule beaucoup d'émotions et, la dernière page tournée, occupe encore l'esprit un long moment.

Je vous invite sur mon site internet, sur lequel vous pourrez lire des extraits en images de ce roman graphique et prolonger votre découverte !


Je remercie sincèrement l'équipe de Libfly ainsi que les éditions cambourakis pour la confiance dont elles m'honorent, ainsi que pour cette découverte dans le cadre du salon du livre d'Arras 2013.
Lien : http://reverieslitteraires.fr/
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critiques presse (1)
Lecturejeune
01 mars 2008
Lecture jeune, n°125 - Nous sommes à Beyrouth, en 1984, au 38 de la rue Youssef Semaani. L’espace est confiné à l’entrée d’un appartement, lieu le plus à l’abri des obus où les voisins viennent aussi se réfugier les soirs de bombardement. Zeina Abirached retrace ici une nuit d’angoisse et d’attente. Elle et son jeune frère attendent le retour de leurs parents, qui ont rendu visite à leur grand-mère ; mais, en temps de guerre, tout déplacement est dangereux et la communication impossible. Défilent alors d’autres personnages : Anhala, Chucri, Ernest, etc. Et le temps passe entre craintes et moments de complicité. Au fil des pages, l’auteur décrit la solidarité entre des hommes et des femmes, leurs parcours de vie difficiles, les départs contraints, la perte ou l’absence des êtres chers, tout cela sans pathos. Il s’établit même un contraste entre la situation, dangereuse, et le lien qui s’instaure entre les personnages. Enfin, ce qui séduit en premier lieu dans cette œuvre, c’est indéniablement son graphisme et ces séries de dessins en noir et blanc qui jouent sur des motifs à répétitions, ou symétriques. Ainsi, le style très abouti sert à merveille le texte. Un bel album, facile d’accès, qui n’est pas sans rappeler, au premier abord, Persepolis de Marjane Sartrapi (L’Association, coll. « Ciboulette », 2000 à 2004, LJ n° 106), mais qui, à la lecture, se révèle être une œuvre tout à fait singulière et originale. Anne Clerc
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Khaled racontait qu'il était né au Texas. Pour les beaux yeux de Linda, disait-il, il avait consenti à vivre ici.
Il racontait que là bas, il y avait un très beau phare,
une grande roue, une corniche de bord de mer, des restaurants, des magasins illuminés
des marchands ambulants, des cafés trottoirs
et surtout, les meilleurs "merry creams" du monde.
" ...et la Méditerranée à perte de vue! "
Le Texas ...C'était ce que Khaled avait trouvé de plus éloigné pour désigner le quartier de Beyrouth-ouest où il avait vécu et dont la guerre l'avait privé.
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Pour éviter le franc-tireur, les habitants du quartier avaient mis au point un système de circulation entre les immeubles. Pour traverser les quelques rues qui nous séparaient, il fallait respecter une chorégraphie complexe et périlleuse
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- (...) Vous les jeunes, vous pouvez encore partir et sauver votre avenir !
- Ou rester... et essayer de sauver le pays !
Mais tu sais, parfois, je me dis que c'est peut-être eux qui ont raison.
Et puis, qui sait, si j'avais un enfant, peut-être que j'aurais tout fait
pour partir moi aussi. Après tout, cette guerre qui a pris Papa, elle ne
me concerne pas.
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Ici, c'est l'espace qui nous reste dans cette étrange moitié de ville. Francs-tireurs, barils métalliques, conteneurs, fils barbelés, sacs de sable, découpent une nouvelle géographie.
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Les personnes contrôlées pouvaient se faire arrêter, enlever ou assassiner sur la simple base de leur religion, inscrite alors sur la carte d'identité.
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Videos de Zeina Abirached (32) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Zeina Abirached
Lecture par l'autrice & Tania Saleh, accompagnées de Pierre Millet
Publié en 1923 puis traduit en 40 langues, le Prophète de Khalil Gibran est universel et intemporel. Ce conte philosophique puise dans les enseignements des trois cultes monothéistes, des religions de l'Inde mais aussi aux sources d'oeuvres révolutionnaires, tels que les écrits de William Blake, de Nietzsche et de Jung. Zeina Abirached offre ici la première version entièrement dessinée de ce chef-d'oeuvre. Dans une chorégraphie d'ombres et de lumières, elle nous invite à rejoindre les habitants d'Orphalèse réunis pour questionner le jeune Almustafa sur les grandes orientations de la vie. Enfant du Liban et de l'exil, comme Khalil Gibran avant elle, Zeina Abirached nous propose de découvrir autrement ce texte magistral dont la force et la portée n'ont pas fini de nous surprendre.
« C'est dans la rosée des petites choses que le coeur trouve son matin et se rafraîchit. » Khalil Gibran, le prophète
À lire – Zeina Abirached & Khalil Gibran, le Prophète, trad. par Didier Sénécal, éd. Seghers, 2023.
Son : Alain Garceau Lumière : Patrick Clitus Direction technique : Guillaume Parra Captation : Marilyn Mugot
+ Lire la suite
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