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EAN : 9782916136769
293 pages
Les éditions du Sonneur (25/09/2014)
4/5   6 notes
Résumé :
À l’occasion d’un séjour à Paris, Mousseline s’émancipe de la tutelle paternelle et rencontre Joseph. Avec lui, elle découvre la capitale, la littérature, la vie, et l’amour. Leur passion, aussi imprévisible que totale, est tragiquement interrompue. Elle reporte dès lors son affection sur Michel, son neveu, dont Mousseline a le désir inconscient de lui voir endosser la personnalité de Joseph. Michel, de surcroît marqué par une grand-mère qu’il n’a pas connue, va de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« Vers midi partout cette odeur de bougeoir, on mangeait de la lumière » : et voilà, je suis partie dans le roman. Immédiatement, j'ai envie de me plonger dans la lecture de Mousseline et ses doubles. Je sais que j'aime déjà les mots – pas l'histoire, non, les mots du roman. L'écriture de Lionel-Édouard Martin, je la reçois comme une force, de plein fouet. Quelque chose qui est de l'ordre du rythme, du son. C'est beau, les mots s'enroulent, se nouent se dénouent, s'agrippent, se tordent, se déchirent, happent, montent, descendent, crescendo, decrescendo, se cristallisent, s'immobilisent, s'enracinent puis reprennent leur route, leur course, parlent, se taisent, s'écoutent même dans le silence.

« Tu n'as pas bien dormi, le silence est un silence que tu ne connais pas. Les silences ne sont pas tous les mêmes: c'est un silence, ici, de voitures et de machines, de foules, jamais complet, tandis que chez toi, c'est un silence de bête. » Il y a, chez l'auteur, une appréhension subtile des théories, des sensations, de la génération qui l'a précédé, et j'ai envie de dire que j'ai abordé la méthode de l'écrivain (et je prends le risque d'être dans l'erreur du monde du lecteur) comme celle des peintres ou des musiciens pour faire le portrait (multiple) de Mousseline (Mousseline, Marielle, Marie).

Des portraits de mots ?

Des portraits de femmes ?

Le portrait d'une femme comme l'auteur sait si bien le faire (je pense aussi à La Vieille aux buissons de roses, à Anaïs ou les gravières). Des noms inventés, des êtres de fiction ? Mousseline offre généreusement au portraitiste sa personne bien incarnée pour l'aider à mettre en pleine lumière l'indéchiffrable continent des femmes qui n'a pas fini de mettre en émoi le continent des hommes. Toutes forment cette chaîne d'êtres singuliers qui ont mis en situation un homme, un écrivain parmi les femmes, la femme.

Je détourne volontiers la citation de Simone de Beauvoir, « On ne naît pas homme, on le devient… » Par quel chemin, par quelles voies semées d'amour, de rêveries, d'embûches, un homme est-il devenu homme, un homme est-il devenu écrivain ? – Et cet homme-écrivain, et cet écrivain-homme c'est Michel, Michel et son double.

*

Une histoire triste, des obstacles à franchir par l'enfant promis à sa carrière d'homme. La profondeur, la musique, le corps viscéral, la belle singularité de l'écriture de Lionel-Édouard Martin, m'entraînent toujours vers cette magie de la lecture, une lecture de transport, à cette capacité étrange que possèdent certains livres de nous faire voyager sur une barque et suivre une rivière ou une machine à explorer le temps. Un autre espace et un autre temps, dans un autre paysage, dans une autre langue. Je pense ici à cette citation de Proust : « En réalité, chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même. L'ouvrage d'un écrivain n'est qu'une espèce d'instrument optique qu'il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que sans le livre il n'eût peut-être pas vu en soi-même. » Les cinq sens sont stimulés tour à tour selon les chapitres qui nous font vivre l'expérience, les désirs (conscients ou inconscients) du corps. le livre s'offre au lecteur dans une juste et touchante dimension sensible.

Mousseline est une écorce, Michel un arbre. le lecteur ramène la vie sous l'écorce. La lecture en est la sève. Mousseline n'est pas double, elle est multiple ! Trois M, Marielle, Mousseline, Marie Une trinité : Marie, Joseph, Michel.

Il n'y a donc pas besoin d'être savant pour lire, il faut sentir les mots quand ils vous appellent, vous emportent : c'est cela, la lecture d'un beau livre.

Sincèrement, je pense que Mousseline, à travers le contact et la pulsation des phrases de « Michel », découvre ou retrouve charnellement quelque chose de lui, et plus précisément de son expérience du monde.

Ma petite touche, ma petite note (atonale) : j'ai eu le sentiment que Mousseline et ses doubles était un roman écrit pour les femmes.

Anne Bolenne
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Enchantée par « Nativité cinquante et quelques », je me réjouissais d'avance à l'idée de cette Mousseline, arachnéenne supposais-je, toute en légèreté et en douceur. Erreur ! Mousseline n'a de futile que le nom, même pas le sien d'ailleurs puisqu'elle le doit à sa nourrice la mère Mousselin réquisitionnée de force par la sage-femme..

Il faut dire que sa propre mère, Lisa, celle qui faisait jaser au village, est morte lors de la naissance des jumeaux, Pierre et Marielle, Mousselin – Mousseline donc.

Et la vie de ces deux-là va se nouer en deux rameaux qui s'enroulent l'un à l'autre, s'écartent un peu, pas longtemps, pas loin, l'amour est au fond de yeux et du coeur mais on ne le dit pas. Un monde de taiseux, celui du village poitevin un temps transposé à la capitale. Et c'est là que tout commence pour Mousseline. Juste venue voir son neveu, le petit Michel, copie conforme dit-on de sa grand-mère Lisa, elle tombe raide amoureuse d'un Joseph menuisier, cultivé, tendre, fou d'elle. Marie-Joseph ! Il ne manque que Jésus pour qu'on se retrouve dans Nativité.

Mais la vie parisienne sera cruelle à Marie et la mort la laissera exsangue, amputée, ne vivant plus que pour son Michel que lui ont laissé Pierre et sa femme avant de partir pour le Maroc. Cherchant à retrouver son amour dans une statuette sculptée par Joseph et dans son neveu Michel : deux totems, dit-elle !

Sur fond historique des années 50-60, fin de la seconde guerre mondiale, sale guerre d'Algérie, séisme d'Agadir, chansonnettes de Mistinguett ou de Clavaux, nous vivons la relation d'amour tendre et lucide qui unit Mousseline et son neveu. Devenu écrivain, sculpteur de mots, il raconte la vie d'une Mousseline sur laquelle la vraie veut garder un droit de regard. Tendres disputes, vrais reproches, vrais – faux souvenirs, les deux personnages racontent l'histoire à tour de rôle en une conversation vivante, du « tu » au « je » pour tenter de restituer le ressenti de chacun.

Et nous les écoutons, attendris, émus, heureux, indignés aussi par l'injustice du destin. le parler de Lionel-Édouard Martin sonne juste, entre langue charnue du village et argot parisien plus ou moins maîtrisé par Pierre, entre poésie flirtant avec le fantastique et descriptions quasi sociologiques, l'intérêt ne se dément pas.

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Lionel-Édouard Martin est un poète et un romancier français né à Montmorillon (Poitou-Charente) en 1956. Après des études de lettres conclues par une agrégation de lettres modernes, sa carrière le mène à la diplomatie culturelle et à l'enseignement supérieur. Spécialiste de didactique du français langue étrangère, il a effectué de nombreux et longs séjours hors de France (Maroc, Allemagne, Caraïbes…), qui ont nourri son écriture. Auteur depuis 2004 de plus d'une vingtaine de textes, Mousseline et ses doubles, son neuvième roman, vient de paraître.
Michel, écrivain, rédige un roman basé sur l'histoire de sa famille dont l'héroïne est sa tante Mousseline, qui l'a élevé. Emouvante histoire familiale débutée en province, en plein terroir rural dans les années trente, laissant un père seul avec ses deux jumeaux Pierre et Mousseline après le décès de sa femme. Pierre deviendra soldat, marié et basé à Paris tandis que sa soeur restée avec le père, le seconde dans son entreprise. Quand naît Michel, au mitan des années cinquante, Mousseline « monte » à la capitale pour voir son neveu. La jeune femme va connaître les joies et les peines et sa vie va se trouver chamboulée quand elle découvrira le grand amour avec Joseph, puis les deuils la laissant seule - « et ma solitude, je voulais en faire quelque chose » - avec Michel dont elle se chargera de l'éducation.
Le roman n'est pas très long, sorte de mini-saga traversant des pans de l'histoire de notre pays brièvement évoquée mais créant des repères historiques comme la Seconde guerre mondiale ou la guerre d'Algérie. Evocation – en touches légères - de la ruralité de l'ancien siècle et du Paris des années cinquante et soixante où j'aurais pu croiser Mousseline…
Le bouquin est bien écrit, même si parfois – selon les situations - il l'est peut-être un peu trop quand l'auteur adopte une langue datée pour coller au plus près de ses personnages. le style se fait alors ostensiblement appuyé, comme si l'on lisait un roman du début du vingtième siècle, ce qui n'est pas désagréable pour un lecteur de mon âge, mais… Ce qui saute aux yeux en tout cas, c'est que Lionel-Edouard Martin aime les mots et l'écriture, ici pas de gros mots, mais des jeux de mots à écho psychanalytique (mer/mère) et des mots rares de-ci, de-delà. le ton alterne aussi, selon que nous sommes dans les années trente, à la campagne avec le père des jumeaux, ou bien avec Michel échangeant avec sa tante sur ce qu'il écrit, ce qui nous vaut une mise en abyme toujours plaisante, entre Michel l'écrivain de fiction et Martin l'écrivain tout court.
Et puis il y a cette Mousseline, au destin pas ordinaire et que la vie n'a pas épargnée mais qui toujours saura faire face, petite jeune femme semblant timorée et effacée dans sa province mais qui, une fois installée à Paris, sans cesse réussira à conduire sa barque, contre vents et marées. Tous les acteurs de cette tranche de vie sont des gens ordinaires et gentils (trop ?), ce qui déteint sur l'ensemble du roman et place le lecteur dans une sorte de confort douillet – une parenthèse heureuse dans la littérature moderne.
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On a plaisir à lire ce roman lentement pour en apprécier la beauté poétique et pour être au diapason d'une époque ou l'on prenait le temps de vivre. Michel est écrivain, il vit retiré dans sa maison de famille, il écrit un roman sur la vie de sa tante, Marielle, 74 Ans, elle est surnommée " Mousseline " car à sa naissance et à celle de son frère jumeau Pierre, leur mère, Lise meurt, ils sont nourris par une mère nourricière dénommée, Mme Mousselin. Plus que la vie de sa tante, ce sont leurs vies à eux deux qu'il retrace, des vies jalonnées de malheurs, mais aussi de beaucoup d'amours, celui qui les unit car cette tante va devoir élever Michel, celui de Marielle pour son premier amant, Joseph, celui des parents de Michel, Pierre et Anne, et celui du grand-père, le taiseux Paul, pour sa défunte Lise, et pour toute sa famille. C'est un roman à deux voix dans lequel la tante et le neveu se répondent à travers leur propre " ressenti " des événements qu'ils ont vécus, qui jalonnent l'histoire de leur famille depuis l'avant seconde guerre mondiale, qui passe par la guerre d'Algérie, qui s'attarde joliment sur les années 1950-1960, et finit de nos jours en voyageant de la province à Paris. Lionel-Edouard Martin nous plonge dans un temps qui prenait son temps, mais sans être passéiste, avec beaucoup de sensibilité, il décrit les sentiments, les désirs et les envies des personnages, ainsi il permet à Michel de s'imposer contre le volonté de sa tante de le voir devenir le double de Joseph et parvenir à être écrivain. La construction est très subtile, on apprécie ses pages dans lesquelles le personnage écrivain échange sur l'écriture du livre avec le personnage de sa tante, sur la qualité des pages écrites, sur la dose de romance qu'il apporte à la vie qu'il décrit. On ne sait plus si l'on a affaire à Michel le personnage écrivain où à Lionel- Edouard Martin l'écrivain du roman.
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A la suite de Nativité Cinquante et quelques voici Mousseline et ses doubles ; Lionel Edouard Martin a dans ses deux romans le don de nous raconter les choses de ces temps passés avec exactement le ton de ces temps là, c'est un vrai régal de suivre Mousseline qui vit tout comme elle le sent, sans se poser de questions sur les lendemains pourtant dramatiques à plusieurs reprises mais la vie continue et il faut en profiter au mieux et avancer et même être heureuse encore et encore ; c'était ça la vie en ce temps là, l'innocence face à la découverte de l'inconnu, la violence des drames mais aussi la spontanéité du partage et la force de vivre.
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critiques presse (1)
Actualitte
28 novembre 2014
Naviguant entre les générations d'une famille grevée d'absents, de pièces rapportées et de cœurs gonflés décrits avec une gourmandise inquiète, l'auteur joue avec les époques.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
C’est une chose étrange que de parler de soi à la troisième personne – de se muer en personnage : mitose, on se détache de soi-même, on s’incarne en un double, on le regarde, nourri de nos mots, mener une existence autonome. Je suis dans mon état civil ce Michel, fils de Pierre et d’Anne, et dès que j’entre dans cette histoire, je me divise en quelqu’un d’autre. De ma tante, de mon père et de ma mère, de mon grand-père, le vieux Paul, il en va de même : tous je les extrais de leur être véritable pour en faire ces hommes et ces femmes vaguant sur mes pages.
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Videos de Lionel-Edouard Martin (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lionel-Edouard Martin
Lionel-Édouard Martin - Mousseline et ses doubles .Lionel-Édouard Martin vous présente son ouvrage "Mousseline et ses doubles" aux éditions du Sonneur. Rentrée littéraire 2014. http://www.mollat.com/livres/martin-lionel-edouard-mousseline-ses-doubles-9782916136769.html Notes de Musique : ?Peas Corps? (by Podington Bear). Free Music Archive.
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