Parce que mon principe, c’est que si quelqu’un me prend des trucs, je les lui reprends. Sauf que je lui en reprends plus qu’il ne m’en a pris. Un jour, j’ai arraché le doigt d’un type que j’avais surpris à tourner sa bague en dedans pour faire miroir. Une autre fois, j’ai pris la femme d’un autre. C’est ma règle, à moi. Je ne la viole jamais. Même avec celui qui a le plan.
Ceci est un journal. Je l’écris en me servant de ce que mon associé qui l’a lu jusqu’à maintenant appelle le présent. Comme si ça se produisait maintenant. Mais ce que j’écris est déjà arrivé. C’est trop tard. C’est du passé écrit au présent. Vous voyez ce que je veux dire ? Ce que je veux dire, c’est qu’on peut plus rien y faire. C’est fini.
Mulholland donne l’impression d’être sur le toit du monde. On peut s’y croire prince de la ville et penser que les lois de la nature et de la physique n’y ont pas cours. Le pied écrase l’accélérateur. Telle est la contradiction. Mulholland Drive a été construite pour la vitesse, mais ne sait pas la tenir. La vitesse est une tueuse.
Quand on joue assez longtemps, on repère les schémas récurrents et après, on cherche les signes qui trahissent. Je suis un homme avec un principe. Et mon principe, c’est que quand on m’escroque, on me prend des trucs. On me vole. Peut-être pas mon argent, mais ma chance d’en gagner.
Swain regarde l’argent disparaître comme si c’était sa femme et ses enfants qui le quittaient pour de bon. Il y a de la tension dans l’air, personne n’aime perdre, même quand on pense que tout est réglo.
Extrait du livre audio « Les Neuf Dragons » de Michael Connelly, traduit par Robert Pépin, lu par Jacques Chaussepied. Parution numérique le 27 mars 2024.
https://www.audiolib.fr/livre/les-neuf-dragons-9791035413835/