Mulo, tome 1 : Crachin breton

Du bleu, de la pluie, oui on part bien en Bretagne, en compagnie d'un âne mystérieux a l'air revêche.
C'est peu bavard, et au départ il n'y a guère qu'une voix off pour nous guider, nous aider à comprendre. Mulo mène une quête, sur son passé. C'est progressive, tout ne se révèle que peu à peu.
Les personnages sont esquissés avec peu de détails, et pourtant je les trouve parlant, bien que taiseux. Quelque chose passe dans les dessins, les silences, les quelques mots, les ellipses.
La variété dans la mise en page donne du rythme. Les couleurs sont très réussies, participent à l'ambiance du récit. Les dessins recèlent parfois des détails, des clins d'oeil. Et j'ai apprécié le découpage en sorte de chapitres avec des dictons (je crois) en français et en breton. Là aussi, ça participe à l'ambiance.
Le petit cahier graphique en bonus est sympa pour découvrir les croquis !

Atmosphère sombre, personnages troublés, ambiance de roman noir, et personnages animaliers à la manière de Sokal et son inspecteur Canardo. La référence est manifeste, et c'est plutôt réussi. le décor breton donne à cette aventure un sorte d'exotisme et un certain caractère, avec quelques beaux paysages portuaires qui viennent rythmer cette aventure et lui donner une ambiance feutrée contrastant avec la violence qui se développe au fil de l'aventure. C'est une réussite, grâce à cette ambiance noire bien maîtrisée, un suspense abouti malgré une histoire quand même très classique et des personnages qui auraient mérités un développement plus poussé.

Décidément, « Blacksad » fait des émules ! Il en aura fallu du temps, mais le polar animalier est aujourd'hui en plein boom. « Les ailes du singe », « Jack Wolfgang » et maintenant « Mulo ». Issus de la BD jeunesse (entre autres), PoG et Cédrick le Bihan nous propose un premier tome façon roman noir. Une histoire de vengeance où l'on vient remuer le passé… le tout est publié chez Dargaud pour 82 pages.

Mulo est une mule. Ainsi, dans ce petit monde animalier, il est un bâtard. Il se rend sur une île, en Bretagne, pour comprendre son passé. Toute son enfance et ses drames trouveront leur réponse une fois qu'il aura mis pied à terre… de Mulo, on ne saura pas grand-chose : ce n'est pas un détective, un policier ou même un journaliste. Il enquête pour lui.

Le côté breton m'avait un peu inquiété. S'il est mis un peu en avant de façon artificiel (avec des proverbes à chaque fin de chapitre ou des personnages traduits), ce n'est pas gênant plus que ça. Mais il est dommage que les bretons se sentent obligés d'en rajouter. L'histoire pourrait se passer sur une île ailleurs, ça ne changerait rien à son déroulement ou à ses personnages.

La narration de PoG prend son temps. On voit Mulo faire du stop, puis prendre le bateau, puis arriver sur l'île. On nous fait comprendre qu'il vient pour une affaire personnelle, certainement grave, mais les auteurs nous font mariner. Ces pages sont assez réussies en termes de narration. Elles installent une atmosphère, mettent Mulo dans la position de celui qui vient perturber un quotidien routinier… Hélas, c'est aussi un défaut car en fin d'ouvrage la résolution paraît bien rapide. Et finalement, le côté polar, enquête, n'est vraiment pas le point fort. L'histoire est très classique, sans véritables rebondissements.

Quelques facilités scénaristiques viennent ternir l'ensemble. Ne serait-ce que parce que Mulo vienne sur l'île suite à une lettre qu'on lui a envoyé. Son « complice » sur place manque un peu de réalisme. On passe un peu sur cet écueil par le système de chapitres qui distillent les informations à sa manière, parfois sans texte. La narration est bonne mais l'histoire un peu légère.

Graphiquement, Cédrick le Bihan fait du beau travail. Certaines planches sont particulièrement réussies : dynamiques, chargées de détails, utilisant des plans originaux… C'est du beau travail dans l'ensemble, une belle science du cadrage et du rythme. Malgré tout, le dessin paraît par moment un peu enfantin. Globalement, le style polar est respecté, avec des couleurs grisâtres, des attitudes délétères… Seules quelques cases font un peu jeunesse.

« Mulo » n'est pas pleinement réussi. Ce premier tome possède de belles qualités narratives et graphiques, mais mérite de mûrir encore un peu. le personnage semble d'ailleurs surdéveloppé : on le présente comme un bâtard qui a subi des humiliations toute sa vie à cause de ça, mais cela ne ressort pas (encore ?) dans la BD. On connaît désormais le passé de Mulo, reste à développer un peu son personnage. À suivre !
Lien : http://blogbrother.fr/mulo-t..

Roman graphique anthropomorphique d'un jeune appelé Mulo dont le passé trouble va trouver réponse sur une ile de Bretagne; mais seulement après avoir risqué sa vie car certains ne souhaitent pas que la vérité soit étalée au grand jour.
Un carnet graphique en fin d'album avec de plaisantes esquisses.

J'ai totalement craqué sur la couverture de cette bande dessinée sans savoir dans quoi je me lançais. Avec la quatrième de couverture, je pensais au départ qu'il s'agirait d'un ouvrage sur un jeune qui ne serait pas accepté par les autres à cause de sa différence. Ça n'avait absolument rien à voir avec ça 😀 Il s'agit quand même d'un récit sur l'identité, mais pas dans le sens où je le croyais.

Mulo a été élevé dans un orphelinat. Quand il reçoit une lettre qui lui donne des indices sur son passé, il ne peut pas s'empêcher de partir en quête de son identité. Qui étaient ses parents? Pourquoi l'ont-ils abandonné? Il débarque en Bretagne, mais ce qu'il va découvrir va bien sûr le chambouler, mais va aussi le mettre en danger mortel. Qui peut bien vouloir autant qu'il connaisse la vérité et à quel prix?

La bande dessinée est divisée en plusieurs parties et chaque page d'en-tête de chapitre est blanche, avec un dicton breton (et sa traduction, pour ceux, comme moi, qui ne comprendraient pas le breton :p ), ainsi qu'un objet qui va se révéler important pour la suite. La première édition comporte également un très beau cahier graphique à la fin !

J'ai vraiment adoré les dessins de cet ouvrage ! le trait est plutôt arrondi, assez doux, ce qui contraste fort avec l'histoire plutôt sombre et violente qui est racontée. de plus, les couleurs sont assez vives, ce qui donne un ton vraiment particulier à cette bande dessinée. Un clair-obscur entre l'illustration et le scénario que j'ai beaucoup aimé.

Tous les personnages sont des animaux. Les « méchants » sont représentés par des animaux chasseurs comme le loup, ou des félins, alors que les « gentils » sont plutôt des proies : des lapins, des poulets, etc. Notre protagoniste ne va pas trop savoir où se situer. Alors qu'au début, il pensait être un citoyen ordinaire, sans histoire, il va vite découvrir qu'on peut aisément basculer du côté obscur. Un personnage très intéressant, qui semble au départ retiré dans son monde, mais qui va prendre de la carrure et de l'ambition au fur et à mesure que le récit avance. Et de la force, il va en avoir besoin pour surmonter tous les dangers auxquels il sera confronté !

Une belle histoire sur la quête d'identité d'un orphelin, qui ne va cependant pas aimer ce qu'il va découvrir. Une recherche de son passé qui va l'entraîner dans des situations dangereuses. Un magnifique coup de crayon, doux, aux traits fort arrondis, qui contraste avec la violence du scénario. Je recommande cette bande dessinée originale et poignante !
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