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EAN : 9782021440669
768 pages
Seuil (21/10/2022)
3.12/5   64 notes
Résumé :
Au-dessus des chutes Victoria, là où les eaux du fleuve Zambèze sont encore calmes, s’était établie une poignée de colons. Mêlé aux voix de trois familles et quatre générations, un chœur de moustiques, minuscules commères, balaie de son souffle ironique les prétentions humaines de ceux qui ont peuplé ce village et œuvré à la construction de la Zambie.

Les destins des uns et des autres, un photographe britannique, une jeune femme italienne atteinte d’h... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (55) Voir plus Ajouter une critique
3,12

sur 64 notes
Si je devais résumer en quelques mots mon ressenti après la lecture de Mustiks de Namwali Serpell, premier roman de cette femme de lettres zambienne, ce serait : Une épopée particulièrement époustouflante et audacieuse, une fresque historique politique et humaniste où histoire réelle et magie s'entremêlent.
Le premier narrateur de ce vaste roman de fiction historique et de science-fiction est Percy M. Clark, un aventurier, photographe, originaire de Cambridge, arrivé en Rhodésie dans les premières années du XXe siècle, tombé sous le charme des Chutes Victoria et de ce fleuve Zambèze, et qui décida d'y rester comme d'autres colons. Il monte la première boutique de curiosités, de souvenirs.
Il est l'aïeul par qui tout commence. En effet, une série d'événements a lieu et les actions de ce premier colon dans The Old Drift, personnage ayant existé, sont à l'origine de l'entrelacement de trois familles installées en Zambie, sur quatre générations, du début du XXe siècle à nos jours, et que l'auteure nous révèle peu à peu.
À travers le destin de ces trois familles, une zambienne, une italienne et une indienne, mêlées à leurs voix, un choeur de moustiques, véritables commères, « bourdonnant comme un choeur allemand » commente ironiquement les décisions ou les prétentions humaines.
Namwali Serpell dévoile plus d'un siècle d'histoire, du passé précolonial de la Zambie jusqu'à un futur proche où un nouvel appareil numérique est intégré dans la paume de la main de chacun.
C'est à la fois historique, ironique, parfois surréaliste et de plus en plus addictif à mesure que l'on avance dans la lecture.
Je me suis parfois un peu perdue dans les personnages, mais un arbre généalogique en début d'ouvrage permet de vite se repérer si besoin.
Je me suis rapidement laissée emporter par ces personnages zambiens, la plupart très attachants et notamment par ces femmes extrêmement courageuses et astucieuses. La question du féminisme est d'ailleurs omniprésente au cours de cette saga et comme la question du racisme et de l'identité d'une nation et des générations qui l'ont composée, questions également abordées dans le roman, elles sont toutes approchées avec une infinie subtilité.
J'ai souri et même ri en découvrant l'entraînement de cette première Astronaute dont le professeur Edward Makuka Nkoloso, rêvait d'être le premier à poser le pied sur la Lune. Mais quelle n'a pas été ma surprise en découvrant que cet homme, dans les années 1960, a réellement tenté de convaincre son gouvernement de créer un programme spatial national afin d'essayer d'envoyer un homme dans l'espace, puis, à terme douze afronautes, terme qu'il a inventé, et dix chats sur la planète Mars ! Mais, n'était-ce pas pour cet idéaliste excentrique une manière de faire réagir et réfléchir, susciter le débat, faire avancer les choses…
J'ai beaucoup appris sur ce pays qu'on, ou du moins que « je » connaissais si peu, ce pays dont l'indépendance est proclamée le 24 octobre 1964, Kenneth David Kaunda en devenant le premier président de la République, un chef d'état modéré, prônant une « société multiraciale » ; l'ancien protectorat britannique de Rhodésie du Nord sera désormais connu sous le nom de Zambie, ce nouveau nom tiré de son fleuve Zambèze.
Namwali Serpell excelle à faire vivre l'histoire dense, richissime et souvent complexe de son pays par le biais de destins familiaux, nous contant l'amour, les désirs, les rêves mais aussi les trahisons, les drames qui traversent ces lignées.
Si j'ai parfois été quelque peu déroutée par le fantastique présent dans le roman, la poésie et la beauté qui s'en dégagent me l'ont ensuite fait apprécier.
Namwali Serpell ne pouvait envisager un roman aussi complet sans évoquer ce terrible fléau qui ravagea le continent africain, ce VIH, le virus responsable du sida.
La prouesse et le talent de l'auteure, est de nous donner à entendre différentes voix, permettant ainsi au lecteur de voir l'histoire sous différents angles, restituant un récit totalement politique, fortement instructif, un récit déchirant, époustouflant et pourtant parfois hilarant !
Merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour m'avoir permis de découvrir cet extraordinaire et fabuleux roman dont la couverture est déjà éblouissante !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Les moustiques transmettent ils la maladie du sommeil ?

C'est la question que me pose cette lecture car j'avoue que ces pages sont un somnifère très efficace depuis un mois mais chaque jour le moustique Babelio bourdonne, le compte à rebours s'égrène … et aujourd'hui ma page d'accueil affiche « vous avez 0 jours de retard sur la publication de votre chronique » , me voici donc au pied du mur et je devine des centaines de Babeliotes avides et impatients de lire mon avis sur « Mustiks » ;-)))

Constatons d'abord que cet ouvrage est superbe, sa couverture évocatrice, le papier d'excellente qualité, les sept cents pages parfaitement imprimées s'inscrivent dans une typographie agréable et je remercie SEUIL pour cet envoi privilégié.

La traduction (américain) de Sabine Porte est remarquable, d'une grande richesse linguistique et révèle des mots peu usités ; à contrario l'absence de traduction des phrases en italien est un léger handicap, l'absence de traduction des propos africains (bantous ou zambiens ?) un obstacle rédhibitoire.

« Les chutes » introduisent efficacement cette « Odyssée en Zambie » en s'inspirant de « The Autobiography of an Old Drifter » de Percy M. Clark (George G. Harrap & Co., 1936) ; Namwali Serpell précise que « toutes les connotations racistes sont de lui » et commet «and old drifter » en lieu et place de « an old drifter » … Cette première partie résume la découverte du pays par Speke et Rhodes et la conquête britannique du temps de l'impératrice Victoria qui donne son nom au lac dominant le coeur de l'Afrique.

Ces chutes nous plongent dans l'Italie fasciste, le lupanar tenu par Adriana, l'enrôlement des ascaris, puis la naissance de Sibilla dont le handicap (hirsutisme) hérisse le poil et focalise, au fil des pages, l'attention au détriment des nombreux autres personnages. Suivent (sur deux cents pages) l'évocation d'Agnés et Matha les autres « grands mères », puis des mères (deux cents pages supplémentaires) et le récit dévie (à mes yeux) vers le farfelu, l'invraisemblable, la magie (noire) et la science fiction.

Or (personne n'est parfait) je suis aussi allergique à la Science Fiction (Jules Verne mis à part) qu'aux mangas et ce livre n'est manifestement ni écrit pour moi (ce qui n'est pas grave), ni conforme à sa quatrième de couverture car où sont la subtilité, l'hommage à la littérature classique et au réalisme ?

Ce roman nous propulse vers le transhumanisme et un avenir où antennes et écrans seront greffés sur notre corps … où moustiques et drones ne se distingueront plus … cette désincarnation explique peut être pourquoi les personnages de ce roman m'ont semblé incompréhensibles et assez peu sympathiques et pourquoi j'ai eu tant de mal à finir cet épais et lourd bouquin.

Le gap culturel peut être une autre explication. Dans notre univers cartésien nous lisons de gauche à droite et de haut en bas et nous analysons les arbres généalogiques en commençant généralement en haut à gauche …Namwali Serpell visite l'arbre (page 10) dans un ordre différent et slalome entre les trois grands mères, les trois mères et leurs trois enfants dans un désordre aussi aléatoire que déroutant qui contrarie la lecture.

En conclusion, ce très bel objet a nourri mes soirées depuis un mois et garanti un sommeil rapide, profond et paisible. Je le recommande donc très vivement aux insomniaques.

La romancière est dotée d'une imagination extraordinaire, la traductrice est excellente, mais un roman peut il s'abstraire d'un scénario crédible et se dispenser de personnages vraisemblables ?

Je prends donc la liberté de ne pas noter ce roman puisque je ne m'intéresse pas à la science fiction et suis passé loin de ces « mustiks » et de cette odyssée en Zambie.
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Pour raconter l'histoire de son pays, la Zambienne Namwali Serpell fait une incursion dans le réalisme magique, avec une vaste fresque aux personnages hauts en couleurs, nés des liens tissés entre trois familles sur quatre générations, de 1900 jusqu'à un futur proche.


C'est un personnage réel, le photographe britannique Percy M. Clarke, pionnier établi au début du XXe siècle sur le Zambèze en amont des chutes Victoria, qui sert de point de départ au roman. Père fondateur d'une lignée imaginée mêlant de nombreux sangs – européens, indiens et zambiens –, il est ici le symbole d'une première empreinte étrangère sur une terre qui ne parviendrait plus à se défaire de ses colonies d'envahisseurs, puisqu'après le protectorat britannique, la Rhodésie devenue Zambie à son indépendance en 1964 tomberait sous une autre coupe : celle des investisseurs chinois cette fois.


A partir de ce début de la colonisation du pays, ils sont neuf personnages fictifs à servir tour à tour de focale au récit, en autant de parties regroupées en trois époques : celle des grands-mères, respectivement italienne, anglaise et zambienne ; puis, au fil de métissages divers et successifs, celle des mères et celle des enfants. A chaque génération, l'histoire se répète : tous ont beau tenter de reprendre le contrôle de leur destin, leurs espoirs finissent immanquablement par sombrer, le pays en perpétuelle crise économique, ses habitants réduits à la misère, leurs plus belles initiatives détournées au profit de puissants corrompus ou étrangers, et leurs vies bientôt menacées par l'explosion de l'épidémie de sida en Afrique. Ce sont toujours les femmes qui prennent le plus cher, quand, la plupart du temps, elles se retrouvent seules à assurer durement leur survie et celle de leurs enfants. Pourtant, la jeunesse reprend chaque fois le flambeau de la contestation et de l'action, laissant à penser que les choses finiront bien pour bouger un jour...


Entremêlant librement sa fiction de figures réelles – tel l'inouï et très idéaliste professeur Edward Makuka Nkoloso qui tenta de convaincre son gouvernement de créer un programme spatial national –, mais extrapolant toujours la réalité avec une fantaisie parfois désarçonnante – comme au travers de Sibilla, dont le récit exploite l'hirsutisme jusqu'à en faire une créature quasi fabuleuse –, Namwali Serpell a trouvé, non sans humour, une formule particulièrement imagée et habile pour nous faire envisager la situation de son pays sous tous les angles possibles – historique, politique, social, culturel –, et pour nous faire toucher du doigt, au travers de quelques destins particuliers, le long et incessant combat de cette nation pour construire une identité mise à mal par l'arrogance raciste et prédatrice du monde.


Pour mieux prendre de la hauteur sur ce marécage où les marionnettes humaines se débattent dans leurs passions tragiques, la narration, surgie de profondeurs historiques et prolongée d'une projection teintée de science-fiction, s'entrecoupe du choeur bourdonnant des moustiques vaquant imperturbablement d'une peau à l'autre, peu importe sa couleur, et commentant ironiquement l'absurde inanité de tant de complications entre les hommes.


Cette fresque d'une ampleur exceptionnelle, parfois déroutante dans ses aspects les plus magiques, voire un brin fastidieuse dans certains de ses méandres, s'avère toujours intelligente dans sa manière de mêler les registres, du plus classique au fantastique et à la science-fiction, pour servir une réflexion très ironique, désabusée mais pas désespérée, sur le racisme, sur le féminisme et sur la difficile construction de l'identité des peuples africains, certes aujourd'hui indépendants politiquement, mais toujours économiquement assujettis aux puissances étrangères.


Merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour cette intéressante découverte en avant-première.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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L'invitation était prometteuse. Voyez un peu... Une quatrième de couverture qui m'entraînait dans le vertige abyssal des chutes Victoria et celui d'un récit polyphonique au réalisme magique... Un bandeau avec les mots dithyrambiques de Salman Rushdie, d'autres mots qui n'hésitaient pas à qualifier ce livre de « digne héritier de Cent ans de solitude »... Whaou !
Stop ! N'en jetez plus...
Aussi quand Babelio m'a proposé cette lecture dans le cadre d'une Masse Critique privilégiée, je n'ai pas hésité une seconde. Mustiks : Une odyssée en Zambie, premier roman de l'autrice zambienne Namwali Serpell m'attendait, me tendait les bras.
Un roman-fleuve dans les méandres du Zambèze...
C'est donc le coeur tambourinant comme sur des tamtams que j'ai poussé ma barque sur les eaux encore impassibles du fleuve Zambèze, à l'endroit précis où ce récit prend sa source. Nous sommes à l'aube du XXème siècle et nous faisons connaissance avec Percy M. Clark, personnage ayant réellement existé, photographe britannique de son état qui s'installe avec quelques colons au bord des chutes Victoria. C'est de là que tout partira, les fondations de ce pays qui allait plus tard prendre le nom de Zambie, mais aussi celles de ce récit ample, construit sur quatre étages, quatre générations où s'entremêlent les voix de trois familles.
Au début tout s'est bien passé, mon émotion de lecteur a été au rendez-vous. Je suis entré sous le charme envoûtant de cette polyphonie de voix féminines, les Grands-mères, portées par une écriture flamboyante et inventive. Trois grands-mères totalement atypiques nous entraînent sur les chemins de leurs destins insolites. Sibilla, l'Italienne, marquée par cette terrible maladie d'hirsutisme dont le pelage qui n'en finit pas de pousser confère brusquement au récit une dimension onirique voire presque fantastique et fait d'elle une créature fabuleuse. Agnes, l'Anglaise, championne de tennis qui va devenir aveugle sans pour autant renoncer à son sport favori. Matha l'Africaine, très douée pour l'écriture à une époque où les jeunes filles de ce pays n'avaient pas encore le droit de fréquenter les bancs de l'école.
Ces femmes dont nous faisons connaissance sous le régime colonial de la Rhodésie du Nord, vont être témoins de l'émancipation de cette terre africaine qui donnera naissance à la Zambie.
D'autres voix de femmes vont se succéder sur les générations d'après... J'ai aimé ces destins féminins à l'aune d'une nation qui prend forme, se transforme, j'ai aimé ces femmes bousculées par des hommes sans foi ni loi, des femmes qui ne cèdent rien, se relèvent. Leurs voix ont du mal à se faire entendre malgré tout, étouffées par le cynisme des hommes alcooliques et infidèles qu'elles côtoient. Ces derniers ont loin d'avoir la part belle dans le roman...
Voix féminines, voix métissées, voix nomades...
Entre chaque chapitre, nous entendons le choeur vrombissant des moustiques comme un chant universel et cynique prenant de la hauteur face aux malheurs d'une humanité cupide, inégalitaire, raciste... Volant et piquant d'une peau à l'autre quelle que soit sa couleur ou son milieu social...
J'ai aimé rencontrer aux premières pages de ce roman historique le commencement d'une fresque politique et humaniste qui se voulait ambitieuse, se construisant sur l'édifice des existences de ces personnages. Je pensais que leurs histoires allaient se couturer progressivement dans l'entrelacement et l'écho joyeux et douloureux de leurs destins. Il n'en fut rien, du moins je ne l'ai pas vu ainsi...
Les générations se succèdent, l'empathie que suscitaient jusqu'alors les personnages s'effiloche, faisant place à ma lassitude, pour ne pas dire ma déception.
C'est à croire que les hommes entrés dans le récit avec leur tares, misogynes, fats et menteurs, ont tout gâché...
Dommage que l'autrice n'ait pas eu envie de continuer à porter son récit dans le souffle magique qui avait accompagné la rencontre du personnage de Sibilla...
Vint la génération des Enfants.
Le drame du Sida qui traversa l'Afrique de cette période aurait pu alors transcender le texte d'une beauté bouleversante et tragique, lui offrir le souffle d'une fresque faisant dialoguer l'intime avec l'universel. Mais ce ne furent que conjectures et digressions scientifiques qui ont fini par me perdre.
Je ne parle pas des derniers chapitres où le roman prend brusquement un virage à 180°pour décoller vers un récit de science-fiction, où les moustiques font place à des puces... où une lassitude sidérale a eu raison des derniers vestiges de mon attention... J'ai bien tenté alors de saisir parmi ces pages devenant de plus en plus hermétiques un drone pour me téléporter au plus vite vers le mot FIN...
Dans cette odyssée en Zambie, j'ai fini par me retrouver tel un zombie, égaré entre les vivants et les morts, cherchant désespérément en fin de livre le glossaire des mots de la langue bantoue cités tout au long de l'histoire et que j'aurais voulu comprendre...
Cette déception est à la hauteur d'une petite tristesse, un rendez-vous manqué, celui du lecteur enthousiaste que j'étais à l'abord de ce livre, qui a entrevu dans cette très belle écriture et ruisselante de lumière que possède indéniablement Namwali Serpell le reflet d'une magnifique histoire polyphonique où les voix me sont devenues peu à peu cacophoniques.
Ce roman m'aura au moins donné envie de relire au plus vite Cent ans de solitude...
Je remercie chaleureusement Babelio et les Éditions du Seuil pour l'envoi de ce livre.
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Bon , j'ai vraiment tout tenté , tout supporté , négocié , fait des efforts ,rien à faire , divorce consommé à la page....520 !!!! Mais oui , Pourtant , aprés un démarrage compliqué , je me suis cru sauvé en m'immisçant finalement dans le cadre de vie , la personnalité , l'originalité des personnages ...J'ai même connu de trés belles embellies , mais je dois le reconnaître , ce livre et moi n'étions pas faits l'un pour l'autre .Je suis sorti de ma zone de confort et le choc s'est avéré trop violent pour moi .
Je ne vous résumerai pas l'intrigue , cela ne revêt pas un caractère essentiel dans la mesure où tout ce qu'il faut savoir se trouve sur la quatrième de couverture .Trois familles , quatre générations pour raconter la construction difficile de la Zambie L'idée était audacieuse avec des recoupements intéressants mais je me suis perdu dans un récit qui devenait trop " farfelu " pour m'apporter ce que j'attendais .L'écriture est trés belle , les phrases bien construites et maitrisées mais c'est sur le fond que s'est construit un désamour qui devait déboucher sur une rupture définitive du contrat .
Alors , que dire ?Abandonner une lecture , c'est comme dans un divorce , les torts sont souvent complexes à établir .Pourtant , la mariée était ( trop ) belle .Pensez donc " A couper le souffle , un digne héritier de Cent ans de solitude ". Cent ans de solitude , je l'ai lu voici....Ne comparons pas , les " héritiers " récoltent souvent des fruits qu'ils n'ont pas semés .Restons dans une terminologie plus modeste et non dans la publicité tapageuse .
Une fois de plus , je réitérerai ma modestie quant à ce point de vue sévère qui n'est que l'honnête expression de mon ressenti du moment . Ce roman a été adulé par certains qui y ont trouvé leur bonheur et j'en suis ravi pour eux et pour l'autrice .Ainsi va la vie d'un lecteur et du livre qu'il découvre .Je ne donnerai pas de note .S'il m'est facile de le faire pour un ouvrage que j'ai aimé , je ne me sens pas le droit d'évaluer un travail que j'aurais été bien incapable de produire .La vie offre des rencontres qui " marchent " , d'autres " qui sont des échecs " .... certaines sont douloureuses , d'autres simplement anecdotiques mais , dans tous les cas , il faut " passer à autre chose ."
Un grand merci à l'autrice , aux éditions du Seuil et à toute l'équipe de Babelio .A bientôt .
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Citations et extraits (103) Voir plus Ajouter une citation
Quatre butah en bas de jogging façon MC Hammer - serrés aux mollets et larges aux cuisses - étaient appuyés contre la façade. Elle supplia l'un d'eux de lui donner une cigarette et il la lui alluma. Elle revint vers Joseph, parfaitement consciente du regard des fumeurs qui lorgnaient son cul. À la lumière du réverbère, il vit que son tee-shirt noir moulant était orné au milieu d'une sorte de nuage blanc, représentant une vitre embuée avec deux mots tracés à la main : MANIC PIXIES. En dessous, il y avait une licome avec un poignard en guise de corne.

« C'est un groupe punk iranien. » Elle l'avait vu regarder sa poitrine.

« Ah ». Il leva un sourcil et détourna les yeux.

« T'aimes pas ? » Elle tira dessus en l'écartant pour le regarder. « C'est un salaula. »

- Salaula ? Tu connais ce mot-là ?

Ah-ah, ndine mu Zambia, iwe. »

Il rit. Son nyanja n'était pas mauvais.

« Tu es née ici ?

- Je suis une Zambienne pur jus, exay.

- Mais tes parents sont quoi ?

~ Devine. » Elle planta les doigts dans ses cheveux - longs, d'un noir violacé, rasés d'un côté.

« Je ne sais pas, dit-il, avant de hasarder : Éthiopiens ?

~ Tu es métis, toi aussi, hein ? Les yeux verts et tout.

- Coloré, oui, comme on dit ici. Tu es de Lusaka ?

- Et t'es quoi comme mélange ? » Elle souffla la fumée de côté à la manière de Popeye.

« Muntu-muzungu. Je ne sais pas trop dans quelles proportions. Et toi ?
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Toutes ces histoires de machines nous ont amenés à nous interroger : sommes nous des bêtes à sang chaud ou des engins en métal ? A moins que nous ne soyons qu’un esprit de ruche à la tête d’un programme crachant des faits wikipédiens ?

En réfléchissant à cette question - qui sommes-nous réellement ? - nous avons découvert une autre erreur. Alors que nous cherchions entomologie, l’étude des insectes, nous sommes tombés à la place sur étymologie. Qu’à cela ne tienne, nous avons vérifié l'origine, étymologie signifie « quête de la vérité », et vient de etumos - oh non ! Voilà que nous recommençons ! À errer, nous écarter, dérober. (Nostra culpa au chantre de Nostromo, d'ailleurs.)

Traduttore, traditore, comme disent les Italiens. Ou Internet En fait, tous ces faits, toutes ces stats dont nous avons fait état ? Impossible d’attester de leur véracité. Nous devions, dérivons... ah, que nous digressons. Sémantiquement aussi, nous ne tenons pas en place.

Sommes-nous réellement l’ennemi de l’homme, Anopheles gambiae, ou les microdrones que Jacob avait conçus ? Si tel est le cas, cette histoire a expliqué notre invention. L’ennui, c'est que nous ne le saurons jamais, parce que, comment dire... nous nous sommes mêlés aux moustiques locaux.
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Quand Jacob rencontra la fille albinos, elle en portait trois : Une à monture-écaille posée dans son afro blonde, une autre à double foyer autour du cou et des lunettes d'aviateur sur le nez. Son frère, en tee-shirt bleu ciel orné d'une inscription blanche et d'une photo de couronne, était également chargé de trophées, le torse sanglé de lanières entrecroisées, des sacs pendant sur les hanches. Un des sacs - petit, en cuir noir - avait la moue reconnaissable d'un étui d'appareil photo. Jacob s'approcha du garçon et le lui ôta de l'épaule. Il se tourna vers la fille, qui était visiblement la patronne.

« Zingati ?

- Le Aka kothyoka là ? » dit-elle, les verres de ses lunettes d'aviateur impénétrables.

Jacob ouvrit l'étui, sortit l'appareil photo et le retourna entre ses mains, essaya les boutons, joua avec le levier cassé. Puis il s'accroupit et braqua l'objectif sur elle.

« Ah-ah, il n'est même pas nimérique », se lamenta-t-elle, regrettant de ne pas pouvoir voir d’aperçu. Mais son frère prit la pose, croisant les bras sur la poitrine et faisant des gestes de rappeurs américains. La fille craqua et mit une main sur la hanche et un coude sur l'épaule de son frère. Jacob regarda dans le viseur et leur fit signe de reculer. Dès qu'ils s'exécutèrent, il se leva et fila en courant en embarquant l'appareil photo doublement volé.
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Joseph imprima l'article de Wikipédia sur les drones, il faisait dix-huit pages. Il glissa le document sur le baril d'essence, à côté du drone de Jacob.

«Tu sais que j'ai le Wi-Fi, moi aussi ? dit Jacob entre ses dents. Comme tout le monde, à Lusaka.

- Ouais, non. C'est juste que... »

Jacob appuya le majeur sur le pouce. Une tige de lumière jaillit.

« Tu t'es fait perler ? »

Jacob replia les dernières phalanges de la main gauche, en projetant un carré de lumière sur sa paume. Il toucha cet «écran » de l'index droit. La page Google apparut. « Tu vois ? » Il tendit la main en levant la paume. « Même nous, les pauvres, on a Google maintenant.

« La technologie n’est plus réservée aux riches, hein ? » dit Dieu. Il délaissa son banc de ponçage et vint regarder la main de Jacob « Comment ça marche ?
- La peau humaine est une interface électrique », expliqua Joseph. Il avait vu une démonstration dans une boutique Digit-All des Arcades. « Ils implantent une lampe torche et un haut-parleur dans le doigt et un micro dans le poignet - mais
on peut aussi utiliser un bracelet. Il y a un circuit dans le nerf médian », dit-il en indiquant le centre de la paume de Jacob. « Le reste, c'est de l'encre conductrice. » Jacob exhiba les tatouages qui rayonnaient sur le dos de sa main.

Dieu secoua la tête. « J'aime la guitare électrique, mais je ne me mettrai jamais de l'électricité dans la main. La main est le salut de l'homme. Cette partie-là, dit-il en indiquant son propre nerf médian, on l'appelle...

- L'œil de la main, dit Joseph.

- Non ! s'exclama Dieu. On l'appelle le nerf du laboureur. La main nous sert à tenir les outils pour labourer la terre ! Et les armes pour combattre le pouvoir ! Et les instruments pour jouer les chants de la liberté ! »
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« On s'est fait entuber par les Chinois, marmonnait Joseph en envoyant rouler une bouteille de bière du bout du pied.

- C'est quoi ce racisme ? Ce n'est pas juste les Chinois, comme tu dis. C'est le Consortium.

- Le Sino-American Consortium ? demanda lentement Jacob comme si ces mots étaient nouveaux pour lui.

- Tu as vu les nouvelles cliniques du SAC ? Elles distribuent gratuitement des vaccins beta contre le virus.

- Pourquoi ils sont bêtes ? s'étonna Jacob en fronçant les sourcils.

- Non, beta. Tu sais, comme alpha, beta, delta ? dit Joseph. Une version beta, c'est un essai.

- Une version beta, ironisa Naila. Ça devrait s'appeler une version noire. Ils l'expérimentent sur nous.

-- Oh-oh ? » dit doucement Jacob.

Naila ne réussit pas à déchiffrer son expression.

« Les essais sur les humains sont la seule façon de faire avancer la science, dit Joseph.

- Oui et les noirs ont toujours été de bons cobayes, rétorqua Naila en croisant les bras.

- Tu cries toujours au paternalisme, mais le développement est une bonne chose, dit Joseph. Regarde AFRINET et Digit-All.
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Video de Namwali Serpell (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Namwali Serpell
Masterclass: Zambian writer Namwali Serpell, who won the 2015 Caine Prize for African Writing, on the art of the short story
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