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EAN : 9782818046616
144 pages
P.O.L. (18/10/2018)
3.85/5   161 notes
Résumé :
Nagori, littéralement « l’empreinte des vagues », signifie en japonais la nostalgie de la séparation, et en particulier, la nostalgie de la saison qu’on ne laisse partir qu’à regret. Le goût de Nagori annonce déjà le départ imminent de tel fruit, tel légume, jusqu’aux retrouvailles l’année suivante, si l’on est encore en vie. De nos jours, on invoque les saisons comme un temps comptable. Saisons à découper, à dénommer, à désirer ou à oublier. Et selon quels critères... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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“La sensibilité naît des mots : on ne saurait sentir ce qui n'a pas de nom”.
Nagori, est le mot qui désigne en japonais les aliments de l'arrière-saison. L'idée de départ d'une réflexion sur ce mot, vient à l'écrivaine un soir alors qu'attablée au comptoir d'un bistrot, le chef lui sert un plat de légumes qui semble n'être déjà plus de saison. Intriguée, elle lui pose la question, à quoi il répond: “Mademoiselle, je suis beaucoup plus âgé que vous, et je ne sais pas si je pourrai encore goûter ce légume l'année prochaine”.
Le japonais possède trois termes différents pour désigner l'état de saisonnalité d'un aliment, « hashiri » pour primeur, « sakari », pleine saison, et « nagori » de l'arrière saison. Trois mots qui désignent trois différentes temporalités, avec leurs lignes bien
distinctes, mais qui ne sont pas sans se rencontrer et se mêler les uns aux autres.
Partant de la nourriture, l'auteur élargit sa réflexion sur l'impermanence de
l'existence, “la présence, l'atmosphère d'une chose passée, d'une chose qui n'est plus...”. Une réflexion aussi très intéressante sur une troisième temporalité, qui dépasse la confrontation des deux temporalités cyclique et linéaire, celle des saisons et la notre. Une temporalité d'une longueur insupportable , infiniment plus longue que la vie des êtres humains, et qui rend caduque les deux temporalités qui nous sont connues, celle des dégâts causés par l'humain, notamment à travers les explosions des centrales nucléaires, Sekigushi se référant ici à Fukushima ; “On ne pourra plus cueillir les herbes printanières pour les déguster, les fruits ne seront plus comestibles, et les oiseaux qui s'en nourrissent seront contaminés.”
Foisonnant d'anecdotes, de références littéraires et de riches réflexions sur notre rapport à la temporalité, l'écrivaine nous offre un petit livre insolite et délicat qu'on déguste comme une gourmandise japonaise.


“Sur le chemin du retour sitôt
Dans le brouillard de printemps
Ma pensée va au nagori, à la séparation”
(Sukedata Kadenokôji)

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Par ces belles journées ensoleillées, êtes-vous un « bosatto » (« un être assis paresseusement et qui ne fait pas ce qu'il a à faire ») ? Contemplez-vous le « komorebi » (« le soleil qui filtre à travers les arbres et les jeux de lumière sur le sol ») ? 
Je dois avouer que je raffole de ces mots japonais dont il n'existe aucun équivalent dans notre langue comme par exemple le fameux « tsundoku » qui consiste à empiler des livres sans forcément les lire... J'aime beaucoup aussi la notion d'« irusu », le fait de prétendre être absent quand quelqu'un frappe à notre porte… (On ne fait jamais, ça, nous...) Ou encore (celui-ci est excellent !), savez-vous ce qu'est une « nito-onna » ? C'est une femme qui consacre tellement de temps à son travail qu'elle n'a même plus le temps de repasser ses chemises et donc ne porte que des hauts tricotés. (No comment...)
Eh bien, pour en venir à notre livre, sachez que derrière ce titre un peu mystérieux de « Nagori », se cache une définition toute poétique : il s'agit, en effet, de « la nostalgie de la saison qui vient de nous quitter », sous-titre de ce petit livre qui m'a littéralement enchantée ! Vraiment, j'en ai dégusté chaque page, j'ai souligné une quantité incroyable de pensées, de réflexions, d'anecdotes. D'ailleurs, j'aurais bien du mal à définir ce genre de texte qui se situe entre l'essai et la poésie. L'écriture est simple mais ce qui est dit vous saisit : je n'ai cessé de me demander « Tiens, effectivement, pourquoi n'y ai-je pas pensé avant, pourquoi ne me suis-je jamais fait cette remarque ? » Et même les constats apparemment les plus banals  vous invitent à reconsidérer votre quotidien, vos habitudes, le monde qui vous entoure et, bien sûr, Nagori vous initie de façon extraordinaire à la pensée japonaise. Quelle richesse !
Le thème central du roman est celui de la saison, autrement dit, de la temporalité. L'on entend souvent qu'il faut consommer des produits de saison, ce dernier mot étant bien compliqué à définir ! Dans certains pays, il y en a deux, ailleurs on peut en compter plus de vingt, ailleurs encore, il n'y en a aucune ! Et puis, vous la connaissez, vous, la saison de la banane, celle du kiwi ou du gingembre ? Ces produits de consommation courante n'auraient-ils pas de saison ? La notion de saison est donc bien relative...
On a tendance à oublier qu'il n'y a encore pas si longtemps, les gens dépendaient des saisons, de ce que la météo leur réservait : un printemps trop froid ou de fortes pluies et ciao la récolte ! Et la famine s'installait durablement... Dorénavant, on va chercher ailleurs ce qu'on ne produit plus, on est donc moins dépendant des saisons.
Et puis, il faut réaliser que de nos jours, se mélangent dans nos assiettes des produits à la fois de temporalités différentes (de « saison » et « hors saison ») mais aussi d'origines géographiques différentes, ce qui était impensable encore au début du XXe siècle. Étrange, non, quand on y pense ?
Pourquoi au fond, sommes-nous tellement attachés à cette notion de saison ? Peut-être parce que nous avançons de façon linéaire vers la mort tandis que les saisons ont ce caractère cyclique qui nous rassure, elles sont liées « au renouveau, à la renaissance » et selon l'auteur « si l'on est mal à l'aise avec les produits « sans saison » ou « hors saison », c'est qu'ils désactivent la sensation du temps cyclique ; du coup, la seule temporalité qui demeure est le temps linéaire, qui marche vers la mort. » D'ailleurs, les Japonais sont très attachés au temps cyclique : la poésie japonaise, notamment le haïku, utilise des « mots de saison » : beaucoup de mots sont en effet étroitement reliés à une saison et paraît-il qu'il en existe des dictionnaires entiers !
Au Japon, on considère qu'un aliment peut-être consommé à trois stades : hashiri (le primeur), sakari (la pleine saison) et nagori (l'arrière-saison) ; le fruit de nagori est le dernier que l'on goûte, il faudra attendre l'année d'après pour le déguster, si l'on est vivant !
Il porte en lui beaucoup de nostalgie : l'étymologie du mot se rapporte au nami-nokori, le « reste des vagues », qui désigne « l'empreinte laissée par les vagues après qu'elles se sont retirées de la plage. » Je vous le disais, tout est poésie dans ce petit recueil… « Le goût de nagori annonce déjà le départ imminent du fruit, jusqu'aux retrouvailles l'année suivante. On le déguste précisément, comme si l'on voulait faire durer le goût le plus longtemps possible dans le palais. Puis peu à peu, le goût se dissipe, comme le son de la cloche. On accompagne son départ, on sent que le fruit, avec son goût, s'est dispersé dans notre propre corps. On reste un instant immobile, comme pour vérifier qu'en se quittant, on s'est aussi unis. »
Mais l'humain est allé parfois jusqu' à effacer cette temporalité circulaire, par exemple lors de l'accident nucléaire de Fukushima : « On ne pourra plus cueillir les herbes printanières pour les déguster, les fruits ne seront plus comestibles, et les oiseaux qui s'en nourrissent seront contaminés. » Nous nous sommes coupés de cette nature qui nous enchantait. En effet, cet accident nucléaire introduit une troisième temporalité qui annule les deux précédentes car il faudra des dizaines et des dizaines d'années pour que la radioactivité cesse et que l'on puisse de nouveau apprécier les bienfaits de la nature. D'une certaine façon, le cycle des saisons s'est interrompu à Fukushima : on peut voir mais sans toucher ni manger...
Nagori est un petit livre de sagesse qu'il faudrait toujours avoir avec soi pour y lire quelques phrases : il nous apprend à voir le monde d'un oeil nouveau, à renouer avec ce qui nous entoure et surtout, il nous invite à goûter au temps et à la vie.
Pour finir, je ne résiste pas au plaisir de vous initier à un mot magnifique dont parle Ryoko Sekiguchi dans son livre : il s'agit de la coutume de l'o-miokuri qui « consiste à raccompagner la personne qui s'en va » jusqu'à ce qu'on ne la voie plus : « Omiokuri,c'est « raccompagner (okuru) du regard (mi) » ».
Comme c'est beau…
Une dernière chose : je suis abonnée au compte Instagram de Ryoko Sekiguchi et franchement… je me régale !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Ryoko Sekiguchi, la plus française des japonaises, explore dans ce petit essai la notion de "Nagori", littéralement "reste des vagues", qui exprime le sentiment de nostalgie de la séparation. Plus précisément, dans les délicates nuances de la langue japonaise, ce mot est employé tout spécialement pour parler de la saison qui vient de s'achever. Avec Ryoko, les plaisirs gustatifs sont toujours à l'honneur, c'est encore le cas ici. La réflexion sur le cycle des saisons permet de pointer la question de la saisonnalité des produits que nous consommons, et en cela notre rapport au temps qui passe. C'est une invitation à savourer pleinement le moment présent, dans l'acceptation du cycle naturel des saisons et de l'achèvement d'un cycle. Quel instant précieux que la dégustation de ce dernier fruit d'été finissant ! En sérénité, ayons la patience et la sagesse d'attendre son retour l'année prochaine...

Ryoko Sekiguchi, complètement imprégnée des deux cultures japonaise et française, peut témoigner des nuances, et souvent des différences dans les mentalités respectives. Le nagori, c'est la fin du cycle, c'est l'automne, et c'est souvent un petit drame pour un français. Le japonais accueille l'automne avec sérénité, par une acceptation modeste de l'ordre des choses naturelles.

J'ai trouvé cet essai intéressant, original quant à son sujet parfois complexe et sinueux, mais riche d'enseignement sur la mentalité nippone. En outre, l'écriture, directement en français de l'auteure, qui vit depuis longtemps en France, est d'une qualité absolument remarquable.
Ce livre est une pièce supplémentaire, de choix, dans l'oeuvre philosophique que construit peu à peu Sekiguchi, une oeuvre originale car très ciblée sur notre rapport au monde, notamment au temps et à la nature, à travers les sens, et surtout les goûts et saveurs alimentaires.
Une lecture dense, quelque peu élitiste, peut-être trop pour moi, mais sa qualité littéraire m'incitera je pense à y revenir de temps à autre, pour mieux en appréhender les subtilités, et me délecter de quelques-uns de ces mots japonais composés tout exprès, dans des sonorités si douces à l'oreille, pour exprimer des sentiments, des situations pratiquement indéfinissables pour la langue française.
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Très joli livre, plein de poésie, de nostalgie, de réalisme sur la temporalité, l'écoulement des saisons, le mystère de savoir si celle qui vient de nous quitter reviendra telle que nous l'attendons ou si c'était peut-être la dernière.

"Encore un sombre hiver jeté sur nos printemps!" se plaignait Victor Hugo, mais pour Ryoko Sekiguchi la saison ne s'enfuit pas, on peut en conserver la saveur par exemple à travers celle des pommes restées sur l'arbre tout un hiver pour être dégustées après que le gel leur ait offert un nouveau goût, sublime.

C'est aussi un livre sur la cuisine des saveurs, l'art de déguster tel ou tel plat, précisément dans sa saison, en sachant l'accompagner de tout ce qui peut en valoriser les saveurs, en utilisant les légumes, fruits, plantes diverses jusqu'au bout de chaque saison pour en retrouver le goût attendu lors de l'arrivée de la saison suivante.

Les nombreuses descriptions des produits dégustés ou préparés par Ryoko Sekiguchi sont un réel plaisir de lecture et donnent l'envie de s'immerger davantage dans la culture japonaise du temps, de l'instant, de la saveur.

L'évocation de Rome et de la villa Médicis est un grand moment de ce court livre qui parvient à produire une extraordinaire densité en peu de pages. Et ces 100 ingrédients pour ce repas extraordinaire préparé par Ryoko font rêver les papilles devenues encore plus sensibles au terme de cette très belle lecture.


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Sur la table basse une bouteille de Pinot noir de Bourgogne parce qu'il se boit en petit comité d'amis qui vont parler littérature, émotions, de la vie... du sel de mer pour relever les petites tomates et les rondelles de concombre. Des crackers.
En fond sonore Bardot chantant « La Madrague « Si une chanson est bien nagori c'est celle-ci.

Nagori c'est le titre de ce livre de Ryoko Sekiguchi qui m'a totalement charmé.
Et pourtant il parle de nostalgie. Une notion appliquable a tout : saisons, amour, littérature, cuisine....
On la ressent dans le corps aussi bien que dans la mémoire ou l'âme.

Nostalgie n'est ni souffrance ni tristesse : une saison qui s'evanouit, c'est pour donner la place à une autre. le sillage qu'elle laisse peut être empreint de regrets, ce parfum mélancolique reste dans notre mémoire.

Ce livre parle de fruits, de poissons, de thés et de saisons qui ne sont pas toutes au même moment pour tout le monde. Nous attendons la saison des fraises mais nous mangeons des kiwis toute l'année or il doit bien y avoir une saison des kiwis, non ?

Ce livre m'a particulièrement captivé car il me semble qu'on touche avec lui à ce concept clé du bouddhisme : l'impermanence. Il faut de la sensibilité et de la patience pour l'accepter.
Ryoko Sekiguchi en nous parlant des cycles et de l'ephemere nous accompagne sur cette voie émotionnelle.
J'aime les rituels attachés au cycles des saisons. Je commence déjà à penser à la floraison des cerisiers japonais du Parc de Sceaux, dans un mois je pense. Et j'ai déjà la nostalgie de voir tomber les pétales à peine fleuris déjà fanés....
Le mois d'octobre est dit mois de nagori parce que l'art du thé considère l'automne comme la fin de l'année. Je suis née au mois d'octobre, cela explique peut-être mon côté mélancolique :-)

Il y a beaucoup de choses et d'idées subtiles, délicates et profondes dans ce petit livre.
Je suis très reconnaissante à Ryoko Sekiguchi de l'avoir écrit pour nous les montrer.
Et Lucia-Lilas qui a écrit un super commentaire grâce auquel j'ai découvert ce Nagori, je l'embrasse très fort !

🎵 Sur la plage abandonnée
Coquillages et crustacés
Qui l'eût cru déplorent la perte de l'été
Qui depuis s'en est allé.

🎶🎵 Pourtant je sais bien que l'année prochaine
Tout refleurira et nous reviendrons
Mais en attendant je suis en peine de quitter ma maison
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critiques presse (1)
LaCroix
30 novembre 2018
Poursuivant une œuvre où littérature, goûts et sensations ont part liée, l’écrivaine Ryoko Sekiguchi livre une séduisante évocation des saisons.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (84) Voir plus Ajouter une citation
The Last Leaf d’O. Henry est l’histoire d’une jeune femme qui s’identifie à une saison. Johnsy, atteinte de pneumonie, est au seuil de la mort. Par la fenêtre du modeste appartement qu’elle partage avec d’autres artistes, elle contemple les quelques feuilles de lierre restées accrochées sur les branches et annonce qu’elle mourra lorsque les dernières feuilles seront tombées. Selon le médecin, c’est surtout l’envie de vivre qui lui manque : elle ne saurait guérir si elle ne reprend pas goût à la vie. Behrman, son voisin du dessous et vieux peintre alcoolique, répète à qui veut l’entendre qu’il peindra un jour un chef-d’œuvre. Il rabroue gentiment la mélancolique Johnsy. Après une nuit de tempête, il ne reste au matin qu’une seule feuille au lierre. Les rafales de vent et de pluie ont beau se poursuivre le lendemain, la feuille tient bon contre le mur. C’est cette feuille qui rend à Johnsy son espoir en la vie, et la jeune femme retrouve peu à peu ses énergies. En revanche, Behrman s’éteint deux jours plus tard, de froid et de fatigue. La dernière feuille de lierre sur le mur, c’est lui qui l’avait peinte. Johnsy comprend alors que c’était là le chef-d’œuvre promis.
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La coutume de l'o-miokuri surprend souvent les Occidentaux en visite au Japon. Elle consiste à raccompagner la personne qui s'en va, comme cela se pratique dans beaucoup d'autres cultures, et comme elle s'est pratiquée longtemps dans les gares et les ports. Au Japon, cependant, elle ne concerne pas seulement les grands départs. En ce moment que je suis au Japon, ma mère reste sur le pas de la porte tous les matins quand je sors de la maison, et agite la main jusqu'à ce que j'aie tourné le coin de la rue. Dans les restaurants traditionnels de Kyoto, le chef et la patronne sortent chaque fois qu'un client quitte l'établissement, et continuent de les saluer jusqu'à ce qu'il ait disparu de leur champ de vision. Omiokuri, c'est "raccompagner (okuru) du regard (mi)".
Chaque fois que je me rendais chez mon grand-père, au moment de se quitter, il faisait "omiokuri" jusqu'à ce que j'aie monté la pente et que l'on ne se voie plus. C'est le regard qui prolonge le lien entre deux personnes, même après le départ.
Est-ce parce que nous, Japonais, n'avons pas d'autre geste pour ponctuer la séparation, comme la bise? Toujours est-il que la séparation, comme une queue de comète, laisse une trace; ce n'est pas tourner la page brusquement.
(...)
Ce ne sont pas seulement les personnes; parfois, un lieu peut vous accompagner. Lorsque l'on prend le train, le bateau ou la voiture, et que l'on regarde s'éloigner le paysage du lieu qu'on quitte, n'avez-vous pas senti parfois ces montagnes, ce port, vous accompagner encore un moment?
Aucun départ, nulle séparation, ne se fait en un instant. Même si le moment du départ dure à peine une seconde, il reste encore les vagues, la lumière qu'a laissée le temps passé ensemble.
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On croit parfois universels certains concepts qu’on estime essentiels à la vie, et on s’étonne d’apprendre qu’ils ne s’appliquent pas partout. C’est le cas, par exemple, des notions de « société », de « liberté » ou d’« amour », qui n’existent en japonais que depuis l’ouverture du pays au XIXe siècle, comme concepts traduits des langues européennes. Le constat étonne toujours les non-Japonais.
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Il y a une expression en japonais, "aji wo mukae ni iku", qui pourrait se traduire par "aller chercher un goût". En cas de rencontre véritable entre deux ingrédients, il arrive que l'un aille "chercher le goût" de l'autre, pour en extraire la meilleure part. Pour peu que l'échange soit mutuel, on pourra découvrir une saveur qui n'existait pas tant que les ingrédients menaient leur vie séparément.

p.73
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La "saisonnalité" soulève encore un autre problème : de même que le changement climatique oblige à décaler les "mots de saison" traditionnels pour les adapter à la réalité d'aujourd'hui, l'accident nucléaire a déjà transformé le paysage de Fukushima. Lorsque je me suis rendue sur place au début de l'hiver 2013, les plaqueminiers avaient partout gardé leurs fruits. Auparavant, tous les fruits à cette date auraient été cueillis : kakis sucrés pour la consommation immédiate, kakis astringents à mettre à sécher. Désormais, il n'était plus question d'aller récolter quoi que ce soit dans la zone interdite ni aux alentours. Les plaqueminiers, rutilants de points orangés, se dressaient de-ci de-là, livrés aux oiseaux venus en nuée se délecter de ces délices que leur disputaient d'ordinaire les agriculteurs. C'était un nouveau paysage, qu'on qualifiera tant qu'on veut de sublime et de poétique si l'on en ignore le contexte. Que faire avec ces "mots de saison" qui ont changé de contenu ? Après une telle catastrophe, les poètes sauront-ils affûter leur sens éthique dans l'emploi des "mots de saison" ? Sans cela, la poésie se changera en outil de la barbarie.
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Vidéo de Ryoko Sekiguchi
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