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EAN : 9782246713210
1152 pages
Grasset (02/09/2013)
2.76/5   107 notes
Résumé :
La naissance ne saurait être biologique : on choisit toujours ses parents. Naître, c'est semer ses géniteurs. Non pas tuer le père, mais tuer en nous le fils. Laisser son sang derrière, s'affranchir de ses gènes. Chercher, trouver d'autres parents : spirituels. Ce qui compte, ce n'est pas la mise au monde, mais la mise en monde. Naître biologiquement, c'est à la portée du premier chiot venu, des grenouilles, des mulots, des huîtres. Naître spirituellement, naître à ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
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Cet énorme pavé de près de 1 200 pages, autobiographiques, masochistes et égolâtre, a obtenu, au premier tour, le Renaudot. Abandonnons au jury le choix de amours et de ses détestations et écoutons Yann Moix porter un jugement lucide :“La vie de Yann Moix racontée par Yann Moix est insupportable à lire. Une écriture illisible qui raconte une vie invivable, cela est trop pour moi. La vie est trop courte pour lire la vie trop longue de quelqu'un comme Moix.”
Lien : http://www.quidhodieagisti.c..
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Lire le monstrueux ouvrage de Yann Moix, ce pavé dans la marre de la rentrée littéraire, m'a demandé une véritable préparation. Parce que je n'avais jamais lu monsieur Moix et que je le détestais par principe. Tout en cet homme m'était insupportable. Il suffisait qu'il apparaisse au coin d'un article ou sur mon écran, pour qu'enfle en moi un agacement titanesque.

Il a donc fallu que j'accepte de me livrer à ma lecture en mettant de côté mes sentiments personnels. Lire franchement donc, pour que seule l'oeuvre me préoccupe. Il m'aura fallu une dizaine de jours pour arriver à bout de ma lecture. Et voilà. Je me retrouve devant mon écran et il faut que je garde ma franchise pour essayer de partager mon point de vu sur Naissance.

Non, pour moi Naissance n'est pas un chef d'oeuvre, et non, je ne fais toujours pas parti des admirateurs de monsieur Moix. Mais je ne le déteste plus.

Dans son ouvrage, l'auteur nous offre toute sa démesure et tente de créer un monument littéraire en free-style. Je le reconnais, Moix a du talent. Dommage qu'il s'en serve mal. Ce qu'il nous sert ici, c'est du vomi de fin lettré. Il a donc du talent mais il semble tourner en rond dans sa névrose sans que ses diatribes donnent naissance à autre chose qu'à des jeux de mots. le livre d'un lecteur cultivé qui nous livre tout ce qu'il a digéré.

Il manque une théorie au livre, une fondation, un objectif. Moix semble seulement adopter les ruptures littéraires qu'il a retenues. le Nouveau Roman déjà, qui a voulu déconstruire le genre romanesque. Mais là où Butor a admirablement tordu, malmené et déconstruit le roman, Moix tente de tout détruire, il ne laisse rien. C'est jeter la littérature avec la boue de la tradition littéraire. Et lorsque l'auteur joue avec les mots, les énonciations, l'argot, le vocabulaire, la langue, il a la verve facile, certes, mais surtout la verve veine. Même son nihilisme sent le renfermé.

Monsieur Moix tente de construire une cathédrale sur du sable. Même sa volonté de ne pas être aimé (alors qu'on sent à quel point il voudrait le contraire) retombe sans panache. N'est pas Nabe qui veut. Pour cela il ne suffit pas d'aimer le Jazz et la provocation.

Naissance a, pour moi, pris la forme de préliminaires interminables qui tournent autours de l'orgasme sans jamais m'y amener. L'éloge ultime de la frustration littéraire. Une masturbation sans éjaculation.

Et pourtant, à cause ou grâce à cette lecture, je ne déteste plus Yann Moix. Comme je l'ai déjà, je reconnais enfin qu'il a du talent. Mais plus que cela, j'ai entrevu son humanité. Et comment haïr ce que l'on parvient à comprendre ? Car ce que je vais retenir de Naissance, c'est l'ego boursouflé et abîmé de son auteur. C'est sa névrose talentueuse qui n'a pas su aller au bout de son Art. Et je comprends. Je comprends cette haine de soi, et cet ego rendu monstrueusement important par le renflement de cicatrices trop nombreuses. Je comprends sa haine de l'époque et des autres. Je comprends son amour pour la littérature qui est finalement son seul instinct de survie.

Alors bien que je ne puisse pas adhérer à l'oeuvre que je viens de lire, je suis contente que cette dernière ait obtenu le prix Renaudot. Parce que l'empathie a presque totalement remplacé mon agacement. Ce n'est pas lui-même que Moix aime, c'est sa haine de soi. Il idolâtre cette dernière, la porte aux nues, la nourrie de musique et de littérature.

Que ce prix le console de ne pas être plus. de ne pas avoir choisi de vivre au lieu de mourir sans cesse. Et lui permette d'enfin de se créer une naissance par la reconnaissance. Ainsi, un jour peut-être, l'oeuvre de monsieur Moix sera à la hauteur de son intelligence et de sa souffrance. Il se pourrait alors que je fasse partie des ses plus fervents admirateurs.
Lien : http://altervorace.canalblog..
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ENFIN !!! J'ai enfin terminé ce monstre... Monstre de débilités, inepties, lieux communs et autres longueurs. Yann Moix y raconte, avec toute la simplicité qu'on lui connait, sa venue au monde, dans une famille pas vraiment aimante, entre une mère impuissante, un père dégénéré etun parrain à moitié fou (le personnage de Marc-Astolphe, absolument insupportable). On sent bien qu'il y a un peu d'autobiographie là-dedans, mais l'auteur aurait dû plutôt faire une thérapie, cela aurait fait économiser du temps à tout le monde. Et pourtant ce livre a obtenu le prix Renaudot en 2013. Et je pense sincèrement que les membres du jury ne l'ont pas lu, ils n'ont pas pu le lire entièrement. 1200 pages d'égocentrisme nombriliste, de vomissements religieux, de listes de vocabulaire sur 3 pages, et j'en passe et des meilleurs, non, ce n'est pas possible. Alors pourquoi qu'elle l'a lu la DD me direz-vous ? Parce que je voulais aller jusqu'au bout, voir s'il y avait quelque chose. Ca m'a pris presque 9 mois, comme une naissance, mais ça a été beaucoup plus douloureux ! Bref, comme disait Gandalf, "fuyez, pauvres fous !".
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En lisant les critiques sur cette oeuvre , il me vient le sentiment que peu de personnes qui se disent lecteurs , ont lu dans leur vie d'oeuvres " folles , inclassables .... " , comme Ulysse , ou le " fameux " , Voyage au bout de la nuit ...
J'avais lu du Moix au préalable ,,j'avais aimé mes lectures , cette oeuvre je l'ai lu parce que j'aime le style de Moix , sa culture , son amour pour la litterature , la vraie , celle qui déroute , qui emporte le lecteur vers des rives qui lui sont inconnues .
Que dire ....
Dès les premières pages j'ai eu l'impression que je lisais un texte unique , peut être l'un des plus brillants de ma vie de lecteur .
Dès les premières pages , Moix attaque , ne laissant aucun repis au lecteur mainstream , il conduit un véhicule fou , et le voyage va être terrible et magnifique .
Terrible , parce que Moix plonge le lecteur dans l'odyssée de la vie sns fioritures , sans aucune gentillesse , ni goût pour l'espèce humaine . Nihiliste Moix ? Peut être .
Mais me concernant , je le trouve bien davantage réaliste , d'un réalisme qui fait mal , parce qu'il est expurgé de la moindre connotation tendre .
Moix est un fin connaisseur de jazz , son livre c'est comme si un ensemble de jazz déchaîne , avait décidé de partir dans un délire extrême , sans limites ....
Le voyage est rude , il ne plaira pas à tout le monde , mais bon sang que c'est bon d'être ainsi malmené , triture , comme un boxeur au prise avec une tornade ...
Cette oeuvre , c'est un léviathan , un tsunami littéraire , qui emporte tout sur don passage ....
Oui , c'est une expérience , mais si l'on attend que la litterature nous prenne par la main , toute gentille , alors l'on aime pas la litterature ....
L'on aime les produits manufacturés , sans saveur , que l'on voit comme le livre qui va changer notre vie , enfin , l'idée que l'on se fait de notre vie .
Moix propose ici un voyage au Coeur de ce qu'est la litterature , cet art qui nous laisse exsangue de connaissance , de jubilation , de jouissance intellectuelle , qui peut refuser cela bon sang !!!
A l'image d'un Joyce ou d'un Bolano , Moix nous propose un voyage au coeur de la folie créatrice , de cet univers ou plus rien de ce qui nous est familier n'est présent , où les frontières qui nous conditionnent en êtres robots sont atomisées , une folie furieuse qui fait mal , certes , mais dont l'on sort grandis de l'avoir fréquentée .
Et cela avec une langue .... L'on dis chez les adulescents que King , Loevenbruck , sont des écrivains qui maîtrisent la langue , mais bon sang , qu'ils se taisent ces amateurs de Marvel et de Casimir !!
Moix est l'un des plus grands dans l'usage des mots , de la création de phrases folles mais géniales , tel ces artistes de jazz qu'il adore , il compose avec un amour immodéré de la langue , de la musique de celle ci , et son texte est un regal pour les esthetes.
L'on ne peut que faire mention egalement de l'humour très noir , mais hilarant , omniprésent dans cet opus .
A ce titre , le passage de l'accouchement est à pleurer de rire , et sans aucune honte .
Moix s'avère être un poète également , ces suites de mots , d'expressions , qui souvent sont une page entière , sont à ce titre de vrais poemes , qu'il faut prendre le temps de savourer ....
Au final , voila une oeuvre qui ne plaira pas à tout le monde , c'est normal , et triste en même temps ,,parce que ce texte est peut être l'un des plus grands depuis 2666 de Bolano , et il a sa place aux côtés du Ulysse de Joyce ....
C'est dire le niveau de cette oeuvre , qu'un véritable écrivain à su hisser au niveau des œuvres de jazz geniales qu'il adore .
Cette oeuvre est un chef d'œuvre completement fou , mais génial .
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J'aime l'écriture, ses courtes phrases, le rythme qu'il impose, sa façon de s'adresser au lecteur. Après cet éloge, pourquoi je referme son livre, oui pourquoi alors qu'une part de moi voudrait continuer sa lecture ? Il y a trop d'injures, trop de listes qui n'apportent rien, Yann Moix dégoise tant et tant que trop c'est trop ! Pourtant je respecte son Prix Renaudot, je dois me raisonner pour ne pas continuer la lecture de Naissance, est-ce cela, entre autres, qu'ont ressenti les membres du jury de ce prix ?
Pour mon confort, le livre est trop volumineux, mille cent quarante-trois pages, cela compte et c'est lourd !
Et pourtant, tant qu'il est en ma possession, je l'ai emprunté, j'en grappillerai quelques chapitres.
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critiques presse (8)
LePoint
05 novembre 2013
1 148 pages dans la tête de Yann Moix, c'est un shoot au long cours, un bain moussant hallucinogène. Une potion magique qu'il nous fait partager, lui qui n'en a plus besoin, puisqu'il est tombé dedans il y a bien longtemps. À la naissance, justement.
Lire la critique sur le site : LePoint
Bibliobs
23 septembre 2013
En une phrase, on passe du poignant au ridicule, du prodige au médiocre. C’est aussi répétitif que bondissant. Ça irrite autant que ça épate. C’est à la fois humble et prétentieux. On y retrouve tout Moix.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
20 septembre 2013
Sartre, qui jugeait "pourri" tout lien de paternité, se félicitait de ce que son géniteur fût mort "en bas âge". Naissance s'inscrit dans ce sillage littéraire, mais, là où l'auteur des Mots l'explorait en quelques lignes, Moix est trop long, trop complaisant, trop hystérique, trop tout.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Culturebox
18 septembre 2013
"Naissance" est plus un concept, une attitude, un objet un peu mystérieux à posséder, qu’un livre. On pourra le laisser posé négligemment sur la table basse, et, inévitablement il provoquera le débat. De là à le lire vraiment, il y a un monde.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Lexpress
18 septembre 2013
D'un côté, écrasé par ses modèles -Gide, Péguy, Joyce...-, Yann Moix en fait trop, dopé aux néologismes gratuits et aux aphorismes pas toujours inspirés. De l'autre, ce fou littéraire, [...], signe un monstre romanesque, malade mais autrement plus fort que bien des petites choses de la rentrée, dont on observe avec curiosité chaque verrue.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LesEchos
11 septembre 2013
Ce roman interminable n'était donc qu'une façon pour Yann Moix d'échapper à lui-même. De devenir le héros d'une saga dont il serait l'auteur. On en sort épuisé, satisfait de l'avoir terminé… et un peu ballonné. En se disant surtout que les grands mégalos sont de grands malheureux.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeFigaro
05 septembre 2013
L'auteur livre avec Naissance un roman époustouflant où le tragique est indissociablement lié au burlesque.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LePoint
19 août 2013
Le livre, oulipien, bourré de listes improbables et de mots inventés, est loin d'être seulement le récit d'une enfance. Il fait le portrait d'une France provinciale des années 70, rencontre au passage Bataille, Gide, Alain-Fournier.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (109) Voir plus Ajouter une citation
Jésus est venu annoncer le règne de Dieu. Il est venu annoncer qu’il allait mettre au monde quelque chose, ou quelqu’un. Pour l’Église, la venue du règne de Dieu est impensable sans Jésus. Ce qui signifie tout simplement que – on ne le dit jamais assez – il n’y a pas d’existence possible de Dieu sans Jésus. En général, dans la vie, il n’y a pas d’enfant sans géniteur. Il n’y a pas de fils sans père. L’Évangile renverse cette formule et dit : il n’y a pas de Père sans Fils. Ce n’est plus le père qui fait le fils, c’est le Fils qui fait le Père. Et si le Fils fait le Père, il n’y a aucune raison que le fils ne fasse pas le père. Le Père n’est pas une entité chronologique qui doit impérativement, scolairement, précéder le Fils. Il y a du Fils d’abord, et du Père ensuite, même si métaphysiquement, même si théologiquement, même si spirituellement on confère au Père, créateur de Tout, une antériorité. Mais cette antériorité n’est pas chronologique, elle est métaphysique, elle est théologique. Elle est spirituelle. Il faut s’ôter les calendriers de la tête, monsieur. L’Évangile n’est pas un second Testament, mais un nouveau Testament. Cela signifie que c’est par lui qu’il faut commencer. Qu’il est nouveau en ceci qu’il est le nouveau point de départ de la Bible. Et qu’il précède l’Ancien Testament, un peu comme si on lisait Le Temps retrouvé avant Du côté de chez Swann. Le Nouveau Testament dit, implicitement, qu’il est le nouvel Ancien Testament. Et que l’Ancien Testament, dont l’antériorité n’est plus que strictement chronologique, devient de ce fait l’ancien Ancien Testament. Que dorénavant, il existe une nouvelle manière de débuter, de
commencer, que cette nouvelle manière consiste à partir de Jésus pour aller vers Dieu, autrement dit de partir du Fils pour aller vers le Père, autrement dit de partir de la Passion pour parvenir à la Création, autrement dit de partir de sa mort pour atteindre la naissance du monde. Par la mort du Christ, Dieu est créé et peut créer. Théologiquement, le christianisme fait précéder la Genèse par la Croix.
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"Elle était si discrète qu'elle n'existait pratiquement pas . C'était la femme la moins célèbre du monde . Il existe et ( meurt ) dans les villes acapitales , solitaires et blessées dans leur petit appartement , des femmes abandonnées , douloureuses , qui savent mieux redonner vie que la donner tout court . Les hommes de passage constituent leurs véritables enfants : l'incomparable douceur qu'elles prodiguent , sans exigence de reciproque , les transforment en secrètes saintes dont nous finissons par révérer le maquillage excessif et mauve sous les yeux , les jambes grassouillettes et courtes , la molle hanche , le regard d'epagneul implorant la pitié . Elles ne transforment pas l'amour en passe - temps , mais le temps en amour spécial , fait d'hypnotiques balancements , de silencieuses paroles et de mains serrées . [...]
Elle se promenait dans ce land comme au millieu d'elle - meme , la tête inclinée toujours , croisant au hasard de sa route les pierres tombales de quelques amants pratiquement anonymes . "
Page 409 - 410 de l'édition du Livre de Poche .
Et qu'on ne vienne plus dire que ce n'est pas de la litterature !
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— Tout le monde, en fin de compte (commença mon père), y va de sa petite création. Les écrivains font des livres, les parents font des enfants. Faut que ça crée. Que ça turbine. Le marché de l’être humain est saturé, ceux de la littérature, de la musique, du cinéma, de la peinture, de la photo, tout autant, tout idem, tout pareil, tout jumeau : excès d’offre, surabondance de créativité. Les gens sont des vaches laitières. Ils ne peuvent pas s’empêcher de s’exprimer. De donner libre cours à leur « petite veine artistique ». Surproduction de nature, surproduction de culture ! On n’a pas le temps de lire : alors on écrit. On gratte. Tout le monde, partout, tout le temps, et que je te griffonne ! Et que je te ponds ! Perpétuelle obèse fabrication d’oeuvres, infatuation du « faire » : nul n’écoute nul, personne ne lit personne. Il y a plus de livres que d’arbres ! Plus de pages dans ces livres que de feuilles sur les branches de ces arbres ! Plus d’enfants que de parents. Aliénation par les tonnes. Par les tomes ! Les quantités tuent. Nous croulons sous les subjectivités, nous crevons sous le très pesant poids des personnalités, des particularités, des individualités, des spécialités, des unicités. C’est la dictature des différences. Déversements d’univers. Ceux qui sont « à part » sont devenus mille fois, un million de fois plus nombreux que les autres, les gens normaux, les banals, les qui ne créent pas. Le monde chie de l’exception à tout-va. Milliards de génies décrétés, de compositions essentielles, de tableaux fabuleux, de refrains divins, d’inouïs chapitres, de sculptures célestes. Pour quoi faire ? Personne ne s’arrête dix secondes pour se poser la question. Non : ça défèque ses génialités partout. Pour qui ? Mystère et boule de gomme. Créations sans public, errant dans les espaces vides, dérivant dans les cosmos inhabités, flottant sur toutes les indifférences, chefs-d’oeuvre sans chefs, disséminés sur le globe, multipliés par les artistes pullulants, fresques et sagas, sonates et films, pièces et fables, nouvelles, chansons, poèmes, solos, collages pour personne. Inédite fusion de la quantité et de la qualité. Grouillance des petites musiques, prolifération des voix. Individualité de masse ! Je te foutrais tout ce joli monde dans des trains, moi. Direction la Pologne. Tu verrais le voyage !
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" L'abscence de hasard n'est pas la nécessité car la nécessité , avec ses gestes tout aussi répugnants , n'est elle -meme que le fruit du hasard . Le contraire de l'accident est un autre accident. On slalome entre les drames. On est rescapé de tout , tout le temps. Vivre , c'est mourir une prochaine fois. Ce n'est pas la vie qui est partout , mais la mort . La vie n'est qu'une figurine qu'on découpe , suivant quelques dérisoires pointillés qui s'interrompent net , sur une toile infinie tendue par des anges - les anges en lettres carrées des rabbins (Henoch devient Metatron ) , les anges de Watteau qui flottent sur l'eau du ciel ainsi que des bouées dodues . De temps en temps , le hasard attire dans sa gueule deux etres (ton père , ta mère ) initialement faits pour s'ignorer et dont l'accouplement débouchera demain sur un écrivain " page 363 -364 , édition Le livre de poche .
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On devrait arriver en silence, faire son entrée sur la pointe des pieds. Se faire oublier d’avance. On n’est jamais si prétentieux qu’en naissant. Il n’y a pourtant pas de quoi : mon père, lassé par un jeu télévisé où des vachettes locales entraient en excitation sous les huées d’un parterre de campeurs méchants, s’était dirigé, braguette ouverte, vers la salle de bains où ma mère glissait du fil dentaire entre deux douloureux chicots. Il avait soulevé le tulle de sa nuisette rose praline, s’était frayé un passage dans la pilosité de sa femme puis, entre deux râles de marcassin balancé sur une ligne haute tension, avait dégoisé des insanités en la secouant comme un flipper. Mouillé comme une éponge, rouge comme un chasseur de perdrix compressé dans son gilet après une dégustation de pomerol, il vérifia l’exagération de ses propres grimaces dans la glace, propulsa dans les entrailles de ma mère changée en cyclotron un jet de spermatozoïdes fusant à la vitesse des quarks, puis s’affaissa sur elle tel un figurant de film de guerre au coup de sifflet. Il était minuit.
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