Naples et ses quartiers populaires...Fin du fascisme, qui fait encore régner la crainte, mais le petit peuple s'organise et se débrouille: Amalia, à l'insu de son mari, Gennaro, honnête mais sans boulot, est la plaque tournante de trafics juteux avec les voisins...
Aimable débrouille sous le joug fasciste ....mais le pli est pris,et, quand arrivent les armées américaines, les petits arrangements entre voisins prennent des allures de big business...La corruption, la prostitution vont bon train...La solidarité des débuts est bien oubliée sous les liasses de mille lires.
Gennaro a disparu de la circulation: prisonnier? relégué? Amalia a les coudées franches et devient une vraie mafiosa..mais Gennaro revient, toujours aussi honnête, toujours plus déphasé. le choc pour lui est rude...
Il reprend inlassablement ses conversations avec une famille dévoyée et perdue, à qui il tente, naïvement, de rappeler la fierté et l' honnêteté de ses origines populaires et ouvrières.
Gennaro, un personnage haut en couleur, un Jiminy Cricket touchant et bouleversant qui fait la morale à son Pinocchio, bien gêné de son long nez de voleur, de menteur et de profiteur...
Un théâtre italien peu connu, populaire et vivant, joyeux et cruel à la fois...napolitain en diable! A lire et à voir!
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Gennaro: ...Mais maintenant personne ne veut rien entendre? Pourquoi ? D'abord parce que ce n'est pas de ta faute, la guerre tu ne l'as pas voulue, et aussi parce que les billets de mille lires font perdre la tête...Tu commences par en voir un ou deux, puis beaucoup plus, puis cent, puis un million... Et tu ne comprends plus rien. Regarde là. Ils t'ont impressionnée parce que tu en as vu peu à la fois! Tu n'as pas eu le temps de comprendre ce que moi j'ai compris en les voyant tous ensemble. Pour moi, découvrir toute cette quantité de billets de mille, c'est comme un jeu, une folie...Regarde Amalia: je les touche, mon cœur ne bat pas...et le cœur doit battre quand on touche des billets de mille lires...
Gennaro:... Je suis revenu et je m'attendais à trouver ma famille ruinée ou peut-être à l'aise, mais toujours honnête. Pourquoi? ....Parce que je revenais de la guerre...Ici personne ne veut en entendre parler. Quand je suis rentré de la Première Guerre, les gens m'entouraient pour entendre des faits de guerre, des histoires héroïques! C'est si vrai que lorsque je n'avais plus rien à dire, pour me tirer d'embarras, je racontais des mensonges, j'inventais des choses qui n'étaient pas arrivées , ou qui concernaient d'autres soldats...trop de gens voulaient savoir!
Entretien avec HUGUETTE HATEM, grande traductrice vers le français, notamment du dramaturge italien Eduardo De Filippo, et grande spécialiste française du théâtre italien, réalisé par Michele Canonica pour le site L'Italie en direct. Mars 2013.
Vidéo postée sur le site L'Italie en direct.