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EAN : 9782070449859
304 pages
Gallimard (10/10/2013)
3.61/5   22 notes
Résumé :
Paul Steward, éditeur d’une revue scientifique et ex-journaliste du New York Times, est un mari raté, un père raté, il considère sa vie entière comme un échec. Sa décision est prise, elle est
radicale, une seule échappatoire : tuer sa famille et se suicider ensuite. Horwitz nous décrit dans ce livre la journée de cet homme : entretiens professionnels, voyages dans les transports en commun, discussions avec des amis...
Une journée si normale, et pourta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Tenir ce roman entre les mains, c'est comme tenir un morceau de glace. le contact en est immédiatement froid, pour devenir vite glacial. Ce froid se propage insidieusement à l'intérieur de votre corps, le long de votre échine. Frissons. Tremblements.

Au fur et à mesure, cette sensation glaciale se transforme en brûlure, comme si on vous marquait au fer rouge de l'intérieur.

Mais de la glace, c'est également fascinant à regarder de très près. Structure complexe, sophistiquée. Enchevêtrement de différentes couches qui rend le tout mystérieux.

Regardez le monde à travers ce morceau de glace translucide, et vous le verrez de manière déformée et pourtant parfaitement reconnaissable.

C'est toutes ces sensations qui sont présentes dans ce roman étonnant, détonnant, éprouvant, prenant et vraiment glaçant.

Rien à voir avec un polar, c'est un roman noir, très noir sur un homme qui se lève le matin avec la ferme intention de flinguer femme et enfants durant la soirée, pour se tuer par la suite. Froidement. Je ne dévoile rien, c'est le pitch de départ.

L'auteur nous convie à suivre cet homme durant sa (dernière ?) journée et à plonger au plus profond de son esprit (et de celui des gens qu'il va côtoyer durant cette courte période).

Roman hors-norme par son sujet et par son traitement, roman intemporel (même s'il date de 1975), roman psychologique et analyse d'une société (déjà) en perte de repères : Natural Enemies (qui n'est étonnamment pas le titre original) est un iceberg sur lequel vont s'écraser nos valeurs en berne.

Un roman sur la peur surtout, une peur insidieuse qui se propage dans notre société et nos relations humaines et familiales.

Ces circonlocutions d'esprits malades de leurs valeurs, ces monologues de personnages perdus dans leur égoïsme, ces échanges de personnes qui ne se comprennent pas font froid dans le dos.

Un récit particulièrement hostile par son propos qui appuie là où ça fait mal et dont les aspérités ne permettent pas de s'accrocher à un semblant de lueur. Et pourtant, à la lecture, on est fasciné.

Sexuellement très explicite, psychologiquement violemment dérangeant, c'est une aventure humaine extrêmement douloureuse et qui nous pique au coeur, aux tripes, au sexe et à l'âme.

Un roman sans aucune concession, sans compromission. Un roman difficile à lâcher, une lecture rude, un propos d'une rare intelligence, une plume recherchée. Même s'il m'a semblé quelquefois un peu trop bavard, ce roman est une expérience unique et une gifle magistrale.
Lien : http://gruznamur.wordpress.c..
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"Je sens que nous avons atteint un palier où nous accueillerons l'oubli avec soulagement" (p177)

Encore un auteur talentueux et méconnu. Un de plus.
J'ai eu beau chercher sur le net, il n'y a pas grand chose sur le bonhomme :
Julius Horwitz. 1920-1986. New-yorkais.
Qu'il a écrit neuf livres dont deux seulement on été publiés en France. Qu'il a exercé plusieurs années comme assistant social, job dont il a puisé quelques inspirations pour créer certains de ses personnages de roman. Qu'il a ensuite poursuivi une carrière dans la recherche (?)
Que Natural enemies (1975) a été adapté au cinéma en 1979.
~
Quel meilleur guide qu'un assistant social New-yorkais pour nous trimballer dans les rues de Gotham.
Avec lui, j'ai replongé dans le "Old New-York" de ce cher Hubert Selby. Ce bon vieux N.Y crasseux et craignos, des années 60/80's. Celui-là même qui est gravé sur mes galettes de Hardcore, ce N.Y qui suinte le Jazz et les coups foireux.
*_"le train de Penn Central a longé les mornes bâtiments du Bronx. Il a traversé le pont à la hauteur de la 138e rue. J'ai regardé l'eau sale de l'East River. Cette eau où ne survivent que les anguilles si repoussantes que les pêcheurs qui les attrapent n'osent pas les manger.
Nous sommes entrés dans la station de la 125e à Harlem. Cette rue où dorment les magasins cadenassés, avec leurs devantures condamnées par un contreplaqué d'un centimètre et demi d'épaisseur. Les trottoirs qui jadis grouillaient de jour comme de nuit, sont absolument déserts. Les gens ont si peur les uns des autres qu'ils se sont enfuis. Harlem n'existe plus. Il ne reste plus que les drogués abandonnés à eux-mêmes, et ceux qui n'ont pas encore pu se sauver. Harlem est mort, comme Greenwich Village, et comme tous les quartiers de New-York, qui autrefois faisaient confiance aux vivants pour les animer".
~
Paul est éditeur, il bosse sur Manhattan pour le New-York Times, mais vit dans le Connecticut avec sa femme: Myriam et leurs trois enfants : Tony, 16ans ; Sheila, 14 et Alex 11ans. Cléo, leur chienne, complète la famille.
Ces deux vieux amis, Rosenthal et Baker, sont également de la partie.
Une petite vie proprette...en apparence...
* (p15) _Je ne pense pas avoir dormi plus de dix minutes cette nuit là. Sans savoir jamais si j'étais éveillé, endormi, perdu ou mort.
Dans cet instant qui précède le lever du jour, dans cette lumière plus somptueuse que les couleurs même de Rembrandt, je me suis entendu dire à haute voix : "C'est aujourd'hui que tu vas prendre ton fusil Remington dans l'armoire, le charger de quinze cartouches et te tirer une balle dans la tête après avoir tué Myriam, Tony, Alex et Sheila...tu feras ça vers 20h15, lorsque tu reviendras de New-York par le train de 17h30, juste au moment où Myriam t'appellera pour dîner..."
~
Julius Horwitz met nos nerfs à rude épreuve. C'est noir, malsain et prenant.
Ces 300 pages ont une odeur de mort.
Les chapitres sont marquées par les heures de cette putain de journée. L'histoire commence à 6h, les chapitres se succèdent lentement, 6h35...7h12...9h05... jusqu'à......
Nous restons en compagnie de Paul, tout du long du bouquin, on voyage en train jusqu'à Grand Central, on passe à l'ONU, on rencontre ses potes dans les bars, on assiste à leurs conversations où ils relatent des souvenirs anciens, échangent des points de vue sur la marche du monde, on s'interrogera sur Paul qui n'a pas l'air dans son assiette, Paul qui se confiera sur son couple, sa vie. On ira voir aussi quelques monuments pour une possible dernière fois, on fera un petit détour par le lupanar du coin, histoire de... plusieurs fois on parlera avec Myriam au téléphone, elle aussi n'a pas trouvé Paul dans son assiette ces derniers jours. On cogite, on gamberge, on planifie, on doute, on temporise, on espère, on se remémore, puis on rentre à la maison, par le train de 17h30, comme prévu.
~
Bien qu'il ne soit pas mort, le fantôme de Jean-Claude Romand à flotté autour de moi pendant ma lecture.
L'auteur à su garder une tension, un suspens en nous faisant témoins impuissants du mal être, en nous partageant les reproches, les ratés, les non-dits du couple.
On les écoute, on essaye de comprendre, on aimerait bien pouvoir faire un petit quelque chose... mais, descendu à ce stade là, y'a t-il encore quelque chose à comprendre, un truc à faire ? Non... à part tourner les pages en guise d'espoir et à croiser les doigts...
Quoi ? Ça marche pas croiser les doigts ? J'avais quand même pas prier, non! シ



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Faits divers(ion)

Paul Steward, la quarantaine, s'est levé ce matin déterminé à en finir avec la vie, la sienne et celle de sa famille. Voici donc le récit de cette journée -ponctuée de rencontres voulues ou inopinées, de sexe, de réflexions sur les raisons, le sens à donner à ce geste, de flash-back et descriptions de vie présente et passée- au bout de laquelle un carnage familial doit avoir lieu. Une longue journée sous tension...

Le fera, le fera pas?
Voilà LA question qui m'a tenue en haleine durant toute ma lecture. Impossible d'être certaine de la réponse jusqu'à l'ultime dernière page. Forcément on espère que non, même si on se dit "punaise le gars il est déterminé, y a rien qui va le faire dévier de cette tragique trajectoire. Sauf...". Julius Horwitz est fort, très fort pour empêcher le lecteur d'avoir des certitudes sur la manière dont tout ça va se finir. L'espoir est permis.

Est-il besoin d'en ajouter plus?
Un peu quand même.

Quel roman noir! Je ne peux pas dire que je m'y suis délectée parce qu'il atteint un degré dans le sombre comme rarement j'en ai vu mais quand même, l'intrigue est rondement menée. Sous des dehors de journée presque banale -presque parce que Steward s'octroie tout de même les derniers plaisirs du condamné : lui il n'attendra pas d'aller au Ciel pour se farcir des vierges en pagaille, non le monsieur préfère s'envoyer 5 putains affirmées en avant goût de ce Paradis qui lui serait de toute façon refusé s'il réalisait son plan macabre. Je disais donc que sous des dehors de journée presque banale, notre homme ne cache pas moins une certaine fébrilité. Cette fébrilité qui vous tient au corps quand vous êtes face à un moment de votre vie ou une décision à prendre hyper importante ; le genre qui peut tout changer mais qui n'est pas sans risque. Vous voyez?
Et bien ça, cette angoisse, elle se transmet directement du narrateur au lecteur. C'est interminable d'attendre, de devoir attendre la fin pour savoir. Je suis convaincue que des lecteurs impatients pourraient craquer et aller lire la fin pour se soulager de la question. Pitié ne faites pas ça! Ce serait vraiment gâcher ce roman et l'intérêt du suspens qui fait qu'on engloutit les pages à toute vitesse.

Steward est déterminé mais jusqu'à quel point? Autre question. N'espère-t-il pas en rencontrant ses deux meilleurs amis, le survivant de l'Holocauste et l'éminent psychologue, en parlant même à répétition de ces drames identiques qui ont déjà eu lieu à ces derniers mais aussi à sa femme, à être détourné, freiné, arrêté dans sa décision? A être convaincu que la vie vaut la peine d'être vécue malgré tout? Doit-on comprendre qu'il lance des appels au secours? Ou cherche-t-il à laisser une trace de ce meurtre prémédité auprès d'eux afin qu'ils puissent expliquer à postériori ce qui l'aura conduit à ce geste?
Parce qu'une question qui le taraude le gars c'est "Pourquoi n'a-t-on jamais aucune explication à ces crimes suivi du suicide du père?" Lui, il a SA réponse qui ne semble pas prévaloir pour tous d'ailleurs. Cette réponse, rien ne garantit qu'elle nous soit vraiment fournie. Peut-être en partie, de manière incomplète.
Vacuité de la vie, insatisfactions multiples en tant que mari, père, pertes d'envies, sentiment d'inutilité et de n'être nécessaire et présent à personne, vide affectif, non sens??? Qui sait? On peut trouver un sens à son propre désir de suicide mais tuer sa femme, ses enfants? Pour la soulager elle d'une vie qu'elle semble fuir mais les enfants? Vous voyez bien, la réponse nous échappe...
Je ne crois pas qu'Horwitz ait cherché à apporter une réponse à cette question. Il a peint un homme froid, arrivé à priori au bout de son chemin et peut-être trop lâche pour quitter cette vie sans les siens. Les siens oui, ceux qui lui appartiennent : sa femme et le fruit de sa chair, les gosses. Pourquoi sa famille devrait lui survivre après tout?

Il n'est pas du tout sympathique ce Paul Steward (à contrario, sa femme l'est bien plus). Pas tant à cause de ce qu'il se prépare à faire avec préméditation que par ce qu'il dégage. Et ce n'est pas son extrême clémence à vouloir épargner la chienne qui me l'aura rendu plus appréciable. Je dois même avouer que j'étais arrivée à un stade où j'aurais voulu que quelqu'un le tue... Cet homme m'a paru froid et égoïste et même malsain. Il dresse un bilan désabusé sur sa vie, sur son environnement, peu de choses trouvant grâce à ses yeux. Au final, ne reste présent à son esprit que les manquements à sa vie. A savoir, une femme heureuse, vivante qui se donnerait à lui avec volupté et lui procurerait l'extase dont il se croit injustement privé par elle. Oh certes, vu le tableau qu'il peint de son épouse (dépressive depuis des années, suicidaire, absente) et de leur relation on pourrait comprendre que le bougre n'en puisse plus de cette vie. Mais pourquoi alors ne pas simplement divorcer? Après tout, il semble avoir tout le reste, l'argent, le succès... Pourquoi?

Je pourrais vous parler encore de l'écriture sans concession d'Horwitz. Ce roman a d'ailleurs été publié en 1975 pour la première fois. Je veux bien croire que l'ambiance aux States après la guerre du Viêt Nam ait plongée les esprits et peut-être celle de son auteur dans un certain marasme, mais bon sang que ce roman est sombre. Même la peinture du New York de l'époque fait peur! Heureusement que j'y suis allée et que j'ai pu constater que tout n'y est pas si glauque aujourd'hui.
L'écriture d'Horwitz est par ailleurs très crue sur les scènes de sexe qu'il décrit. 50 shades (que je n'ai pas lu mais dont j'ai forcément beaucoup entendu parler) doit être très chaste en comparaison... Cela pourrait en émoustiller quelques-uns ^^ Il est rare que je trouve une écriture très masculine mais là, pour le coup, le sexe de l'auteur (sans vouloir être moi-même sexiste) est sans équivoque. Il laisse libre cours dans son roman à des fantasmes tout masculins : sexe à plusieurs découpé au scalpel d'une projectionX, sexe à la va-vite avec une belle inconnue entreprenante dans un train, fantasme de la secrétaire sans culotte open aux avances du patron...

J'ai trouvé que par moments, le roman s'étirait un peu, quelques passages faisaient un peu retomber l'intérêt mais heureusement pas trop longtemps.
Je ne sais guère pour quelle raison ce roman est classé dans la catégorie "policier". Il ne suffit pas à un roman d'avoir du suspens et d'avoir un crime prémédité dans la tête du narrateur pour que le terme "policier" puisse faire sens ici.

Natural enemies (auquel je lui préfère son titre original You can run) est un pur roman noir, profondément dramatique et pessimiste. Il surprend jusqu'au bout et ce, même si on s'attend au pire! Ce qui pourrait le mieux retranscrire mon ressenti à la lecture de la dernière page c'est cette expression anglaise : "what the fuck?!!!" J'ai eu beau la relire cette dernière page, c'est la fin voulue par l'auteur aussi surprenante soit-elle. Enfin l'est-elle en définitive?
Si vous voulez la connaître lisez ce roman (par beau temps et après avoir pris une bouffée de gaz hilarant...).
Lien : http://quel-bookan.hautetfor..
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Natural enemies est un assez vieux roman dont je n'avais jamais entendu parlé, il y en a d'autres bien entendu, mais quand on pense à toutes ces pépites qu'on ne lira jamais ça colle un peu le bourdon. Je peux au moins me dire que celui-là je l'ai eu et lu !

Natural enemies a été publié en 1975 aux Etats-Unis, puis en 1977 en France, aux éditions du Seuil. Je ne sais pas où sont passés les exemplaires datant de 1977, je n'en ai jamais croisé, en revanche, j'ai eu la chance d'avoir entre les mains la réédition 2011 par les éditions Baleine.
Dans un format atypique, le livre est un peu plus large qu'un poche, couché sur un papier épais et sec, sous cette couverture qui brille, j'ai découvert un récit haletant et brutal, dérangeant et à fleur de peau.

Un livre qu'on ne referme plus et qu'on n'oublie jamais.

La quarantaine, Paul Steward est un éditeur New Yorkais, il est marié avec Miriam qu'il a profondément aimé. Il est le père de Tony, Alex et Sheila dont il a été très fier. Il dort avec sa chienne Cléo dans le bureau transformé en chambre de sa grande maison du Connecticut.
C'est au petit matin, juste avant que le soleil ne se lève que Paul Steward s'est entendu dire à voix haute "C'est aujourd'hui que tu vas prendre ton fusil Remington dans l'armoire, le charger de quinze cartouches et te tirer une balle dans la tête après avoir tué Miriam, Tony, Alex et Sheila…"
De la première page à la dernière, embarquons dans la tête de Paul, asseyons-nous à la table du petit-déjeuner, prenons le train jusqu'à son bureau, rencontrons ses amis, buvons, envoyons-nous en l'air pour la dernière fois, accompagnons-le heure par heure dans la dernière journée de sa vie et de celle de sa famille.

Quelle raison peut pousser un homme à exterminer sa famille ?
Le besoin ? le manque d'amour ? L'ennui ? La colère ? le désespoir ?
D'accord, Paul Steward veut mourir, mais pourquoi faire disparaître toute sa famille ?
Sans doute parce qu'il ne voit pas d'issue plus appropriée pour sortir de ce néant qu'est devenue sa vie.
En y réfléchissant, je crois que je me suis toujours dit qu'une tuerie massive ça ne se préparait pas. J'ai toujours cru que c'était dû à des pétages de plombs qui tournaient mal. Julius Horwitz, lui, a vu la chose autrement.

La grande maison avec pelouse, la jolie voiture, la femme artiste, les trois enfants, même le chien est parfait … en apparence ! le rêve américain n'est plus. La peur de vivre est plus forte que celle de mourir.
Un jour Paul Steward en a eu assez et tout doit disparaître.
Ce qui est très dérangeant avec Natural enemies, c'est que la décision de Paul ne dépasse jamais l'entendement. A l'écouter penser, à l'écouter nous raconter comment il en est arrivé là, brutalement, sans fioriture ni compassion, on finit par le comprendre, on a envie qu'il le fasse, qu'il ne change surtout pas d'avis, même quand tout à l'air d'aller mieux et qu'on entrevoit, très brièvement, une lueur d'espoir.
C'est une prise de position qui ne s'assume pas si facilement.

Natural enemies fait partie de ces livres qu'on ne peut pas refermer, c'est presque physique, on l'a accroché entre les doigts et on doit se faire violence pour le poser… et pourtant on voudrait tellement que ça s'arrête.
Mais on est très très loin du thriller, ce n'est en aucun cas le suspens palpitant ou l'envie de savoir s'il va flinguer tout le monde avant la dernière page qui m'ont tenu éveillé si longtemps.
Parlons plutôt d'une sorte de murmure, de fluidité dans le récit, d'une incroyable émotion qui se dégage et qui vous tient en haleine.

En me racontant la fin de sa vie, Paul Steward m'a réellement tenu en haleine, il m'a fait entrer dans sa tête pour insidieusement, s'installer dans la mienne.
Lien : http://postface.fr
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C'est un roman coup de poing, glaçant, terrible, sans concession. On peut le voir comme l'envers du décor du rêve américain mais il est transposable à n'importe quel coin du globe où on ne vit pas uniquement pour sauver sa peau ou pour trouver de la nourriture. On est dans les sphères très aisées des familles unies, des demeures cossues où le confort et la qualité de vie sont tels qu'on peut se préoccuper d'écologie et d'alimentation bio…Il date de la moitié des seventies mais il est parfaitement d'actualité sauf pour New York qui n'est plus l'enfer de l'époque. Ce roman noir est vraiment fortement déconseillé aux personnes psychologiquement fragiles.

Paul Steward, journaliste renommé, éditeur à succès a décidé qu'il tuerait sa femme et ses trois enfants avant de se suicider ce soir au moment du dîner. C'est simple, implacable et nous allons vivre heure par heure sa dernière journée au bureau en espérant que ses rencontres, son vécu vont lui faire changer d'avis, retrouver la raison. Apparemment, il a tout pour lui : réussite professionnelle, une vraie famille avec trois beaux enfants même si sa femme artiste souffre de dépression, une vie que tout le monde est prêt à lui envier mais que lui ne supporte pas ou plus.

Tout au long de cette journée étouffante, on va espérer l'acte ou la parole qui va le réveiller. Au fil des pages de plus en plus tendues quand approche la fin, on tente de comprendre ce qui le motive, quel est son mobile. Pour ma part, je n'ai rien trouvé à part la folie, la dépression de sa femme comme le rejet de la société capitaliste ne justifiant pas de si lamentables desseins. Et l'horreur dans « Natural Enemies »… pas de justifications, pas de causes plausibles ou visibles…

Les derniers chapitres sont effroyables.

Vous n'êtes pas près de connaître à nouveau un tel choc, ce roman est un authentique chef d'oeuvre noir mais soyez bien préparés à la tragédie que vous allez lire.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Ce matin j'aurais aimé descendre la Cinquième Avenue dans un défilé sans fin. Avec les millions d'habitants que compte New-York. Ils auraient déboulé de leurs maisons jusqu'à la Cinquième. Tous au complet. Cette grande armée de loqueteux qui a fait de New-York ce qu'elle est.
Les 400 000 toxicomanes.
La foule des assistés sociaux.
Le million de vieux qui vivent avec 1,15$ par jour.
Les 100 000 malades mentaux qui croupissent dans des meublés insalubres.
Les maîtresses de maison, terrées derrière de ruineux systèmes de verrous de sécurité.
Les 50 000 prostituées.
Les 300 000 ouvriers qui travaillent tous les jours, gagnent moins de 100$ par semaine, et subsistent on se demande comment.
Les riches chassés de leur ville par une population de jeunes chômeurs qui tuent et mutilent à l'aveuglette.
Les noirs et les portoricains qui, terrorisés, vivent dans des rues que les chiens eux-mêmes ont abandonnées.
Les millions de femmes et d'hommes qui acceptent encore de s'entasser dans le métro au lieu de le défoncer de leurs poings nus.
Tous ceux-là, oui. Tous les habitants de New-York qui auraient déferlé de leurs maisons, là où les cauchemars surviennent en plein jour, où les locataires sont avisés de ne jamais entrer dans un ascenseur avec un inconnu, où les filles sont violées dans les toilettes des immeubles d'affaires de la Sixième Avenue pendant leur quart d'heure de pause.
Et aussi ceux des rues de Greenwich, où les voyous tirent sur les passants s'ils leur refusent une pièce de 10cents ou s'ils ne leur donnent pas l'heure exacte ; où les femmes de quatre-vingts ans sont violentées par des gamins de treize.
Tous ces grands loqueteux de New-yorkais qui stagnent dans l'enfer le plus fragile que l'homme ait jamais créé.
J'aurais aimé voir la population de New-York descendre sans fin la Cinquième Avenue et hurler son besoin de vivre, d'être au coude à coude, de défiler sans cordon de police, sans un seul policier armé.
Juste des millions de gens qui auraient marché pour se sentir vivants, pour se montrer, pour ne plus avoir peur.
Juste une manifestation pour avoir le droit de vivre.
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La plupart des gens sur terre cessent de réfléchir une fois qu’ils sont sortis de l’adolescence et qu’ils ont eu leur première expérience sexuelle. Nous nous en tirerions beaucoup mieux si nous ajournions les expériences sexuelles jusqu’à la vingt et unième année.
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J'ai toujours été frappée que les gens aillent ensemble au cinéma.
Ça me semble une façon si collective de profiter d'un plaisir privé.
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Le corps est de l’électricité. Le cerveau marche à l’électricité. Les électrodes envoient de l’électricité dans le cerveau. L’électricité détruit les circuits qui provoquent la dépression profonde. Personne ne l’a jamais prouvé. Mais les médecins y croient.
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Le mariage devrait être comme une rivière sauvage et non pas une suite de symposiums sur l'économie du ménage et les habitudes dont on ne peut se débarrasser.

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