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EAN : 9782213655154
528 pages
Fayard (13/10/2010)
3.82/5   303 notes
Résumé :
Nous avons tous appris un jour que Clovis était le premier des rois de France. Qui sait qu’en Allemagne, il est considéré comme un roi allemand ? De Saint Louis, on garde l’image d’un grand souverain, rendant la justice sous son chêne. On ignore qu’il imposa aux Juifs de porter l’équivalent de l’étoile jaune. Jeanne d’Arc est la grande héroïne du Moyen Âge. Pourquoi a-t-on oublié toutes les autres ?Nombreux sont les Français qui s’intéressent à notre passé, nombreux... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
3,82

sur 303 notes
Je ne suis pas experte en Histoire, ce n'est pas moi qui vais débattre pendant des heures de la Guerre de Cent ans, du partage de l'Empire carolingien, des guerres napoléoniennes ou du siècle de Louis XIV...
Mais j'aime l'Histoire, et particulièrement l'Histoire de France. J'aime visiter les châteaux, ceux de la Loire, ceux du Périgord... J'aime écouter les guides me relater les faits, me resituer les anecdotes dans la grande Histoire. J'aime me promener sur des remparts, comme ceux de Carcassonne, où sont accrochées de très vieilles petites maisons, et m'imaginer la vie de ces gens...J'aime entrer dans de petites églises romanes ou dans des grandes abbayes et me laisser pénétrer par le passé. J'aime les vestiges des grandes batailles, où je me laisse submerger par l'émotion, comme à Verdun, par exemple. Les religions et leur cortège d'atrocités et de sublime me transportent...Les cathédrales comme les châteaux cathares, les petits moulins comme les anciennes cités industrielles, les demeures des écrivains comme les plus humbles chaumières...Oui, tout cela me passionne.

C'est pourquoi le livre de François Reynaert, qui retrace 2000 ans d'histoire, m'a vraiment intéressée. N'attendez pas que je vous cite tel ou tel fait, j'en serais incapable à l'instant. Je devrais fouiller dans ce gros livre pour ne pas dire de bêtises.
Je préfère vous certifier que l'honnêteté intellectuelle avec laquelle l'auteur s'est livré pour raconter l'Histoire est appréciable ! Tous les clichés, les phrases toutes faites, tous les mythes que chacun peut entendre depuis qu'il est petit, à l'école, dans la rue, dans les réunions « mondaines », sont mis à mal ici. L'auteur nous force à voir les choses sous un autre aspect. Il nous force à nous défaire de nos anachronismes, à nous questionner, nous qui voyons l'Histoire du haut de notre 21e siècle souvent influencé par les historiens du 19e, très nationalistes. Il nous oblige à nous mettre du point de vue du « petit peuple », qui s'en fichait complètement des conquêtes du territoire de la France. La France ! le beau pays de France ! Cette notion, l'auteur en démonte tous les rouages !
Un tout petit regret quand même : pour moi qui suis belge, je me suis sentie un peu exclue quand l'auteur parle de « notre pays »...alors que la Belgique, enfin, le territoire qui correspond à la Belgique actuelle, est très souvent lié à l'histoire de France. Mais bon, ce n'est pas trop grave, peut-être qu'un jour, un auteur belge se penchera sur l'histoire de notre si petit pays mais qui a connu tant de belles et monstrueuses choses, lui aussi...

En attendant, je continuerai à visiter tous les recoins de la France et à m'y sentir bien, entourée de ces fantômes du passé qui me semblent maintenant un peu plus proches, grâce à François Reynaert...

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Les vainqueurs réécrivent l'histoire, c'est bien connu. Et chaque nouvelle doctrine explore le passé à la recherche de précurseurs qui la rendent éternelle et immuable. L'histoire de France n'échappe pas à la règle : avec l'émergence du concept de nation, il a bien fallu classer tous les personnages importants de l'histoire en bons patriotes ou en traîtres (qui se révèlent être systématiquement les perdants).

Reynaert reprend l'histoire telle qu'elle est enseignée et tente de la présenter débarrassée de ses clichés et de ses récupérations dogmatiques. On se rend rapidement compte qu'exposer simplement le contexte social de l'époque, ses institutions et ses moeurs permet déjà d'abattre un paquet de légendes. L'auteur rétablit également les portraits des grands personnages, en décrivant les côtés sombres de la personnalité ou de la politique des dirigeants habituellement encensés, ou les bons côtés de ceux qui se sont retrouvés dans le mauvais camp.

Alors c'est vrai qu'un peuple qui résiste depuis 1500 ans aux assauts de ses ennemis, ça a plus de cachet qu'une série de confrontations entre plusieurs camps uniformément soutenus, dans lesquelles la victoire de l'un ne tient souvent pas à grand chose. Mais ça ne rend pas l'histoire moins palpitante, bien au contraire.
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On commence par une citation,
" Quand on les regarde avec la distance du temps, toutes les périodes passées frappent par leur propre aveuglement. (..) Les siècles prochains auront sans doute le plus grand mal à comprendre notre aveuglement ou notre laxisme face à des problèmes que nous ne concevons même pas. La loi est éternelle, nous n'y échapperons pas."
Je viens de finir le livre de François Reynaert, et franchement, j'ai appris une tonne de choses sur des périodes de l'histoire que j'avais comme tout le monde plus ou moins vu en classe, sauf que lui les présente en tentant de garder une distance avec les évènements et à ne "donner raison" à aucun parti, comme cela se voit souvent.

En effet, l'histoire dépend du point de vue de celui qui la raconte, et qui peut se targuer de rester objectif? Ce n'est qu'en observant les faits, et aussi en analysant les points de vue différents des nôtres, très auto-centrés, que l'on peut réussir à dresser un portrait correct. Je trouve qu'il réussi bien le pari, même si je ne suis pas assez férue d'histoire pour pouvoir toujours peser le pour et le contre dans ce qu'il dit. En tout cas, ce livre regorge d'infos, et m'a relancé sur d'autres références, d'autres livres, ce qui veut bien dire qu'il rend curieux. Quoi de mieux pour un livre?

On parcourt ainsi "vingt siècles en un volume", en regardant le passé, comme le dit Reynaert, "comme on considère le présent, avec de l'esprit critique". Une première partie est consacrée à "la France d'avant la France", ou l'auteur parle tour à tour des Gaulois, des Grandes Invasions, de Clovis, de Charles Martel et va jusqu'au règne de Louis XV.

Le propos permet de se poser des questions. Ainsi, au sujet de Charles Martel: "Si les Arabes avaient gagné à Poitiers, et si, contre toute attente, ils avaient décidé d'étendre leur empire à la Gaule, celle-ci aurait-elle vraiment perdu au change?" La réponse qu'il suggère, tout aussi intéressante, provient d'un autre livre, celui de Henri Pomot et Henry Besseige: "Si les Arabes avaient été les plus fort [...]ils auraient rendu la France plus belle et plus riche. Ils auraient bâti de grandes villes et de grandes maisons [...]. En effet, les Arabes n'étaient pas des Barbares. Ils étaient plus civilisés que les Francs d'alors."

J'aime bien cette façon qu'a l'auteur de remettre en cause la manière "habituelle" dont on nous a présenté l'histoire à l'école ou ailleurs. Ne voit-on pas toujours l'histoire sous le prisme de notre nombrilisme et de notre nationalisme exacerbé?
"J'ai toujours été allergique à cette pathologie qui consiste à mettre la France au-dessus de toutes les autres nations, à la croire mère de tous les progrès, phare de toute la civilisation"

Deuxième partie, "la France monarchique" que l'on parcourt De La Renaissance aux Lumières en passant par les guerres religieuses, l'extrême violence des XVè et XVIe siècles, l'horreur des massacres perpétrés lors de la découverte des nouveaux mondes. En matière de religion, on voit qu'à l'époque, les violences étaient surtout entre protestants et catholiques, alors qu'aujourd'hui l'opprobe est contre les musulmans et l'Islam, avec le cortège d'amalgames dégradants que l'on entend. Cela fait tristement relativiser: la religion rend bien fous dans certains cas et cela ne date pas d'hier!
En ce qui concerne la "conquête" brutale et sanguinaire du Nouveau Monde, on apprend que "près de 90% de la population disparaît" autant au Mexique qu'au Pérou ou dans les autres pays conquis après l'arrivée des Européens!
Il y a tant de sujets traités dans ce livre qu'on ne peut tous les évoquer! Il faut vraiment le lire pour mesurer son utilité.

Une troisième et dernière partie traite de la France après la Révolution, et s'arrête sur notre époque désenchantée et morose. Reynaert évoque l'individualisme forcené dans lequel on vit, l'impression de sombrer dans un monde qui n'a plus vraiment de croyances, si ce n'est celle de l'argent. Il évoque les dérives du "capitalisme financier", et déclare:
"l'opinion en viendrait à douter des fondements mêmes de la démocratie: l'action politique a t-elle encore une quelconque utilité dans un monde où l'économie, les financiers et la cupidité règnent en maîtres?"
Plus loin il décrit notre France comme
" un Etat urbanisé, jouant son développement sur le secteur tertiaire, où la révolution individualiste a rendu les moeurs plus libres, les solitudes plus grandes et les solidarités plus relâchées."
J'aime bien ce portrait en guise de conclusion, même s'il est un peu sombre.
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Écrivain et chroniqueur au Nouvel Observateur, François Reynaert est aussi un fou d'histoire. Il a étudié au plus près les oeuvres des meilleurs spécialistes de chaque période pour rédiger cet ouvrage dont le but est double : offrir une synthèse claire des vingt siècles qui nous précèdent et donner à la France d'aujourd'hui une histoire ouverte et généreuse, débarrassée des clichés nationalistes.
Il écrit en préface " tordre le cou méthodiquement à toute cette mythologie qui nous encombre, et montrer que l'on peut raconter autrement les deux milles qui nous précèdent."
Son angle d'attaque ? "il est résolument antinationalisme. Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été allergique à cette pathologie qui consiste à mettre la France au dessus de toutes les autres nations, à la croire mère de tous les progrès, phare de toute la civilisation. le nationalisme n'est pas une opinion, c'est une idolâtrie."François Reynaert nous propose de l'accompagner dans ce long voyage de deux millénaires, reprenant les stéréotypes qui nourrissent l'imaginaire collectif à commencer par "nos ancêtres les gaulois" (il démontre combien cette mythologie est bien plus récente qu'on ne le pense).
Au fil des époques, il donne à voir par exemple une guerre de cent ans sans les clichés, il explique comment s'est construite la légende de Jeanne D'arc et comment elle a éclipsé le rôle politique d'autres femmes oubliées par les manuels d'histoire, il montre comment le temps des grandes découvertes a été celui de grands massacres de peuple.
L"histoire de France sans les clichés est aussi l'occasion de remettre en lumière les hommes et les femmes tombés dans l'oubli pendant l'histoire en abordant le code noir ou en démontrant comment on s'est appuyé sur deux exemples de femmes supposées frivoles et inconséquentes, la marquise de Pompadour et Marie Antoinette, pour "renvoyer toutes les femmes aux devoirs de leur sexe, la cuisine et les enfants jusqu'à la fin des temps.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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A l'époque de sa sortie en 2010, ce livre d'histoire s'était fait remarquer. Par son titre, délibérément provocateur, et aussi par sa couverture. Voilà un ouvrage historique, quasiment un manuel d'histoire, qui s'est bien vendu. Une performance en soi.
Son contenu était moins controversé que son titre pouvait le laisser penser. L'auteur, journaliste de métier, a certes repris l'histoire de France en s'écartant du « roman national », et de la mise en perspective, qui a en été faite à la fin du XIX éme siècle pour des raisons idéologiques. Mais la présentation chronologique des événements qu'il opère ne suscite guère de commentaires.
Évidemment les historiens (et surtout les non-historiens) ont toujours eu tendance à réécrire le passé à travers le prisme de leur époque. Reynaert lui-même finit dans les parties finales (le vingtième siècle) à sombrer dans ce travers qu'il dénonce. Clairement certains de ses commentaires sont liés à sa pensée d'homme du vingtième siècle.
C'est là un défaut mineur, et porte encore une fois sur les derniers chapitres. Tout ce qui peut amener des lecteurs à s'intéresser à un livre d'histoire et à analyser leurs connaissances au regard des faits est bénéfique. Ce livre en fait partie. Il se lit facilement, vulgarise et amuse par moments.
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Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
L’étude du passé nous permet tout d’abord d’éviter un piège courant, celui de la nostalgie. La France serait en déclin, entend-on souvent, sa grandeur est passée. Avant, c’était mieux. «Avant» ? Mais quand exactement ? Tentez une expérience simple, feuilletez ce livre à l’envers, et cherchez une seule époque de notre passé où vous auriez voulu vivre. Alors ? En 1910, par exemple, au temps de cette France puissante, gouvernant un quart du monde ? Préparez donc l’uniforme, dans quatre ans vous aurez à affronter l’enfer des tranchées, la guerre et ses millions de morts, merci. En 1810 ? Cette fois ce sera l’horreur des guerres napoléoniennes. En 1710 ? Admettons que cela soit tentant, pour l’infime minorité qui aura la chance de se retrouver dans l’habit chamarré d’un bel aristocrate. Et encore, pas à Versailles. En cette fin de règne de Louis XIV, la vie y était sinistre. Que dire des 90% qui se réincarneront en paysans misérables au ventre creux et au dos cassé par l’ouvrage ? On a compris le jeu. La comparaison avec le monde d’hier ne doit pas nous mener à admirer benoîtement celui d’aujourd’hui. Elle peut nous servir à en relativiser les inconvénients, cela n’est déjà pas si mal.
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De notre point de vue du XXe siècle, compte tenu de l’histoire qui fut la nôtre dans les années 1960-1970, il est entendu que les jeunes générations sont plus libres que les anciennes, que la libération des mœurs suit forcément le sens d’un progrès constant. La confrontation du XIXe et du XVIIIe nous rappelle que cela n’est pas vrai. Il y a des raisons politiques à cela : si le XIXe affecte à ce point cette rigueur bourgeoise et pincée, c’est aussi par réaction au précédent. Dès 1789, le libertinage est associé à l’aristocratie, aux mauvais rois, à ce que l’on appelle désormais la débauche d’une société dont on a voulu se débarrasser. N’empêche, sous ce seul angle, la leçon est sans appel : comparer le siècle qui joue infiniment les «fêtes galantes» de Watteau à celui qui fait un procès à Madame Bovary pour attentat aux bonnes mœurs, c’est faire la preuve qu’il est des domaines où l’on n’avance pas toujours dans le bon sens.
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Durant les deux siècles qui l’ont suivie, la passion autour de la Révolution a été tumultueuse. De nos jours, sans aucun doute, la Seconde Guerre mondiale a pris cette place d’événement historique fondateur de notre mythologie politique : Vichy contre la Résistance, collabo contre armée de l’ombre et «les pires heures de notre histoire», formule convenue ressassée à propos de tout et n’importe quoi. C’est désormais entre 1940 et 1945 que se tient le nœud névrotique de la mémoire nationale. Pendant les cent cinquante ans qui précédèrent, 1789 et 1793 jouèrent ce rôle. Dans la vie politique française, au moins jusqu’à la première moitié du XXe siècle, c’est dans la mythologie révolutionnaire que l’on va piocher les références que l’on s’envoie à la figure. «Terroriste!» était un mot courant qui ne désignait alors ni un islamiste barbu ni un indépendantiste basque poseur de bombes, mais un partisan des Montagnards. «Septembriseur!» était une insulte que tout le monde comprenait : elle désignait les auteurs des massacres de septembre 1792 dans les prisons parisiennes.
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Une fois cela posé, ne peut-on aller un peu plus loin? La Seconde Guerre mondiale mérite de prendre de la place dans notre mémoire. Mérite-t-elle de prendre toute la place? Rien ne semble arrêter le déluge mémoriel. Tous les ans, encore plus de romans, d’essais, de films, de débats qui traitent, retraitent, surtraitent d’une période avec une obsession qui, avouons-le, finirait presque par faire peur.

Acceptons d’oublier au passage certains aspects de cette névrose qui peuvent exaspérer. Nous pensons à la pose de tant d’éditorialistes ou de responsables politiques qui brandissent à tout bout de champ le «devoir de mémoire», en se parant spontanément du noble esprit de la Résistance et n’hésitent jamais, par la vigueur de leurs propos, à faire preuve d’un héroïsme d’autant plus magnifique qu’il survient plus d’un demi-siècle après la fin de tout danger.
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Ainsi va la mémoire des peuples. Dans leur rapport au présent, les Français, pour la plupart, sont modernes, tolérants, attachés à la construction de l'Europe, ouverts au monde et à ses diverses cultures. Dès lors qu'il s'agit de leur histoire, on les retrouve accrochés à de vieux clichés patriotards qui vendent la légende d'une France éternelle, avec ce destin qui n'est qu'à elle, ses grands noms, ses victoires prestigieuses, ses Louis XIV et ses gloire de l'Empire que, forcément, l'univers entier nous envie.


(Introduction)
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