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EAN : 9782246726616
192 pages
Grasset (25/08/2010)
2.97/5   15 notes
Résumé :

On ne répond pas à une lettre anonyme, quand bien même on en démasquerait l’auteur. Faut-il seulement la lire ?

A l’origine de ce roman, une lettre mêle amitié et amertume, complicité et reproche, dépit amoureux, nostalgie aiguë, doléances et confidences. Soupçons. Révélations ?

Ce courrier, reçu par Jean-Baptiste Harang d’un camarade de jeunesse qui se plaint de ne pas apparaître dans ses livres, n’est donc pas signé. Dès lor... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je ne suis pas vraiment conquise par ce roman autobiographique, né parce que l'auteur a reçu une lettre anonyme d'un ancien ami de jeunesse, fâché de constater que l'écrivain ne le cite jamais dans ses ouvrages. le retour au passé, pourrait être intéressant et éducatif s'il était plus fouillé, plus précis, mais l'écrivain survole beaucoup... Colonie catholique de garçons, du 17 ème arrondissement , dans la seconde moitié des années 50 dans le Jura, dirigée par un aumonier, qui semble s'intéresser aux jeunes garçons... Mais qu'en est-il vraiment? Vie rustique dans des corps d'une ferme déjà délabrée... "Pélerinage" sur les lieux, bien des années plus tard... L'auteur en dit trop ou pas assez, et il n'avait pas besoin du prétexte de cette lettre anonyme pour évoquer son appartenance ancienne aux "Coeurs vaillants"... Il y a aussi ce prénom féminin "Agathe" que le lecteur rencontre plusieurs fois dans le livre. Cette femme reste une énigme.
Quelques beaux passages cependant dans un livre dont j'attendais beaucoup plus.
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La Feuille Volante n°1035– Avril 2016
NOS COeURS VAILLANTSJean-Baptiste Harang - Grasset.
On ne répond pas à une lettre anonyme, justement parce qu'elle l'est, anonyme, et que de toute façon, cela ne serait pas possible. Si on en croit l'auteur, c'est ce qu'il reçoit un beau jour et cette missive convoque les fantômes de son enfance faite de patronage, de colonies de vacances, de service de messes et d'abbé pédophile, encore que, à cette époque ce délit perpétré par des autorités religieuses était couvert par le silence voire par le tabou quand, à l'extérieur, il était sanctionné par les tribunaux.
Dans cette période de l'enfance et de l'adolescence on fait ses apprentissages, pas toujours très heureux et on y tisse parfois des amitiés solides qui défient le temps. Mais quand même, arrivé à l'âge adulte, des ombres se bousculent dans la mémoire et pour peu qu'on sache un peu manier la plume, on écrit « pour se souvenir » parce que l'oubli fait aussi partie des intervenants. Et c'est parti ! L'auteur va ainsi collationner des noms (les vrais ai-je cru comprendre bien que je croyais que dans les romans on habillait ses personnages de faux patronymes) comme on égrène un chapelet. C'est vrai que la jeunesse est un état passager, tout comme le reste de la vie d'ailleurs, et l'un comme l'autre nous apportent leur cortèges de souvenirs. Dans ce roman, (je n'en connais pas d'autres de cet auteur), ils sont plutôt pieux ou à tout le moins tournent autour de la religion catholique qui était bien souvent, pour les gens de ma génération, le point de passage obligé des enfants de parents bien-pensants. Pour l'auteur, sa mémoire vagabonde entre le 17° arrondissement parisien et des étés dans une colonie du Jura qui, en principe, était le cadre d'une plus grande liberté. Voire ! La présence d'un abbé compliquait sans doute un peu les choses avec l'obligation de satisfaire aux rituels religieux dans un latin approximatif et de vivre à la dure en respectant une discipline quasi-militaire, prémices d'une vie d'adulte accomplie (là non plus je ne suis pas sûr). C'est sans doute pour se venger de tout cela qu'il pratiqua le pillage des hosties (non consacrées, cela va sans dire) et bien entendu la dégustation occulte du vin de messe. Pas de quoi se sustenter mais seulement l'occasion de braver un interdit et, si on y croit, de caractériser le péché de gourmandise qui, comme nous le savons est capital et promet son auteur aux flammes de l'enfer. Cela fit même de lui un candidat malheureux au petit séminaire d'où il fut renvoyé et un authentique objecteur de conscience à l'époque où,  satisfaire à ses obligations militaires était encore considéré comme le passage forcé vers l'âge d'homme.
Mais revenons à cette lettre anonyme qui, au fil du temps et des envois se révéla être signée et domiciliée, révélant la véritable identité de son auteur et peut-être sa volonté de renouer des liens distendus par le temps. Je ne sais si l'auteur est comme moi, mais je fuis comme la peste les associations d'anciens élèves et les copains de service militaire, cela met pour moi un peu trop l'accent sur le temps qui passe, sur la sacro-sainte réussite sociale qui n'est pas toujours au rendez-vous, sur la nostalgie que je ne goûte guère et sur les souvenirs qu'il ne me plaît pas spécialement d'évoquer. Il y a des moments où j'aime bien faire prévaloir l'oubli.
Cet ouvrage est présenté comme un roman mais j'y ai plutôt vu un recueil de souvenirs pas du tout fictifs. Mais après-tout peu importe, j'ai goûté son style, son humour subtil, la manière toute personnelle et jubilatoire qu'il a de faire revivre cette période qui pour lui, « le passé qui enjolive tout » aidant, fut agréable. Il le fait sous l'injonction d'un cousin psychiatre (c'est étonnant que les membres de cette corporation vous invitent ainsi à vous souvenir de vous, même si vous ne le souhaitez pas). L'auteur en a fait un « roman » et c'est tant mieux pour le lecteur car moi, je ne me suis pas ennuyé à cette lecture.

© Hervé GAUTIER – Avril 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com ]
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Avec Patrick Modiano, Jean-Baptiste Harang partage le plaisir de la mémoire, le goût pour les souvenirs liés à l'enfance, au passé. Alors que chez Modiano les souvenirs et les personnages sont parfois flous, entourés de zones d'ombre, chez Harang, ils sont plus nets, plus précis, plus directs. Mais tous les deux ont cette qualité, cette précision et cette force dans l'écriture qui rendent leurs livres la plupart du temps passionnants.
Déjà dans "La chambre de la Stella", (splendide "Livre inter 2006"), Jean-Baptiste Harang nous renvoyait à son enfance et plus précisément à une maison de laquelle il faisait renaitre un passé familial, les souvenirs de lieux et d'objets divers liés à sa jeunesse.
Dans ce nouveau roman, il est encore une fois question de mémoire, celle qui resurgit au moment où le narrateur reçoit une lettre anonyme d'un ancien camarade, lui rappelant les heures passées, durant les années 60, dans une sordide colonie de vacances catholique dirigée par un abbé en soutane qui aimait particulièrement lui mordiller l'oreille lorsqu'il le prenait sur ses genoux.
Dans ce livre, l'ancien journaliste de Libération évoque une époque qui rappellera aux plus jeunes les photos en noir et blanc de Doisneau. Mais dans le texte, il s'adresse aussi, au lecteur et surtout à son interlocuteur anonyme, dans un échange à distance par moment froid et assez grave, sans nostalgie, mais avec tout de même l'envie d'en découdre avec ces lieux de vacances désormais hantées et les personnages qui les fréquentaient à l'époque.
Et comme toujours chez cet écrivain, le style est fluide et précis, la prose est belle, très soignée et particulièrement agréable à lire. Sans pathos, et avec une pudeur toute mesurée, Harang livre un récit court, sans doute moins fort et moins intéressant que "la chambre de Stella" mais qui se lit tout de même avec beaucoup de plaisir.
Lien : https://www.hop-blog.fr/nos-..
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mr harang recoit une lettre anonyme qui lui raconte sa propre enfance et adolescence, il a choisit de repondre non pas par lettre mais par le biais d un roman.
un recit assez court mais tres bien ecrit et tres drole par moment meme si certains passage sont assez durs .
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Encore un roman court, à croire que finalement cette rentrée a limité la consommation d'encre et de papier. Encore des souvenirs. Ceux de Jean-Baptiste Harang ont été provoqués par la réception d'une lettre anonyme de l'un de ses condisciples ou coreligionnaires (c'est selon). Ce sont des souvenirs de son enfance dans le 17ème arrondissement de Paris mais aussi et surtout, de colonies de vacances dans le Jura.

En égrenant ses souvenirs, Hrang glisse des remarques fines, justes et sincères sur sa vie, l'enfance, l'adolescence, l'apprentissage et les filles. Bien sûr, il y a la figure tutélaire du prêtre de service, l'abbé T. et des cours de catéchisme de l'église St Ferdinand.

C'est bien écrit, Harang a une petite musique qu'il entretient savamment mais avec élégance, la mélodie est raffinée. Parfois, l'auteur apparaît désabusé, comme si la vie écoulée lui avait semblé vaine.
Qui a dit que la vie c'est ce qu'on en faisait ?
Lien : http://livrespourvous.center..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Nos coeurs sont vaillants, c'est la mémoire qui flanche. Je suis en bonne santé, en pleine possession de mes facultés intellectuelles. Le peu de tests que j'ai subis depuis l'enfance, ce qu'en pensent les personnes bienveillantes qui m'ont côtoyé semblent me situer dans une vague moyenne dont il n'y a pas lieu de se vanter. Je suis le mâle aîné d'une famille reconstituée comme on en produit beaucoup de nos jours, père de trois enfants, beau-père d'un quatrième, et compagnon d'une femme admirable. Je perçois des revenus modestes et réguliers, suffisants pour assurer le gîte, le couvert, le club de remise en forme et les cigarettes de tout ce petit monde. Bref, je n'ai aucune raison d'écrire un livre et encore moins d'excuses pour le faire. Je n'ai rien d'important, d'intéressant à dire, je n'en éprouve pas le moindre besoin, ni par vanité, ni par désoeuvrement. Et pourtant nous y voilà.
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Plus de quarante ans ont passé depuis la mort de Jean-François. Mais je n'ai pas la mémoire des souvenirs. Aucune prise sur ce qu'elle retient, encore moins sur ce qu'elle décide d'expédier dans les limbes de l'oubli. L'oubli est un animal sauvage, furtif, incontrôlable et invisible, il ne se commande ni ne s'apprivoise, il efface ses traces et n'en fait qu'à sa tête. La mémoire se travaille, s'exerce, des professionnels gagnent leur vie en vous aidant à la conserver, à en alentir la perte. On peut avaler des pilules de toutes les couleurs pour conforter sa mémoire, comme disait mon cousin Maurice. Mais l'oubli? Qui choisit les souvenirs qui bientôt vous feront défaut? Qui vous impose de vous rappeler ce qui vous encombre?
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Pourquoi ces mots dont je n'ai plus l'usage encombrent-ils encore ma mémoire? Chasuble, étole, manipule, manuterge, l'or de la Loire, ciboire, calice, patène, tabernacle, pourquoi? Je les avais appris et rangés un à un dans la petite armoire de la chapelle, et aujourd'hui qu'armoire et chapelle sont ensevelies sous les gravats, ils sont encore là, ces mots, amochés, survivants, ils respirent à peine, ils appellent, ils voudraient qu'on les sauve. Je ne peux rien pour eux sinon les dire en une litanie devenue païenne, ésotérique, les égrener comme des mots de passe qui n'ouvrent aucune porte, les fredonner à l'oreille des enfants de choeur envolés, ou à celle du gardien sourd d'un purgatoire où plus rien ne se purge. Ce sont des mots orphelins, des mots perdus.
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On tiendrait plus spontanément le cerveau pour siège de notre mémoire quand la sagesse populaire le place dans ce muscle incontrôlable, gros comme un poing fermé, qui bat sans qu'on le commande et qui s'arrête un jour, effaçant tout ce qu'on avait pas encore su oublier.
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La vie est une porte qui nous claque lentement au nez, et lorsque l'ouverture se réduit à une fine fente de lumière, nous tâchons de nous souvenir de ce merveilleux paysage qu'elle nous offrait jadis, grand ouvert, le panorama d'un avenir sans fin.
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