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EAN : 9782367406046
304 pages
Scrineo (14/02/2019)
3.6/5   51 notes
Résumé :
Que faire, quand la justice ne vous rend pas justice ? Une poignante histoire de vengeance et de reconstruction pour continuer à vivre.

Trois ans, déjà.
Trois ans qu'Anis court pour ne plus qu'on la rattrape.
Trois ans que Nora a préféré ralentir, pour s'arrêter de penser.
Trois ans que Milan s'en veut de n'avoir rien pu faire.
Trois ans que Steven a fermé les yeux, et qu'il avance dans le noir.

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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
3,6

sur 51 notes
Après l'excellent « Mers mortes » d'Aurélie Wellenstein, Scrineo propose un nouveau roman coup de poing autour d'une thématique difficile : celle du viol. En lisant la quatrième de couverture, je ne savais pas forcément qu'on allait basculer sur ce sujet. Mais une fois que j'ai compris, j'ai quand même voulu voir comment Charlotte Bousquet allait traiter ce type de drame. de manière générale, je n'ai jamais été déçue par sa plume féministe et puissante, ni par les différents récits qu'elle a écrit. J'avais donc beaucoup d'attentes concernant « Nos vies suspendues » et je dois reconnaître que le résultat m'a plu !

Cette lecture ne laisse pas le lecteur indifférent. Attendez-vous à ressentir une pluie d'émotions tout au long du livre ! le sujet en lui-même est déjà très sensible, mais c'est surtout l'injustice que l'on partage avec les héroïnes qui nous prend aux tripes. Les propos de la cour de justice sont malheureusement des choses que l'on entend souvent : « Les filles l'avaient cherché en étant peu habillées. », « Elles avaient bu et s'étaient amusées en dansant sur la piste. », « Elles ne se sont pas assez débattu. ». Des propos horribles, crédibles et terriblement révoltants… Bien sûr que ces adolescentes ont fait la fête, bien sûr qu'elles ont trop bu à cause de leur âge et de l'euphorie du moment, bien sûr qu'elles ne s'attendaient pas à cela, puisqu'elles pensaient être avec leurs amis en qui elles avaient confiance… Cela aurait pu arriver à n'importe qui… Et c'est bien ce qui est effrayant… Hélas, le verdict est sans appel pour les personnages de ce roman… Et pour de nombreuses victimes de notre monde que l'on écoute à peine… Pire : que l'on accuse ! Comme si une femme aspirait à être violée par une ou plusieurs personnes… Pathétique. Pour ma part, un sentiment de révolte et de colère m'a animée jusqu'au bout… Je reposais avec peine mon ouvrage et vais certainement rester marquée pendant quelque temps…

La narration est plurielle : elle papillonne entre les jeunes ayant vécu cette affreuse soirée. On a donc le point de vue des violeurs, du compagnon d'une victime qui est hanté par la culpabilité de ne pas avoir agi et d'avoir regardé, du jeune flic qui a trouvé les filles le lendemain et des deux demoiselles. Il est intéressant de voir les deux façons dont ces dernières ont réagi. C'est terriblement réaliste ! L'une a sombré dans l'obésité et va tenter de mettre fin à ses jours. Les chapitres où elle est narratrice sont très forts émotionnellement et particuliers, car on emploie la deuxième personne, comme si on s'adressait directement au lecteur ou que l'on se détachait. Nora s'adresse à elle-même, comme si elle n'existait plus, comme si quelqu'un lui racontait son histoire puisqu'elle n'est plus l'ombre d'elle-même pour le faire. C'est assez terrifiant et bien vu. Sa camarade Anis emploie la première personne et réagit vraiment autrement : avec rage, dégoût et envie de vengeance. Elle tente de refaire surface néanmoins, ses démons ne partent pas et chaque nouvelle décision de la justice est un coup de massue supplémentaire. J'ai été très émue par Anis et Nora au point de ressentir énormément d'empathie pour elles…

Le sujet est bien traité, tout est très fort psychologiquement, tandis que le scénario est aussi sensible que vraisemblable… sauf le dénouement ! En effet, même si j'adore le fantastique et que je comprends l'idée de l'auteure ainsi que la métaphore, je n'ai pas spécialement adhéré au changement de genre en fin d'ouvrage… C'était vraiment inattendu ! J'étais restée sur du roman contemporain abordant une thématique difficile, je ne pensais donc pas qu'on allait dériver sur « ça »… Malgré mon ressenti, je suis persuadée que cette touche surnaturelle plaira à certains lecteurs. C'est simplement une question de goût et d'attente. Quoi qu'il en soit, ce fut une lecture intense que je recommande.
Lien : https://lespagesquitournent...
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Anis et Nora étaient les deux meilleures amies du monde, elles fêtaient leur bac et les vacances qui débutaient quand soudain l'impensable s'est produit, une agression par une bande de garçons qu'elles croyaient leur amis sous les yeux de Steven, le petit ami de Nora qui n'a pas bougé. Trois ans après, les 2 jeunes filles tentent toujours de se reconstruire après un procès où leurs agresseurs ont à peine été condamnés. Se retirer du monde ou se battre pour la vengeance, chacune a réagi comme elle le pouvait.

Nos vies suspendues, comme son thème pouvait le laisser supposer, est un roman uppercut qui vous happe immédiatement et vous coupe le souffle de chapitre en chapitre. Les récits choraux de Anis, Nora, Milan le policier et ami qui les a secourus, Steven et chacun de leurs agresseurs, dessinent peu à peu l'horreur et l'abominable de ce qu'elles ont vécu. Ce n'est pas seulement l'agression mais aussi l'épreuve qu'ont représenté l'enquête et surtout le procès où leur parole a été mise en doute, questionnée : ne l'avaient-elles pas cherché ? n'étaient-elles pas consentantes avant soudain d'avoir des regrets ? Tout sonne (malheureusement) juste dans ce récit et l'auteure réussit avec brio à nous faire ressentir le traumatisme qu'ont subi les jeunes filles et leur impossibilité d'y faire face et d'essayer de se reconstruire tant que justice ne sera pas rendue. J'ai été choquée, révoltée par ces vies brisées, par le contraste magnifiquement décrit entre la Nora d'avant, solaire et pleine de vie, et celle qu'elle est devenue, j'ai souffert avec Anis adoptant une routine de robot et cachant ses émotions pour oublier. le pire dans tout ça étant justement que le récit est très réaliste et que l'auteure nous fait ressentir cette terrible injustice des victimes que l'on refuse de croire.

Malheureusement la seconde partie du roman bascule petit à petit dans un autre style, le fantastique faisant irruption dans le récit, et au fur et à mesure que l'auteure développait cet aspect elle m'a petit à petit perdue. J'ai eu du mal à croire à cette histoire de vengeance et surtout j'ai trouvé que cela affaiblissait beaucoup le propos de ce roman jusque là justement ancré dans le réel. Cela se lit sans déplaisir mais sans apporter grand chose non plus, on finit par tourner les pages assez machinalement en se demandant quelle va être la chute finale. Pareil d'ailleurs pour l'intrigue secondaire sur un mystérieux meurtrier qui à mon avis vient polluer le récit principal sans apporter grand chose. J'ai finalement terminé ce livre relativement déçue, dommage d'autant plus que l'auteure avait fait preuve d'un vrai talent pour mettre en scène ses personnages et son intrigue.

Un roman qui garde malgré tout une grande force, au moins pour sa première partie, et auquel d'autres que moi seront peut-être plus sensibles s'ils sont moins allergiques à ce côté onirique et fantastique. En tous cas une auteure dont je retiendrai le nom pour découvrir avec grand plaisir d'autres titres en espérant qu'ils me convainquent plus !
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Nos Vies Suspendues est un roman poignant. Charlotte Bousquet nous propose un vrai page-turner qui porte bien son nom tant il a mis ma vie en suspens, le temps de ma lecture. Je l'ai dévoré d'une traite, tremblante de rage, de dégout et de chagrin. On y suit deux jeunes femmes victimes de viol, trois ans après l'agression. Trois années durant lesquelles elles ont dû vivre avec le verdict injuste prononcé par le tribunal, une sentence inacceptable qui a mis leur reconstruction en suspens. Malheureusement, c'est un sujet tristement d'actualité, à une époque où les femmes sont encore bien trop souvent considérées comme coupables de ce qui leur arrive. L'autrice choisit de montrer l'injustice et la réalité brute : le fait que les plaintes pour viol n'aboutissent que très rarement à un jugement satisfaisant. Ici, pas de super héroïnes prêtes à enfiler leurs capes de justicières, mais de jeunes femmes détruites, abandonnées par la justice et, par-dessus tout, culpabilisées. Comme si la sidération n'existait pas, comme si sa beauté, son état d'ébriété, sa virginité ou sa tenue avait une quelconque incidence sur la culpabilité des victimes. On découvre alors deux jeunes femmes qui réagissent différemment à l'annonce du verdict, mais aucune n'est plus légitime que l'autre. L'une s'est créée une carapace mentale, s'est endurcie jusqu'à en devenir froide et insensible. L'autre s'est créée une carapace physique, s'est oubliée au point de ne plus vouloir exister. Ce sont deux femmes qui ne peuvent que toucher, deux personnages crédibles qui incarnent tant de femmes à qui cela arrive chaque jour.

Et soudain, une touche de fantastique. Elle déçoit presque, quand elle arrive dans ce récit qu'on veut pourtant réaliste et juste. Mais une fois la surprise passée, on se rend compte de l'intelligence de l'implication du surnaturel dans cette histoire. À sa façon, elle personnifie des sentiments parfois difficiles à appréhender, comme une douleur intérieure qui ronge et qui détruit. Tout au long du roman, il est question de culpabilité. Des victimes, des agresseurs, des silencieux, des allié∙e∙s. Des victimes, à qui on fait croire qu'elles l'avaient peut-être un peu cherché, en exploitant la fameuse « zone grise » du consentement. Des agresseurs, qui ont de plus en plus de mal de se convaincre que cette zone existe. Des silencieux, qui auraient dû intervenir, qui auraient pu changer les choses. Des allié∙e∙s, qui auraient voulu aider, mais qui n'ont pas pu. Nos Vies Suspendues parle de culpabilité, mais aussi de reconstruction et de résilience. Un roman percutant !

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En début d'ouvrage, on trouve cette citation qui nous plonge immédiatement au coeur du problème :
Selon l'article 222-22 du Code Pénal, le viol et un crime et l'agression sexuelle, un délit […] Devant la loi, agresser sexuellement une femme équivaut donc à prendre le volant en ayant bu, et c'est moins grave que d'avoir vendu du shit. Zoé de Soyes, « Femme, jusqu'à quand laisseras-tu le silence t'écraser ? », Concours de plaidoiries pour les droites de l'homme 2018, collectif.
J'ai fini de lire ce livre il y a presque deux semaines maintenant. Mais c'est un roman qui nécessite du recul pour pouvoir en parler. Sur le coup, j'ai eu besoin d'évacuer un peu, de partager ma rage, ce que j'ai fait à travers un post instagram, car j'étais incapable de rédiger plus avant. Il est des lectures qui marquent, qui travaillent, qui résonnent au plus profond de nous. Celle-là en est clairement une.
Charlotte Bousquet fait partie des autrices qui mettent les pieds dans le plat dans la littérature à destination des jeunes, enfants et/ou ados, sans langue de bois. Elle ose traiter tous les sujets, aussi difficiles soient-ils. Ici la culture du viol, dans Mots rumeurs mots cutter, le harcèlement en ligne et en cours, dans A ♥ battants, les violences policières pour ne citer que les romans jeunesse chroniqués sur ce blog. Et d'une manière générale, ses personnages ne sont pas formatés. Charlotte Bousquet est une femme que j'admire pour son style, mais aussi pour ses prises de position, non seulement en tant qu'autrice, mais aussi comme directrice de collection des éditions Lynks. Elle ne se met pas de barrières, elle ose, au risque de déplaire. Et sa voix porte dans les collèges, les lycées…
Nos vies suspendues est un roman fort, qui ne rentre pas dans les cases. C'est un roman contemporain par ses thématiques, et la majeure partie de sa construction. Avec une touche de fantastique qui permet une distanciation, mais aussi une liberté dans la trajectoire des personnages… Je ne vous en dirais pas plus sur le sujet, à vous de découvrir. Je sais que ça a déplu à certains, j'ai trouvé pour ma part que ça permettait d'exprimer des choses difficilement accessibles dans un « simple » contemporain.
L'événement à l'origine de l'intrigue est révoltant, mais hélas tellement courant dans la vie réelle. Un viol, ou plutôt des viols, et un jugement ridicule et dérisoire. Parce qu'elles portaient des tenues légères au milieu de l'été, parce qu'elles faisaient la fête, parce qu'elles avaient bu, parce qu'ils étaient tous drogués, Anis et Nora ont été traitées comme des coupables, humiliées, et leurs agresseurs quasiment excusés…
Ce roman, c'est l'histoire de ces jeunes filles, et jeunes gens, de leur vie après le simulacre de procès. Chacun réagit comme il peut. Certains se sentent plus coupables que d'autres. Mais pourquoi n'ont-ils rien dit ? Anis se bat, dans une course effrénée vers l'avant. Nora, elle s'est arrêtée, refermée. Elle ne veut plus être.
La narration alternée nous permet de découvrir les différents points de vue. Anis s'exprime elle-même, Nora est interpellée par le narrateur, et pour les autres, il s'agit d'un narrateur omniscient. le tout est ponctué de retours en arrière, qui nous permettent de découvrir ce qui s'est passé avant, pendant et juste après les viols. En détail. Certaines scènes sont difficiles. Mais nécessaires. Il est bien je pense de pouvoir échanger sur cette lecture, qui peut être éprouvante.
J'ai aimé que l'autrice ne s'arrête pas à suivre les victimes des viols, qu'elle montre l'impact des événements sur tous les protagonistes. J'ai aimé qu'elle montre la rage, la haine devant ces institutions qui refusent de comprendre, et qui culpabilisent les victimes. Car quand on refuse d'entendre le viol, quand on humilie les victimes, on prend le risque de détruire ces victimes, ou de provoquer de la haine et des envies de vengeance. Heureusement pour la justice, notre éducation fait que le plus souvent, cette haine ne s'exprime que par les mots et la souffrance. Car devant certaines situations, j'avoue avoir des envies de violence, voire pire.
Une femme ne « cherche » pas à se faire violer. Quelle que soit sa manière de s'habiller, de se comporter, personne n'a à décider à sa place si elle souhaite avoir des relations sexuelles. Et ce n'est pas parce que sur le moment, elle ne se débat pas que ce n'est pas un viol. Une telle réaction s'appelle la sidération. Trop souvent, même la police, la gendarmerie ou les juges ne le savent pas ou n'en tiennent pas compte. Trop souvent, on entend encore « elle l'a bien cherché ».
Ça ne doit plus jamais arriver, parlez-en autour de vous. Une femme est libre de son corps, de sa vie, de ses choix. Il est temps d'en finir avec ces considérations d'un autre âge.
Il est compliqué de dire qu'on a un coup de coeur pour ce genre de roman. Par contre, il y a toutes les chances qu'il mette un coup de poing au lecteur. Et c'est déjà beaucoup. C'est un livre à lire, un livre utile, à mettre entre les mains des adolescents et adolescentes. Un livre qui provoquera des débats. Un livre pour discuter, expliquer. Mais c'est avant tout un bon roman, bien écrit, original dans sa narration comme dans la gestion de l'intrigue.
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Nos vies suspendues aborde les thématiques du viol, de la reconstruction de soi, de la justice, de la vengeance…des thèmes « tabous », des thèmes qui affolent, mais indéniablement des thèmes qui font réagir. Je ne pourrais pas vous dire si ce roman vous est adressé, s'il vous parlera, s'il vous marquera. Pour moi c'est ce qu'il a fait. Il a résonné de plein de façons différentes et je ne vous dirai pas, ici, lesquelles. Il a vibré avec moi, avec mon sentiment d'injustice devant toutes ces femmes qui, chaque jour, se font violer et n'obtiennent ni d'excuse, ni de considération, ni même de jugements équitables. Il m'a mise en colère, une colère que je pensais avoir domptée d'une certaine manière, mais qui reste là, sauvage, un peu féline, dans l'ombre.

Nos vies suspendues c'est l'histoire de deux adolescentes victimes d'un viol en réunion, deux ados qui riaient, dansaient, buvaient un soir d'été, tantôt en jupes, tantôt en maillot de bain, rayonnantes. Deux filles qui se sont arrêtées d'un coup dans le temps. L'une pour mieux courir et fuir, l'autre pour mieux s'engouffrer sur le chemin de la mort.
Mais c'est aussi celle de Steven, écrasé de remords et de culpabilité, qui, glacé, est resté là, à regarder sa petite amie subir les pires atrocités. Et qui a par la suite menti, soutenu que ses amis et lui n'étaient pour rien dans cette histoire. Alors il y a aussi Maël, Enzo, Laurent, et Matis, les quatre mecs ayant participé à ce viol. Et Milan, le jeune flic qui les a recueillies toutes les deux, hagardes, les corps couverts de contusion et qui a continué à les soutenir même quand la justice, celle en qui il croyait plus que tout au monde, a tourné le dos à ses protégées.
Et quelque part dans ce joyeux petit monde il y a nous, toi, moi, vous, et les autres, celles qu'on ne voit pas et qui avancent en frôlant les murs des métros, ceux dont on ose pas croiser le regard noir et brûlant.

C'est un roman compliqué à suivre. Beaucoup de personnages. Des changements de narration aussi, le « tu » de Nora, après sa tentative de suicide, le « je » d'Anis, l'omniscience pour les garçons… le présent, le passé, la voix de l'ombre. Un rythme soutenu qui ne laisse que peu de place à la respiration, une plongée en apnée dans quelque chose. Un roman qu'il est nécessaire de lire, de comprendre, d'assimiler. Pour nous et pour elles.

J'ai apprécié que Charlotte ne se contente pas des points de vue des deux adolescentes. Qu'elle nous entraîne vers celui des autres. Qu'elle nous force à les voir en tant qu'êtres humains, non pas en tant que monstres échappés d'un quelconque folklore. Souvent c'est la dichotomie qui est établie : des monstres ou des personnes qui n'étaient pas maîtresses d'elles-mêmes mais entre les deux ? Rien, le néant. On laisse des êtres humains décider de ce qui est juste ou pas dans une affaire où aucune discussion ne devrait être admise.

J'ai également aimé à sa juste valeur le personnage du doppelgänger, ce qu'il permettait de faire et cette comptine incessante qui marque le récit. Mais je lui en ai voulu aussi, de rendre cela plus facile d'une certaine façon, une espèce de dieu vengeur descendu sur Terre. Mais peut-être était-ce le but recherché. Permettre quelques inspirations dans toute cette noirceur. Une pause dans le noir. Chercher à comprendre d'où viennent les ténèbres. Parfois j'ai trouvé sa présence juste et d'autres, de trop, je ne suis pas encore tout à fait convaincue. L'intrigue secondaire avec les SDF m'a également perturbée, à bien y réfléchir, je ne comprends pas bien ce qu'elle apporte réellement au récit et je la trouve peut-être trop « à côté ».

Nos vies suspendues ne vous donnera pas de leçon. Pas de morale. Pas de mots doux. Peut-être qu'il vous donnera une certaine forme de réconciliation avec vous-même si vous vous attachez assez au personnage d'Anis pour vous laisser emporter avec elle. Peut-être qu'il vous fera comprendre une amie proche, une soeur, une mère. Peut-être que comprendrez enfin ce sentiment d'injustice, de colère, de frayeur qui vous échappait jusque là. Je suis sûre d'une chose, il vous marquera. Oh peut-être pas pour toujours, peut-être pas aussi fort que d'autres, que ceux vous ayant arraché des larmes, mais il vous marquera là où les traces restent indélébiles…dans votre conscience.

En résumé

Nos vies suspendues est un roman qu'il est difficile d'aborder sans trop en révéler. Rythmé par une narration implacable et plurielle, il aborde une pluralité de réactions différentes face à un même acte. de la culpabilité à la haine, de la colère à la vengeance, on passe par beaucoup d'émotions qui marquent et laissent une trace sur son lecteur. Bien que quelques éléments m'ont dérangée, la plume acérée de l'autrice et la thématique, aussi actuelle que cruelle, font de ce roman une petite perle.
Lien : https://lesdreamdreamdunebou..
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critiques presse (1)
Ricochet
13 mai 2019
Voudrait-elle se faire vengeance ? La réponse est beaucoup plus compliquée, avec une pointe de surnaturel qui fait encore une fois toute l’originalité de Charlotte Bousquet dans ce roman de société dur et direct.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Lui, ce n'est pas le viol, qu'il risquait avec son attitude. Mais le lynchage public. Coupable d'être lui-même.
Et nous, on était coupables de quoi, déjà ? Ah, oui : d'être jeunes, jolies, heureuses de profiter d'un début d'été, de vacances ensoleillées, de la musique ringarde du 14 juillet et d'avoir trop dansé, trop bu.
Et eux, ne sont coupables de rien. Ni de viol ni d'abus. Ni même de lâcheté.
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Quand le couple se sépare, presque à regret, un bâtard gris, plus hardi que les autres, tente de s'approcher. Grondement. Il s'éloigne, soumis. Alors, avec un drôle de soupir, la femelle qui le parc en trottinant. Assis sur son arrière-train, son compagnon l'observe avant de se fondre, pareil à un fantôme, dans la brume.
C'est la différence entre les chiens et les hommes.
Les uns savent s'arrêter.
Les autres, non.
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Selon les jurés, le non-consentement n'était pas avéré, trois des accusés étaient mineures, sous l'influence de stupéfiants ; les victimes étaient en état d'ébriété, court vêtues, elles ne se sont pas assez débattues ; des filles délurées en quête d'amours de vacances qui l'ont quand même un peu cherché, des témoins les ont vues se trémousser sur la piste de danse, après tout.
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Mon petit coin d’espoir bleu comme un ciel d’été s’est voilé de gris, gris orage, gris plomb, gris pollution quand ils ont décidé que les criminels ne l’étaient pas tant que cela, que Nora et moi nous n’étions peut-être pas si innocentes qu’on voulait le faire croire. On avait bu, après tout. On avait pris des trucs.
On était court vêtues. Ben oui, c’était l’été.
On l’avait sans doute cherché.
On ne cherche jamais. Ni à être battu. Ni à être violé.
C’est n’importe quoi.
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La honte et la peur te sont tombées dessus, tu t'es engouffrée dans la bouffe pour éviter de te noyer et peu à peu, ta bouée de sauvetage a montré son vrai visage, celui d'une prison, avec ta chair en guise de barreaux.
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Videos de Charlotte Bousquet (56) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charlotte Bousquet
Connaissez-vous les Petits Champions de la Lecture ? Il s'agit d'un grand jeu national de lecture à haute voix, lancé en 2012 et présidé par Antoine Gallimard. Son objectif : encourager la lecture chez les plus jeunes et rappeler que lire est avant tout un plaisir ! À la librairie Dialogues, comme c'est le cas depuis plusieurs années, nous avons eu la grande joie d'accueillir la finale des Petits Champions de la Lecture pour le nord Finistère, au début du mois. Et cela nous a donné envie d'imaginer un épisode spécial de notre podcast, avec de belles idées de lecture pour les enfants. Jérémy et Amélie, nos libraires du rayon jeunesse, ont préparé une sélection de nouveautés pour les 9-13 ans à dévorer dès maintenant.
Bibliographie:
- Cruc, de David Walliams (éd. Albin Michel) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16662149-cruc-elle-a-tout-mais-elle-veut-toujours-un-c--david-walliams-albin-michel
- Crime à Ålodden, de Jorn Lier Horst (éd. Rageot) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20133913-serie-clue-crime-a-alodden-jorn-lier-horst-rageot-editeur
- le Plan extravagant de Vita Marlowe, de Katherine Rundell (éd. Gallimard Jeunesse) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18886078-le-plan-extravagant-de-vita-marlowe-katherine-rundell-gallimard-jeunesse
- Charles 1943, de Florence Medina (éd. Poulpe Fictions) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20161666-charles-1943-florence-medina-poulpe-fictions
- le Berger et l'Assassin, de Régis Lejonc et Henri Meunier (éd. Little Urban) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20130420-le-berger-et-l-assassin-regis-lejonc-henri-meunier-little-urban
- L'Héritière des abysses, de Rick Riordan (éd. Albin Michel) https://www.librairiedialogues.fr/livre/19855693-l-heritiere-des-abysses-rick-riordan-albin-michel
- Les Enfants des saules, de Charlotte Bousquet (éd. Gulf Stream) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18464450-1-les-enfants-des-saules-t-1-les-descendants-charlotte-bousquet-gulf-stream
- April et le dernier ours, de Hannah Gold (éd. Seuil Jeunesse) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20130359-april-et-le-dernier-ours-hannah-gold-seuil-jeunesse
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