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EAN : 9782895967743
200 pages
Lux Éditeur (03/10/2019)
3.6/5   20 notes
Résumé :
Voter ou ne pas voter, telle est la question qu’on n’ose pas poser dans nos régimes parlementaires, où les élections sont des rituels sacrés. En défendant la légitimité de l’abstention, cet essai attaque de front la conviction selon laquelle le vote serait un devoir, et le refus de voter une dangereuse hérésie. Bien plus qu’une simple apologie de l’abstention, cet ouvrage propose ainsi une critique radicale du système électoral.En plus de rappeler les raisons qu’évo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le vote, devoir et rituel sacré, est difficilement critiquable dans nos régimes parlementaires. Francis Dupuis-Déri, professeur de science politique et d'études féministes, prend le parti de l'abstention, tout en ouvrant un débat qui n'a que rarement lieu ou toujours partiellement, articulant et étudiant les argumentaires des uns et des autres, les soumettant à la lumière de l'Histoire comme des actualités récentes.
(...)
Critique radicale du système électoral, suivie de quelques pistes de méthodes pour le subvertir.

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Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Un empilement d'arguments cohérents

J'ai beau m'intéresser aux raisons de s'abstenir, aucune ne tient la route. de livre en livre, ce constat s'enracine. Ici encore, on a le droit à une flopée d'arguments qui semblent être convaincants mais ne le sont en fait pas :

1) les suffragettes et d'autres mouvements ont obtenu des avancées significatives grâce à la violence : ce n'est pas le vote qui a permis cela. Oui, c'est vrai. Mais le vote n'interdit pas la violence ou la participation aux mouvements sociaux donc cet argument ne tient pas la route.

2) le système des élections serait une bien piètre vision de la démocratie. Oui, c'est vrai. Mais voter est une arme parmi d'autres pour faire advenir autre chose. La critique, même en profondeur, du système de vote, n'est pas un argument pour l'abstention puisque celle-ci ne peut pas apporter une solution.

3) voter ce serait légitimer le système. de même qu'une abstention record n'a jamais permis de remettre en cause quoi que ce soit, un vote n'est pas une manière de légitimer un fonctionnement. Encore une fois, c'est une arme parmi d'autres. Comme le sont également les mobilisations sociales.

4) d'ailleurs les élections sont parfois accusé de détourner les énergies des mobilisations sociales. On serait tourné entièrement vers l'élection et non plus sur d'autres formes d'action. Toute notre énergie serait dévoyée par les différents scrutins. Allez donc demander aux électeurs si cela les empêchent de se syndiquer, faire grève ou d'être de tous les combats sociaux. Encore une fois, c'est un argument fallacieux.

5) argument sur la propagande du vote dès le plus jeune âge : c'est très critiquable mais ça n'est pas plus un argument en faveur du vote qu'en sa défaveur. Concentrez-vous avant de nous faire lire de telles bêtises s'il vous plait.

6) argument sur l'abstention des députés : puisqu'on n'est plus à un argument bidon près, autant prendre celui-là. Il a l'air plus vraisemblable que les autres et tout le monde y croit a priori. Pourtant, c'est du même niveau intellectuel que le reste. C'est ne pas comprendre le fonctionnement des institutions (on peut vouloir les changer, mais utiliser cet argument montre juste de l'ignorance : comme disait Brel : l'avenir dépend des révolutionnaires mais se moque bien des petits révoltés). Donc, les députés ne peuvent presque jamais siéger tous dans l'assemblée car ils ont différentes commissions, différents travaux à mener. On peut bien entendu relever un manque de sérieux dans les rangs de certains groupes parlementaire (souvent de droite ou droite dure et extrême) mais cela n'enlève rien au fait que c'est un argument encore plus pourri que le précédent.

7) argument sur le fait que pendant longtemps, seuls les hommes riches pouvaient voter. Encore une fois, cela n'est pas un élément argumentatif. C'est historiquement important afin de critiquer le système électoral mais ce n'est pas un argument pour s'abstenir.

8) argument rationnel : un vote ne peut pas faire la différence donc le choix logique serait de rester chez soi. A un tel niveau de bêtises, j'abandonne !

9) voter pour éviter une candidature dangereuse est réduite à "accepter le moindre mal nous fait oublier la possibilité du bien". Non, champion, s'abstenir ne fait rien du tout pour le bien. Argument très mauvais encore.

10) ce serait une forme de résistance : pour que ce soit le cas, il faudrait qu'il y ait la moindre chance que cela ait des conséquences, que cela permette le changement. Les fortes abstentions présentes aux quatre coins du monde n'ont révélé aucune force de persuasion, d'enrichissement de la démocratie ou favorisant les mesures progressistes.

La grande erreur de l'auteur est de croire que l'abstention est l'ultime forme de rejet de l'élection. La meilleure façon de la rejeter, sans se complaire dans la pureté morale, reste de voter pour des partis proposant davantage de démocratie. le problème est bien identifié par l'auteur mais tout le livre repose sur une mauvaise solution : une solution qui ne flatte que l'égo de l'abstentionniste qui se croit meilleur que tout ça et laisse la démocratie et les plus en souffrance sur le bas côté.
Le vote est perçu par l'auteur comme une forme exclusive d'engagement progressistes empêchant ceux qui le pratique de s'engager dans des mouvements sociaux. C'est une erreur que des chercheurs ont déjà démontrées. L'énergie que demande le vote n'est pas si grande et est souvent cumulée avec d'autres formes d'engagement. Ainsi, il aurait pu plaider pour le fait de ne pas dépenser trop d'énergie pour faire élire un candidat progressiste, au détriment d'autres formes. Cela aurait été un argument cohérent. Celui-ci n'est malheureusement porté par aucun abstentionniste à ma connaissance. Pas plus par cet auteur que par François Bégaudeau qui vient de sortir un livre sur le sujet.

Cet essai court réalise donc l'exploit de multiplier en peu de pages des arguments reliés par une constance : le manque de rigueur et de qualité.
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Francis Dupuis-Déri aborde un sujet interdit : l'abstentionnisme.

Après avoir présenté sa position d'abstentionniste, l'auteur nous fait passer par tout les désagréments obligatoires de ce côté du débat... du dîner inquisiteur entre amis au débat médiatique discréditant voir criminalisant le geste que dis-je le non-geste...
Une fois tout cela mis en place, nous voilà partis pour une petite histoire du droit de vote...
Car s'il ne faut pas oublier que des gens sont morts pour son obtention, leurs méthodes ditent terroristes seraient comdamnées de nos jours comme à l'époque... et l'on a vite fait de ne pas nous les rapporter.
Cela nous rappelle au passage que tous les acquis ne sont finalement que des conquis et que rien n'est jamais fini.
L'auteur nous présentera également tout l'endoctrinement autour du système électoral depuis la prime enfance et ce que cela implique dans notre rapport au suffrage universel...
Comment les crises d'abstentionnismes sont gérées de manières plus ou moins folkloriques (cadeau, votes obligatoires...)

L'auteur nous présentera les argumentaires de chaques parties, les tentatives avortées de faire évoluer les choses en passant par les élections, les enjeux pour la société, l'impact des élections et leurs contradictions avec l'action militante et sociale.

Pour conclure Francis Dupuis-Deri nous fait ressentit l'important :
prendre en main de manière locale les combats sociaux autour de valeurs de solidarité entre les classes dans un but d'autogestion, loin des politiques de parti qui ne visent que leur propre subsistance.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Si l'on évoque souvent le sacrifice des personnes mortes pour le droit de vote , on souligne rarement que les régimes parlementaires sont responsables de l'emprisonnement , de la torture et de l'assassinat de gens du peuple qui tentaient de s'organiser de manière autonome , sans chefs , ni parlement , au nom de principes pourtant reconnus de liberté , d'égalité et de solidarité . Rappelons que le gouvernement républicain français a ordonné à ses troupes d'écraser la commune de paris en 1871 , ce qui s'est soldé par le massacre de 20 000 à 30 000adeptes d'une démocratie autonome et locale , que le gouvernement social-démocrate allemand a déployé les miliciens des corps francs pour éradiquer les conseils ouvriers qui autogéraient certaines entreprises et même de villes entières comme Munich en 1919 , que les troupes coloniales du régime parlementaire britannique ont mitraillé en 1929 des dizaines de femmes ibo qui protestaient contre de nouvelles taxes , avant de leur interdire leurs assemblées non mixte , que le gouvernement républicain espagnol a dépêché des milices commandées par des officiers soviétiques pour imposer par les armes la reprises des terres collectivisées dans des villages autogérés pendant la révolution de 1936-1939 .......
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L’expression « démocratie représentative » est donc un oxymore, une contradiction logique et politique, une imposture. La démocratie ne peut être que directe, car le peuple ne (se) gouverne plus dès qu’on se trouve en présence d’un ou plusieurs chefs, élus ou non. Trop souvent, cette vérité politique est dissimulée par le mythe de la « représentation de la souveraineté populaire », qui plonge ses racines dans la superstition mystique et religieuse et la propagande monarchiste.
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Plutôt que de tenter tant bien que mal d’allier l’action directe et l’exercice électoral, pourquoi ne pas canaliser tout ce temps, cette énergie et ces ressources vers les collectivités, les mobilisations populaires et les mouvements sociaux pour oeuvrer à fonder des sociétés où s’incarneront réellement la liberté, l’égalité, la solidarité et l’aide mutuelle ? Pourquoi ne pas rejoindre le camp de la démocratie (directe), de l’autogestion et de l’anarchie, plutôt que de toujours prétendre que le salut passe nécessairement par l’élection d’une élite ambitieuse qui prétend vouloir notre bien ? 
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L’acharnement déployé pour combattre l’abstentionnisme porte à croire que les électoralistes cherchent avant tout à sa convaincre de l’importance de leur propre vote et de leur propre grandeur morale et politique. 
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Que ce soit au nom de Dieu, du peuple, de la nation, des ancêtres, de la Lune ou du Soleil, dans un pays qui a connu une, deux ou trois révolutions, ou n’en a vécu aucune, le résultat est le même : les parlementaires accaparent le plus de pouvoir possible aux dépens de la Couronne, quitte à conserver un roi ou une reine pour la forme ou à les décapiter pour offrir le trône à un président élu, qui nomme aujourd’hui les ministres de son cabinet comme le roi ou la reine s’entourait de ministres, issus ou non du Parlement. (…) Ce qui revient à dire que le peuple est privé de pouvoir, qu’il est gouverné et donc dominé, opprimé, exploité et exclu du processus de prise de décisions.
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Vidéo de Francis Dupuis-Déri
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