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EAN : 9791091146357
123 pages
Dystopia (01/10/2018)
4.52/5   68 notes
Résumé :
« Est arrivé un jour où la fiction n'a pas suffi. »
Aussi curieux que cela puisse paraître, il me semble qu'une des forces de l'œuvre de Mélanie Fazi est que précisément la fiction n'a jamais suffi. Qu'elle a toujours su trouver d'autres biais pour exprimer cette tension personnelle, intime, dont elle nous fait part dans ce livre, et qui est matière de toute sa création.

Extrait de la postface de Léo Henry
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Je vais écrire mon avis "du bout des doigts", si j'ose dire... Pas facile de "juger" un livre aussi intime, aussi franc (mais rien que pour ça, pour moi, c'est de l'or, ou du platine en barre).

Je suis plus âgée que Mélanie. J'ai eu ma part de méandres et de souffrances dans ma vie, de dépression, de coups dans l'aïeule et de psychothérapie... Ce serait trop long à développer, mais de tout ça, j'en ai déduit plusieurs choses : on est toujours seul face à ce qu'on ressent, face à comment on a vécu ce qui nous est arrivé, et face à ce qui nous arrive. Paradoxalement, on ne peut pas en cicatriser (on n'en guérit jamais vraiment, du moins c'est mon impression), ni s'accepter tel que l'on est, sans le sortir de soi, sans le partager avec des autres bienveillants et à l'écoute. Et ils sont rares, ces autres-là.
Très rares.

J'ai aussi appris que chaque parcours est unique. Il y a autant d'expériences que de gens sur terre, ça fait beaucoup.
Et, quoi qu'on en dise et quelque bonne volonté que l'on ait à se mettre à sa place, l'autre nous demeure toujours "étrange"r. C'est ce qui fait la douleur de la condition humaine, c'est aussi ce qui fait son infinie richesse et sa beauté. On ne peut que partager sa propre expérience. Et peu de gens sont capables d'écouter et de partager sans "interférer" (même moi, surtout moi, si exigeante et si allergique aux mensonges, non, faut pas croire, c'est difficile pour tout le monde, il n'y a d'ailleurs que très peu de gens qui me supportent, tant je manque de diplomatie. Je ne suis pas a-romantique, je suis a-sociale, moi, je crois bien, lol.).

De l'extérieur, je suis plus "normale" que l'auteure, même si je me suis toujours sentie "décalée". Sur-adaptation oblige, l'instinct du caméléon, sans doute. J'ai surtout eu la chance de croiser un partenaire "identique" sur le fond. Une âme soeur rencontrée alors que j'avais décidé de finir vieille fille et sans enfants. Tiens, tiens... Il faut dire que mon parcours de vie exigeait que j'ai des enfants, puisque ce sont eux qui m'ont "réveillée". Dans la souffrance. Surtout mon aînée.

Mon aînée, adulte aujourd'hui, qui a acheté ce livre. Qui m'a dit "il faut que tu le lises, tu me comprendras mieux". Ce n'est pas que je n'accepte pas qui elle est, effectivement. J'ai appris (oui, appris, et à la dure, en allant remuer toute la boue de ma propre enfance) à aimer mes enfants inconditionnellement. Nous les avons ensuite élevés dans la lucidité et la "vérité", les encourageant à rester eux-mêmes et à ne pas tenir compte du jugement des autres, en ayant nous-mêmes tellement souffert. Mais elle a tellement de mal à dire "qui" elle est. Mélanie l' a fait pour elle. Voilà. C'est donc avec une grande émotion que je te dis (j'ai l'impression de te connaître, alors je te tutoie) merci, Mélanie.
Merci d'être toi et d'avoir écrit ce livre. Merci d'avoir eu le courage de partager avec "tout le monde", et pas forcément que des gens bienveillants.

En relisant je me rends compte que c'est pas un avis "sur le livre", je peux pas. J'ai rien à dire sur le style, rien à dire sur le contenu, je peux juste te faire un petit signe de tête, ou un clin d'oeil.
Maintenant, il va falloir que son père, cet homme qui a lui aussi accepté d'apprendre tout au long de sa vie à nos côtés, lise ce petit livre... Je m'en vais le laisser sur sa table de chevet... Nous grandirons ensemble un peu plus grâce à toi.
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Il y a tout juste un an, je recevais lors de la même opération masse critique, L'année suspendue. Cette fois, comme pour fêter notre première rencontre, c'est au tour de Nous, qui n'existons pas. Et je parle bien de rencontres, car comme il y a un an, j'ai eu l'impression que j'écoutais une amie se confier à moi plutôt que de simplement lire un récit. C'est là toute la force (ou magie) de l'écriture de Mélanie Fazi. Faire parler le livre. Se sentir proche même si on ne vit pas les mêmes histoires.
Car voilà ce livre célèbre tous ceux qui se sentent à part et ont essayé un jour de trouver leur place dans le monde, comme une deuxième naissance, découvrir et accepter ce qui les anime et les meut. Et c'est toujours quelque chose de lire quelqu'un entrer dans son chemin.
Ce sont les livres qui nous trouvent.
Les récits de Mélanie en tout cas rayonnent d'un bel écho en moi. Ils sont rédigés pour être entendus, recueillis précieusement et c'est avec une pointe de tristesse que je quitte à nouveau cette amie de papier après l'avoir intensément lue se livrer.

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Plutôt qu'un essai, ce livre est une confession. Il retrace, dans un style simple et sensible, une partie du parcours personnel de Mélanie Fazi. Surtout connue pour ses nouvelles, cette auteur a eu le mérite d'accéder au succès critique et commercial en France via une forme d'écriture qui y est culturellement méprisée par des lecteurs conditionnés à l'idéal esthétique du roman, là où la nouvelle vise à la concision et au fait de laisser le champ libre à l'imagination, au-delà des mots.
Mais rien de tel ici : sans détour, Mélanie Fazi explique chronologiquement les manifestations, la compréhension progressive, puis l'acceptation libératrice de son absence d'appétence pour la vie en couple et l'idéal d'épanouissement que celle-ci constitue pour la plupart d'entre-nous.
Ses nouvelles exprimaient déjà cela subtilement, comme elle nous le démontre en nous fournissant au passage des clés de lecture. On retrouve d'ailleurs ici la même voix narrative que dans ses textes de fiction, avec les mêmes qualités introspectives… et les mêmes petits défauts (son inélégante manie de répéter le mot « tripes » dès qu'il est question de son instinct… oui, je chipote mais c'est moche).
Comme son titre légèrement accusateur le suggère, cette confession ne se prive pas de contre-attaquer face à une « normalité » perçue comme oppressante, voire blessante : « Les gens semblaient parfois trouver dommage que je renonce aux relations amoureuses (…) En retour je me suis toujours demandée comment ils supportaient de renoncer à la solitude. »
Je retiendrai d'ailleurs de beaux passages sur cette solitude, repli nécessaire à l'harmonie intérieure, ainsi que sur la nécessité de la fiction en tant que forme de communication plus riche que le langage ordinaire.
Petit bémol sur les « appendices » en fin de recueil, dont la focalisation sur la place de la femme face au patriarcat me semble obérer le fait que l'asexualité touche aussi des hommes, avec là aussi son lot de difficultés. Et j'ai envie d'exprimer un regret (certes égoïste) suite à la remarque du postfacier Léo Henry, qui loue Mélanie Fazi quant au fait que la fiction ne « suffise plus ». Effectivement, Mélanie Fazi n'a plus donné de ses... nouvelles depuis longtemps, et le livre ne dissimule pas un épuisement de son inspiration, qui ne semble pas s'être résolu depuis. J'aurais aimé que le mouvement positif de ce texte trouve un pendant dans la fiction. Peut-être faut-il être patient. En tout cas, ce livre aura, je l'espère, le mérite d'aider certains lecteurs à trouver des repères dans leur vie au même titre que n'importe quelle forme d'expression.
Merci à Dystopia et à Masse critique.
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Un témoignage très fort que ce livre. Une vraie mise à nu de la part Mélanie Fazi.
Ses souffrances qu'elle a gardé au plus profond, sans vraiment savoir les nommer pendant longtemps, cette double "différence" présente en elle depuis longtemps mais finalement si longue à identifier. Ce mal être permanent sur un sujet qui semble à une majorité d'entre nous si évident (l'envie d'être en couple, de fonder une famille).
Je lutte en permanence contre mes jugements parfois hâtifs, mes réactions vis à vis des autres et de mon environnement selon mes schémas de pensée. Je me suis aperçu en lisant ce livre, que je dois encore plus redoubler d'effort. Nous avons chacun notre propre vision du monde, issue de nos ressentis, de nos envies, de notre éducation, de notre parcours de vie. Et la vision de la personne en face de nous peut être à l'opposée de la notre sans pour autant être anormale. Vouloir imposer sa grille de lecture, sans s'en apercevoir parfois, juste en étant maladroit peut être mortifère pour ceux qui la subisse.
Mélanie Fazi avait autant de mal à comprendre l'attirance de ses amies pour la recherche du couple que j'en ai à comprendre l'attirance d'un homme pour un autre homme. Mais ce droit à la différence, l'acceptation même de ce droit se doit d'être une évidence.
Dans ce livre on parle ici de sentiments mais c'est valable pour beaucoup d'autre sujets. Je ne comprendrais jamais la vision du monde d'un autiste (j'en ai côtoyé beaucoup pourtant en tant qu'avs) mais elle mérite autant d'attention et de respect que la mienne.
Un livre à mettre entre toutes les mains. J'en parle partout autour de moi parce qu'il ouvre les yeux de manière douce, sensible et intelligente.
Merci en tout cas à l'autrice pour ce partage et pour cette profonde réflexion dans laquelle elle m'a plongé.
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Un texte de non-fiction autour de la question de la norme et de la différence. Voilà comment on m'a présenté "Nous qui n'existons pas", mais je pense que ça va bien au-delà de ça. C'est beaucoup plus fort que ça.

Dans son livre, Mélanie Fazzi parle d'elle-même, des autres, elle se questionne, elle évoque sa perception du monde depuis l'adolescence et le décalage qui en résulte et qu'elle détecte très tôt vis à vis de son entourage. Sans complaisance, elle parle de ses souffrances - difficiles à identifier -, de sa solitude, de son mal-être, de sa sexualité et de son mode de vie.

J'aime les liens qu'elle tisse avec la littérature à travers ce récit personnel. Son rapport à l'écriture, aux livres. J'aime le cheminements de ses pensées, la manière dont elle nous présente les choses, cette absence de désir quelque peu embarrassante au départ, cette absence de volonté de vivre en couple, qui n'exclue pas non plus le sentiment amoureux pour autant, mais qui la perturbe et l'interpelle. Et puis la façon dont elle évoque son attirance pour les femmes.

Bref, c'est une autobiographie magnifique, très juste, très intime, pleine de sensibilité, qui fait la lumière sur de nombreux sujets qui ne sont pas facilement abordés ailleurs.

Et je pense que c'est un livre qui devrait passer entre toutes les mains. En tout cas, je suis contente de l'avoir découvert un peu par hasard dans ma quête de compréhension de l'asexualité (ainsi que de toutes formes de différences).

Je rajoute le lien de son article "Vivre sans étiquettes" qu'on ne peut pas ne pas évoquer quand on parle de "Nous qui n'existons pas".

https://www.melaniefazi.net/…/non-cla…/vivre-sans-etiquette/
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critiques presse (1)
Liberation
24 octobre 2018
Mélanie Fazi publie un texte autobiographique d'une rare sincérité qui retrace le cheminement personnel d'une femme en décalage avec la pression sociétale de l'injonction amoureuse et sexuelle et signe une apologie du genre de l'imaginaire.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
je me suis étonnée, un jour, lors d’un atelier d’écriture, qu’une participante me dise trouver si difficile d’écrire sur la folie, sujet abordé dans plusieurs de mes nouvelles. Ca me semble si naturel, au contraire, d’écrire à partir d’une vision du monde radicalement différente de celle des autres et de faire naître une forme de trouble à partir de là. Je peux m’y projeter cent fois plus facilement que dans le quotidien d’une famille ordinaire. Il suffit d’un léger pas de côté : trouver la logique qui habite le personnage et s’y tenir jusqu’au bout. C’est un exercice qui devient vite jubilatoire dès lors que l’on maîtrise l’angle d’attaque.
Tout trouve son utilité un jour. Même la différence.
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Est arrivé un jour où la fiction n’a pas suffi. Un jour où les mots trop longtemps contenus ont demandé à sortir nus, sans filtre, sans que je ne déguise ma voix derrière celle d’un narrateur. Un samedi matin, au réveil, quatre pages se sont écrites d’une traite, nourrie d’années de réflexion, de tâtonnements, de quête d’identité. Ce jour-là, l’étrangeté autour de laquelle je me suis construite a enfin trouvé des mots simples pour se dire.
Je ne cherche pas à affirmer qu’il y aurait une vérité plus grande dans un récit vécu que dans un texte de fiction : depuis la fin de l’adolescence, mon langage est celui des histoires, et des nouvelles fantastiques en particulier, car c’est ainsi que je sais le mieux parler du monde. J’ai pour les genres en général, et surtout pour le fantastique, un grand amour et un profond respect. J’aime leurs multiples niveaux de lecture, leur richesse métaphorique, j’aime la façon dont ils permettent de traduire des réalités complexes par des images fortes ou poétiques là où les mots se dérobent parfois.
Mais ce jour-là, à cet endroit précis, cet outil s’est révélé inadéquat.
Le dimanche soir, je suis allée me coucher, la peur aux tripes, en me disant : « Demain, ma vie va changer. » J’y avais réfléchi pendant deux longues journées ; il était trop tard pour renoncer.
Le lundi matin, je me suis dévoilée.
Le billet, publié sur mon blog puis relayé sur les réseaux sociaux, s’appelait « Vivre sans étiquette ». Il parlait d’identité de genre, de rapport à la norme, de certaines différences qui vous compliquent la vie parce qu’elles sont discrètes et mal connues, parce qu’elles ne portent pas de nom familier. Il parlait de la façon dont on les vit au quotidien et de la douleur sourde qui vous habite constamment. Il parlait de la nécessité d’arrêter de me cacher pour moi-même autant que pour d’autres.
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S'enfermer dans sa coquille ne suffit jamais pour obtenir la paix. On vient vous chercher, vous titiller, vous reprocher jusqu'à votre silence. [...] Je crois n'avoir, depuis toujours, rien tant souhaité que cette petite chose si simple en apparence : voir les autres me laisser faire les choses telles que les dicte mon instinct, sans jugement ni commentaires, sans réactions perplexes ni moqueuses. Si j'aime tant la solitude, c'est en partie parce qu'elle me protège des regards et des questions.
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Si j’ai écrit et publié deux romans, c’était pratiquement par accident et je n’ai jamais été tentée de recommencer depuis. Cette forme-là n’a rien de naturel pour moi : pourquoi dire en trois pages ce qui tient si efficacement en deux lignes ? Mon propre plaisir d’écriture est là, dans la concision, la suggestion, le fait de semer le trouble chez le lecteur puis de m’en aller sur la pointe des pieds pour tout reprendre ailleurs.
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Vivre une différence, ce n’est pas seulement subir des insultes ou des violences. Ça peut être quelque chose de discret et de très quotidien. Il n’y a pas une journée où le monde ne me renvoie en pleine figure que je ne suis pas comme les autres, que ma grille de lecture de ce qui m’entoure n’est pas la même. Vivre une différence, ça peut être dépenser beaucoup d’énergie pour essayer de comprendre les autres, pour se fondre parmi eux, pour chercher des moyens de répondre à des questions très simples, qui ne le sont pas pour nous, ou de les esquiver.
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Vidéo de Mélanie Fazi
Extrait du livre audio « Rythme de guerre, vol. 1 - Les Archives de Roshar, T4 » de Brandon Sanderson, traduit par Mélanie Fazi, lu par Lionel Monier et Clémentine Domptail. Parution numérique le 24 janvier 2024.
https://www.audiolib.fr/livre/rythme-de-guerre-vol-1-les-archives-de-roshar-tome-4-9791035412210/
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