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EAN : 9782738147912
253 pages
Odile Jacob (10/04/2019)
4.83/5   6 notes
Résumé :
Une idée audacieuse relie Les Femmes savantes, créées par Molière au cœur du XVIIe siècle, à ce livre publié aujourd’hui : la sexualité et la connaissance seraient deux sœurs jumelles qui exposent chacun d’entre nous à de redoutables défis.
Hier, mais aussi aujourd’hui.

Un malaise contemporain s’y dessine, empli de symptômes qui renvoient tantôt à la connaissance, tantôt à la sexualité, mais qui n’ont jamais été analysés comme relevant d’un mêm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ouh que j'ai eu du mal à avancer dans ce livre! Il comporte un certain nombre de défauts qui devraient être rédhibitoires mais... mais la thèse est belle et emporte tout.
L'auteur a eu une intuition sur les liens qui unissent sexe et connaissance, en sortant d'une représentation des « Femmes savantes » de Molière. Certes, nous avons tous, au moins ici sur Babelio, fait des jeux de mots approximatifs sur le plaisir d'être un obsédé textuel ou ricané de l'euphémisme qui consiste à connaître autrui, oui, mais bibliquement.
Sauf que Naccache prend vraiment le sujet à bras le corps et c'est parti mon kiki.
Donc, les femmes savantes ou pas de Molière sont ainsi faites qu'elles professent un amour démesuré pour la culture ou pour les plaisirs du conjugo, mais qu'aucune ne semble s'apercevoir qu'on peut au lit faire aussi bien des ratures que des galipettes et se partager entre une pal et un mâle tout autant déclencheurs de plaisirs.
Naccache y voit une névrose pas piquée des hannetons et dresse une typologie de nos maux psychiques, chacun associé à un personnage de Molière.
Bon, là, évidemment, j'ai commencé à souffrir, à voir toute subtilité mise sous le boisseau et ces êtres quasi de chair et d'os figés dans une pathologie forcément réductrice. Mais bon. Freud a déjà fait le coup avec Oedipe. Poursuivons.
Deuxième bronca. Naccache est un scientifique et a besoin pour penser d'investir des formules à haute valeur de technicité ajoutée : il commence moderato avec FIC, avant de proposer hardiment XYX' et de me perdre définitivement en concluant d'un X1X2X1'.
Le pire étant que la modélisation pourrait s'expliquer assez facilement en français standard. Pour dire l'essentiel, le sexe et la connaissance ont en commun de permettre à chacun d'évoluer: en me laissant pénétrer par le corps ou la pensée d'autrui, j'accepte de connaître une expérience qui me transformera.
Sauf que changer est une épreuve que nous cherchons à éviter en réduisant l'autre à un pur objet de consommation. Je me sers d'autrui pour le mettre au service de mes certitudes ; en refusant de le connaître, je choisis aussi de me méconnaître puisque je n'irai pas explorer toutes mes potentialités. Et notre société accroît cette tendance à la pornographie tant physique que mentale: youporn et Wikipedia même combat, qui nous submergent de contenus pour nous éviter tout approfondissement.
Pas mal, non?
Mais Naccache, sans le savoir, nous rejoue une vieille partition: connaître l'autre, le traiter en égal, nécessiterait de s'intéresser à sa sensibilité. Donc, il veut se mettre à nu devant son lecteur, ce qui signifie qu'il nous parle plusieurs fois de sa femme Karine. (mais, je m'en fous moi, que sa femme s'appelle Karine!) Et il vient chercher son lecteur, refusant de parler du haut d'une chaire dans une posture excluante. Alors il cause d'jeune avec des « Allo, quoi » et des emoticons, genre le prof star du collège.
Au-se-cours.
Moi, je crois avec Proust que l'art peut foudroyer et que l'artiste nous élève, mais qu'on se contre-tape contre Sainte-Beuve que cet artiste soit aussi un homme qui préfère les biscottes au petit déjeuner. Je ne veux pas qu'on « partage » avec moi mais je désire qu'on me fasse confiance. Je suis lectrice ou amoureuse. Je prends de l'autre ce qu'il n'avait pas prévu de me donner -ni moi de prendre, et lui aussi aura plus.
Alors, il y a plein de trucs intéressants dans ce bouquin. Mais par pitié, qu'on ne me les assaisonne pas à grands coups de « il faut sauver le soldat Molière » (Si, si, il a osé ). Parce que là, c'est moi qui me sauve.
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Molière a fait rire bien des générations avec ses femmes savantes. Mais derrière la comédie, n’est-ce pas une tragédie qui se joue, affectant les hommes aussi bien que les femmes ? C’est la thèse de ce livre qui révèle l’étendue d’une névrose pétrie de connaissance et de sexualité, deux dimensions centrales de notre existence, plus proches l’une de l’autre que ce que l’on pourrait penser.

C’est en assistant à une représentation des Femmes savantes que Lionel Naccache, neurologue et chercheur en neurosciences, a eu le déclic. Au-delà de la satire sociale, il a vu se dérouler sous ses yeux la tragédie de dix personnages incapables de trouver un équilibre harmonieux entre sexualité et connaissance, les deux pôles qui régissent leur petit univers et résument leurs aspirations. Et de fil en aiguille, sa réflexion l’a conduit à appliquer sa grille d’analyse à notre monde moderne où l’accès à la connaissance et à la sexualité se sont banalisés : liberté sexuelle et accès illimité à l’information. Liberté dont les salons des XVIIe et XVIIIe siècles ont justement été les pépinières.

Sexualité et connaissance, une parenté cachée
Le rapprochement entre sexualité et connaissance peut paraître saugrenu, mais, comme le rappelle l’auteur, ne dit-on pas dans la Bible d’un homme et d’une femme qu’ils se connurent pour signifier qu’ils eurent une relation sexuelle ? Et en remontant plus loin, le récit biblique de la chute met en scène le rapport tragique d’un homme et d’une femme à la connaissance et à la sexualité. Pour l’auteur, le point commun entre sexualité et connaissance est la pénétration. Pénétration sexuelle d’un côté et pénétration de l’information dans notre intimité mentale de l’autre.
Pénétrés par une information sensible, nous pouvons en être métamorphosés ! Mais la transformation sera plus ou moins grande selon que nous nous ouvrirons à l’altérité ou que nous nous caparaçonnerons dans notre identité ou nos certitudes. « Connaître et aimer exigent de savoir et surtout d’oser se mettre à nu, d’oser tomber la garde de notre carapace subjective. » Le drame moderne est de confondre commerce des corps et sexualité, information et connaissance, de multiplier les pénétrations sans se laisser féconder, d’exclure notre Je du jeu. Ce qu’Annick de Souzenelle affirmait déjà dans La Parole au cœur du corps : « La connaissance véritable est celle qui nait de nos transformations intérieures, et non celle dont on se saisit de l’extérieur. La connaissance véritable implique totalement le connaissant : en un mot elle est amour. »

Se laisser pénétrer, transformer
C’est un livre d’exploration qui se lit avec délectation. Nous croyions connaître les territoires explorés mais nous les découvrons avec un regard neuf. La pièce de Molière d’abord, transfigurée par une analyse « pénétrante ». Puis le monde d’aujourd’hui, aboutissement de plus de trois siècles d’émancipation, mais craquant de toutes parts. L’auteur nous ouvre les yeux et nous invite à nous laisser transformer sans peur de la nouveauté et à réintroduire la subjectivité dans nos vies trop superficielles. (...)
Lien : https://www.ouvertures.net/s..
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Ce livre s'emploie à démontrer l'analogie entre connaissance et sexualité en prenant comme matériaux l'étude des personnages des femmes savantes pour ensuite aboutir à la théorisation d'une nouvelle névrose "le complexe des Femmes savantes".
L'objectif est de mettre fin justement au dualisme corps et esprit, source de tant de malentendu et de névrose. Une oeuvre réjouissante. La chair n'est pas si triste ...
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critiques presse (1)
LeMonde
03 juin 2019
Le neurobiologiste fait une lecture de la pièce de Molière (1672) située quelque part entre la psychanalyse freudienne et l’existentialisme pascalien. Subtil et drôle.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
En conclusion de cette analyse de l’intersubjectivité, j’aimerais faire usage de la triple analogie que nous avons établie entre connaissance et sexualité afin d’étendre le concept de pornographie au-delà du champ exclusif du sexuel. Une méta-pornographie que l’on pourrait définir comme l’ensemble des tentatives de faire abstraction d’un autrui pourtant bien réel, lorsque nous vivons en sa présence une expérience de connaissance ou de sexualité. A la prostituée répondrait par exemple le professeur qui délivre son cours magistral de manière automatique et inhabité, tout en simulant de manière plus ou moins convaincante son engagement dans cette relation pédagogique. Au client d’une prostituee se substituerait l’étudiant qui ne vise que l’acquisition avide et égoïste d’informations, sans prêter la moindre attention à la présence subjective de son interlocuteur. Aux images pornographiques répondraient tous les écrits, textes, vidéos, contenus… qui vident le rapport a l’information de ses vecteurs humains et de tout ce que ces informations délivrées doivent à l’intersubjectivité.
Comme par exemple, les mauvais manuels scientifiques qui livrent des informations brutes, sèches et indigestes sans prendre le temps de les introduire par un questionnement et des réflexions dont la présence aménage aussitôt une place pour la subjectivité du lecteur et pour celle de l’auteur.
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Videos de Lionel Naccache (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lionel Naccache
Le sommeil des Français se dégrade depuis plusieurs années, et cela ne va pas en s'arrangeant. En moyenne, nous ne dormirions que 6 h 58 par nuit et serions un dixième à prendre régulièrement des médicaments pour combattre les insomnies. Comment réapprendre à bien dormir ?
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit : Isabelle Arnulf, neurologue, directrice de l'unité des pathologies du sommeil de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière et chercheuse à l'Institut du cerveau et de la moelle épinière Lionel Naccache, neurologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière et chercheur en neurosciences à l'Institut du Cerveau et professeur à Sorbonne Université.
Visuel de la vignette : La méridienne, Vincent van Gogh - VCG Wilson / Getty
#neuroscience #santé #sommeil _________
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