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EAN : 9782843047398
233 pages
Zulma (05/03/2015)
3.45/5   10 notes
Résumé :
On ne sait jamais trop quand défilera le carnaval chinois dans le quartier de Saint-Ambroise. C’est en tout cas l’hiver, un jour de janvier ou février. Un jour comme tous les autres pour Ézéchiel qui, depuis la mort de son père, occupe les longues journées qu’il ne passe plus au lycée en fantasmes flamboyants et débridés. Ézéchiel qui, de questions sans réponses en désirs sans fond, s’épuise à comprendre un monde qui se dérobe. Tandis que l’insaisissable Melsa Coën ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Quelque part dans le onzième arrondissement de Paris
Nouvel an chinois est un roman parisien. Ou, pour bien parler, ce roman est particulièrement bien

Station St-Ambroise Copyright - Cramos
localisé. La station Saint-Ambroise dans le 11ème arrondissement de Paris est l'épicentre de cette histoire. de ce côté de la place parisienne, les chinois fêtent le nouvel an à leur date. A coup de cymbales et de pétards, de dragons virevoltants et autres animations festives. Les minorités hier invisibles, célèbrent leurs singularités sans retenue ni agressivité dans les rues de Paris. En ce jour du Nouvel An chinois a débarqué un ancien légionnaire au verbe dur et haineux. En ce jour du Nouvel An Chinois, un post-adolescent entretient des fantasmes incestueux à l'endroit de sa mère. Ezéchiel est le personnage central dont Koffi Kwahulé nous livre avec beaucoup de puissance les états d'âme.


Portrait d'un post-adolescent parisien
Ezéchiel est quelque peu perdu. La disparition brutale et inattendue de son père a enfermé ce jeune homme dans un repli sur soi et une forme de dépression où l'onanisme prend la forme d'un refuge. Naturellement, le lecteur prend un train en marche, rencontre Ezéchiel à un moment où sa vie pourrait se résumerait dans le journal du parfait branleur. Koffi Kwahulé donne de mesurer la profondeur de l'expression, la poussant jusqu'à une approche mystique qui ne déplairait pas à Philippe Roth jeune. Pourtant, le regard d'Ezéchiel ne s'incline pas exclusivement sur son nombril. S'il nous est donné de toucher du doigt l'environnement lugubre dans lequel il est plongé, à savoir une mère qui perd pied après avoir perdu son mari et qui ne s'est pas remis des funérailles en terre ivoirienne de ce dernier, mais aussi une grande soeur qui a pris la clef des arbres, Koffi Kwahulé donne en plus à son personnage de décrire les propos extrémistes de Guillaume Demontfaucon, le voisin qui prêche dans les rues du quartier cosmopolite sa haine de l'étranger avec une rage assourdissante. Au-delà de ce théâtre, pour l'amour d'une femme, notre jeune homme va tenter de s'extraire de sa torpeur.

Soul writer
Tout écrivain travaille sur l'âme humaine. Avec des degrés différents de réussite. En ce qui concerne Koffi Kwahulé, je dois dire que la manière avec laquelle il conte cette année dans la tête d'Ezéchiel me renvoie à des auteurs comme Dambudzo Maréchéra ou simplement à William Faulkner. Peut être suis-je dithyrambique. Mais, c'est à certains personnages de ces auteurs que me fait penser Ezéchiel. La violence des pulsions de ce dernier est particulièrement troublante quand on pense au fait qu'on ne sait jamais, à l'instant de la lecture, si cette violence est réelle ou fantasmée. Ce qui place le lecteur face à des actes complexes et dans une forme d'empathie et de tension. En parallèle, Koffi Kwahulé dévoile progressivement de nombreuses clés permettant d'appréhender les différents. Il mélange les genres. Faisant évoluer la narration au rythme des errements d'Ezéchiel mais aussi de ses correspondances avec sa soeur qui me paraissent quelque peu académiques quand on songe qu'il s'agit d'e-mails.

Notre jeune homme est amoureux. Je vous laisse entendre ces mots chargés de fougue et d'une folie douce, en attendant le Nouvel An Chinois.

Un roman qui ne manquera pas d'heurter avec, pour Koffi Kwahulé, le parti pris de mettre en scène la banalisation du discours d'une extrême-droite française, qui comme pourra le découvrir le lecteur, n'est pas sans conséquence.
Lien : http://gangoueus.blogspot.fr..
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Merci à Zulma et à Babelio de m'avoir permis de lire ce roman.
Ce roman est très déroutant, notamment en raison de ses personnages particuliers, tel Ezechiel, protagoniste principal qui est la plupart du temps le narrateur. Ce roman est plein de violence.
La répétition est un élément de l'écriture de l'auteur. Cela crée un rythme particulier.
Roman intéressant qui traite de la question du racisme, des bouleversements chez un jeune homme au moment de l'adolescence.
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Étrange livre que voilà. Difficile de se frayer un chemin balisé entre les rêves, les fantasmes, les délires, la réalité -fictionnelle- de la vie d'Ézéchiel. Je pourrais résumer mon impression par un dialogue du livre lorsqu'Ézéchiel lors d'une soirée dit qu'il lit un roman africain :

"Vous aimez ?

Je ne comprends pas tout. (...) Ça parle d'identité... (...) C'est marrant, enfin je veux dire joyeux. Un peu compliqué parfois, mais ce n'est pas grave. Parce que le vrai sujet du roman, c'est la langue. Parler comme si on faisait l'amour. Ça doit être compliqué d'écrire aussi simplement." (p.138)

Ce roman entre le rêve et la réalité est écrit dans un style étonnant, Ézéchiel en est le narrateur, qui passe du "je" au "il" sans que cela ne gêne le lecteur qui s'y retrouve toujours. Certaines pages sont néanmoins déconcertantes, d'autres absolument magnifiques.

Une histoire elliptique, très imagée, notamment lorsque pour évoquer la masturbation, Koffi Kwahulé parle de prière ou de méditation, une métaphore qui dure jusqu'à la fin du roman : "Aussi ses séances où le plaisir était constamment différé constituaient-elles à ses yeux une prière. Une prière à lui-même adressée. Une profonde méditation. Plus la séance durait, plus la jouissance et surtout le sperme lui paraissaient de meilleure qualité. Au fond de lui-même, depuis la découverte de cette maîtrise de soi, cette recherche d'équilibre, Ézéchiel se considérait comme un moine des temps modernes. Certains jours, Ézéchiel priait plus que de raison." (p.28)

Je ne connaissais pas l'auteur, qui écrit là son troisième roman mais qui est plus connu pour ses nombreuses pièces de théâtre ; une découverte marquante.
Lien : http://lyvres.fr
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Pour rien vous cacher, j'ai mis beaucoup de temps à rentrer dans l'histoire. On voyage entre réalité, rêves et fantasmes, et de façon si brutale qu'il faut un certain temps d'adaptation. Ce livre est assez complexe de par son contenu mais également de par sa forme où régulièrement on passe d'un "je" à un "il" dans une même phrase.
Cette difficulté passée, on se rend compte de la richesse de ce livre, et notamment des thèmes qu'il traite : racisme, famille, amour, sexualité, mort, etc. le texte y par moment très poétique et j'ai particulièrement aimé les échanges de lettres et de mail entre le personnage principal et sa soeur.

Un livre avec lequel il faut de la patience et de l'attention pour en comprendre les lignes.
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Difficile de parler de ce livre déroutant, où le rêve et la réalité se fondent.
Difficile de suivre l'auteur et son héros, quand les pronoms sujet changent sans prévenir.
Difficile de trouver le rythme, saccadé, irrégulier, des phrases, des mots répétés.
Et finalement difficile de m'attacher à Ezéchiel, le jeune personnage principal, adolescent, dont le père est mort et la mère absente depuis cette disparition brutale.


Livre reçu dans le cadre de Masse critique
Merci à Babelio et Zulma

Lien : http://www.levoyagedelola.com
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Bon maintenant, monsieur Demontfaucon, j’ai à faire. Ézéchiel se retire de l’entrebâillement de la porte. Mais sa voix le retient par la nuque.
Vous, vous êtes né après. Vous ne pouvez pas comprendre. Ce quartier n’a pas toujours été ainsi. C’était un village ici. Des boucheries. À l’angle de la rue Pasteur il y avait une boucherie qui restait ouverte jusqu’à onze heures, minuit. Vous vous rendez compte, une boucherie ouverte jusqu’à onze heures du soir ! Un village c’était, ce quartier. Des boulangeries, des papeteries, des cafés. Où en vois-tu, désormais, Ézéchiel ? Un village, c’était ici à l’époque. Il n’y avait pas qu’une boulangerie, mais trois, et ces gens ont tout tué avec leur pognon gagné Dieu sait comment. Y a que les Arabes qui ont tenu le coup. Tels des roseaux, leurs petites épiceries ont résisté au souffle du dragon. Comme quoi ! Mais bon, ça reste des Arabes. À la mairie, ils disent qu’ils font ce qu’il faut pour arrêter le mouvement, mais on ne voit rien changer. Jour après jour la gangrène progresse. Maintenant ils remontent et l’avenue Parmentier et le boulevard Voltaire. Putain de confection ! Et le bouquet, c’est que, vous l’avez probablement remarqué, une famille est venue s’installer en face de chez moi. En face de chez moi !
Les voisins de mère, pense Ézéchiel.
Sous mon nez ! Et le maire qui laisse faire ! Mais les gens commencent à réaliser, et ça gronde dans le quartier. Les gens sont à bout. Ça gronde. En silence, mais ça gronde. Aux prochaines municipales, il ne passera pas, le maire. Les gens ne sont pas contents. Il ne passera pas… Votre maman, elle revient quand ?
Aucune idée.
Partout ça râle. La boulangère dit qu’elle ne pourra pas tenir. Les pressions qu’elle subit pour céder le bail ! Le triple, ils lui proposent. Le triple ! Parce qu’ils en ont de l’argent, eux. Et ils sont disposés à payer n’importe quoi, en liquide, et au propriétaire et à la boulangère, pour faire sauter la dernière boulangerie qu’il nous reste. Personne ne sait d’où ils le sortent, tout cet argent, mais ils l’ont à ne plus savoir quoi en faire. Oh ça oui, ils l’ont, leur putain de pognon ! C’est à coup de pognon qu’ils vont nous bouffer ! À coup de pognon ! Et de patience. Parce que c’est rudement patient, un Chinois. C’est pas comme les Arabes. Excités, impatients, toujours prompts à sortir le poignard. Les Arabes c’est encore un autre bazar ; eux, ils sont nés dingues.
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Tu le tueras le lendemain du nouvel an chinois. Pour Melsa. Et aussi pour conjurer un crime plus grand. C'est bien que tu aies réussi à retirer les noms de Melsa et de Maximilien de cette aventure. Tu couperas les ponts avec eux pendant la semaine qui précédera ce jour. Pour définitivement les laver de cette histoire ils savaient, mais maintenant ils ne savent plus.
Et quand Melsa t'appellera pour prendre de tes nouvelles, tu lui diras que tu es obligé de tenir compagnie à ta mère un peu souffrante. Oui, tu le tueras le lendemain du nouvel an chinois. Tout est bien en place. Il faudra simplement, puisque les circonstances se sont déplacées, prendre le temps de te construire un autre mobile.
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J'aimais mordiller les tétons turgescents et souples de mère et mère aimait cela. Plusieurs fois le nourrisson a observé la mère aimer cela. Il n'y a jamais eu entre eux de areu areu, de mots, de regards complices encore moins pour que cela advînt ; la bouche de l'enfant et les seins de la mère le leur ont imposé, le leur ont peut-être rappelé. Comme un souvenir d'avant l'éclosion du commencement. Elle désirait un garçon, il était né garçon. Pour elle. Elle aimait, elle a toujours aimé, qu'il lui fît ça et elle aimait le faire. Un secret d'outre-ventre. Jusqu'à l'âge de cinq ans. Sous le regard inquisiteur de Sora'shilé. Le père n'y a jamais vu aucun mal. C'est à l'impasse de cette morsure dans le sein gauche de sa mère que s'adossent tous les autres souvenirs. De beaux seins. Vraiment de beaux seins. We only said goodbye with words I died a hundred times You go back to her...
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Il est revenu un jour de carnaval chinois.
Tout le monde, à Saint-Ambroise, est à chaque fois surpris quand arrive le nouvel an chinois. Entre janvier et février, on le sait plus ou moins. D’une année à l’autre, la date du nouvel an chinois se déplace au gré des humeurs du soleil et de la lune. Ce n’est pas comme le défilé du 14 juillet qui tombera toujours un 14 juillet. Qu’il grêle ou qu’il neige ce juillet-là. Ou l’Armistice, le 11 novembre. Ou la Saint-Valentin, le 14 février.
Contrairement à d’autres endroits de la ville, le nouvel an chinois à Saint-Ambroise avance à tâtons, presque sur la pointe des pieds. En rasant les murs. Comme si les Chinois de Saint-Ambroise ne voulaient pas effaroucher. Même ce jour-là, ne pas déranger. Faire la fête en catimini. Sauf que nouvel an chinois se fête à coups de couleurs criardes, de gongs, de cymbales, de tambours et de pétards. Mais il faut bien se débarrasser des influences mauvaises de l’année qui meurt ! Mais il faut bien repartir d’un pied nouveau ! Mais il faut bien célébrer les promesses nouvelles !
Le défilé se déroule invariablement sur le même tronçon du boulevard Voltaire, entre la place Léon-Blum et le boulevard Richard-Lenoir. Jamais au-delà. La veille, aucune décoration, aucune banderole, aucun cotillon, rien ne vient habiller le boulevard Voltaire pour annoncer la fête. Jusqu’aux premiers crépitements de pétards. Et là, un moment surpris et vaguement inquiet, ne comprenant pas ce qu’il se passe, Saint-Ambroise finalement réalise. Ah oui, c’est le jour de la fête des Chinois. Quelques riverains du boulevard ouvrent alors fenêtres et volets pour assister, à travers l’objectif d’un appareil photo ou d’un caméscope, au défilé des dragons et des tigres chaussés de Nike et de Reebok.
Une toute petite fête, le nouvel an chinois à Saint-Ambroise.
C’est ce jour-là qu’est revenu Guillaume-Alexandre Demontfaucon.
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Contrairement à d'autres endroits de la ville, le nouvel an chinois avance à tâtons, presque sur la pointe des pieds. En rasant les murs. Comme si les Chinois de Saint-Ambroise ne voulaient pas effaroucher. Même ce jour-là, ne pas déranger. Faire la fête en catimini. Sauf que le nouvel an chinois se fête à coups de couleurs criardes, de gongs, de cymbales, de tambours et de pétards. Mais il faut bien se débarrasser des influences mauvaises de l'année qui meurt! Mais il faut bien repartir d'un pied nouveau! Mais il faut bien célébrer les promesses nouvelles!
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Vidéo de Koffi Kwahulé
Les Matins - La francophonie dans tous ses états -A l'occasion du sommet de francophonie de Montreux, La francophonie dans tous ses étatsKoffi Kwahulé, Auteur, essayiste, comédien et metteur en scène ivoirien, auteur de Monsieur Ki (roman, Éditions Gallimard, coll. "Continents noirs", 2010)Abdourahman Waberi, Ecrivain djiboutien d'expression française, auteur Aux Etats-Unis d'Afrique (Jean-Claude Lattès, 2006)Nicolas du four, Journaliste au quotidien suisse le Temps par téléphoneClément du haime, Administrateur de l'OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) par téléphone
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