De grands traits géographiques marquent les divisions naturelles du continent d'Asie. Nous avons vu que l'immense territoire russe comprend les dépressions aralo-caspiennes et le versant septentrional des systèmes de montagnes qui se prolongent de l'Alaï et des monts Célestes aux chaînes côtières de la Mandchourie. Au sud et à l'ouest, les deux péninsules des Indes, le plateau d'Iran, l'Asie antérieure ne sont pas moins bien limités par des remparts de monts neigeux, par des golfes et des mers. De même, à l'orient, la Chine forme, avec la Corée et les archipels voisins, comme un monde à part qu'enferme un amphithéâtre de plateaux et de montagnes d'un pourtour de 10000 kilomètres. De la Mandchourie à l'Indo-Chine, le Chanyan alin, le Dousse alin, le Khingan, le Kenleï, le Tannon ola et l'Ektag Altaï, le Thian chan, le Tsoung ling, l'Himalaya, les monts sauvages que traversent les fleuves de la péninsule Transgangétique, toutes ces hautes saillies du relief continental se succèdent en demi-cercle autour du continent d'Asie qui est devenu. l'Empire Chinois.
Telle qu'elle existe actuellement, la Grande Muraille appartient à diverses époques. Sous le climat extrême de la Mongolie, où les grandes chaleurs succèdent brusquement aux gelées, il suffit d'un petit nombre d'années pour émietter la plupart des constructions ordinaires. Il est même douteux d'une partie quelconque de la Grande Muraille date de l'époque de Chi Hoangti, quoique, d'après les chroniques, il eût prononcé la peine de mort contre tout ouvrier qui aurait pu laisser dans la maçonnerie une fissure assez large pour recevoir la pointe d'un clou.