AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Sylvie Howlett (Éditeur scientifique)
EAN : 9782210754126
138 pages
Magnard (12/07/2001)
3.34/5   16 notes
Résumé :
" Suis-je fou, ou bien le Diable, avec ses ruses les plus subtiles, se joue-t-il de moi ? " Telle est la question qui obsède la plupart des héros de récits fantastiques.
C'est le cas ici, qu'il s'agisse du C?ur révélateur de Poe, de Deux Acteurs pour un rôle de Gautier, de La Nuit de Maupassant, ou de La Perspective Nevski de Gogol. Interactifs avant la lettre, ces récits laissent le lecteur à la fois libre d'interpréter ce qu'il lit et prisonnier d'une terre... >Voir plus
Que lire après Nouvelles fantastiquesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Les corpus de textes sont des merveilles où l'on y trouve textes en intégral, courtes biographies des auteurs, contexte dans une page dédiée, et explications sur les textes et le genre qu'on lit. Nouvelles fantastiques est de ceux-ci, composé de quatre nouvelles que l'on doit à Allan Edgar Poe, Guy de Maupassant, Théophile Gautier et Nicolas Gogol. Corpus réservé au Collège et au Lycée Professionnel, mais aussi une formidable opportunité de découvrir des plumes que l'on n'a pas forcément eu le temps d'aborder. Procédons par nouvelle pour cette fois.

Le Coeur révélateurEdgar Allan POE : Première lecture d'un auteur connu et reconnu depuis très longtemps, peut-être même ne l'ai-je jamais lu avec attention, c'est désormais réparé. Efficace, poétique et tranchant par moment, le lecteur est pris au piège dans un récit où le crime crapuleux trouve justice d'une façon aussi exquise que glaçante. Qui tue doit vivre avec la culpabilité et le son de la vie qu'il a prise. L'auteur sait installer l'angoisse à partir de peu et manie son style avec maîtrise. Il démontre aisément à quel point il suffit de peu pour créer une ambiance prenante. le seul regret tient purement de la subjectivité : trop court, on aimerait pouvoir en lire plus !

La Nuit – Guy de MAUPASSANT : Diablement court et effréné, j'ai eu l'occasion de lire d'autres nouvelles de cet auteur et il surprend toujours par la vivacité de sa plume. Paris paraît plus vivante que morte, tourbillonnante en même temps qu'éteinte. La narration enflammée et l'urgence se font sentir à chaque ligne. Plus les mots défilent, et plus on se demande ce qui se passe, pourquoi Paris se mue dans le silence et le vide, avant de tomber sur la chute, logique et inattendue à la fois elle aussi. Comme presque toutes les nouvelles fantastiques, on en vient à regretter que le texte soit si court et si empreint de mystères, parce que le cauchemar insidieux arrive de nulle part, et qu'il entraîne un brave narrateur sur sa perte, en même temps que la nôtre !

Deux Acteurs pour un rôle – Théophile GAUTIER : Il se trouve par un heureux hasard que je l'ai lu tout récemment, et la relire fut un plaisir ! Cette nouvelle, qui tient autant de la nouvelle que d'un conte, reste délectable bien que relativement court et simple dans ses bases. le Diable jouant son propre rôle car offensé par cette pâle imitation de son machiavélisme, quoi de mieux ? Nouvelle divisée en plusieurs parties afin que le lecteur puisse identifier toutes les étapes, la fin en est amère autant qu'effrayante, en un sens, mais ça, ça ne transparaît qu'après la lecture, lorsqu'on revoit les implications, même si le danger semble disparaître. Sous des airs de scénario assez basique se cache une intrigue entraînante.

La Perspective NevskiNicolas GOGOL : Dernière nouvelle de ce corpus, moins connue que les autres, plus longue, aussi, et déconcertante. Ce qui en fait un petit charme finit par en faire un questionnement perpétuel, et une moue perplexe. On ne peut enlever à l'auteur son talent pour les descriptions ; étoffées, elles augmentent l'impression de réalisme, et cette rue si spéciale et dangereuse défile sous nos yeux de lecteur. Là où on s'interroge sur les motifs d'une telle nouvelle, c'est pour son action, ou plutôt, son manque d'action, dans le sens où peu de choses s'y passent. L'auteur nous fait découvrir une rue magnifique en apparence à travers des histoires qui ne trouvent pas de fin heureuse, et les personnes dont on suit une partie de la vie n'ont que peu d'intérêt, au final. C'est aussi le souci du format court : la difficulté à prendre attache en aussi peu de temps. Si l'histoire en elle-même en pâtit un peu, on garde quand même le souvenir de la visite d'une des rues incontournables de Saint-Pétersbourg, et mine de rien, un fragment de temps ancien, où l'on côtoie les fantômes d'une rue sans cesse changeante.

Le corpus se lit en peu de temps et ne se contente pas de livrer des textes ; il aborde quelques éléments d'étude sur le caractère de chaque texte pour aider le lecteur perdu ou juste curieux à trouver son chemin dans les mots implicites, tout en donnant un contexte au genre fantastique, et à chaque auteur. Trois pays représentés, quatre auteurs classiques dont on ne doute plus de la maîtrise de leur art et de leur célébrité, et quatre textes dont on se régale et dont on regrette qu'ils soient aussi courts. Et comme toujours, dans le genre fantastique, tous les mystères qui nous sont présentés gardent une part de secret que l'auteur ne livre pas, pour notre plaisir ! Ne pas tout savoir laisse ouvert la porte de l'imagination.
Lien : https://saveurlitteraire.wor..
Commenter  J’apprécie          10
Ma nouvelle préférée est de loin "Le coeur révélateur" d'Edgar Allen Poe. Elle est une excellente introduction à la nouvelle fantastique pour des élèves de 4e secondaire.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Mais voilà que j’entendis un faible gémissement, et je reconnus que c’était le gémissement d’une terreur mortelle. Ce n’était pas un gémissement de douleur ou de chagrin ; — oh ! non, — c’était le bruit sourd et étouffé qui s’élève du fond d’une âme surchargée d’effroi. Je connaissais bien ce bruit. Bien des nuits, à minuit juste, pendant que le monde entier dormait, il avait jailli de mon propre sein, creusant avec son terrible écho les terreurs qui me travaillaient. Je dis que je le connaissais bien. Je savais ce qu’éprouvait le vieux homme, et j’avais pitié de lui, quoique j’eusse le rire dans le cœur. Je savais qu’il était resté éveillé, depuis le premier petit bruit, quand il s’était retourné dans son lit. Ses craintes avaient toujours été grossissant. Il avait tâché de se persuader qu’elles étaient sans cause, mais il n’avait pas pu. Il s’était dit à lui-même : « Ce n’est rien, que le vent dans la cheminée ; — ce n’est qu’une souris qui traverse le parquet ; » ou : « C’est simplement un grillon qui a poussé son cri. » Oui, il s’est efforcé de se fortifier avec ces hypothèses ; mais tout cela a été vain. Tout a été vain, parce que la Mort qui s’approchait avait passé devant lui avec sa grande ombre noire, et qu’elle avait ainsi enveloppé sa victime. Et c’était l’influence funèbre de l’ombre inaperçue qui lui faisait sentir, — quoiqu’il ne vît et n’entendît rien, — qui lui faisait sentir la présence de ma tête dans la chambre.
Commenter  J’apprécie          10
Vrai ! — je suis très nerveux, épouvantablement nerveux, je l’ai toujours été ; mais pourquoi prétendez-vous que je suis fou ? La maladie a aiguisé mes sens, — elle ne les a pas détruits, — elle ne les a pas émoussés. Plus que tous les autres, j’avais le sens de l’ouïe très fin. J’ai entendu toutes choses du ciel et de la terre. J’ai entendu bien des choses de l’enfer. Comment donc suis-je fou ? Attention ! Et observez avec quelle santé, — avec quel calme je puis vous raconter toute l’histoire.

Il est impossible de dire comment l’idée entra primitivement dans ma cervelle ; mais, une fois conçue, elle me hanta nuit et jour. D’objet, il n’y en avait pas. La passion n’y était pour rien. J’aimais le vieux bonhomme. Il ne m’avait jamais fait de mal. Il ne m’avait jamais insulté. De son or je n’avais aucune envie. Je crois que c’était son œil ! Oui, c’était cela ! Un de ses yeux ressemblait à celui d’un vautour, — un œil bleu pâle, avec une taie dessus. Chaque fois que cet œil tombait sur moi, mon sang se glaçait ; et ainsi, lentement, — par degrés, — je me mis en tête d’arracher la vie du vieillard, et par ce moyen de me délivrer de l’œil à tout jamais.


Maintenant, voici le hic ! Vous me croyez fou. Les fous ne savent rien de rien. Mais si vous m’aviez vu ! Si vous aviez vu avec quelle sagesse je procédai ! — avec quelle précaution, — avec quelle prévoyance, — avec quelle dissimulation je me mis à l’œuvre !
Commenter  J’apprécie          10
Si vous persistez à me croire fou, cette croyance s’évanouira quand je vous décrirai les sages précautions que j’employai pour dissimuler le cadavre. La nuit avançait, et je travaillai vivement, mais en silence. Je coupai la tête, puis les bras, puis les jambes.

Puis j’arrachai trois planches du parquet de la chambre, et je déposai le tout entre les voliges. Puis je replaçai les feuilles si habilement, si adroitement, qu’aucun œil humain — pas même le sien ! — n’aurait pu y découvrir quelque chose de louche. Il n’y avait rien à laver, — pas une souillure, — pas une tache de sang. J’avais été trop bien avisé pour cela. Un baquet avait tout absorbé, ah ! ah !
Commenter  J’apprécie          10
Pour la première fois je sentis qu’il allait arriver quelque chose d’ étrange, de nouveau. Il me sembla qu’ il faisait froid, que l’air s’épaississait, que la nuit, que ma nuit bien-aimée, devenait lourde sur mon cœur.
Commenter  J’apprécie          20
Un frisson singulier m’avait saisi, une émotion imprévue et puissante, une exaltation de ma pensée qui touchait à la folie.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Sylvie Howlett (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sylvie Howlett
Sylvie Howlett - La dame de pique .A l'occasion de la première édition du salon Russkaya Literatura qui s'est tenue les 7-8-9 novembre à l'Espace des Blancs Manteaux à Paris, rencontre avec Sylvie Howlett autour de l'ouvrage "La dame de pique" aux éditions Gallimard.
Dans la catégorie : Textes de fictionVoir plus
>Rethorique>recueils de textes appartenant à plus d'une littérature nationale>Textes de fiction (173)
autres livres classés : fantastiqueVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (75) Voir plus



Quiz Voir plus

1 classique = 1 auteur (XIX° siècle)

La Chartreuse de Parme

Stendhal
Alfred de Vigny
Honoré de Balzac

21 questions
566 lecteurs ont répondu
Thèmes : classique , classique 19ème siècle , 19ème siècleCréer un quiz sur ce livre

{* *}