Avec ce second recueil, on plonge dans des nouvelles sud-américaines que l'éditeur a divisée en trois types: nouvelles psychologiques, nouvelles de l'insolite et nouvelles de l'Amérique déchirée.
J'ai été agréablement surprise par un certain nombre de nouvelles qui sont particulièrement fortes par leurs histoires. Il est difficile de les oublier une fois leur lecture achevée tant elles sont chargées en émotions. C'est le cas notamment des nouvelles qui témoignent des exactions des régimes dictatoriaux. Toutes ces nouvelles amènent à vouloir connaître l'histoire de ces pays comme l'Uruguay, l'Argentine, le Paraguay ou la Colombie: les écoutes téléphoniques, les emprisonnements des opposants, les interrogations de citoyens ordinaires, les tentatives de fuites.... Par la présentation de quatre nouvelles, on peut voir comment chaque auteur décrit selon son style ces moments d'horreur. La nouvelle de Mario Benedetti " Sobre el exodo" se détache des autres par son côté cynique et m'a beaucoup plue.
La nouvelle qui m'a particulièrement marquée et surtout qui m'a fait froid dans le dos est celle d'Alvaro Menen Desleal qui décrit dans "Fire and Ice" le crash d'un avion. Par l'emploi d'une ponctuation originale et du "je", l'auteur décrit sous toutes ses coutures l'événement sans épargner le lecteur créant ainsi une tension dans son récit qui peu à peu devient insupportable à ce dernier.
L'ensemble des nouvelles regroupées dans ce second volume mérite vraiment d'être connues car peu de recueils de nouvelles de ses auteurs sauf Marquez et Borges sont aujourd'hui traduites en français. Le vocabulaire et les points biographiques sur chaque auteur sont vraiment intéressants et sont un plus pour la culture générale.
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Dans quelques minutes à peine elle occupera avec élégance sa place devant le piano. Elle va recevoir, d'un signe de tête presque imperceptible, le bruyant hommage du public. Sa robe couverte de paillettes brillera comme si la lumière y reflétait les applaudissements précipités des cent dix-sept personnes qui remplissent cette petite salle réservée où mes amis approuveront ou condamneront - je ne le saurai jamais - ses efforts pour interpréter la plus belle musique du monde, à ce que je crois.
Je le crois, je n'en sais rien. Bach, Mozart, Beethoven. J'entends toujours dire qu'ils sont insurpassables et j'ai fini par me l'imaginer. Et par dire qu'ils le sont. Personnellement je préférerais ne pas avoir à passer par cette épreuve. Au fond de moi-même je suis sûr de ne pas éprouver de plaisir et je soupçonne que tout le monde devine que mon enthousiasme est feint.
Je n'ai jamais été passionné par l'art. Si ma fille ne s’était pas mis en tête d’être pianiste, je n'aurais pas, moi, maintenant, ce problème. Mais je suis son père et je connais mon devoir, et je dois l’écouter et lui donner mon appui. Je suis un homme d'affaires et je ne me sens heureux que lorsque je manie les finances. Je le répète, je ne suis pas un artiste. S'il existe un art d'amasser une fortune, d'exercer la domination du marché mondial et d’écraser les concurrents, je réclame la première place de cet art-là.
[Le concert - Augusto Monterroso]