« Nous ne faisons pas de l'art comme un pommier fait ses pommes dans le vent et la lumière du printemps, mais comme des prisonniers qui nouent des draps pour s'évader. » (1157)
Voilà. Je suis arrivée au bout des deux tomes des éditions Omnibus. Je m'attristais par avance d'avoir fait le tour des romans de
Jean Carrière, mais je vois qu'il m'en reste encore trois qui ne figurent pas dans ces recueils. le grand vide ne sera donc pas pour demain… ouf…
Il y a un état d'esprit à la fois progressivement érudit et addictif qui naît de la dévoration de l'oeuvre complète d'un écrivain (accompli). Une familiarité émouvante qui se crée. On connaît les pistes, les tics, la forme de ses pas dans le sable de l'écriture, ses obsessions… Si la lecture y perd en surprise, elle y gagne en perspicacité.
Jean aura été – sera encore – un ami des lettres précieux. Et comme je vais souvent au coeur de ses paysages, montagnes et vents, causses et froidures, je ne suis pas prête de perdre le lien. Une même quête, un même sentiment étourdissant de l'existence m'habite et en habitera d'autres, qui de la littérature tirent une sève parfois âpre mais incomparable.
« Ce sont souvent les livres écrits pour soi, dans la solitude et la désespérance, qui touchent le plus les autres. Ce paysage paisible et doré qui entoure
Jean Carrière, et qu'il ne peut plus voir ailleurs que dans sa mémoire blessée, ses lecteurs le regardent désormais pour lui, dans ses livres, au bon goût de terre sèche, avec reconnaissance. » (
Jérôme Garcin – V)
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