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EAN : 9791022606967
288 pages
Editions Métailié (31/08/2017)
2.81/5   13 notes
Résumé :
Deux otages dans le désert irakien.

Ballottés d’un lieu à un autre, d’un groupe crapuleux à une bande de fanatiques, transportés dans des camionnettes brûlantes, le visage couvert d’une cagoule, jetés dans des réduits, des caves, cachés ou exhibés, menacés, molestés, ils ne savent pas où ils sont ni avec qui. La poussière est asphyxiante, la peur aussi, l’attente les consume lentement.

Dans ce huis clos étouffant, deux hommes se jaugent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Rentrée littéraire du 31 août 2017.

Ne vous attendez pas au récit trépidant d'une prise d'otages d'un Occidental et de son interprète, enlevés en plein bourbier irakien, avec ballet diplomatico-médiatique, chantages, ultimatums et exécution sanglante ou sauvetage héroïque par les Navy Seals.
Non, vous n'y êtes pas. Par contre vous plongerez au milieu d'un voyage chaotique et incertain à l'intérieur du pays, de caches en planques au gré des marchandages entre groupes djihadistes et coureurs de rançons, autant qu'au coeur d'un voyage intérieur, tout aussi erratique, dans la tête et le passé des otages.
Il y a Albert, archéologue allemand, vaguement journaliste, venu dans ces contrées avec de bonnes intentions, plus ou moins vagues aussi, et sans doute avec une certaine dose de condescendance occidentale. Et Osama, son interprète, passé du statut de trafiquant d'antiquités à celui d'employé de musée. Les deux sont hantés par leur passé, Albert coincé dans une relation trouble avec sa soeur, et Osama dans une histoire d'amitié trahie. Ils sont maintenant tous deux pris au piège du désert, enlevés par on ne sait trop qui, trimballés on ne sait trop où, la tête sous une cagoule puante, parfois ensemble, parfois séparément.
Quand ils sont ensemble, ils se parlent pour tenir le coup, mais ne se comprennent pas. Albert raconte ses petites et grandes misères et pontifie sur le sens de la vie, sans réellement écouter Osama, qui lui parle de son passé, réel et concret. Albert l'égocentrique, animé d'un sentiment de culpabilité, venu en « bienfaiteur » candide et romantique sauver un peuple dont il ne connaît rien, sur un terrain dont il ignore tout, et qui au final cause son malheur et celui d'Osama. Lequel se sent malgré tout obligé de veiller sur cet arrogant naïf dont il ne comprend pas l'intérêt pour un pays tel que le sien.

Commerce d'otages, pillage d'antiquités, terrorisme islamiste ou simple appât du gain, tout se mélange dans la chaleur du désert qui suffoque les sens et les esprits. Trouble et haletant, ce roman pose la question, amère et lucide, et tellement actuelle, de la possibilité d'un dialogue entre deux mondes séparés par un abîme d'incompréhension et d'intolérance.

En partenariat avec les éditions Métailié.
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La couverture de ce roman m'évoquait une histoire avec du suspens, un thriller qui me ferait vivre intensément la prise d'otage annoncée dans ce livre, quelque chose de brûlant, un huis clos peut-être, bref, je m'attendais à une intrigue un peu théâtrale.

Evidemment, la prise d'otage est bien là : Osama et Albert partagent avec le lecteur l'histoire de leur kidnapping – qui ils sont, comment ils se sont faits arrêter, comment ils vivent cette épreuve, chacun de leur côté puis ensemble, comment ils vont essayer de s'en sortir, ensemble puis séparément.

Du reste, il n'y a rien de théâtral dans cette histoire : je n'ai pas vibré de peur pour eux, je ne me suis pas rongée les ongles d'angoisse pour leur survie, je n'ai pas tourné les pages frénétiquement comme j'aurais pu le faire pour un thriller. En revanche, je n'ai pas pour autant l'impression que ce roman ait manqué son effet ou qu'il soit raté, je pense plutôt que c'était moi qui avait plaqué de gros préjugés sur ce livre, et que mes attentes ne correspondaient pas du tout aux intentions de l'auteur.

Ce que j'ai trouvé dans ce roman, ce sont les thèmes de l'attente et des relations humaines. le premier est plutôt évident puisque qu'Albert et Osama attendent tout le temps de savoir ce qu'il va leur arriver, et la première moitié du roman se passe un peu sous le signe de la passivité puisque les deux personnages principaux sont ballotés, traînés, enfermés d'un endroit à l'autre. L'histoire bascule de façon assez inattendue en seconde partie, et se concentre plus sur les relations des deux personnages avec leur entourage : un enfant rencontré par hasard, un ami d'enfance retrouvé après plusieurs années, des souvenirs de famille, une compagne à qui l'on n'a pas donné de ses nouvelles depuis l'enlèvement…

De façon très symbolique, Sherko Fatah évoque également la relation entre Osama et Albert, et on a parfois l'impression que c'est toute la relation entre l'occident et le Moyen-Orient qu'il veut évoquer : le dialogue de sourds, l'incompréhension, l'Histoire différente. Malheureusement, je n'ai pas adhéré à cette allégorie, je l'ai trouvée assez faible, pauvre et sans réel intérêt.

Le style de l'auteur n'a d'ailleurs fait que m'effleurer. Je n'ai pas su m'y plonger, je m'en suis sentie distante pendant toute ma lecture et n'ai rien trouvé à quoi me raccrocher. Un petit rendez-vous manqué, mais un texte qui a quand même su me surprendre.
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C'est l'histoire de deux hommes que tout oppose, mis en relation par le travail, l'un occidental pseudo-journaliste venu au Moyen Orient pour des raisons pas très nettes de recherches sur les antiquités et l'autre autochtone devenu interprète par opportunité (et ex-pilleur d'antiquités), et qui se retrouvent confrontés à un même destin : enlevés comme otages de groupes plus ou moins organisés et trimbalés à travers le désert.

L'intérêt de l'oeuvre réside, pour moi, dans la diversité des confrontations que traite l'auteur. Albert et Osama sont bien sûr confrontés à leurs ravisseurs, mais ils se retrouvent aussi confrontés l'un à l'autre et ils sont également tous les deux confrontés à eux-mêmes.
Dans la première des confrontations (face aux ravisseurs), alors que tous les deux ont été enlevés (se retrouvant donc dans la même situation) Osama est jugé par les ravisseurs comme un traitre à la solde de l'ennemi (les occidentaux venus occupés le pays) et Albert un espion (qu'il n'est pas et a bien du mal à faire comprendre).
Albert et Osama sont différents, ils ne partagent pas les mêmes valeurs, n'ont pas la même histoire et ils ne se comprennent pas forcément. Osama ne comprend pas ce qui a bien pu pousser Albert à venir dans un pays en guerre pour s'occuper d'archéologie et de monuments antiques. Et malgré leur condition commune de victimes et le lien qui les unit, ils auront l'un pour l'autre des moments de doute voire de crainte ou d'empathie.
Chacun aura aussi ses moments d'introspection, pour comprendre ce qui l'a fait en arriver là. Albert revisitant des moments clés de son histoire avec son père, le « conteur », qui l'a incité, malgré lui, à vivre d'aventures. Et Osama se souvenant de son passé trouble de pilleur d'antiquités alors même que ce passé le rattrape et pourrait bien avoir raison de lui.
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Venant après le navire obscur et surtout Un voleur de Bagdad, le dernier roman de Sherko Fatah constitue une sévère déception. Son précédent livre nous emportait sur un tapis volant dans le Bagdad des années 30 ; Otages nous plonge dans le désert irakien aux basques d'Albert, l'étranger (allemand) et Osama, le local, tous les deux captifs de ravisseurs indéterminés et qui changent constamment. Ce huis-clos en mouvement, car l'on bouge beaucoup d'un endroit à un autre du sud de l'Irak, est l'occasion de confronter deux personnages d'âge et de culture différente, irréconciliables dans leur philosophie de la vie et, plus prosaïquement, sur l'évolution de la situation en Irak. En théorie, en sus du suspense (les deux otages parviendront-ils à s'en sortir ?), le livre devrait être bourré de tension et riche en échanges entre Albert et Osama. Sauf que Fatah part souvent dans de longues digressions sur le passé des deux hommes dont l'intérêt, il faut bien le dire est très relatif. Quelque chose ne fonctionne pas dans ce roman aux péripéties répétitives dont le mélange entre action et contemplation fatigue à la longue par son côté systématique. Dans la chaleur et la poussière rien de vraiment passionnant n'émerge dans le dialogue de sourds entre les représentants de deux mondes qui ne se comprennent pas.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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J'ai été happée par ce roman, qui se trouve d'ailleurs être plutôt un récit fictionnel. Son auteur connaît bien les mondes qu'il décrit : il est né en RDA, d'une mère est-allemande d'origine slave (la Masurie, région de la Pologne actuelle) et d'un père kurde. Il est porteur de ce souvenir générationnel, de ces strates d'histoire personnelle entremêlées à l'histoire géopolitique des pays. Il est l'héritier de ces assimilations forcées et rejets ethniques et linguistiques, qui contraignirent dès le 19ème siècle une grande partie des populations à l'exil ou au changement d'identité. Aujourd'hui, l'instabilité demeure le lot de beaucoup. Notre propre sentiment de sécurité en France et dans les pays voisins, a sauté avec les bombes terroristes.
Sherko Fatah nous plonge dans le temps suspendu de deux otages en Irak. Albert, l'Allemand, pétri de bonnes intentions, Osama son interprète kurde au service des étrangers. Les deux hommes sont enlevés, puis échangés d'un groupe de ravisseurs à l'autre dans le plus grand chaos, sans qu'ils aient possibilité de savoir à qui ils ont affaire, ni ce qu'ils ont intérêt à dire, ou pas, pour survivre. Dans le même temps que les deux hommes se découvrent dans cette intimité forcée, le lecteur apprend à les connaître. Et de cette approche, naît le sentiment de proximité. La tension s'élève jusqu'au chaos final qui réserve encore bien des surprises.
Un grand roman actuel.

Lien : https://diacritik.com/2017/1..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Un chien aboya au loin, et en entendant ce bruit le désespoir s’empara d’Albert. Le dernier lieu, se dit-il, le dernier lieu. Comment est-il possible que mon histoire m’ait conduit ici ? C’est absurde. Tout cela n’a rien à voir avec moi. Chez moi, cela m’était plus proche que cela ne pourrait jamais l’être ici. Là-bas, l’étranger était une sorte de distraction, mais aussi une marque de modernité. Quelle société veut mijoter dans son jus, quel être cultivé ne veut connaître que ses compatriotes ? Mais ça, ici ? Ça n’est pas de l’aventure, de nos jours c’est au moins aussi grotesque que de s’échouer sur une île déserte. Ça ne faisait pas partie du monde qu’il connaissait. Bien sûr, chacun pressentait quelque chose des abîmes, surtout quand on partait pour des zones de crise.
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Ce pays est un pays de routes, se dit Osama, et l'Allemand ne connaissait pas les routes. Pour rouler, il se fiait à d'autres, regardait les rues et les places de marché par les vitres et semblait, ce faisant, entrer dans une sorte de transe. Jamais, Osama en était certain, il n'avait réfléchi au fait qu'ici, une voiture pouvait être bien des choses : un véhicule, une prison, une bombe.
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Je ne veux pas heurter tes sentiments religieux, mais nous sommes entre les mains d’enfants armés dont les personnes chargées de l’éducation bricolent des bombes. C’est un problème concret.
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Vidéo de Sherko Fatah
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