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EAN : 9782226397959
210 pages
Albin Michel (01/10/2017)
2.5/5   3 notes
Résumé :
La question du "genre" embrase et divise depuis quelques années la société française. D'un côté, ceux qui voient dans cette question une idéologie visant à détruire les fondements de la famille et donc de la société. De l'autre, ceux qui font de la lutte contre les discriminations une priorité absolue. Mais si le sujet cristallise toutes les passions, de quoi parle-t-on réellement ?

La philosophe Michela Marzano décrypte la question en dénonçant les n... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Une amie m'a offert ce livre parce qu'elle en avait entendu parler dans une émission et qu'elle sait bien à quel point je suis intéressée par les questions du genre. J'étais étonnée et ravie qu'un livre sur le sujet semble s'adresser au grand public, contrairement à certains livres plus académiques que j'ai pu croiser jusqu'ici. Bon, j'ai compris, assez rapidement à la lecture que les choses étaient loin d'être parfaites.

La démarche de Michela Marzano est intéressante : malgré son éducation et sa foi catholique, elle s'intéresse aux luttes des personnes homosexuelles et LGBTQ* en général, et aux questions du genre. En tant que philosophe, elle entend expliquer et prouver à ses confrères et consoeurs que le genre n'a rien de dangereux. Son livre est intéressant puisqu'elle part des bases, pour que tout le monde puisse comprendre de quoi il en retourne, du contexte des revendications et des crises qui ont pu toucher ces questions, comme la Manif pour Tous et la théorie du genre. Elle commence d'ailleurs par expliquer certains mots de vocabulaire, ce qui me paraît tout à fait judicieux.

Malheureusement, certaines choses m'ont fait grimacer et me semblent problématiques. du coup j'en viens à me questionner si cela vaut vraiment le coup de lire un tel livre quand on ne connaît rien au sujet, puisqu'on risque d'absorber un vocabulaire problématique et des idées qui ne vont pas assez loin, voire qui sont déjà obsolètes. Attention, je ne suis pas du tout spécialiste des études de genre et de ces questions, mais j'ai le sentiment d'avoir suffisamment lu sur ce sujet, de la part de personnes militantes ou académiques et souvent directement concernées, pour repérer ce qui ne va pas. Pourtant, le travail de Michela Marzano est sourcé, les notes de bas de page renvoient vers les différents ouvrages et articles qui traitent de la question. Mais peut-être s'agit-il de recherches déjà trop vieilles.

Pour illustrer mon propos, une des choses qui m'a dérangée est la question de la maternité pour les femmes.

Voici un des passages qui aborde le sujet, et je trouve que la formulation est dérangeante. Formulé ainsi, on pourrait croire que la seule raison pour qu'une femme ne désire pas d'enfant soit son obsession pour sa carrière. Pour les femmes qui ne parviennent pas à avoir d'enfants, de manière biologique j'imagine, il n'est jamais mentionné qu'elles puissent adopter. Dans un autre passage, le rapport à la maternité est longuement évoqué, sans jamais parler de la difficulté qu'ont les femmes qui ne souhaitent pas avoir d'enfants, à faire entendre ce choix.

Certes, cela ne semble pas être grand-chose. Mais mon plus gros problème avec ce livre touche au traitement de la transidentité et des personnes trans. D'abord, parce que les termes utilisés ne sont pas les bons : « transsexuel » est utilisé tout du long et le glossaire le décrit même, mais il s'agit en fait de la définition du terme transgenre (avec une dernière phrase problématique) !

Tandis que toute la définition du terme transgenre, mentionné seulement dans le glossaire si je ne m'abuse, décrit des personnes qui ne s'identifient ni en tant qu'homme ni en tant que femme et qui renient ces identités. Ce serait donc plutôt « non-binaire ». Parce que oui, en plus, ce livre reste tout de même dans la binarité homme / femme, sans parler d'identités genrées autres ou de fluidité du genre.

Quand les personnes trans sont mentionnées, c'est généralement pour faire part de leur « souffrance ». Pas seulement parce que la société ne les accepte pas – ce qui serait légitime – non, non, parce qu'iels sont « prisonnier·e·s » de leur corps. Et cette rhétorique est affreusement problématique, parce que toutes les personnes trans n'ont pas de dysphories et beaucoup vivent très bien dans leur corps sans jamais se faire opérer : elles peuvent vivre leur genre sans modifier leur corps si elles le souhaitent. Mais je ne doute pas que cela pose problème à la société qu'une personne s'identifie comme femme alors que son corps ne correspond pas à ce que la société attend de ce genre, et inversement. le pire dans tout ça ? L'autrice appelle les lecteur·rice·s à écouter les personnes trans (ce que visiblement, elle n'a pas fait elle-même).

Encore une fois, parler de « garçons [qui] sont convaincus d'être des filles » est incorrect : il s'agit de filles qui ont été assignées garçons à la naissance. Si je ne m'abuse, les termes utilisés sont les suivants : AFAB (Assigned Female at Birth : assigné femme à la naissance) et AMAB (Assigned Male at Birth : assigné homme à la naissance). Cela permet de comprendre que ces personnes n'ont jamais été le genre que la société prétend : cela leur a été imposé à la naissance. Mais encore une fois l'autrice utilise des termes qui, il me semble, sont obsolètes maintenant et ne sont plus utilisés par les militant·e·s : MtF (Male to Female : homme devenu femme) et FtM (Female to Male : femme devenue homme) ce qui pose vraiment problème puisqu'une personne assignée femme à la naissance qui s'identifie comme homme n'a jamais été femme. Cela lui a été assigné, imposé par la société, mais cette personne n'est pas devenue homme : elle l'a toujours été.

Enfin, certaines choses ne sont pas évoquées ou sont passées sous silence alors qu'il aurait été très important d'élaborer le sujet et d'aller plus loin dans la réflexion. Par exemple, les mensonges perpétués derrière les chromosomes « XX pour le sexe féminin » et « XY pour le sexe masculin » alors qu'il n'y a pas que ces deux combinaisons et que les choses sont bien plus complexes. Si l'autrice mentionne les personnes intersexes, il me semble qu'elle ne le fait qu'en note de fin et dans le glossaire (à la fin du livre donc), ce qui est assez représentatif de l'importance qu'elle porte à l'intersexualité dans son livre.

Bref, il m'aura fallu écrire cette chronique pour me mettre d'accord avec moi-même : je ne recommande pas ce livre. Nul doute qu'il y a des ouvrages plus à jour qui sont plus actuels et justes, mieux vaut se tourner vers ceux-là.
Lien : https://deslivresetlesmots.w..
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Ce livre, conformément à ce que son titre permet clairement d'anticiper, est un ouvrage de vulgarisation des définitions des quelques concepts-clés liés au genre qui sont, par ignorance ou en mauvaise fois, amalgamés, mal compris et mal utilisés, de façon idéologique et/ou par calcul politique : « théorie du genre », « identité de genre », « différence » ≈ « inégalité » / « indifférenciation » ≈ « égalité » des genres, « orientation sexuelle », « pratiques sexuelles ».
Il naît du reflux infâme de la polémique qui a suivi, en juillet 2017, l'avis du Comité consultatif national d'éthique favorable à l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes célibataires, polémique menée chez nous par l'Église de France, par l'imputrescible mouvement de la Manif Pour Tous ainsi que par VigiGender, collectif d'associations de parents d'élèves « anti-genre », et enfin par une personnalité médiatico-intellectuelle insoupçonnable telle Michel Onfray.
Le point fort dont le livre peut se prévaloir est d'abord la position d'où la philosophe parle : à cheval entre la France et l'Italie, elle constate les étonnantes similitudes dans les modes opératoires et les termes du débat et dans ses abus sémantiques ; en se professant catholique pratiquante, elle est aussi à même de mieux dénoncer les incongruités et contradictions dans les messages des différents prélats. Des éléments tirés de sa biographie familiale et de ses travaux sur le statut du corps en philosophie fournissent également des apports inédits.
Ses points faibles, comme pour toute oeuvre de vulgarisation, consistent dans les simplifications et raccourcis qu'il implique : en particulier d'impardonnables lacunes sur l'orientation sexuelle, dont on ne saura que la phrase laconique et quelque peu oxymorique suivante :
« Comme le montre désormais la psychanalyse, l'orientation sexuelle est le résultat d'un "choix psychique inconscient" et elle est donc constitutive de notre identité » (p. 96). Ce qu'il ne fallait pas démontrer, justement !
Un autre exposé trop hâtif concerne la critique du constructivisme, où sont considérées les théories de Monique Wittig, de Teresa de Lauretis (théorie queer), mais principalement dans le but de réhabiliter Judith Butler qui me semble être, malgré son plus grand raffinement intellectuel, à l'origine de ce même constructivisme.
Cela étant, le livre peut, par pédagogie, être mis entre toutes les mains : en particulier celles des ados, des novices absolus, et des esprits modérés-apaisés, et se lire en quelques heures.
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Après avoir entendu l'auteure Michela Marzano parler de ce livre à la radio, je l'ai acheté avec enthousiasme, espérant en apprendre plus sur les problématiques du genre dans nos sociétés.

Déception...

Ce livre, au lieu de nous informer et nous guider dans la constellation complexe de l'identité sexuelle, de genre, et de l'orientation sexuelle, se laisse entraîner dans une polémique franco-française et italo-italienne et vise surtout à démonter les arguments des "anti-genre" comme "Manif pour Tous", ViviGenre, etc...

Son texte se laisse mener par les arguments de ses "opposants", avec des argumentations qu'elle ne finit pas, des traitements qui ne correspondent pas aux titres des chapitres (par exemple "Qui suis-je" ne traite pas de la recherche et du processus de définition ou d'appropriation de l'identité sexuelle ou de genre), incohérences logiques et inconsistances entre le début et la fin du texte.

Résultat: elle déçoit ou énerve le lecteur qui comme moi cherchait une information factuelle, un support à la réflexion sur les problématiques du genre dans nos sociétés, elle irrite les tolérants qui sont déjà convaincus de la nécessité d'un progrès en la matière, et elle écarte ceux qu'elle voudrait convaincre, les "anti-genre". Au milieu de cela, ceux qu'elle aurait dû viser - les indécis, ceux qui ne savent pas, ou veulent apprendre - se retrouvent pris dans un pamphlet qui les oublie...

Dommage, une belle occasion ratée.

Lien : https://www.albin-michel.fr/..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
« Ce n'est qu'à partir du moment où nous reconnaissons la sédimentation des normes sexuelles (c'est-à-dire celles qui pendant des siècles ont défini ce qu'il faut faire pour être un homme ou une femme) que nous pouvons par la suite chercher des normes qui nous correspondent le mieux, sans pour autant détruire les catégories d'homme et de femme. » (p. 136)
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« Chaque société peut avoir "son corps" tout comme elle a "sa langue". Telle une langue, ce corps peut être soumis à une gestion sociale et il peut aussi obéir à des règles, à des rituels d'interaction et à des mises en scène. Mais le corps est aussi une réalité qui existe indépendamment des règles auxquelles il obéit. Il peut même parfois arriver à s'exprimer quand le langage n'est plus capable de le faire […] ce corps qui crie une douleur qu'on ne parvient pas à dire autrement. » (pp. 127-128)
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Videos de Michela Marzano (10) Voir plusAjouter une vidéo
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