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EAN : 9782913955509
333 pages
Editions Transboréal (29/03/2007)
3.38/5   8 notes
Résumé :
Péninsule volcanique de l'Extrême-Orient russe, sanctuaire des ours bruns, dernier territoire exploré de la Sibérie, le Kamtchatka est aujourd'hui encore un paradis sauvage pour le marcheur, quand végétation inextricable ne le mène pas en enfer.
Renouant avec l'esprit des pionniers cosaques, Julie Boch et Emeric Fisset ont traversé à pied la chaîne occidentale, couverte de taïga et sillonnées de rivières impétueuses, où vivent les derniers nomades autochtone... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Depuis qu'il a 19 ans, Émeric Fisset court la sente. En Asie du Sud-Est ou sous les latitudes boréales, dans les cailloux yéménites et les sous-bois de la verte Europe ; à ski, à traîneau, à vélo, mais surtout à pied, il est parti très loin, a creusé en lui-même et a vécu beaucoup.
De ses rencontres avec les loups, les ours ou les hommes, on a du mal à savoir ce qu'il a le plus apprécié. du moins fait-on semblant d'hésiter. Car à force de les regarder vivre, sans doute s'est-il dit qu'il préférerait ressembler aux deux premiers et s'éloigner des autres, ses congénères. Pour le connaître un peu, je peux témoigner qu'un loup, il en est presque devenu un, à ceci près que, parfois, il se transforme en ours.
De ses équipées, il a rapporté des récits puissants. Jamais d'assistance, pas de téléphone, foin des réseaux, fi du danger. Émeric Fisset marche. Toujours, tout le temps, rustre lettré, aristocrate du sauvage.
Et puis un jour, il a rencontré Julie Boch, professeur et universitaire émérite. de conserve, ils ont beaucoup cheminé avant qu'elle ne disparaisse dramatiquement dans les confins de l'Altaï russe. Mais grâce aux livres, sa mémoire demeure.
Kamtchatka, au paradis des ours et des volcans est le récit d'une marche de six mois, au pied et sur les crêtes des volcans, dans cette ultime péninsule russe, cernée par les flots de la mer de Béring à l'est et ceux de la mer d'Okhotsk à l'ouest. Julie et Émeric ont tenté de voir en profondeur la partie orientale puis méridionale de ce territoire des marches sibériennes, vide d'hommes et d'illusions mais qui fut le théâtre d'épisodes historiques hallucinants. Là-bas, Béring tutoie Lapérouse et Kracheninnikov, et les éleveurs de rennes font place aux géologues surdiplômés et aux gardiens des réserves naturelles. Suprêmes sentinelles de toundras inatteignables, sauf à pied.
Dans un style qui leur ressemble : érudit, détaillé et, parfois, disons-le, rêche comme l'andésite, Julie et Émeric parviennent à toujours nous faire frissonner à la vue du centième ours qu'ils croisent, à grelotter sous les pluies torrentielles de ces parages, à rire saouls de vodka et de caviar de saumon, et puis hurler d'exaspération sous les assauts de ces vautours que les entomologistes appellent sans honte moustiques.
On ressort de ce livre conquis par l'accueil délicat mais sans chichis des Russes, les pieds rabotés par la rocaille basaltique, les côtes saillantes d'avoir crevé de faim à marche forcée et rasséréné dans ses lubies.
Julie et Émeric sont partis marcher pour se débarrasser de leurs valeurs, étouffer le bruit de l'orgueil par le martèlement du pas et se rappeler que nous ne sommes que cendres. Des cendres rarement volcaniques.
“Adieu les livres, les poèmes !
Je vais partir, le sac au dos…
Les vagabonds, le vent les aime,
Et de ses chants leur fait cadeau”, comme le dit Sergueï Essenine, qu'ils citent opportunément.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Pour s'infliger ces traversée pénibles, s'obstiner à lutter contre l'entrave des plantes, subir la barrière des rivières, plutôt que de se limiter aux lieux balisés de chemins ou faire des sauts de puce en hélicoptère ? Parce que surmonter les obstacles est une excitante gageure. Parce que nous rêvons que notre marchout dessine un trait pur, linéaire sur la carte. Parce qu'il nous plaît de ne pas retenir comme seul beau, comme seul valable, ce que le jugement d'autrui a étoilé d'un "vaut le détour". Et parce que nous refusons d'accéder aux hauts lieux sans être passés par les bas, comme on parle de bas morceaux. Combien plus délectable est l'arrivée sur un site après la transition de ce qui l'entoure, de ce qui en fait l'écrin, la circonstance! (p. 69)
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Cette pulsation, est-ce l'exploration du volcan ou les coups de boutoir dans notre poitrine? " Et toi mon cœur pourquoi bats-tu?" Je bats pour ces moments qui justifient la vie. Cette plénitude de l'être sûr d'exister, pure maîtrise de sa force, dans l'entière satisfaction d'un corps soumis à la volonté, et que traverse le vaste chant du monde. C'est pour cela que nous sommes partis. Notre voyage n'a pas d'autre alibi. Nous n'allons pas observer les ours, compter les saumons, étudier les volcans, sauver les cultures autochtones en péril. Pas de sponsors, pas de mots d'ordre, pas de slogans. Quittant un monde alourdi de symboles, nous sommes simplement venus vivre. (p.88)
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