Dans son second roman paru dans la collection (après «
Fuck you New York »),
Kamel Hajaji met en scène Mohamed, d'abord petit garçon des quartiers pauvres de Tunis. Il vit seul avec sa mère qui l'élève durement, allant jusqu'à le battre et par le mettre à la rue un beau matin, afin de l'endurcir pour réussir dans la vie. Et Mohamed lui en fait la promesse. Un jour, c'est décidé, il reviendra voir sa mère, auréolé de réussite, il lui prouvera qu'il est capable de s'en sortir. Pour survivre, Mohamed suit son instinct et fait preuve d'une volonté immense. D'abord cireur de chaussure, puis domestique, il a un rêve en ligne de mire : Paris, pour accomplir enfin le rêve de son père.
J'ai beaucoup aimé ce roman, et pourtant, ce n'est jamais facile d'enchaîner après un coup de coeur (Hunger Games m'ayant fait succomber la semaine dernière). Mais je me suis facilement attachée à Mohamed, ce petit garçon qui n'a été épargné ni par la vie ni par sa mère.
Comme le souhaitait cette dernière, il devient un jeune homme de plus en plus dur, à mesure que croissent son instinct et survie et sa volonté de réussite. Sans jamais oublier ses valeurs, il en vient à leur faire des entorses, à se montrer pragmatique. Mohamed aurait pu oublier qui il était en chemin, mais il n'en est rien : il reste ce petit garçon voulant à tout prix plaire à sa mère, mériter son amour. En cela, c'est un personnage attachant. En revanche, ce qui peut parfois faire grincer des dents, c'est son mépris des autres pauvres, de ceux qui sont plus faibles que lui. Mais nous comprenons peu à peu que derrière ce cynisme se cache une peur, celle de finir comme eux.
Du côté de l'histoire, j'ai bien aimé l'aspect « parcours », « roman initiatique » de cette histoire. On suit en effet Mohamed au fil de ses pérégrinations à Tunis et ailleurs, en découvrant par petits morceaux cette ville rongée par la pauvreté, où les immeubles délabrés et la misère se trouvent à quelques maisons des somptueuses villas. Mohamed ne croit pas que les politiques puissent changer quelque chose à sa situation, ce ne sont pour lui que des corrompus, et il préfère ne compter que sur lui seul.
Quant au style d'écriture, il est direct et efficace, il amène le lecteur à tourner les pages, rapidement, à quérir la suite de l'histoire. L'auteur réussit à nous faire entrer dans la tête de Mohamed et à nous faire partager son rêve. Je n'ai qu'un regret, c'est que l'histoire se passe un peu vite, on passe rapidement sur certains évènements, on saute rapidement de l'un à l'autre. On voudrait parfois en savoir un peu plus.
Néanmoins, c'est un bon moment de lecture à passer!
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