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Jean-François Gérault (Traducteur)
EAN : 9782743621469
263 pages
Payot et Rivages (06/10/2010)
3.49/5   74 notes
Résumé :
Deux hommes embarquent à bord de La Trochita, un train antédiluvien qui parcourt la Patagonie argentine. Haroldo, un ancien marin qui se prétend le descendant de Butch Cassidy, a entraîné son ami d'enfance Genaro, ex-conducteur de métro, dans une aventure risquée : les deux compagnons projettent de prendre en otages les passagers du train pour libérer Beto, le frère d'Haroldo, prisonnier en transit. En outre, ils comptent bien profiter de l'occasion pour mettre la m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Le billet en poche, j'embarque dans la « Trochita », une vieille locomotive qui traverse la Patagonie argentine aux confins du désert, de la pampa et de l'isolement extrême. Une vitesse phénoménalement lente qui donne envie de sortir l'appareil photo à chaque longue courbure de virage. D'ailleurs, je me mêle à cette bande de touristes écolo-alter-mondialistes allemands déjà installée dans le premier wagon. Pas de première classe, ni même de classe économique, juste deux wagons. Et puis parmi ces touristes, il y a Lotti et Clara, deux chouettes nanas qui portent admirablement bien le mini-short. (note : si toi aussi, amie femelle, tu portes admirablement bien le mini-short, je suis preneur)

Première gare, dix minutes d'arrêt. le temps de faire le plein d'eau – pour la locomotive, et de maté pour les régionaux. C'est à ce moment-là que mon voyage bascula. Lorsqu'un certain Butch Cassidy accompagné de son acolyte Bairoletta montèrent dans le train pour ce qui fut ma première prise d'otage. Cela tourna court, ils se rendirent compte que nous n'étions pas là pour leur mettre des battons dans les roues, touristes bien dociles et admiratifs prêts à les aider pour libérer le frère de Butch que des policiers feront monter à bord à la prochaine gare.

Je ne peux me remettre d'une telle expédition à travers les 400 km de cette voie, à bord d'un train d'un âge bien dépassé. Dépaysement garanti, d'autant plus que les aventures de Butch Cassidy ne furent pas de tout repos et que les évènements les plus rocambolesques se suivirent à chaque gare, à chaque arrêt pour ravitaillement en eau de la locomotive. Rien n'a été prévu, tout arrive… du sexe, un accouchement, une tempête et comme nous sommes en Argentine, même un match de football. Il court, il dribble un joueur, deux joueurs, trois joueurs. Gooooaaaaaalllllllllll Diego Maradonnnnaaaaa !!!!!!!!!!!!!!!

Du loufoque, une ambiance de western, un roman noir sans sang qui gicle, quelques coups de feu par erreur, et surtout beaucoup d'humour. Un roman plein de fraicheur au-delà de la pampa argentine, boire du maté et faire griller des côtelettes dans le second wagon, deux belles touristes, un conducteur de locomotive russe, un politicien véreux et arriviste et comme toute bonne attaque de train du far-west, Butch Cassidy. Raul Argemi n'oublie pas non plus de distiller des petites notes de satires sociales et politiques à cette bouffonnerie patagonne. Bref, un roman noir, pas si noir que ça, mais bien distrayant et bien original.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Un roman on ne peut plus divertissant, une aventure de 400 km à travers la Patagonie Argentine à bord de "La Trochita", train à vapeur, à voie étroite. Haroldo, qui se fera appeler Butch Cassidy, entraîne son ami d'enfance Genaro, qui lui prendra le pseudo de Bairoletto, dans la prise d'otages des passagers de la Trochita dans le but de délivrer son frère, Beto, prisonnier en transit.
Raúl Argemia raconte une romance vaudevillesque, une odyssée surréaliste qui sous-tend, en arrière-plan, une satire sociale et politique. Très belle écriture. À lire.
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J'ai fait un voyage inoubliable dans « La trochita»(= la petite voie étroite), surnom donné à un vieux train qui m'a fait parcourir la Patagonie sur des banquettes en bois, avec des compagnons complètement fous, des bandits sympathiques qui se croient au far-west. Maladroits au grand coeur, dépassés par ce qu'ils ont déclenchés, ils finiront par être soutenus par les voyageurs qu'ils ont pris en otage, par le conducteur , le mécanicien (un vieux russe) et même le commissaire. 
Ce roman, sous des dehors loufoques et déjantés, parle aussi de solidarité, de l'exploitation des pauvres --- paysans mapuches et bousiers qui réparent les voies ---, de la rudesse du climat qui varie très vite, de l'isolement de ces vastes étendues où le passage hypothétique du train est souvent la seule distraction et le seul lien, où les gens savent encore apprécier le silence et se tiennent les coudes dans l'adversité.
Vous n'oublierez pas le vieux poêle du wagon, entouré d'une grille, qui réunit autour de la chaleur de son foyer tous les passagers d'origines diverses, leur permettant de faire griller de la viande que chacun se partage, les tasses de maté qui circulent, les arrêts pour remettre de l'eau dans la machine, les chaudes amours entre bandit et jolie touriste, une partie de foot comme vous n'en avez jamais vue et qui ferait aimer le foot aux plus réfractaires etc...
Le plus triste c'est ce que la postface de l'auteur nous apprend : «la Trochita» n'existe plus.
«La Trochita subsista tant bien que mal des années durant, survivant à tout : éboulements, déraillements tempêtes, à tout... Mais elle ne put l'emporter sur les politiques de modernisation qui, pour de froides raisons comptables, la condamnèrent à mort.»
Merci à Raul Argemi de m'avoir embarquée dans un tel voyage, un voyage insensé que j'aurais aimé voir durer plus longtemps.
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Lorsque l'on parle de la Patagonie, c'est souvent pour embrayer sur un chanteur français exilé dans ce pays sauvage…

Ici, je ne vais pas "chanter pour oublier mes peines", mais chanter ma chronique car ce voyage fut dépaysant à plus d'un titre et en Patagonie, les chemins de fer ne sont pas en grève, malgré les conditions de vie qui ferait défaillir plus d'un syndicaliste.

La Trochita est un train qui parcourt la Patagonie et qui relie des petits villages entre eux, qui amène la vie, qui permet aux gens perdus dans les trous du cul du pays de se revoir, de circuler, d'avoir un semblant de vie sociale.

Vous n'êtes pas sans savoir que les attaques de train ne sont pas toutes vouées à se terminer de manière aussi réussie que celle du Glasgow-Londres…

Alors, lorsque Butch Cassidy et Juan Bautista Bairoletto, deux célèbres bandits s'attaque à la Tronchita, ça ne pourrait que réussir, non ?

Heu… En fait, ces deux bandits n'existent plus et sous ces noms d'emprunts se cachent en fait Haroldo (ex-marin) et Genaro (ex-conducteur de métro), amis d'enfance, qui ont décidé de s'attaquer à la Tronchita pour accomplir leur première prise d'otage et je peux vous dire que rien ne va se passer comme ils l'avaient pensé.

Véritable petit bijou d'humour (sans pour autant se taper sur les cuisses), ce récit qui oscille entre le Roman Noir, celui d'Aventures et la fable que l'on raconterait à ses petits-enfants, le soir au coin du feu est tout de même bourré aussi d'ironie et de satyre sociale car le pays ne va pas en ressortir grandi, les politiciens encore moins.

Entre un gardien de prison, un gardien de fric, des touristes allemands alter-mondialistes, sorte d'écolos en goguette, une nymphomane qui fait l'amour dans plusieurs langues, une femme sur le point de démouler le polichinelle du tiroir, une autre qui porte un short en cuir moulant, un conducteur russe et sourd, je peux vous dire que ça va partir dans tous les sens, mais sans jamais virer au surréaliste car tout est calibré et bien agencé pour nous faire passer un bon moment mais sans que l'on crie au chiqué.

On se croirait dans un Far-West au pays de la pampa et du Pagny, sauf que personne ne chantera "Terre", juste "Gare" pour faire le plein de flotte et de maté ou "goal" lors d'une partie de foot improvisée.

Fraicheur et profondeur, humour et satire, ce sont les mots que je retire de ce petit maté que j'ai dégusté jusqu'à la dernière goutte, jusqu'au final qui m'a cloué à mon fauteuil de jardin.

Nom de dieu, quel voyage en tortillard ! Et même pas un contrôleur pour me poinçonner le billet… Dommage que la Tronchita a été retirée du service par le Gouvernement, car pas assez rentable, parce que j'aurais bien refait un voyage, moi.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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La dernière fois que j'ai lu un livre argentin, c'était le Rapport de Brodie, de Borgès, et ça commence à dater ! J'avais voulu renouer un lien dans mes lectures avec la littérature sud-américaine en lisant un livre de Carlos Fuentes, mais les aléas aidant, je ne l'ai jamais fini et pour enfin raccrocher les wagons, je suis tombé sur ce livre qui se passe dans un train ! Un polar (c'est Rivages Noir), le meilleur moyen de prendre le pouls d'une culture et d'une société que je ne connais pas vraiment.
Mais est-ce vraiment un polar ? Il y a quelque chose de picaresque dans ce livre. Son prédicat est déjà hautement humoristique : deux compères la cinquantaine bien tassée se décident à libérer le frère de l'un d'entre eux, qui doit être transféré hors de sa prison, et ils entendent bien en même temps faire main basse sur l'argent transporté dans le train. Pas n'importe quel train ! La Trochita, un petit train ancien seul à faire le trajet jusqu'aux confins de la Patagonie. Un train mythique. Voilà le décor. D'emblée, on attend un ton assez social à ce livre avec les deux personnages, qui sont quand même il faut un peu l'avouer, à la ramasse, mais attachants : Genaro, ancien conducteur de métro viré après des années de service, et Haroldo, ancien marin qui aime se faire appeler Butch Cassidy (car il prétend en être le descendant).
L'ensemble démarre plutôt bien, mais j'ai redouté pendant un moment (quand même plus des deux tiers du livre) un petit bouquin drôle certes, mais un peu superficiel. La veine de la satire sociale palpite, mais seulement souterrainement. Et enfin, alors que le livre s'enlise dans une comédie plutôt guillerette mais quand même insignifiante, une scène sauve l'ensemble, à travers un réquisitoire vachard et jubilatoire contre un politique opportuniste qui décide d'utiliser les voyageurs du train (quelques autochtones, des touristes et nos deux braqueurs amateurs) pour sa campagne électorale en les faisant passer pour les habitants du village où il doit faire un discours.
Cette scène sauve le livre à mes yeux, car il lui donne sa juste tonalité : une satire sociale. Et Argemi prouve qu'il est capable d'avoir la plume acérée (ce qu'on attend désespérément depuis le début du livre).
S'ensuit une assez jolie scène humaniste où tout le monde se livre à une partie de football improvisée alors que le train ne peut plus avancer, jusqu'au dénouement tragique un peu inéluctable. Au moins pas de happy end, c'est déjà ça d'évité. Juste un brin de sagesse en guise de conclusion.
Un grand soupir de soulagement. le livre évite l'écueil du livre drôle, mais superficiel, et l'auteur nous prouve finalement qu'il a du ventre et des crocs ! Je relirai volontiers un autre de ses livres, mais j'espère y trouver plus d'ironie.
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Lotti l’avait pris en main et, en moins de temps qu’il n’en faut pour dire ouf, il s’était retrouvé à plat dos sur le lit de camp, couché sous la Hollandaise à califourchon.

Bairoletto était plutôt en petite forme et, dès le début de la chevauchée, il se rendit compte que cela irait trop vite. Alors il recourut au vieux truc de ses réciter les tables de multiplication. Mais il n’arrivait pas à dépasser la table de deux parce que la femme était bien mieux nue qu’habillée et que voir ses seins monter et descendre le déconcentrait.
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Le monde n'a plus de frontières. Les drapeaux ne sont plus un engagement sur l'honneur, ni rien de la sorte. Ce sont des wash and wear, et on accepte que les hommes politiques, au service des multinationales, s’essuient le cul avec. Le monde est, de plus en plus, un monde unique, une boucherie généralisée où l’on vend la chair des travailleurs.
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A perte de vue, la neige tombait, semblable à une pluie de plumes de colombe, et estompait les limites du désert. Jamais il n’aurait imaginé que les cahots sur les rails et les mugissements réguliers de la petite locomotive puissent exprimer une telle solitude, un tel abandon. Il fut pris de la nécessité impérieuse de dire quelque chose avant que sa gorge ne se noue davantage, mais les mots lui manquaient et cela le mit en colère.
- Putain, Butch, putain de ta mère !
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- Toi, tu ne serais pas marié, et père de quatre ou cinq enfants ?
- C'est possible ! J'ai une soeur qui dit que tous les hommes "intéressants" sont déjà mariés. Aussi ...
- Ta soeur est très exigeante.
- Non, très laide. Elle ressemble à mon père et à ma mère.
- Et toi ?
- Moi c'est la cigogne qui m'a apporté.
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Le petit train finit de monter une côte pleine de virages en épingles à cheveux et s’arrêta. Il avait cessé de neiger, mais tout était blanc, « comme couvert d’écume », pensa Butch. La tour, avec son réservoir et son tuyau, se rapprocha jusqu’à se trouver en face de la locomotive.
Il secoua le bras de son compagnon qui dormait pelotonné sur son siège, et Bairoletto se réveilla en sursaut.
– C’est le second arrêt pour faire le plein en eau, expliqua Butch sur un ton de conspirateur. La prochaine gare c’est Los Ñires. Il vaut mieux que nous descendions nous dégourdir les jambes afin de ne pas tomber de sommeil.
Bairoletto acquiesça sans vraiment comprendre, encore sous l’effet des grillades dévorées debout à côté du poêle, mais il se laissa entraîner.
Une rafale de vent froid lui rendit d’un seul coup toutes ses facultés. Si ça, ce n’était pas la mort, la mort n’existait pas. Le néant, la voie, une tour faite de poutres métalliques et couronnée d’un réservoir sur lequel on pouvait encore lire le sigle du chemin de fer quand il était anglais – à l’origine des temps – et, à cinq cents mètres environ, une petite cahute en pierres, couverte de lauzes, avec un cheval attaché à un poteau enfoncé dans la terre. Appuyé à la porte, un paisano buvait le maté et les observait avec sérénité, au milieu du néant.
Genaro sentit soudain son courage décliner et il était sur le point de retourner à l’abri du train, quand la vision de longues jambes dénudées qui descendaient de l’autre wagon le vissa dans la neige.
Sans réfléchir, il dépassa Butch et se mêla au groupe d’étrangers rieurs. Ceux-ci préparaient leurs appareils pour se faire photographier à côté des mécaniciens.
Il profita de la couverture que lui donnait le groupe pour observer de près les hommes en combinaison qui faisaient le plein en eau.
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