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EAN : 9791022613262
320 pages
Editions Métailié (12/01/2024)
3.73/5   52 notes
Résumé :
Lorsque Godwin Baxter découvre à la morgue de Glasgow le corps d'une jeune femme suicidée enceinte de près de neuf mois, il est pris d'un furieux désir de la rendre à la vie en utilisant le cerveau du fœtus. Fils naturel du grand chirurgien Sir Colin, il va effectuer une greffe étonnante qui fera d'elle Bella Baxter, femme d'une vitalité exceptionnelle.

McCandless, son ami et condisciple de la faculté de médecine, en tombe éperdument amoureux. Ni le l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Le statut de la sexualité est en question : la nymphomanie comme un manque d'affection, les tabous victoriens. Pour le picaresque, on peut comparer à Moll Flanders, mais ici la « picara » est plus moderne, parcourt le monde et exerce plusieurs métiers. Avec son cerveau d'enfant, Bella voit un peu le monde comme un Candide, pas sans affinités avec Voltaire. Beaucoup de courants d'idées politiques sont abordés : malthusianisme, libéralisme et à la fin même le socialisme. Aucun doute sur la « nationalité » du roman, qui est « viscéralement » ancré dans l'Écosse. Enfin, à noter une importante intertextualité avec des références multiples (mythe de Faust, Frankenstein, Jane Eyre) et l'usage de la parodie, notamment épistolaire.
Un moment de lecture mémorable !
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« Pauvres créatures » est donc le roman dont est tiré le film éponyme, actuellement en salles et que je n'ai pas (encore) vu.
Si j'ai bien compris, le film est l'adaptation de la partie principale du livre, à savoir la « création », vers 1880, de Bella par le chirurgien écossais Godwin Baxter, sorte de savant fou humaniste. Escamotant à la morgue le cadavre d'une jeune femme noyée enceinte de huit mois, il tente de la ramener à la vie en lui greffant le cerveau du bébé qu'elle porte.
Evidemment, la greffe fonctionne, et apparaît Bella, littéralement femme-enfant, spontanée et innocente, qui doit tout apprendre à partir de son cerveau neuf et vierge de tout préjugé et tout complexe, mais aussi de tout code moral et social.
Evidemment, Godwin se garde bien de révéler le secret de ses origines à Bella et au reste du monde. Seul son ami McCandless, également médecin, est au courant.
Evidemment, McCandless (Chandelle, pour les intimes) tombe amoureux fou de Bella au premier regard et lui propose aussitôt le mariage.
Bien sûr, Bella, qui à ce moment a le cerveau d'un enfant de douze ans, accepte, à la condition de pouvoir s'enfuir d'abord quelques mois au bras de son amant, le coureur de jupons Wedderburn, pour qu'il lui apprenne la vie.
Mais le livre ne se limite pas à cette histoire. L'auteur s'est amusé à y imbriquer une lettre de Wedderburn à Godwin dans laquelle il se plaint de l'appétit sexuel vorace de Bella, et une lettre de Bella au même Godwin dans laquelle elle se plaint de ce pleurnichard de Wedderburn. Puis le récit se poursuit avec le retour de Bella à Glasgow auprès de son « géniteur », mais ses projets de mariage avec Chandelle pourraient bien se voir contrecarrés par les réminiscences de la vie antérieure de Bella.
L'auteur veut nous faire croire que toute cette histoire est racontée par McCandless dans un livre publié à compte d'auteur, qui aurait été retrouvé dans une poubelle un siècle plus tard. Alasdair Gray se joue encore du lecteur en prétendant que ce livre était accompagné d'une lettre de Bella à ses descendants, dans laquelle elle livre sa propre version de l'histoire, qui contredit fâcheusement celle de son pauvre Chandelle.
Dans ce pastiche de roman gothique victorien, il y a du Frankenstein et du Pygmalion, et d'autres références que je n'ai pas. Gray utilise tous les subterfuges pour étayer la version de McCandless, fantaisiste et fantastique, mais, malicieux, il laisse le choix au lecteur d'opter pour celle de Bella, plus terre à terre et qui se moque de son mari doux-dingue et insipide.

Quoi qu'il en soit, il s'agit dans les deux cas d'émancipation féminine dans un monde patriarcal étriqué, qui n'hésitait pas à enfermer à l'asile les insensées qui osaient sortir du rang et/ou à pratiquer sur elles des clitoridectomies pour calmer leur « hystérie ». Il est aussi question de justice sociale et de socialisme, et des horreurs commises au nom de l'impérialisme britannique.
Pour ma part, dans ce livre composite et ludique, j'ai préféré la partie prétendument attribuée à McCandless, divertissante et jouissive, qui brocarde les hommes et offre un portrait pétillant de femme libre et moderne dans une société qui n'est pas prête pour cela. Pour le reste, j'ai trouvé que cela manquait de souffle et se traînait en longueur dans les réflexions révolutionnaires un peu farfelues de Bella et dans les fastidieuses « notes critiques et historiques » de Gray lui-même, qui embrouillent parfois la lecture.
Cela dit, l'écriture est agréable et finalement assez fluide, et cette composition exubérante et originale est un tour de force de création littéraire.

En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Je remercie Babelio qui m'a envoyé ce roman dans le cadre de la masse critique, roman qui mérite un avis détaillé.

1] L'histoire – Godwin Baxter, fils de Sir Collins, chirurgien renommé, a des passe-temps étranges, son camarade de la faculté de médecine, McCandless, s'en rend compte quand il voit chez lui un lapin moitié blanc, moitié noir et son jumeau inversé, redevenus quelques jours plus tard l'un un lapin noir et l'autre un lapin blanc… Alors quand Godwin redonne vie au cadavre d'une jeune femme enceinte qui s'est suicidée en se noyant, après s'être lestée avec des pierres, cela n'étonne pas McCandless qui vient voir cette fabuleuse créature. Cependant Godwin le prévient que sa création est un peu étrange puisqu'il a utilisé le cerveau de son enfant à naître pour lui insuffler la vie, d'où notamment son langage enfantin… Autre souci, la jeune femme déborde de vie et dynamisme et Godwin voit en McCandless un moyen de recentrer l'intérêt de la jeune femme. McCandless tombe immédiatement amoureux de la jeune femme qui se montre très entreprenante, les fiançailles sont annoncées mais l'attention de Bella est déjà tournée vers un autre homme, Duncan Wedderburn, avec lequel elle s'enfuit. le lecteur suit alors ses aventures, dans une mise en abîme narrative puisque celles-ci sont en réalité découvertes au fur et à mesure des lettres que reçoivent Godwin et McCandless qui mettent en évidence la fatigue de Wed constamment sollicité par sa compagne à l'appétit sexuel insatiable et les découvertes de Bella…

2] Mon avis :
Le fil narratif conducteur n'est somme toute qu'un prétexte (pré-texte) qui va s'épaissir en un tissu (textum) dense et compact, baroque, rempli d'éléments greffés au récit à l'image de la greffe opérée sur Bella : de nombreuses et longues lettres de différents scripteurs, des articles de dictionnaire, des dessins, des illustrations… Un roman donc baroque, rococo, et continuellement en mouvement puisque si le point d'ancrage est la demeure de Godwin Baxter, les lettres narrent le voyage de Bella après sa fugue avec Wed.
Bella tel le héros des romans picaresques en version picara mène une vie à sauts et à gambades, où l'argent manque régulièrement.
L'onomastique est signifiante : Bella (la Belle et la Bête, d'ailleurs qui est la Bête ? Plusieurs noms vous viendront en tête), Godwin surnommé God (Dieu créateur, Pygmalion pour cette Galatée), McCandless surnommé chandelle par Bella…
L'intertextualité est partout, textes sous le texte à l'image des greffes opérées : la candeur de Bella en fait un personnage de contes philosophiques, nouvelle Candide, les lettres persanes font écho à ses lettres ; Frankenstein est le démiurge Godwin, qui lui a cependant la sympathie de nommer sa créature ; La Belle et la Bête… En même temps la Salpêtrière et les travaux sur l'hystérie avec l'évocation de l'érotomanie et de cette terra incognita que représentait la femme pour les médecins de l'époque me sont venus en tête…
Enfin, l'auteur mêle les genres, absurde, surréaliste, gothique, théâtral, burlesque, artistique, autant d'épithètes pouvant être attachées à ce roman bigarré.

Cependant si je reconnais la puissance de l'écriture, ce roman ne m'a pas séduite, il m'a mise mal à l'aise et je n'irai pas voir le film car ce que l'écriture ne fait qu'évoquer deviendra sans nul doute d'une crudité dérangeante à l'écran. J'ai trouvé le personnage de Bella (et le ballet des pauvres créatures du titre qu'elle traîne derrière elle) pathétique, tout comme la créature de Frankenstein d'ailleurs, mais j'ai surtout détesté le regard et l'attitude du masculin sur le féminin, de cette société victorienne étriquée.
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Ce livre est un OVNI magnifiquement mis en page par les Éditions Rivage, alternant les différentes parties du texte, les illustrations issues de la plume de l'auteur, les reproductions de gravures d'époque qui évoquent les collages de Max Ernst (mais aussi ceux de Geluck dans sa célèbre série le Chat).
Amusant, intelligent, ce roman "gothique "présente une critique sans concession de la société victorienne et met en avant ses travers, imperméabilité entre les classes sociales, rejet impitoyable des pauvres et des exclus, mépris des femmes tenues sous là coupe de leurs pères ou maris et cantonnées à une quasi servilité de fait.
Plusieurs récits se succèdent pour présenter l'intrigue : d'abord celui de l'auteur qui annonce la découverte d'un livre unique relatant une fantastique histoire, le texte d'Archibald Mac Candless racontant l'extraordinaire expérience à laquelle s'est livrée son ami Godwin Baxter qui a réussi à rendre la vie à la splendide Bella, puis les aventures de cette dernière à travers le monde narrées avec un humour féroce qui fait la part belle à la critique sociale, et enfin la confession de Victoria qui paraît réintroduire la rationalité mais ne fait en fait que contribuer à égarer délicieusement le lecteur dans sa recherche de la vérité.
Bien sûr on ne peut qu'évoquer les sources célèbres telles le Frankenstein de Mary Shelley ou le Pygmalion de G.B Shaw mais le tour de force d'Alasdair Gray est d'avoir habilement mélange les genres et présente le portrait d'une femme d'exception l'une des premières à avoir exercé la médecine tout en forçant l'admiration par son absence de préjugés,son féminisme révolutionnaire et son profond désir de changer le monde pour le rendre meilleur.
Une belle découverte que cet auteur écossais plein d'humour et de talent.
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Pauvres Créatures d'Alasdair Gray
Editions Métailié Suites, 283 pages
- Ecosse -

Godwin Baxter est un petit génie de la science. Lorsque qu'une femme enceinte de huit mois se donne la mort par noyade, il décide de greffer le cerveau du foetus dans le corps de la jeune femme pour lui redonner la vie. le roman raconte la renaissance de cette femme à Glasgow et son ré-apprentissage de la vie dans la société victorienne.

Ce livre est absolument excellent! L'auteur a un univers totalement loufoque qu'il laisse s'épanouir à travers la littérature. Il a un regard très cynique sur la société écossaise et anglaise de l'époque et d'aujourd'hui, avec cet humour non pas seulement british, mais totalement écossais, plein de franchise et de dérision.
Il a une imagination débordante et son intrigue, bien que déjantée et complexe, ne laisse place à aucune omission, il pense au moindre détail.
Le récit est le manuscrit de Archie McCandless qui raconte l'histoire de Bella, que l'auteur, Alasdair Gray, aurait retrouvé et qu'il publie. Après le texte, il y a tout d'abord un démenti de Bella sur cette histoire, puis il y a toute une partie de repères historiques qui justifient et rendent l'histoire crédible de la part de l'auteur. Si bien qu'à la fin, je me suis surprise à penser : Ok, qui dois-je croire? Avant de réaliser que je ne devais croire personne, car ce livre n'est qu'un roman!
J'ai adoré le personnage de Bella, toute en fraîcheur et en naïveté, ainsi que sa vision simpliste du monde, sa façon de s'exprimer etc... J'ai aussi beaucoup aimé le personnage de Godwin, personnage, ou plutôt créature insondable, dès qu'on nous le décrit, on a l'impression de le voir se déformer et grandir devant nos yeux.
Ce livre m'a beaucoup fait penser à Frankenstein, et comme le dit à la fin Bella, ce n'est qu'une parodie cynique de la littérature et du monde victorien, mais une très habile parodie.

A noté que le roman est parsemé de dessins de l'auteur - L'illustration de la couverture est de l'auteur également.

Gros coup de coeur!

Cryssilda
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critiques presse (1)
LaTribuneDeGeneve
31 janvier 2024
Sous-titré « Épisodes de la jeunesse du docteur Archibald McCandless officier de santé publique écossais édité par Alasdair Gray », l’ouvrage émaillé par les illustrations de l’auteur (qui fut peintre avant d’embrasser la carrière littéraire) ravive la flamme noire du roman gothique à la
Frankenstein mais en y ajoutant de larges rasades comiques, politiques et féministes.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
"Pardonnez mon excitation, McCandless. Vous ne pouvez pas la partager parce que vous n'avez jamais été un parent, vous n'avez jamais créé quelque chose de nouveau et de splendide. C'est merveilleux pour un créateur de voir sa créature vivre, sentir et agir indépendamment. J'ai lu la Genèse il y a trois ans et je n'ai pas pu comprendre la colère du Créateur quand Adam et Eve ont voulu connaître le Bien et le Mal... et devenir semblables au Créateur. C'aurait dû au contraire être sa plus grande fierté.
- Ils lui avaient délibérément désobéi! répliquai-je en oubliant "De l'origine des espèces" et en reprenant la voix du "Petit catéchisme". Il leur avait donné la vie et la jouissance de tout sur la terre, tout sauf de deux arbres interdits. C'étaient des mystères sacrés dont les fruits étaient mauvais. C'est une avidité perverse qui les a poussés à y goûter.
Baxter secoua la tête et déclara:
"Seules les mauvaises religions sont basées sur des mystères, de même que les mauvais gouvernements dépendent de la police secrète. La vérité, la beauté et le bien ne sont pas des mystères, ce sont les faits les plus communs, les plus évidents et les plus essentiels de la vie, comme le soleil, l'air et le pain. Seules les personnes dont l'esprit a été brouillé par une éducation coûteuse pensent que la vérité, le bien et la beauté sont de précieuses propriétés privées. La nature est plus généreuse. L'univers ne nous refuse rien d'essentiel... Il ne fait qu'accorder, que donner. Dieu est la conscience de l'univers. Ceux qui disent que Dieu, ou l'univers, ou la nature, sont mystérieux sont comme ceux qui leur attribuent de la jalousie et de la colère. Ils révèlent l'état de leur propre esprit brouillé et solitaire.
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Le médecin qui a écrit ce récit de ses expériences de jeunesse est mort en 1911, et les lecteurs qui ne savent rien de l’audacieuse histoire expérimentale de la médecine écossaise le prendront peut-être pour une fiction grotesque. Ceux qui examineront les preuves données à la fin de cette introduction ne douteront pas que durant la dernière semaine du mois de février 1881, au 18 Park Circus, à Glasgow, un génie de la chirurgie a utilisé des restes humains pour créer une femme de vingt-cinq ans. L’historien régional Michael Donnelly n’est pas d’accord avec moi. C’est lui qui a récupéré le texte qui forme la plus grande partie de ce livre ; je dois donc dire comment il l’a trouvé.

(p. IX)
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L'anatomie pathologique est essentielle pour s'exercer et pour faire des recherches, mais elle conduit trop de médecins à estimer que la vie est une agitation de quelque chose de fondamentalement mort. Ils traitent leurs patients comme si les esprits, comme si les vies, ne comptaient pour rien. L'attitude doucereuse que nous [les médecins] adoptons au chevet des malades n'est guère plus qu'un piètre anesthésique pour les rendre aussi passifs que les cadavres sur lesquels nous nous entraînons.
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L'imagination, comme l'appendice, est héritée d'une époque primitive où elle aidait à la survie de notre espèce, mais, dans nos nations modernes, scientifiques et industrielles, c'est surtout une source de malaise.
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Si un travail prenant et rémunérateur, une amitié intéressante et peu exigeante, et une demeure confortable sont les meilleures bases du bonheur, alors les mois suivants furent sans doute les plus agréables que j’eusse connus.

(p. 70)
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