"Tous les corps abandonnés dans les charniers n'ont pas encore été exhumés. Parfois, on se met au travail et on en déterre quelques milliers. Dans un cercueil, on met les os de plusieurs personnes. Après, on essaye de faire pour le mieux, de mettre du côté des morts toutes les chances d'être enterrés dignement et de se reposer, enfin tranquille. On invite un curé, un pasteur, un imam, un ministre, un hôte étranger, tout ce qu'on peut... On dit des prières, on fait des discours... Mais, dans le fond, on n'est pas tout à fait sûr de tout bien faire comme il le faudrait. C'est que, pour un enterrement normal, on sait ce qu'il y a à faire. Mais pour un génocide..."
Avec des mots mêlés aux images, avec des portraits, des regards, des tranches de vie, des rappels historiques, un peu de fiction et beaucoup de faits réels,
Stassen nous livre un vrai reportage sur un pays blessé par les colonisateurs, responsables de tant de déchirures... dont le génocide n'est que la plus terrible.
Stassen témoigne, il gueule aussi - à sa façon, doucement - sur le rôle des Européens dans le drame du Rwanda, sur les touristes et leur arrogance. le livre finit sur le portrait de Maggy, qui recueille les bébés, orphelins à cause des massacres, de la misère, du Sida... et l'image de ces enfants est le coup de grâce pour le lecteur qui aurait réussi à contenir son émotion jusque là.
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