Histoire dessinée de la France, tome 3 : Pax Romana, d'Auguste à Attila

L'histoire passionne mais tout dépend comment elle nous est présentée, enseignée. Les historiens du XIXe siècle, voulant étoffer le roman national et n'ayant pas à leur disposition des sources fiables, ont bâti une histoire simpliste de ce qu'ils ont appelé la Gaule et les Gallo-romains, terme créé en 1830 !
Blaise Pichon, jeune historien et archéologue, s'efforce, dans Pax Romana, d'Auguste à Attila, troisième volume de l'Histoire dessinée de la France qui en comptera vingt, de démonter patiemment cette construction artificielle, déconnectée de la réalité. Les éditions La Découverte et La Revue dessinée ont uni leurs forces pour mener à bien cette oeuvre ambitieuse.
Bel album difficile à classer en BD, tant la cinquantaine de pages de texte est importante, Pax Romana !, que j'ai pu découvrir et apprécier grâce à Babelio, parle des Gaules et des Gaulois romanisés. Jeff Pourquié dessine et met en scène notre historien, Blaise, en pleine découverte des dieux gaulois et de la vie quotidienne de l'époque. C'est souvent déjanté, branché sur notre actualité, un brin déroutant mais toujours percutant.
Les responsables politiques de ce début du XXIe siècle feraient bien de lire cet album ! Cela leur éviterait de dire des énormités en parlant de « nos ancêtres les Gaulois »… Dieux gaulois conservés ou transformés, Épona (déesse des chevaux et des cavaliers) et Taranis – il deviendra Jupiter, tiens, tiens… - sont les compagnons d'aventure de Blaise avec une certaine Biblis, martyrisée à Lyon en 177 comme Blandine et quelques autres chrétiens.
Régulièrement, Les fiches d'Amphorix viennent préciser, recadrer, solidifier les connaissances et c'est bien fait, avec toujours de l'humour. Ici, pas de raccourci ultra-rapide entre Vercingétorix et Clovis : « Les trois premiers siècles de l'empire se caractérisent par des phénomènes historiques MAJEURS : intégration au vaste monde romain, en un processus assez rapide d'unification culturelle et économique. C'est une période de paix presque ininterrompue. »
Lyon, Lugdunum d'après le dieu gaulois Lug (Mercure pour les Romains) est la capitale des trois Gaules : la Lyonnaise, l'Aquitaine et la Belgique. Elles s'ajoutent à la Narbonnaise colonisée plus tôt et dont Vienne, fait partie.
Le long texte complétant la BD rappelle en détails tous les aspects de la vie en Gaule romaine sans oublier les cités, les thermes, le commerce, le vin, le blé, les transports, le christianisme et les troubles (Germains, Vandales, Alamans, Burgondes, Attila…) qui annoncent un nouveau monde et la fin de l'Antiquité.
Je regrette que les auteurs ne fassent pas du tout allusion à la magnifique série d'albums extrêmement bien documentée de Laurent Sieurac et Alain Genot : Arelate qui met en évidence l'importance du port d'Arles sur le Rhône et ses relations avec Lyon et Vienne.
Enfin, si je n'apprécie pas certains dessins de la partie BD, je souligne les quelques belles planches, pleine page, de Jeff Pourquié qui agrémentent cette lecture.

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Bon...alors autant avouer, je n'ai pas du tout accroché à la partie bande dessinée. Déjà, les dessins n'étaient pas vraiment à mon goût, et puis je ne me suis pas faite aux voyages dans le temps. Pris séparément, certains "épisodes" ne sont pas mal, comme celui sur Julien l'apostat par exemple. Pris seul, il se tient très bien, mais dans la totalité, la BD m'a perdu. Peut-être parce que c'est une partie de l'Histoire que je maîtrise mal ? J'ai trouvé cela confus. Et puis j'ai eu du mal avec les personnages, aussi bien les dieux que l'historien ou encore Biblis (dont je n'ai pas vraiment compris l'intérêt).
Les petits encarts d'Amphorix pour expliquer un point de détails me paraissent assez inégaux. En tout cas j'en ai trouvé certains très léger, d'autres un peu plus intéressants. Mais je ne dois pas avoir le même humour qu'une amphore...
En revanche, je suis convaincue par la partie documentaire en seconde partie de volume. J'ai aimé l'approche thématique de cette portion de l'Histoire. La mise en page est claire, ainsi que le texte qui se lit très facilement. le chapitre sur le parti pris des historiens est particulièrement intéressant, du moins pour moi.
Un livre qui m'a conquise pour sa seconde partie, mais qui est, en ce qui me concerne, en dessous des 2 précédents volumes de la série que j'avais lu précédemment.

[Ouvrage lu dans le cadre de la masse critique Graphique. Merci aux éditions La Découverte pour l'envoi de cette BD]
3e tome du projet d'histoire dessinée de la France, "Pax Romana, d'Auguste à Attila" est beaucoup plus réussi à mes yeux que le tome précédent. Toujours aussi riche en informations et en prolongement dans les annexes, ce tome réussit à nous proposer aussi une bande dessinée avec une identité propre. J'étais un peu sceptique au départ. le dessin ne m'attirant pas particulièrement, j'avais peur de ne pas vraiment rentrer dans la BD. Pourtant, l'histoire m'a embarqué. le mélange entre fiction et réalité, le postulat de la rencontre entre l'historien (réel, celui qui est l'auteur de cette BD) et les dieux gaulois en quête de revanche sur l'histoire m'ont plutôt plu, avec un petit côté déjanté très sympathique. J'ai suivi avec plaisir les voyages/aventures temporel(le)s de l'historien tout le long de la période historique traitée ici, ainsi que le ton humoristique de certaines de ses explications. Mine de rien, proposer une vraie aventure plutôt qu'une déambulation comme dans le tome précédent, permet de bien fluidifier l'apport de connaissances historiques. Sur le fond, j'ai aussi apprécié l'apport d'informations historiographiques qui donnent à voir la manière dont la science historique s'est construite sur le sujet, avec notamment tous les questions idéologiques/politiques qui ont eu une influence. Seul bémol : les fiches d'Amphorix qui émaillent le récit. Si les sujets qui y sont abordés de manière un peu ludique sont intéressants et constituent des prolongement au récit principal, ces fiches ont surtout tendance à couper la dynamique de l'histoire principale. J'avais souvent envie de les passer pour y revenir plus tard. Dans tout les cas, c'est un tome qui correspond bien à ce que j'attends pour cette série : concilier histoire et BD sans sacrifier l'un à l'autre.

En ouvrant ce troisième volume de l'"Histoire dessinée de la France", sous-titré "D'Auguste à Attila", on a le choix entre trois manières de s'instruire sur les cinq siècles qu'il embrasse : le récit dessiné, les "Fiches d'Amphorix", dessinées elles aussi, qui synthétisent à l'intention des élèves en la matière que nous sommes pour la plupart les connaissances actuelles sur le monde gallo-romain (Les dieux gaulois, Les Gaules romaines, Oppida et villes, Les impôts, etc.) et enfin la monographie savante qui creuse un peu le sujet. Les trois lectures ne s'excluent pas mutuellement, ça va de soi, mais je confesse ma préférence pour la BD qui nous transporte comme dans un rêve d'historien d'un lieu et d'une époque, antique ou non, à d'autres, enjambant siècles et milles romains (ou lieues gauloises). le début et la fin de cette BD se répondent : dans un troquet au nom significatif (le Pet au casque ou À la Gauloise blonde), la télé diffuse des extraits d'un discours, en septembre 2016, d'un ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, où il évoque les ancêtres gaulois des Français nouvellement naturalisés, ou la réponse à une question d'un journaliste, six mois plus tard, d'un futur chef de l'État, Emmanuel Macron, annonçant qu'il sera, en cas d'élection, un président jupitérien. Entre ces deux haltes bistrotières, profitant des téléportations de Blaise (l'auteur !), nous faisons connaissance avec une pléiade de personnages en rapport avec la période : Lug, Taranis et la jolie (et jalouse...) Épona, dieux et déesse gaulois, Blandine et Biblis, martyres chrétiennes, Edward Gibbon et Camille Jullian, historiens auteurs d'ouvrages monumentaux sur l'empire romain et les Gaulois, Florus, Sacrovir, Mariccus, meneurs de révoltes contre l'occupant romain, Trapus, riche producteur de vin gallo-romain, évergète à ses heures...

Troisième volume d'une série prévue sur 20 volumes pour raconter l'histoire de France à partir des dernières théories et découvertes historiques et surtout en prenant le principe de déconstruire le roman national, créé de toute pièces à la fin du XIX° siècle et sur lequel des politiques nostalgiques cherchent à justifier leur idéologie.
Album très intéressant, qui nous fait découvrir une période très peu connue de l'histoire de France recouverte d'une mythologie sur la résistance des différents peuples habitants la Gaulle face à l'occupation romaine. Cet ouvrage à un immense intérêt dans la mesure où il raconte cette période au vu des informations recueillies depuis quelques dizaines d'année, essentiellement des découvertes archéologiques, permettant de comprendre comment la vie s'est organisée, comment la "romanisation" par l'organisation des citées, des économies, des cultes religieux a petit à petit transformé les peuples Gaulois avec leurs assentiments.
Une limite à l'album, le graphisme qui ne m'a pas du tout emballé par un manque de qualité et d'intérêt. Comme bien souvent malheureusement dans ce genre de la bande dessine, le volet graphique de cet album a été, de mon point de vue, négligé et aurait mérité plus d'attention.