Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les éditions Buchet Chastel pour l'envoi de ce livre.
Ce livre m'a fait de l'oeil avec son thème peu courant et ses rapprochements pour le moins atypiques entre chamanisme et taxidermie.
Le narrateur journaliste, ami de jeunesse de Lucas, aujourd'hui âgé d'une soixantaine d'années, nous raconte son histoire. Un garçon pour le moins taciturne qui, au contact d'un oiseau s'éveille à la parole des hommes, apprend à "redonner vie" et cherche dans l'art le secret du lien entre vie et mort. Peintre, sculpteur, créateur, c'est dans un monde d'eau vive et stagnante qu'il s'exerce et développe toute sa puissance inspiratrice.
Le style est poétique, les paysages comme les instants de vie sont décrits avec la minutie du peintre au travail par petites touches. On découvre au fil de ses expériences, Lucas, qui nous enseigne bien des choses sur la nature et les trésors qu'elle recèle au service de l'art. Un récit d'amitié et d'animalité, tantôt savant tantôt sensible où l'on touche du doigt l'immortalité par le rêve et l'imagination.
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Un tout grand merci à Babelio et aux éditions Buchet Chastel de m'avoir fait découvrir ce splendide roman.
La mort berce toute notre vie. Moment clé de notre vie auquel nous ne voulons pas penser mais qui nous obsède malgré tout.
Lucas est mort...Alors que le narrateur avait lâché la plume, il se voit aujourd'hui la reprendre pour parler de cet ami peintre, obsédé par l'après mort. Nous repartons dans les souvenirs du narrateur pour découvrir Lucas. Il faut dire que Lucas n'a pas ménagé sa peine pour découvrir les moindre secrets de la vie et c'est particulièrement dans la peinture qu'il montrera à plusieurs reprises à son ami que la vie existe bel et bien après la mort.
La nature est le fil rouge de ce roman. le narrateur nous plonge en elle, nous lie à elle...
Je respire à chaque page ne sachant plus toujours si je lis un roman sur la vie de quelqu'un ou si je lis un roman fantastique. Car Lucas a collecté tout au long de sa vie de multiples choses pour confirmer qu'une vie était bien présente après la mort, des objets qui sont maintenant sous la garde de son ami. Objets troublants, fascinants, une maison, une vie de travail que la narrateur essaie de dépatouiller, de comprendre et surtout d'écouter. Car la vie de Lucas parle à travers tous ces éléments, les réponses sont présentes et le narrateur doit par des chemins sinueux les entendre.
Je suis transportée par l'écriture, le jeu de piste qui se cache dans ce livre, l'envie aussi d'entendre ces réponses.
A lire
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Le narrateur est en deuil d'un de ses amis rencontré au lycée. Il se souvient de Lucas, de sa passion pour la taxidermie, mais surtout de son questionnement de ce que l'on devient après la mort. En récupérant les animaux empaillés de son ami, en se souvenant de leurs échanges, il s'interroge à son tour sur le sujet. Il est difficile de résumer ce livre, car il n'y a pas vraiment d'histoire. Il y a une question centrale, et elle prend beaucoup de place. C'est par petites touches, anecdotes, références culturelles, souvenirs, que le lecteur est amené à y réfléchir. Malgré ma difficulté à le résumer, j'ai bien aimé ce livre. Déjà parce que l'auteur a une très jolie plume, et qu'il sait apporter de l'humour sur un sujet qui amène à réflexion. Ensuite, parce qu'il est facile de se laisser porter par l'histoire. Pendant deux cent pages, le thème ne varie pas, il n'y a pas de disgression. C'est un moment de vie, une conversation de quelques heures où le narrateur aurait pu être un ami me racontant la perte d'un proche, les souvenirs qui y sont liés et les questions qu'elle entraine. Merci à Babelio pour cette Masse Critique et à Buchet Chastel qui ne me déçoit jamais dans le choix de ses auteurs.
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[...]l'amanite muscarine est connue, non seulement pour faire passer les mouches de vie à trépas, [...]mais encore comme un puissant hallucinogène. Ses effets psychotropes - je ne conseille pas à un éventuel lecteur que ce livre n'aurait pas encore assoupi de le vérifier - seraient très prisés chez les Mayas et les Indiens Ojibwas [...] à l'occasion de leurs cérémonies rituelles.
A l'heure du village planétaire, l'usage de la tue-mouche n'est plus réservé aux rituels chamaniques. Loin des nomades de Sibérie conduisant leurs troupeaux de rennes, lesquels, eux aussi, en sont friands, des lapons du Grand Nord et des Mayas du Guatemala, toujours désireux de communiquer avec les esprits et d'invoquer leur protection, le tue-mouche, en décoction dans de la vodka, anime les soirées récréatives d'une jeune Europe en mal de rêves.
J'avais quelques mois plus tôt, refermé l'encrier. Contre bons soins j'avais confié à la Cité de l'Esprit et des Métiers du Livre de Montmorillon mon fidèle "chameau", ce double pupitre en bois ciré sur lequel, pendant plus de quarante ans, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, j'avais jour après jour poussé la plume...(p. 17)
"Ca y est ! Votre photo, je l'ai retrouvée, [...] édition du 8 octobre 1983 - avant d'ajouter avec un grand sourire : Cela ne date pas d'aujourd'hui..."
J'ai remercié Quentin doublement. D'avoir remis la main sur la pochette de contacts disparue au fond d'un carton et de me rappeler implicitement que j'étais devenu d'un vieux journaliste.
Peau-en-poil, le travail de rivière..., m'avait-il répété. Noyer la peau puis la tirer à soi comme on le ferait avec une nasse dans l'espoir de retenir entre les mailles, entre les poils, le souffle insaisissable de la vie.
Et après avoir tant et tant cheminé sous les ardeurs de l'astre solaire, François ne souffrait-il pas d'une terrible pépie ? Une pépie l'invitant au pépiement ?