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EAN : 9782842631758
188 pages
Le Dilettante (06/04/2009)
4.5/5   5 notes
Résumé :

-Quoi ? Comment ? Des pèlerinages ? Comme chez les cathos ? Du calme ! Ce sont ici des pèlerinages laïcs, fût-ce à la Chapelle de Ronchamp, où on va non parce qu'elle est chapelle mais parce qu'elle est de Le Corbusier. Relèvent de la même veine, celle des pèlerinages- hommages, les pages sur Paris et sur la tombe de Calaferte.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Commandé à la Librairie Caractères/ Corentin Celton- Issy- 21 décembre 2020- Relecture le 28 mars 2024

**Toujours la même jubilation à relire les carnets d' un très proche" parent d'adoption" de Paul Léautaud !...

En me plongeant dans les grands rangements de printemps, je me rends compte tardivement que j'ai omis de "poster" une chronique sur ces Carnets d'un écrivain dont j'aime beaucoup l'esprit, la causticité, la verve,et toujours Et encore son amour immodéré pour la Littérature, qu'il nous fait partager , avec jubilation...

Il nous redit son enthousiasme pour Léautaud, Barrès,....mais aussi et surtout son admiration sans faille pour l'écrivain rebelle , qui lui a ouvert vraiment la voie et inspiré.Des passages particulièrement émouvants sur "son idole", Louis Calaferte ..

" le Chemin de Sion" , premier volume de ses " Carnets", si j'ai pu écrire qu'il m'avait sauvé, c'est en ceci: n'arrivant à rien de valable dans mes écrits romancés alors que les années quatre-vingt étaient déjà là, et ma trentaine idem, sinon indemne, j'ai reçu ce livre comme une révélation, j'avais devant les yeux la preuve qu'il était possible, à condition que le talent suive, de composer quelque chose de costaud avec des fragments, avec des notes à partir de pensées, de lectures, d'humeurs et, d'une façon générale, à partir de ces sensations dont nous récompensent ou nous accablent la vie et le monde, bref, Calaferte m'a émancipé, m'a ouvert l'horizon, ce fût comme une bénédiction, et son livre, une sorte de viatique vers le pays d'où on ne tient pas à revenir, vers cette littérature qui démode la vie.C'est pourquoi je suis ici.

Chose originale, il n' y a pas de date sur la tombe.J'imagine très bien Calaferte avoir décidé cela dans un éclat ou de rire ou de voix:
- On s'en fout des dates ! "

Sinon, comme chaque fois, ses coups de gueule, ses mouvements d'humeur ou de joie; là, sa colère la plus véhémente est dirigée plus particulièrement contre la guerre, et nommément contre la Grande Guerre, cette horreur absolue, et ses Monuments aux Morts qui le font sortir de ses gongs...

On relit les échos d'une époque révolue, d'une actualité perçue à l'aune de l'esprit alerte et critique de notre " montagneux- écrivain ", ....

Je me permets d'ajouter une de ses longues envolées touchant un auteur qu'il affectionne et que l'on ne lit plus guère : Maurice Barrès...

"Nous ne sommes plus à l'époque où Barrès menait croisade pour la sauvegarde des églises de France, en passe d'être châteaux de cartes.Elles étaient en souffrance- d'être inscrites au patrimoine national.Ce fut à ce titre-là, tout de respect pour les monuments qui identifient
l' Histoire, et non en rabatteur de la foi, que Barrès donna de la voix.Il ne pouvait pas ne pas y toucher sa touche, d'ordre sentimental et poétique, envers la plus noble des occupations humaines, la méditation ; et la moindre église de village remplit cet office, en plus de l'autre.Illustrons.Face à ce qu'il y a " d'incompréhensible et d'implacable dans la destinée humaine", selon ses mots, Barrès s'incline, et s'il veut sauver les églises, c'est pour "laisser aux facultés émotives le temple silencieux où elles s'apaisent depuis des siècles ".C'est du Bach."

Comme on pourra le constater très vite, les pèlerinages d'André Blanchard, n'ont rien de "catho"..ni de religieux...ces pèlerinages sont joyeusement, férocement des évocations, ainsi que des exercices de mémoire" laics" et " mécréants " à souhait !!!






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Lieux dits.
Revenir à André Blanchard au gré de Pèlerinages laïcs, c'est remonter à la source de ses propres souvenirs car ce que l'auteur approche de manière stylée et personnelle nous touche à bien des égards, du parcours en deuche aux rêveries bucoliques, de l'errance professionnelle au goût des mots. Tout un itinéraire se dessine à la pointe fine avec une langue bien tournée, chantournée même, la métaphore en embuscade, prompte à jaillir avec légèreté, l'humour et l'ironie en cartouchières croisées. L'auteur est un traqueur patraque. le passé n'a pas d'épaisseur et les souvenirs ont perdu leurs points d'ancrage. Où est passé le camelot hâbleur des foires séculaires ? Qui se souvient du groupe Ange des années 70, « des troubadours, un peu allumés, des souffleurs de vers », « délocalisant la bohème en rase campagne », sorte d'« underground du terroir » ? Qui oserait placer Pierre Desproges entre Proust et Balzac dans ses préférences lors d'un pèlerinage au Père-Lachaise ? André Blanchard en parle avec justesse et avance avec lucidité : « Un tel artiste en enterre toujours d'autres, même à venir ». le lecteur que je suis se laisse porter une nouvelle fois par une écriture vive, enjouée et maîtrisée, hors des modes et du temps mais parfaitement chevillée à son époque.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Est-ce déjà du pèlerinage, de nous rendre chaque jour là où nous reprenons le collier, fût-il bijou?
- Oui, dirait le prêtre , que tous les matins ramènent devant l'autel.
L'écrivain se verrait bien pareil, la chasuble en moins.
Mais avec du gratiné en plus: ne rejoint- il pas sa table, tantôt tel un dératé , des mots à gogo lui filant le train, tantôt tel un touriste, pas mécontent de lambiner n'était l'impression que c'est son avenir, toujours sur le tapis jamais dessus, qui lui botte les fesses ?
Une fois assis, ça va mieux.Les rites prennent le relais, et la maniaquerie aussi.
Le papier, et pas n'importe lequel, là, comme ceci; les crayons, et d'une seule façon, là, comme cela, et tout à l'avenant, chaque chose à sa place, jusqu'au chat, dernière touche au tableau, pile en bout de plume, où il peut s'adonner à son caprice, sniffer l'encre.
Il y a dopé et dopant.
- Un petit coup?
- C'est pas de refus.
(..)
Crâner lui plaît, le conforte autant que les rites dont il use à la fois comme garde-à-vous : que tout soit nickel pour accueillir la phrase et comme garde-fou: éviter tout embardée vers n'importe quel passe- temps , plus affriolant (....)
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Nous ne sommes plus à l'époque où Barrès menait croisade pour la sauvegarde des églises de France, en passe d'être châteaux de cartes.Elles étaient en souffrance- d'être inscrites au patrimoine national.Ce fut à ce titre-là, tout de respect pour les monuments qui identifient
l' Histoire, et non en rabatteur de la foi, que Barrès donna de la voix.Il ne pouvait pas ne pas y toucher sa touche, d'ordre sentimental et poétique, envers la plus noble des occupations humaines, la méditation ; et la moindre église de village remplit cet office, en plus de l'autre.Illustrons.Face à ce qu'il y a " d'incompréhensible et d'implacable dans la destinée humaine", selon ses mots, Barrès s'incline, et s'il veut sauver les églises, c'est pour "laisser aux facultés émotives le temple silencieux où elles s'apaisent depuis des siècles ".C'est du Bach.

( p.18)
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Ce Calaferte à part, et anar, toujours à cran, indigné et les pensées sans cesse en ordre de bataille, c'est l'image qui se présente en premier dans le souvenir. La violence dont il hérita, on sait son origine, ce fût celle de l'adolescent, prolo à quinze ans et qui, seul, désemparé, s'est vu perdu, ce que nous traduirions par: exclu des Béatitudes, excepté la pauvreté, à qui il fut abonné " ad vitam" ou presque, chose qu'il accueillit en répondant " chiche" !, dirait-on, tant il la pratiqua pour ce qu'elle fut à l'origine, une vertu évangéliques, dont vingt siècles de christianisme ont brouillé l'authenticité, laissant tout loisir à la société de la disqualifier, d'en faire une tare.Les livres d'abord lus, et de tout et en pagaille, puis écrits , l'auront exempté d'être à la solde des plus bas instincts.Résumons: la dévastation de soi par le sort qui vous est échu, c'est cela qui vous ferme les poings; d'où la question : comment toujours cogner sans se salir? Par le verbe.Que celui-ci transfigure la violence, et voilà Calaferte sauf.Et si, en son for intérieur, sa vie durant, ça bout, c'est tout bon, pour nous.Là, devant sa tombe, me revient en mémoire une de ces confidences, encore que, livrée dans une interview et en tapant sur la table, ce soit plutôt une proclamation, une protestation, un manifeste:" Je resterai en colère jusqu'à ma mort.On peut me couper en rondelles, chaque rondelle sera en colère. "

( p.162)
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(***à propos de Calaferte)

" Le Chemin de Sion" , premier volume de ses " Carnets", si j'ai pu écrire qu'il m'avait sauvé, c'est en ceci: n'arrivant à rien de valable dans mes écrits romancés alors que les années quatre-vingt étaient déjà là, et ma trentaine idem, sinon indemne, j'ai reçu ce livre comme une révélation, j'avais devant les yeux la preuve qu'il était possible, à condition que le talent suive, de composer quelque chose de costaud avec des fragments, avec des notes à partir de pensées, de lectures, d'humeurs et, d'une façon générale, à partir de ces sensations dont nous récompensent ou nous accablent la vie et le monde, bref, Calaferte m'a émancipé, m'a ouvert l'horizon, ce fût comme une bénédiction, et son livre, une sorte de viatique vers le pays d'où on ne tient pas à revenir, vers cette littérature qui démode la vie.C'est pourquoi je suis ici.

Chose originale, il n' y a pas de date sur la tombe.J'imagine très bien Calaferte avoir décidé cela dans un éclat ou de rire ou de voix:
- On s'en fout des dates !


(p.160)
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Même les 11 novembre ne nécessitent pas de toilette, il est comme au premier jour, comme de première jeunesse, lui qui l'aura remplacée. (...)
Ceux tombés au champ d'honneur sont là sans y être, on s'est passé de cercueils, d'obsèques, et de réexpédition vers le village natal.
C'est un tombeau par procuration, juste des portraits en médaillon et une liste de noms en lettres jaunes.La folie a ici son livre d'or.

( p.35)
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