Commandé à la Librairie Caractères/ Corentin Celton- Issy- 21 décembre 2020- Relecture le 28 mars 2024
**Toujours la même jubilation à relire les carnets d' un très proche" parent d'adoption" de
Paul Léautaud !...
En me plongeant dans les grands rangements de printemps, je me rends compte tardivement que j'ai omis de "poster" une chronique sur ces Carnets d'un écrivain dont j'aime beaucoup l'esprit, la causticité, la verve,et toujours Et encore son amour immodéré pour la Littérature, qu'il nous fait partager , avec jubilation...
Il nous redit son enthousiasme pour
Léautaud, Barrès,....mais aussi et surtout son admiration sans faille pour l'écrivain rebelle , qui lui a ouvert vraiment la voie et inspiré.Des passages particulièrement émouvants sur "son idole",
Louis Calaferte ..
" le Chemin de Sion" , premier volume de ses " Carnets", si j'ai pu écrire qu'il m'avait sauvé, c'est en ceci: n'arrivant à rien de valable dans mes écrits romancés alors que les années quatre-vingt étaient déjà là, et ma trentaine idem, sinon indemne, j'ai reçu ce livre comme une révélation, j'avais devant les yeux la preuve qu'il était possible, à condition que le talent suive, de composer quelque chose de costaud avec des fragments, avec des notes à partir de pensées, de lectures, d'humeurs et, d'une façon générale, à partir de ces sensations dont nous récompensent ou nous accablent la vie et le monde, bref,
Calaferte m'a émancipé, m'a ouvert l'horizon, ce fût comme une bénédiction, et son livre, une sorte de viatique vers le pays d'où on ne tient pas à revenir, vers cette littérature qui démode la vie.C'est pourquoi je suis ici.
Chose originale, il n' y a pas de date sur la tombe.J'imagine très bien
Calaferte avoir décidé cela dans un éclat ou de rire ou de voix:
- On s'en fout des dates ! "
Sinon, comme chaque fois, ses coups de gueule, ses mouvements d'humeur ou de joie; là, sa colère la plus véhémente est dirigée plus particulièrement contre la guerre, et nommément contre la Grande Guerre, cette horreur absolue, et ses Monuments aux Morts qui le font sortir de ses gongs...
On relit les échos d'une époque révolue, d'une actualité perçue à l'aune de l'esprit alerte et critique de notre " montagneux- écrivain ", ....
Je me permets d'ajouter une de ses longues envolées touchant un auteur qu'il affectionne et que l'on ne lit plus guère :
Maurice Barrès...
"Nous ne sommes plus à l'époque où Barrès menait croisade pour la sauvegarde des églises de France, en passe d'être châteaux de cartes.Elles étaient en souffrance- d'être inscrites au patrimoine national.Ce fut à ce titre-là, tout de respect pour les monuments qui identifient
l' Histoire, et non en rabatteur de la foi, que Barrès donna de la voix.Il ne pouvait pas ne pas y toucher sa touche, d'ordre sentimental et poétique, envers la plus noble des occupations humaines, la méditation ; et la moindre église de village remplit cet office, en plus de l'autre.Illustrons.Face à ce qu'il y a " d'incompréhensible et d'implacable dans la destinée humaine", selon ses mots, Barrès s'incline, et s'il veut sauver les églises, c'est pour "laisser aux facultés émotives le temple silencieux où elles s'apaisent depuis des siècles ".C'est du Bach."
Comme on pourra le constater très vite, les
pèlerinages d'André Blanchard, n'ont rien de "catho"..ni de religieux...ces
pèlerinages sont joyeusement, férocement des évocations, ainsi que des exercices de mémoire" laics" et " mécréants " à souhait !!!