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EAN : 9782849905920
188 pages
Editions des Equateurs (15/11/2018)
3.72/5   32 notes
Résumé :
Assiste-t-on réellement à des discussions ouvertes, sereines et raisonnables sur la P.M.A., l'euthanasie, la G.P.A. ou encore l'assistance sexuelle pour les personnes handicapées ? Les débats de société sur les questions d'éthique se nourrissent bien trop souvent de bruit et de fureur. Croyances, peurs et préjugés prennent, hélas, le pas sur la réflexion. L'ambition de cet ouvrage est de ramener les échanges du terrain de la passion à celui de la raison. Mais si les... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Rappelez vous ces livres que lisaient vos (mes) enfants, ces livres dont ils étaient les héros : « Si vous choisissez la voie de droite, allez page 16. Et si vous choisissez la voie de gauche, allez page 102. »
Reprenant ce processus ludique, dans « Pensez vous vraiment ce que vous croyez penser », Marianne Chaillan professeur de philosophie , qui avait écrit un merveilleux livre : La playlist des philosophes, nous convie à cette expérience : clarifier nos pensées, nous débarrasser de nos préjugés, être en accord avec nous mêmes. Super, Non ? Pour cela, elle a recours à des exemples concrets.

Prostituer sa soeur ou se prostituer soi même par choix, sont-ce des actions moralement équivalentes ? Si l'on dit non, on est minimaliste: il est immoral de prostituer sa soeur surtout sans son consentement, mais l'on peut faire ce qui nous plait de notre corps et ce n'est pas immoral. Si l'on dit oui, les deux actions sont immorales, on est du coté de Kant : il existe un impératif catégorique qui empêche de nous dévaluer, même par plaisir.
Que dit Kant ?
Dans la Critique de la raison pratique, Kant admire deux choses : le ciel étoilé au dessus de nous, et la loi morale en nous. Nous sommes petits à l'intérieur de l'univers, émerveillés par la beauté absolue d'un ciel étoilé, et grands quand nous suivons la moralité que tous les hommes possèdent en s'indépendant de l'animalité. Tous les hommes savent qu'il ne faut pas tuer, même si parmi eux il y a des tueurs. Tuer ne peut être considéré comme un but, ni comme un souhait ou comme une revendication morale.
Qu'est ce qu'être moral ?
D'abord, écartons la fausse morale, ou impératif hypothétique : Faire un acte qui paraît bon, dans un but intéressé, ou pour se faire valoir, se faire remercier, etc, etc.(exemple que je me permets d'évoquer : les cafés « suspendus », anonymes et généreux seraient considérés comme moraux par Kant)
le vrai acte moral, pour Kant, c'est ce qui peut s'universaliser, devenir une loi universelle, qui peut s'appliquer universellement, et qui n'instrumentalise pas autrui.

Se basant sur le livre de Thomas de Quincey, « les derniers jours de la vie d'Emmanuel Kant » élogieux récit de la vie réglée du philosophe, elle conclut : « un drôle de personnage indubitablement » . Or ce qui est indubitable, c'est son parti pris contre la morale kantienne.

Pour cela, malheureusement, Marianne Chaillan prend de mauvais exemples : manger une saine salade ou un panini bien gras ? Faire passer son plaisir avant sa santé ?
Vous avez compris, selon elle, Kant bannirait le panini. Devant le choix réviser son bac ou prendre un bon gouter, ou, pour Mozart par exemple, devenir un génie… ou regarder Gulli, Kant choisirait moralement le bac et la musique.
Sauf que personne ne passe sa vie à regarder Gulli, ni à prendre un gouter, aussi ces « ou bien… ou bien » de MC ne sont pas très éclairantes pour se choisir une famille philosophique.
Ses questions sont elles mêmes partisanes, ( pardon, Marianne), car emportée par son amour pour Ruwen Ogien( par ailleurs lui aussi un grand penseur) et donc son rejet de Kant, elle pose dès le début un faux problème. : déduire en prenant des exemples déjà utilisés dans la « playlist des philosophes », et tout droit sortis de Ruwen Ogien, que la morale est plus complexe qu'il n'y paraît.

De là, elle en conclut que nous devrions, si nous sommes kantiens, pour être congruents avec nous même, nous prononcer contre la masturbation, parce que ce serait choisir le plaisir contre le devoir ( sauf que personne, pas même Kant ne passe sa vie à se masturber et en arrête de travailler) le suicide, la PMA, la GPA, l'euthanasie, l'avortement….. mais rien ne dit que Kant, s'il avait été mis devant ces nouveaux cas moraux, toutes conditions égales par ailleurs, aurait été aussi rétrograde.
D'ailleurs, par un retournement inespéré, elle cite dans sa dernière page les « Leçons d'éthique » , où Kant précise que « chacun peut faire ce qu'il veut avec son corps, cela n'étant l'affaire de personne ». Kant porterait seulement un jugement moral contre la prostitution par exemple, la PMA, l'euthanasie, le suicide, etc, mais ne serait pas d'accord avec leur interdiction juridique.
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Aldous Huxley a écrit quelque part que la philosophie était l'art de trouver de mauvaises raisons à ce que l'on croit en vertu d'autres mauvaises raisons.
On pourrait ajouter :et de s'en servir pour influencer autrui.
Ce livre est un plaidoyer en faveur de l'idéologie libertarienne dont la forme ludique ne doit pas dissimuler la malhonnêteté foncière.
L'auteur enferme le lecteur dans un labyrinthe de pseudo-"expériences de pensée" en réalité totalement irréalistes et correspondant à des situations qui ne se rencontreront jamais pour le conduire là où il le veut en feignant de lui offrir un choix entre les théories inacceptables de Kant, Bentham ou Stuart Mill pour le contraindre à accepter celles tout à fait aussi odieuses de Rutgers Owens.
Pourquoi devoir accepter des interprétations univoques ? La tolérance n'exclut pas l'acceptation d'un état prescripteur d'un ordre social nécessaire. D'ailleurs Hobbes, Volume, Montesquieu,et d'autres,sont systématiquement oublies.
En bons libertariens Anglo-saxons, Bentham et Mill ne font pas de place à l'état, dont le rôle est de protéger le citoyen, y compris de lui- même, établissant ainsi un devoir qui n'a pas besoin des contorsions intellectuelles de Kant. Au vrai, sans cette garantie, les libertés ne sont jamais que des libertés formelles.
J'ai parfaitement le droit d'être partisan de l'IVG, d'accepter le fait accompli en ce qui concerne le mariage pour tous, et de considérer que la GPA, le sado-masochiste et la prostitution sont des atteintes inadmissibles à la dignité humaine, même librement consentis (pour autant que ce libre consentement puisse ne pas être contraint de quelque manière ( pressions économiques, psychologiques, physiques), ce dont
je doute.
Au sujet de la prostitution dite volontaire : au cours des années 70, il y eut un mouvement revendicatif de prostituées pour réclamer le "droit"à la prostitution. Quelques années plus tard, l'une de leurs leaders de l'époque, ayant pu échapper à sa condition et ravie de l'être, fut interviewée. Elle déclara en substance :"quand je pense que vous nous avez crues !". Il y a des philosophes qui y croient encore...
NB. Sur une question de fait : l'auteur écrit que l'avortement était puni de mort pour l'avorteuse et l'avortee jusqu'à la loi Veil. C'est faux. L'avorteuse encourait une peine maximum de cinq ans de prison, rarement prononcée et l'avortee une peine maximum d'un an, Dieu merci presque jamais prononcée. La peine de mort a été prévue par une loi du régime de Vichy pour l'avorteuse uniquement, dans des conditions exceptionnelles. Cette loi n'a été appliquée qu'une fois (cf le film de Chabrol"une affaire de femmes") et abrogée à la Libération. Comme quoi l'auteur n'est pas à l'aise sur les questions pratiques, d'ordre historique, juridique ou sociologique.
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5 étoiles bien sûr
Avec ce nouvel essai, Marianne Chaillan poursuit sa mission de salut public, qui est de mettre les grands thèmes de la philosophie à la portée de tous en suscitant un questionnement critique bien salutaire dans une époque où la pensée dominante et le politiquement correct jouent le rôle d'un rouleau compresseur pour tenter de faire taire les esprits libres soucieux de faire entendre une voix différente.
Quel meilleur service rendre aux individus déboussolés que nous sommes, égarés dans un monde dangereux et cruel, dépourvu des béquilles structurantes des religions et des idéologies, que de rappeler l'importance de la philosophie dans la vie quotidienne et son intemporelle actualité ?
Utilisant les outils de la culture mainstream pour susciter l'intérêt des jeunes (et aussi de tous les autres...) Marianne Chaillan parvient à exposer simplement les grands concepts de la philosophie, ceux qui tentent d'apporter une réponse aux questionnements universels des hommes.
Centré sur l'éthique, cette partie de la philosophie qui traite de la morale, elle donne les outils permettant à chaque lecteur de se faire sa propre opinion sur les choix de bioéthique qui vont être décidés à l'occasion de la révision de la loi en 2018. Résumant simplement les fondamentaux de la discipline à travers l'examen de la morale déontologique ou conséquentialiste, elle illustre son propos par des exemples célèbres tels le dilemne du tramway (mis en scène avec humour dans la série TV "the good place".)
Elle présente aussi un grand penseur contemporain Ruwen Ogien partisan d'une morale minimaliste avec lequel, je dois l'avouer, je me sens particulièrement en phase, et c'est un plaisir de découvrir sous sa plume, un résumé clair et précis de la pensée de ce philosophe contemporain récemment décédé.
Utilisant le code ludique de "ce livre dont vous êtes le héros" , l'auteur met à profit son expérience d'enseignante pour mettre à la portée de tous les concepts les plus arides, tels le fameux impératif catégorique de Kant.
Comme tous les autres essais de cette auteur, ce livre est à la fois simple et érudit, concis et complet et il donne envie d'approfondir les thèmes évoqués.
Bref un délice !
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Ce livre lu en une journée est intéressant et accessible pour qui, comme moi, n'a pas les bases philosophiques scolaires. J'ai appris qui était Kant, puis découvert Bentham, Mill et Ruwen Ogien.
L'objectif qui est d'aiguiser l'esprit critique est atteint. Mais j'ai touvé le parcours un peu trop balisé, l'auteure un peu trop subjective.
Le lecteur doit faire face à des situations absurdes et improbables, ceci justement pour l'obliger à faire des choix clairs et se positionner par rapport à une théorie phIlosophique. Pas question de faire l'anguille et c'est très bien ainsi !
Mais mettre les gens dans des cases est forcément un peu simpliste. Et après tout, tant pis si je ne suis pas cohérent par rapport aux normes établies, tant que je respecte ma propre éthique, mais j'assume très bien une morale « à la carte ». Il y a toujours à prendre et à laisser dans les livres. Ca s'appelle le discernement. Ca s'appelle la liberté, aussi. Et ça ne m'empêchera pas de dormir. Je ne me sens en tout cas pas plus en contradiction avec moi-même que Kant avec lui-même, ni aussi barré qu'Ogien (tel qu'il est décrit dans ce livre). On le voit très bien, la parfaite cohérence peut mener à l'extrême.

D'autre part, on peut reprocher des démonstrations parfois tirées par les cheveux. Notamment une portant sur la sexualité (page 69), une uniquement basée sur une fiction (donc sans valeur pour moi) et une autre à propos du suicide.
Les allusions à des séries télévisées sont assez nombreuses et raviront donc les amateurs du genre. Tant pis pour les autres ;)

En tout cas, ça m'a vraiment donné envie d'approfondir le sujet.
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Truffé de référence à des séries en vogue aujourd'hui comme Game of Thrones, ce livre nous invite à tester nos croyances en matière d'ethique. Avec des exemples concrets, Marianne Chaillan, nous incite a nous questionner sur des sujets d'actualité tel que la prositprosti, l'euthanasie, la législation du cannabis... Dans le premier chapitre des situations concrètes nous sont données et en fonction de nos réponses on est invité à rejoindre tel ou tel chapitre et du coup le philosophe qui l'accompagne. J'ai aimé le style, mais également l'approche de l'auteur qui nous pousse dans nos retranchements et nous ouvre les yeux sur certaines de nos incohérences.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
On a vu que l'un des principes du minimalisme est celui de la neutralité éthique de l'État. Ce dernier doit rester "neutre" à l'égard des grandes conceptions morales comme il l'est à l'égard des grandes conceptions religieuses. Il n'a pas plus à trancher en faveur du kantisme ou du conséquentialisme ou de quoi que ce soit, pas d'avantage qu'il ne peut décider s'il faut être catholique, musulman, juif, protestant, bouddhiste ou rien de tout cela.
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A n'en pas douter, cette période de révision des lois de la bioéthique sera aussi violente qu'un épisode de la série de HBO.
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Videos de Marianne Chaillan (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marianne Chaillan
L'écrivaine et philosophe Marianne Chaillan a répondu au décalé et intimiste Questionnaire de Trousp, autant inspiré par celui de Proust que des questions de Bernard Pivot. Site Internet: https://trousp.ch/
0:00 Introduction 0:14 L'amour qui liait Marc Antoine et Cléopâtre en 41 av. J.-C. est-il le même amour qu'il lie aujourd'hui Jay Z et Beyoncé? 2:13 Si votre maison brûle, qu'aimeriez-vous sauver en premier? 6:24 Avec quel écrivain ou philosophe décédé, ressuscité pour une soirée, aimeriez-vous boire une bière au coin du feu? 09:59 Quelle qualité préférez-vous chez L'Homme? 12:02 Si Dieu existe, qu'aimeriez-vous qu'il vous dise, après votre mort? 13:00 Que pensez-vous de cette citation? «Dans la vie on n'a qu'un seul grand amour et tous ceux qui précèdent sont des amours de rodage et tous ceux qui suivent sont des amours de rattrapage.» Frédéric Beigbeder 16:26 Que pensez-vous de cette citation? «L'amant est toujours plus près de l'amour que de l'aimée.» Jean Giraudoux 17:33 Si vous pouviez résoudre un problème dans le monde, lequel choisiriez-vous? 19:47 Peut-on tomber amoureux sur Tinder? 24:48 Qu'est-ce qui vous rend heureuse? 27:29 Quel mot vous inspire le plus de douceur? 27:29 Quel mot vous inspire le plus de douceur? 28:50 Comment imaginez-vous les années 2050? 30:59 Remerciements
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