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Plon (01/01/1900)
4/5   2 notes
Résumé :
Peut-on échapper à son destin ? Perahim le croit, lui qui revient de l'enfer. Il a survécu à dix ans de travaux forcés dans les mines de sel, à dix ans d'écrasement. Le commissaire Catran qui connait bien l'endroit où se trouvait le gangster est stupéfait. Jamais jusqu'à présent aucun homme n'en était sorti vivant. Pourtant Perahim est là devant lui, mince, inflexible, toujours jeune. Il veut reprendre sa place dans la société, recommencer sa vie, renier son passé.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Encore un beau cadeau du hasard...puisque ce vieux livre de près de 50 ans...s'est trouvé sur les chemins de mes pérégrinations , dans un espace consacré aux livres- voyageurs...

Je connaissais bien sûr cet auteur roumain, même si je n'ai jamais lu encore sa célébrissime " 25 ème heure"...

Gheorghiu a de sérieux comptes à régler avec les policiers et surtout cette police d'état semant la terreur dans la population roumaine,cumulant sans le moindre état d'âme des actes délictueux en toute impunité !!
Les policiers étant souvent bien pire que les " délinquants ", ou soit- disant "gangsters "!!?

Maximilien ( ou Max) Perahim, fils d'un leader syndical, défenseur du peuple et des ouvriers, pour qui il réclame du " pain , du repos et du soleil ", est assassiné dans le dos par la police.Meurtre commandité en haut lieu....

"Un commissaire en chef à Bucarest est l'homme le plus puissant du pays, après le roi de Roumanie et le préfet de police.
Joachim Catran a obtenu ce poste grâce à son mérite. Il possède des qualités plus importantes que les études. Il a une mémoire extraordinaire, une force de travail inépuisable, de la cruauté et une absence totale de scrupules et de sens moral.Tout ce qu'il faut pour être un policier dans la plupart des pays du monde."
( Poche -10/18, 1964)

L'orphelin, Perhim, se retrouve élevé, dans le quartier chaud de Bucarest, par des prostituées. Beau gosse, il devient une sorte de Roi de la pègre !
Un jour, embarqué dans une rixe,, un policier est roué de coups et tué.
C'est lui qui sera désigné comme le coupable idéal, accusé et envoyé au bagne, dans les mines de sel, par le même policier corrompu qui a assassiné son père ...

Personne, ordinairement, ne revient vivant du bagne et encore moins de ces horribles mines de sel.
Toutefois Perahim, pour ne pas devenir fou dans cet enfer salin, se prend de passion pour une autre matière nettement plus chaleureuse que le sel : le Bois...
Il se formera tout seul, deviendra un ébéniste et un artiste du bois fort recherché...

Pour tous ses nouveaux talents et réalisations pour les gardiens et directeurs de prison, il sera libéré à la moitié de sa peine; ce qui représente toutefois 10 interminables années de sa vie...!

"Je suis un artisan, affirme Perahim
Je fais des meubles.Dans les mines tout était en sel, les plafonds en sel, le plancher,en sel, les murs, en sel, le lit et la table taillés dans le sel.Au bout d'un certain temps, j'ai failli devenir fou.Soudain, j'ai commencé à rêver, là, dans les corridors souterrains, à toutes les choses qui n'étaient pas en sel.J'aimais surtout rêver au bois. le bois est le contraire du minérai, et c'est pour cela que je suis devenu amoureux de tout ce qui est bois.Le jour où j'ai réussi à me faire transférer à la menuiserie, j'ai été heureux .Mon amour pour le bois à augmenté. J'ai appris à le connaître et à le travailler. En quelques années, je suis devenu un maître. J'ai fabriqué des meubles pour les gardiens, pour le directeur et pour les inspecteurs des prisons."

Et surprise, à sa libération, il viendra se présenter au policier l'ayant fait condamner; Son ancien " tortionnaire" ne va pas en croire ses yeux, et évidemment le soupçonner de vouloir se venger de lui; dès lors, ce commissaire va s'acharner à vouloir le prendre en faute et le renvoyer au bagne...

On ne peut s'empêcher de songer à l'horrible inspecteur Javert , lui aussi obsédé et s'acharnant sur Jean Valjean
( dans l'oeuvre de Victor Hugo), lui refusant toute possibilité de réhabilitation , l'ayant condamné à jamais comme " coupable"...!

En dépit de toute sa bonne volonté, Perahim, persécuté, surveillé par ce cruel policier n'a pas un moment de répit. Il a beau vivre seul avec sa mère, adorée, travailler dans son coin, réaliser de beaux meubles, jusqu'à la restauration de ceux de la maison personnelle du commissaire, sur la
demande insistante de son épouse...rien n'y fera !

On sent le drame monter...progressivement.Aux multiples mésaventures subies par Perahim, une rencontre et une histoire d'amour bien singulière vont se greffer, accélérant une issue que l'on pressent fatale....Drame social doublé d'une tragédie romantique...
Comme l'annonce un bandeau sur la jaquette : " Récit âpre et haletant par l'auteur de la Vingt- cinquième heure"...

Un texte étonnant où on lit entre les lignes la colère, le violent ressentiment de l'écrivain envers un pays, le sien, la Roumanie menée par la corruption et la terreur que l'on fait subir jour après jour au peuple roumain...La police d'État ayant absolument tous les droits sur les individus.Cela fait froid dans le dos !...
Pour comprendre mieux cette dénonciation de la Terreur et de l'iniquité faites " Lois"en Roumanie, il faut se replonger dans le parcours terrible et malmené de Virgil Georghiu, lui- même...

Après cette lecture fort prenante...je vais re-déposer cet
" antique" livre de poche dans un espace " livres- voyageurs", qui, je l'espère enchantera un autre lecteur !




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Dans ce roman, l'auteur de la Vingt-cinquième heure raconte une histoire édifiante, celle de Maximilien Peyrahim, roi de la pègre libéré sous condition après avoir passé dix ans sous terre, dans les mines de sel de Targul-Ocna.

Il y a là comme une parabole, celle de la résilience impossible dans un pays totalitaire où les forces en place - police, justice, pouvoir religieux, pouvoir politique - n'ont d'autre raison d'être que de laminer les plus pauvres, leur refuser le droit à la liberté, le droit au choix de leur propre vie, y compris quand ils ont décidé, après des décennies d'égarement, de rentrer dans le droit chemin.

C'est ce qui arrive à Max, ex-bagnard sorti de l'enfer du sel. Tel un Javert obtus et malfaisant, le commissaire Catran décide une fois pour toutes qu'un gangster reste un gangster et interprète toute intention en défaveur de Max. S'il travaille comme artisan ébéniste de talent (ses meubles ornent les palais impériaux et les maisons des aristocrates), c'est pour mieux dissimuler qu'il possède et utilise le butin volé avant le bagne. S'il reste seul, vertueux et dévoué auprès de sa mère Maman Mica, c'est pour préparer le mauvais coup auquel personne ne s'attend . Un truand reste un truand, tel est le credo du policier. Et Gheorghiu de nous envoyer quelques diatribes bien senties sur la police roumaine du temps du fascisme. (Au passsage, il égratigne la France et son souci - prédominant, dit-il - de sécurité).

Il faut dire qu'outre ses méfaits, Max a un tort irréparable : né dans le quartier populaire des Barricades à Bucarest (« tous des anarchistes », affirme le commissaire), il est le fils de Spartacus, leader syndicaliste qui n'aura de cesse de pousser les ouvriers à la révolte, avant d'être tué sur une barricade par le même policier faschiste qui enverra son fils Max au bagne.

Peut-on sortir du bagne, réellement, et faire le choix d'une vie vertueuse ? L'histoire démontre le contraire. Il existe une autre forme d'enchaînement : la pression des pouvoirs en place et de la vie. La police le guette, le prêtre le menace s'il a la prétention de pratiquer la vertu sans s'en remettre au regard de Dieu, sa « fiancée » Rosa Clima le voue aux gémonies et le menace parce qu'il rompt tout contact avec elle pour ne pas « replonger ». Jusqu'à sa mère, l'admirable et adorée Mama Mica, qui lui reproche de ne pas être venu directement chez elle, alors qu'il a voulu se rendre présentable en se lavant et en achetant des vêtements dignes : que de haine, de rancoeurs, de préjugés, qui renvoient l'ex bagnard à une autre forme d'aliénation ! Entre les mines de sel et la pression psychologique, faudra-t-il choisir ?

La rencontre avec une toute jeune fille nommée Lafleur Lafleur (« double fleur », l'appelle-t-il) va orienter son sort vers une issue fatale. Elle l'aime, il ne la regarde pas. Au moment où, se croyant perdu parce que Rosa est passée par la fenêtre (on va l'accuser, c'est sûr), , il décide de retrouver sa mère pour lui avouer un « meurtre », il provoque la mort brutale de sa mère adorée. Il décide alors de remettre le butin à Lafleur. Mais celle-ci choisit de mourir avec lui, elle, empoisonnée, lui mort d'un coup de feu dans le coeur, les deux corps enlacés étroitement, tels Roméo et Juliette (ils ont vu le film ensemble). Auparavant, Max aura rédigé un texte pour expliquer sa vie depuis le bagne, Lafleur aura écrit son amour pour lui et les deux auront signé leur dernière volonté : être enterrés ensemble pour l'éternité.

Rosa réapparaît (en fait, elle avait été récupérée aprs sa chute sur les parasols, par ses complices de la pègre) et obtient du commissaire - révoqué pour « imbécillité » - que les deux amants ne soient jamais réunis dans la tombe. Ce qui fut fait.
Au-delà de la critique acerbe du système qui prévaut en Roumanie dans ces années de fascisme, Virgil Gheorgiu a écrit un texte romantique à souhait dont l'issue, somme toute prévisible, comblera les nostalgiques de Roméo et Juliette.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Je suis un artisan, affirme Perahim
Je fais des meubles.Dans les mines tout était en sel, les plafonds en sel, le plancher,en sel, les murs, en sel, le lit et la table taillés dans le sel.Au bout d'un certain temps, j'ai failli devenir fou.Soudain, j'ai commencé à rêver, là, dans les corridors souterrains, à toutes les choses qui n'étaient pas en sel.J'aimais surtout rêver au bois. Le bois est le contraire du minérai, et c'est pour cela que je suis devenu amoureux de tout ce qui est bois.Le jour où j'ai réussi à me faire transférer à la menuiserie, j'ai été heureux .Mon amour pour le bois à augmenté. J'ai appris à le connaître et à le travailler. En quelques années, je suis devenu un maître. J'ai fabriqué des meubles pour les gardiens, pour le directeur et pour les inspecteurs des prisons.

( 10/18, 1964,p.27)
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Un commissaire en chef à Bucarest est l'homme le plus puissant du pays, après le roi de Roumanie et le préfet de police.
Joachim Catran a obtenu ce poste grâce à son mérite. Il possède des qualités plus importantes que les études. Il a une mémoire extraordinaire, une force de travail inépuisable, de la cruauté et une absence totale de scrupules et de sens moral.Tout ce qu'il faut pour être un policier dans la plupart des pays du monde.
( Poche / UGE, 1964, p.10)
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Les amis de Mme Catran y viennent le soir après le départ du gangster, admirer les meubles restaurés. Les connaisseurs s'extasient devant le travail de Perahim.Ils affirment que le gangster est génial. Ils n'arrivent pas à comprendre comment un gangster a pu apprendre seul, au bagne tous les secrets de cet art.Ils l'appellent le Benvenuto Cellini du bois.

( 10/18, 1964, p.84)
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- Je ne t'oublierai pas, à cause de ce que tu m'as offert et de ce que tu as fait pour moi.
- J'ai fait quelque chose pour vous, moi, monsieur Maximilien ?
- Beaucoup. Et je ne t'oublierai pas.Toi- double fleur- tu es l'unique personne qui, depuis dix ans, m'ait appelé
" Monsieur", il me semblait que je recevais une décoration. Je me retrouvais situé parmi les hommes.Au bagne, personne ne vous dit " Monsieur".

( 10/18, 1964, p.83)
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Le gangster Max Perahim en a les larmes aux yeux, des larmes de gangster. Il pleure, lui, le fils de Barricade qui est mort fusillé parce qu'il avait voulu pour les ouvriers du pain, de la lumière et du repos. Il pleure comme son père


( 10/18, 1964,p.34)
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Video de Constantin Virgil Gheorghiu (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Constantin Virgil Gheorghiu
La Vingt-cinquième heure (1967), extrait
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