Encore un beau cadeau du hasard...puisque ce vieux livre de près de 50 ans...s'est trouvé sur les chemins de mes pérégrinations , dans un espace consacré aux livres- voyageurs...
Je connaissais bien sûr cet auteur roumain, même si je n'ai jamais lu encore sa célébrissime " 25 ème heure"...
Gheorghiu a de sérieux comptes à régler avec les policiers et surtout cette police d'état semant la terreur dans la population roumaine,cumulant sans le moindre état d'âme des actes délictueux en toute impunité !!
Les policiers étant souvent bien pire que les " délinquants ", ou soit- disant "gangsters "!!?
Maximilien ( ou Max)
Perahim, fils d'un leader syndical, défenseur du peuple et des ouvriers, pour qui il réclame du " pain , du repos et du soleil ", est assassiné dans le dos par la police.Meurtre commandité en haut lieu....
"Un commissaire en chef à Bucarest est l'homme le plus puissant du pays, après le roi de Roumanie et le préfet de police.
Joachim Catran a obtenu ce poste grâce à son mérite. Il possède des qualités plus importantes que les études. Il a une mémoire extraordinaire, une force de travail inépuisable, de la cruauté et une absence totale de scrupules et de sens moral.Tout ce qu'il faut pour être un policier dans la plupart des pays du monde."
( Poche -10/18, 1964)
L'orphelin, Perhim, se retrouve élevé, dans le quartier chaud de Bucarest, par des prostituées. Beau gosse, il devient une sorte de Roi de la pègre !
Un jour, embarqué dans une rixe,, un policier est roué de coups et tué.
C'est lui qui sera désigné comme le coupable idéal, accusé et envoyé au bagne, dans les mines de sel, par le même policier corrompu qui a assassiné son père ...
Personne, ordinairement, ne revient vivant du bagne et encore moins de ces horribles mines de sel.
Toutefois
Perahim, pour ne pas devenir fou dans cet enfer salin, se prend de passion pour une autre matière nettement plus chaleureuse que le sel : le Bois...
Il se formera tout seul, deviendra un ébéniste et un artiste du bois fort recherché...
Pour tous ses nouveaux talents et réalisations pour les gardiens et directeurs de prison, il sera libéré à la moitié de sa peine; ce qui représente toutefois 10 interminables années de sa vie...!
"Je suis un artisan, affirme
Perahim
Je fais des meubles.Dans les mines tout était en sel, les plafonds en sel, le plancher,en sel, les murs, en sel, le lit et la table taillés dans le sel.Au bout d'un certain temps, j'ai failli devenir fou.Soudain, j'ai commencé à rêver, là, dans les corridors souterrains, à toutes les choses qui n'étaient pas en sel.J'aimais surtout rêver au bois. le bois est le contraire du minérai, et c'est pour cela que je suis devenu amoureux de tout ce qui est bois.Le jour où j'ai réussi à me faire transférer à la menuiserie, j'ai été heureux .Mon amour pour le bois à augmenté. J'ai appris à le connaître et à le travailler. En quelques années, je suis devenu un maître. J'ai fabriqué des meubles pour les gardiens, pour le directeur et pour les inspecteurs des prisons."
Et surprise, à sa libération, il viendra se présenter au policier l'ayant fait condamner; Son ancien " tortionnaire" ne va pas en croire ses yeux, et évidemment le soupçonner de vouloir se venger de lui; dès lors, ce commissaire va s'acharner à vouloir le prendre en faute et le renvoyer au bagne...
On ne peut s'empêcher de songer à l'horrible inspecteur Javert , lui aussi obsédé et s'acharnant sur Jean Valjean
( dans l'oeuvre de
Victor Hugo), lui refusant toute possibilité de réhabilitation , l'ayant condamné à jamais comme " coupable"...!
En dépit de toute sa bonne volonté,
Perahim, persécuté, surveillé par ce cruel policier n'a pas un moment de répit. Il a beau vivre seul avec sa mère, adorée, travailler dans son coin, réaliser de beaux meubles, jusqu'à la restauration de ceux de la maison personnelle du commissaire, sur la
demande insistante de son épouse...rien n'y fera !
On sent le drame monter...progressivement.Aux multiples mésaventures subies par
Perahim, une rencontre et une histoire d'amour bien singulière vont se greffer, accélérant une issue que l'on pressent fatale....Drame social doublé d'une tragédie romantique...
Comme l'annonce un bandeau sur la jaquette : " Récit âpre et haletant par l'auteur de
la Vingt- cinquième heure"...
Un texte étonnant où on lit entre les lignes la colère, le violent ressentiment de l'écrivain envers un pays, le sien, la Roumanie menée par la corruption et la terreur que l'on fait subir jour après jour au peuple roumain...La police d'État ayant absolument tous les droits sur les individus.Cela fait froid dans le dos !...
Pour comprendre mieux cette dénonciation de la Terreur et de l'iniquité faites " Lois"en Roumanie, il faut se replonger dans le parcours terrible et malmené de Virgil Georghiu, lui- même...
Après cette lecture fort prenante...je vais re-déposer cet
" antique" livre de poche dans un espace " livres- voyageurs", qui, je l'espère enchantera un autre lecteur !