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EAN : 9782268099989
264 pages
Les Editions du Rocher (16/05/2018)
3.25/5   4 notes
Résumé :
De plus en plus de football. De plus en plus, jusqu'à la nausée. De plus en plus, comme à l'infini : notre temps disponible, notre temps hors travail, hors obligation sociale, saturé, occupé par le spectacle du football. Est-il une évasion, cependant, ce spectacle ? Une escapade, comme l'est le théâtre classique ou l'opéra, hors du monde de la quotidienneté plus ou moins aliénée, plus ou moins inauthentique ? L'invasion permet-elle l'évasion ? Souvenons-nous d'un pr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Avant que le dernier livre de Robert Redeker n'apparaisse dans la liste des livres d'une masse critique et que je le coche avec d'autres, j'avais entendu l'auteur le présenter dans une émission de radio. Il était alors face à un ancien footballeur, un consultant et un journaliste et ces trois-là n'étaient pas nécessairement en phase avec sa pensée.

Choisi pour lire et critiquer Peut-on encore aimer le football ?* - peut-être parce que j'ai déjà quelques lectures et critiques de livres sur le football - j'en ai commencé la lecture en arrêtant celle d'autres livres - et notamment pour les livres consacrés au football, Une histoire populaire du football de Mickael Correia. À un moment donné, j'étais sur le point d'arrêter ma lecture pour certaines raisons que j'expliquerai plus tard mais je l'ai poursuivi pour une expérience finale plutôt positive.

Pour paraphraser le titre de son livre, je me suis alors demandé « Peut-on (encore) aimer le livre de Robert Redeker ? ». Au fur et à mesure de ma lecture de cet essai à l'écriture fluide et érudite, sans être pédante pour autant, invariablement, je lisais sous les mots de l'auteur la critique (virulente) du capitalisme contemporain dont le football ne serait que « la fable du monde » (chapitre I), que « la saga impudique du monde réel » (chapitre XXVI).

Une nuit, dans un rêve - reproduisant la même expérience que Robert Redeker visité dans un de ces rêves par Karl Marx et Spinoza - à la manière d'un Aimé Jacquet (le sélectionneur de l'équipe de France en 1998) conseillant à un autre Robert (en l'occurence Pires) : «  Robert, muscle ton jeu », du banc de touche, je criais « Robert, muscle ton écriture », écris ta critique du système capitaliste et laisse le football tranquille.

Ce que Redeker critique, c'est ce qu'il appelle le football-spectacle, l'après football ou le post football - il ne va pas jusqu'à ce qu'Enki Billal décrit dans Hors jeu - et que d'autres appellent le football-business - «  Le football est-il encore le football, ou bien assistons-nous au développement de quelque autre chose qui continue de porter le même nom tout en étant radicalement une autre chose ? » (p. 144). Nostalgique du football de Platini, Pelé, Cruyff ou Rocheteau, Robert Redeker n'aime pas le football des Neymar, Mbappé, du « mercato ou la disparition du football » (chapitre XVI), de la récupération par le politique du football, de ce que les footballeurs - mais aussi les musiciens et d'autres artistes - se substituent aux scientifiques, philosophes, écrivains dans l'imagerie et la représentation populaires et les exemples à suivre pour la jeunesse. Comme il l'avait déjà écrit à propos du sport* : « Le sport est une propagande permanente pour le libéralisme économique. Il exalte bien sûr les marques, la consommation débridée, le fétichisme de la marchandise, mais aussi la loi du plus fort, le mépris des plus faibles, le culte de  la performance, de l'évaluation, de la maximisation des forces, de la concurrence forcenée. Son idéal : les hommes sont des loups pour les hommes, homo homini lupus. »**, Robert Redeker le spécifie dans ce livre avec le football.

Contrairement à d'autres livres sur le football adoptant la même lecture et la même ligne d'attaque - Les Cahiers du Football ou Une histoire populaire du football de Mickael Correia -, il ne dit que tardivement son « désamour » du football-spectacle et son « amour » du football - voir le chapitre XXV intitulé « Amants du football » dans lequel il évoque ses souvenirs de jeunesse de pur football, de jeu pour rien si ce n'est être. C'est cet aspect-là qui m'a dérangé dans le courant de ma lecture. Par ailleurs, certaines de ses analyses - celle sur le mercato (chapitre XVI), ce troisième temps «  le plus important - le temps où tout se joue, où tout se perd, où tout se gagne, par rapport auquel les matchs ne seront qu'un excitant supplément d'âme » (p. 147), sur « Héros, saint, génie, footballeur » (XXII) ou sur « L'improvisation en en football » (chapitre XXIV) - sont intéressantes et différentes de celles d'autres livres sur le football - notamment par le détour par la philosophie.

Même s'il ne le cite jamais et l'écrit de manière différente, le point de vue de Robert Redeker se retrouve globalement dans ce qu'écrivait Eduardo Galeano dans Football, ombre et Lumière :

«  L'histoire du football est un voyage triste, du plaisir au devoir. À mesure que le sport s'est transformé en industrie, il a banni la beauté qui naît de la joie de jouer pour jouer. En ce monde de fin de siècle, le football professionnel condamne ce qui est inutile, et est inutile ce qui n'est pas rentable. Il ne permet à personne cette folie qui pousse l'homme à redevenir enfant un instant, en jouant comme un enfant joue avec un ballon de baudruche et comme un chat avec une pelote de laine : danseur qui évolue avec une balle aussi légère que la baudruche qui s'envole et que la pelote qui roule, jouant sans savoir qu'il joue, sans raison, sans chronomètre et sans arbitre.
Le jeu est devenu spectacle, avec peu de protagonistes et beaucoup de spectateurs, football à voir, et le spectacle est devenu l'une des affaires les plus lucratives du monde, qu'on ne monte pas pour jouer mais pour empêcher qu'on ne joue. La technocratie du sport professionnel a peu à peu imposé un football de pure vitesse et de grande force, qui renonce à la joie, atrophie la fantaisie et proscrit l'audace.
Par bonheur, on voit encore sur les terrains, très rarement il est vrai, un chenapan effronté qui s'écarte du livret et commet l'extravagance de feinter toute l'équipe rivale, et l'arbitre, et le public dans les tribunes, pour le simple plaisir du corps qui se jette dans l'aventure interdite de la liberté. »

Au final, il est bien possible d'encore aimer le football et d'aimer le livre de Robert Redecker pour peu que l'on s'intéresse au football, à la philosophie et à la critique du capitalisme.

* Je remercie l'éditeur, les Éditions du Rocher, et les organisateurs de l'opération Masse Critique.
** http://evene.lefigaro.fr/celebre/actualite/robert-redeker-le-foot-se-substitue-a-la-culture-1011764.php
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C'est dans le cadre de la Masse critique de Babelio que j'ai reçu ce livre de Robert Redecker. Je tiens déjà à remercier les éditions du Rocher.

Peut-on encore aimer le football ? C'est une question d'actualité, puisque, pour ceux qui me liront plus tard, nous sommes au lendemain de la très belle victoire des Français sur l'Argentine de la légende Messi, en coupe du Monde.

Donc peut-on encore aimer le football ? D'emblée, et à titre personnel, je réponds oui. du haut de ma passion pour la lecture, le cinéma d'art et d'essai ou la peinture contemporaine, je revendique mon amour du beau geste et du sport.

Alors que dire de ce livre ? Quel est le propos ?
Robert Redecker analyse le football actuel, avec ses vices d'argents et d'anti-jeu, sous le prisme du philosophe. Fustigeant les réflexions de comptoir il est n'est pas rare de voir des références à Marx, Kant, Spinoza et autres, dans les analyses et la critique qu'émet l'auteur sur le football moderne.

On sent chez Robert Redecker un amour du jeu, à l'ancienne, il décrit par exemple le jeu de Dominique Rocheteau de manière très artistique, il y a même tout un chapitre où il explique avoir beaucoup joué au foot adolescent. Mais il n'a aucune pitié pour Neymar et consort. En fait le livre m'a donné l'impression, d'une manière générale, de ne pas vraiment répondre à la question. Il donne des arguments pour dire, en gros, que le foot est le nouvel opium du peuple, qu'il est pourri par l'argent et l'égo, que le foot est devenu un spectacle et non plus un sport...

Alors une fois ce constat fait, qu'en dire ? Plusieurs choses me viennent à l'esprit, d'abord je pensais que le sujet serait traité d'une manière un peu plus légère. Pas que le style de l'auteur soit mauvais mais on est face à un intellectuel qui maitrise les codes et la langue de la philosophie. Ce qui n'est pas mon cas, donc parfois un peu dur à suivre.
Les avis me semblent également très tranchés, sans trop de nuance, j'ai vraiment eu l'impression que l'auteur répondait à la question par un NON frappé du sceau de l'éloquence intellectuelle. En fait il ne donne pas vraiment de contre argument, ou si peu que je n'ai pas su les déceler.

C'est une lecture intelligente, ça fait du bien surtout sur le sujet en question, et qui n'est pas facile car il faut maitriser des notions qui pour beaucoup, moi y compris, proviennent de vieux cours de philo oubliés. Mais je crois sincérement que le propos aurait gagné avec plus de simplicité.
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Le foot a été décliné à toutes les sauces durant le mois de juillet dernier. Coupe du monde oblige ! Noir, jaune, rouge. Bleu, blanc, rouge. Et j'en passe ! Il a ébloui le début de l'été des supporters sous amphétamines et pourri les vacances des autres ? Quoi qu'il en a été, il a phagocyté les esprits au point de ne plus entendre parler que de lui au coeur de la canicule : presse écrite, télé, radio, etc. Serait-il le descendant de ces jeux qui hypnotisaient les Romains pour leur faire oublier les soucis du quotidien ? Qu'on le souhaite ou non, au XXIe siècle, le monde fonctionne au tempo des matches et focalise toutes les attentions, remplaçant le dieu des religions par les idoles des stades. Cependant, où en est le rêve du sport pur et des rencontres disputées pour la seule beauté des prouesses sur la pelouse ? Robert Redeker ose la question qui fâche : Peut-on encore aimer le football ? Reste-t-il une évasion comme le théâtre et le cinéma ? Est-il devenu une drogue qui lamine les cerveaux ? La terre (où qu'on aille) est peuplée d'images de joueurs, de buts et de scores. L'auteur pose un triste constat. Si ce sport est certes addictif, il demeure tristement vide, comme une foi sans assises sérieuses ni réflexion intime. le bonheur que le foot était censé nous offrir demeure d'une inanité confondante, avec une absence effrayante de contenu et un vernis qui se veut le reflet de notre abrutissement. Un peu à l'image de la société de consommation, qui brûle ses idoles d'hier pour encenser de nouvelles en fonction des modes, du beau temps qu'il fait ou ne fait pas. Un essai édifiant !
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Peut-on encore aimer le football ? La question posée par le philosophe Robert Redeker laisse penser que son essai analysera les raisons d'aimer le football et les raisons de le détester. le problème est que l'auteur se concentre quasi exclusivement sur ce 2ème point. Très critique envers le football et ses nombreux travers : libéralisme, marchandisation des joueurs, abrutissement des foules,... le tableau noir dressé par le philosophe est sans équivoque. Toutefois, si on ne peut que déplorer la direction prise par le football durant ces deux dernières décennies, il faut néanmoins lui reconnaître un rôle social encore fort. Il aurait été intéressant que Robert Redeker nuance plus son propos plutôt que se concentrer sur sa logorrhée anti-football. Heureusement, la France vient d'être sacrée championne du monde et cet événement a démontré qu'il était le seul à rassembler les Français dans la rue pour un moment de joie et de bonheur partagé. Est-ce vraiment nécessaire de détester un sport - malgré ses innombrables défauts - capable de transcender les foules ? Je ne pense pas M. Redeker.
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Le philosophe a raison. J'en suis peiné, moi qui suis un passionné de football. Justement, il faut s'entendre : Redeker ne dit pas qu'il n'aime pas le football. Ce qu'il exècre, c'est le post-football, qui n'a plus rien à voir avec le jeu. Lorsqu'il montre que le mercato, à la fois absurde et scandaleux, absorbe le football, qui peut lui donner tort ?

Redeker surprend parfois, parce qu'il traduit ce scandale et ses conséquences en termes philosophiques. Sa réflexion ne m'empêchera pas d'aller soutenir mon club amateur, mais elle confirme tout le mal que je pense du football hyper-professionnel, qui détruit peu à peu cet amateurisme.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
De plus en plus de football. De plus en plus, jusqu'à la nausée. De plus en plus, comme à l'infini : notre temps disponible, notre temps hors travail, hors obligation sociale, saturé, occupé par le spectacle du football. Est-il une évasion, cependant, ce spectacle ? Une escapade, comme l'est le théâtre classique ou l'opéra, hors du monde de la quotidienneté plus ou moins aliénée, plus ou moins inauthentique ? L'invasion permet-elle l'évasion ?

Le football est-il la fable du monde ?, p. 9
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Pourquoi aimer le football ? Pour le jeu, pour cette enfance ? Par gratitude pour ce fidèle revenant. Pourquoi le détester ? Pour tout le reste.

Au-delà du foot, l'éloge du sport, p. 195
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L'improvisation et l'invention sont, en football, la liberté.

L'improvisation en football, p. 228
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Tout grand joueur est un recommencement du football.

Héros, saint, génie, footballeur, p. 205
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Les Lumières s'éteignent quand s'allument les projecteurs sur les stades.

Le footballeur, dernier avatar de l'homme nouveau, p. 166
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