Une ère nouvelle commence. Le règne des maîtres de l’oeuvre est fini : nous allons, avec les grands architectes de la Renaissance, et le plus illustre d’entre eux, Philibert de l’Orme, assister au triomphe de l'antiquité, non plus empruntée aux imitations plus ou moins fidèles des Italiens, mais appliquée par des érudits qui tiendront à étudier sur place les monuments romains et iront s’abreuver directement à la source classique.
Faut-il s’en étonner? L’art de bâtir n’est-il pas, de tous les arts, celui où la nouveauté et l’originalité soulèvent le plus de défiance? Dans un édifice, qui va survivre à plusieurs générations humaines, ne doit-on pas rechercher avant tout les formes qui ont fait leurs preuves, les dispositions décoratives de tout repos, aussi propres à plaire aux arrière-neveux qu’aux contemporains? C’est avec une prudence qui touche à la timidité que les constructeurs osent s’associer aux fluctuations de la mode et du goût.
En réalité on vit fleurir en France deux Renaissances, ou plutôt l’époque à laquelle on devrait réserver ce nom fut précédée d’une période de transition d’une durée à peu près égale. Cette pré -Renaissance, où les motifs de décoration empruntés à l’antiquité viennent se mêler aux anciens thèmes gothiques sans les faire abandonner, s’étend jusqu’au milieu du seizième siècle. Instinctive, prime-sautière, singulièrement mélangée d’éléments disparates qui se juxtaposent sans se nuire, c’est le temps du classicisme incorrect et pittoresque appliqué par les maîtres de l’oeuvre.