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EAN : 9782072960437
240 pages
Gallimard (06/10/2022)
3.68/5   42 notes
Résumé :
Un an après son départ pour le Brésil, Serena, personnage emblématique de l’œuvre de Ron Rash, revient dans les Great Smoky Mountains. Selon le contrat qui la lie à la compagnie de Brandonkamp, tous les arbres de la dernière parcelle qu’elle possède aux États-Unis doivent être abattus avant la fin de juillet. Il ne reste que trois jours. La pluie incessante qui fait de ce flanc de montagne un véritable bourbier, les serpents impitoyables, l’épuisement des bûcherons ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Plus bas dans la vallée est la plus longue des sept nouvelles du livre de Ron Rash, c'est elle qui donne son titre à l'ouvrage, petit roman noir à elle seule.
Elle est la suite d'un précédent roman intitulé Serena que je regrette de ne pas avoir lu. J'aurais sans doute encore plus savouré ce dernier car il m'aurait permis de connaître encore davantage cette héroïne qui avait donné son nom au livre. Néanmoins, j'ai vite appris de quel bois elle était faite !
Nous sommes en 1931 et Serena Pemberton après être partie au Brésil est de retour en Caroline du Nord. Tout en étant séduisante et féminine, elle en impose par sa taille et surtout par sa dureté et son ambition sans limite.
Si cette femme intraitable est revenue, c'est pour superviser un gros chantier d'abattage d'arbres et il ne lui reste que trois jours pour tenir les délais du contrat signé avec la compagnie de Brandonkamp.
Les conditions de travail déjà effroyables, avec un flanc de montagne transformé en bourbier par la pluie, des serpents qui pullulent, des bûcherons en sous-effectif vont dès lors, pour assouvir les ambitions de Madame, se transformer en un véritable enfer dans lequel les hommes devenus esclaves, tenus à une cadence infernale, dans un espace hors du temps ne seront que des pions remplaçables à souhait.
Plus bas dans la vallée nous plonge à la fois dans un chaos de la nature et dans un chaos humain.
Chaos humain, notamment le dernier jour fixé par les délais. Des hommes privés de la notion du temps, des hommes jetés sur la route par la crise recrutés sans formation se meuvent dans le brouillard, tels des fantômes, en proie à tous les dangers et dominés et dirigés par un personnage implacable, incapable d'apitoiement. La description faite par Ron Rash est pour le moins apocalyptique.
Quant à la nature, elle est dévastée au mépris de toute loi. Nous assistons impuissants, avec horreur, à l'abattage de toutes ces essences et à chaque arbre abattu, notre coeur est révulsé. En italique, entre les chapitres, Ron Rash intercale de petits messages annonçant la fuite des quadrupèdes, puis des poissons, puis des oiseaux pour finir par les reptiles, des sortes de métaphores pour annoncer la destruction de notre planète, un thème on ne peut plus actuel.
Le titre complet de l'ouvrage est Plus bas dans la vallée & quelques courts récits des Appalaches. Six nouvelles suivent donc, toutes de genres différents, à des époques différentes. Elles racontent la difficulté, la rudesse de la vie et l'absence d'horizon des enfants oubliés de l'Amérique que sont les habitants de cette contrée.
Si la première, Les voisins se situe pendant la guerre de Sécession, le baptême met en scène un révérend aux prises avec sa conscience et L'envol décrit la lutte pour se faire respecter entre une jeune stagiaire garde-forestière encore un peu fragile et un pêcheur grande-gueule.
Le dernier pont brûlé raconte l'histoire d'un homme libéré des affres de l'alcool qui donne sa chance à une paumée droguée.
Les deux dernières , Une sorte de miracle et Leurs yeux anciens et brillants sont celles que j'ai le plus appréciées, notamment avec cet humour noir déployé dans l'une avec ces deux frères indolents en partance pour une chasse à l'ours avec leur beau-frère et ce beau moment de surprise et d'émotion dans l'autre avec ce pied de nez final des anciens.
Ron Rash est passé maître dans l'art des nouvelles. En peu de pages, il parvient à mettre en situation ses personnages, à développer leur psychologie et à construire une intrigue souvent pleine de suspense, dans un environnement où la nature occupe une grande place, tout en assurant à chaque fois une chute mémorable.
Comme dans Par le vent pleuré et Un silence brutal que j'avais eu le plaisir de lire, je me suis une nouvelle fois régalée à la lecture de Plus bas dans la vallée.
Ron Rash, ce chantre des Appalaches plein de compassion pour les âmes meurtries, excelle encore une fois à explorer l'âme humaine et met l'accent ici sur les ravages et les conséquences engendrées par la déforestation tout en nous faisant réfléchir sur l'insignifiance de la vie humaine.

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Ça n'aurait pu être qu'un simple recueil de nouvelles, six ans après le lumineux Incandescences. Six nouvelles, certes un peu inégales, mais tellement révélatrices de cette terre des Smokies, entre Caroline-du-Nord et Tennessee où l'on parle de pêche, de forêts, de solitudes, de nature et de rencontres.

Mais il se trouve que Ron Rash a choisi de commencer son recueil Plus bas dans la vallée – traduit par Isabelle Reinharez – par une nouvelle éponyme, ou plutôt, une novella en forme de fausse vraie suite de l'inoubliable Serena. Et pour qui se souvient de ce roman, la lecture est alors jubilatoire !

De retour du Brésil, la nouvelle terre promise des exploitants forestiers, Serena repasse par Asheville pour surveiller le chantier d'abattage qu'elle doit impérativement livrer à Brandonkamp sous quelques jours. Et au vu de ce qu'il reste, la mission semble impossible. Sauf pour Serena toujours flanquée de Galloway et de sa mère.

En une grosse centaine de pages, Rash nous plonge dans cette course contre la montre pour emporter un pari ingagnable, entre horreur des conditions de travail des bûcherons, sacrifice de la nature qui voit partir sa faune espèce après espèce, et sentiment de vengeance omniprésent.

Une sorte de coucou en passant, pour nous rappeler que Serena aura un jour une suite (sur la piste de Rachel Harmon assez probablement). Une sorte de coucou en passant qui nous rappelle combien Rash est définitivement un surdoué du noir et du nature writing, capable en quelques pages de mélanger la splendeur des environnements naturels qu'il défend sans relâche, et la complexité sans limite des âmes humaines qu'il observe depuis tant d'années.

Bref, Rash nous donne quelques nouvelles. En attendant la suite…
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Alors Serena, on est de retour ? Tu es revenue dans les Appalaches, dans les Great Smoky Mountains, afin de continuer de raser la forêt ?

Serena, tu n'imagines pas combien j'étais heureuse de recroiser ta route, tout en redoutant la confrontation. Avais-tu changé ou étais-tu égale à toi-même ?

Pas de doute, ma Serena, tu es égale à toi-même : une femme froide, une femme de poigne, une femme qui n'hésite pas à trucider ceux ou celles qui t'ont fait chier, déplu, qui pourraient te faire de l'ombre…

Enfin, Serena, tu te contentes de donner l'ordre à Galloway, ton âme damnée, qui fait le sale boulot.

Serena… Je disais, dans ma chronique du roman éponyme, qu'elle inspirait la peur, le respect, le désir, la haine. On oscille sans cesse entre l'amour et la haine du personnage.

La seule chose dont je suis sûre, avec Serena, c'est que son personnage est recherché, travaillé et que son auteur a réellement donné vie à une Lady Macbeth des années 30. Et quand elle doit gagner un pari ou respecter une échéance, la Serena est prête à tout, notamment à mettre en danger ses ouvriers, sans états d'âmes.

Moi qui ne suis pas fan des nouvelles, voilà que celles composant ce recueil m'ont scotchées dans mon canapé, tant elles étaient puissantes, bien racontées, sans laisser le lecteur sur sa fin. le retour de Serena valait la peine d'être lu et Ron Rash a eu bien raison de nous l'offrir !

Percutante, comme toujours, la Serena. Diabolique, comme toujours. J'ai aimé les petits textes, entre deux chapitres, où l'auteur parle des animaux qui ont quitté la forêt, dévastée par les bûcherons, aux ordres de Serena, coupant tout sur leur passage, ne laissant que des souches, des morts, des blessés et des ouvriers épuisés… Violent.

La nouvelle se déroulant avec des soldats Sudistes (Les Voisins), vivant de rapines, celle avec l'homme qui voulait être baptisé était magnifique aussi et terriblement violente (Le Baptême), notamment dans la personnalité du futur baptisé.

Sans oublier celle avec la flamboyante, mais froide, Serena (Plus bas dans la vallée) et celle avec gérant d'une aire d'autoroute qui aidera une paumée (Le Dernier pont brûlé). Ce sont mes quatre nouvelles préférées.

Toutes ont pour cadre la Caroline du Nord, et si elles n'ont pas toutes la même puissance dévastatrice, elles n'en restent pas moins de très bonnes nouvelles qui parlent de pêche, de nature, de solitude, d'alcoolisme, de rencontres improbables, de nature exploitée et de travailleurs aussi…

Ce recueil de nouvelles est noir, sombre, sans pour autant manquer de lumière, car toutes les nouvelles ne se terminent pas tragiquement, il y a encore de l'espoir dans certains êtres humains. Bon, pas dans tous… En tout cas, même en étant dans des nouvelles assez courtes, les personnages ne manquaient pas de consistance.

J'aimerais bien que Ron Rash nous donne encore de ses nouvelles, qu'il nous offre quelques pépites noires, où les âmes humaines se débattent, hésitent, ne savent pas quel chemin choisir.

Ron Rash a un art bien à lui pour nous conter la noirceur humaine, ses côtés obscurs, le tout dans une nature grandiose, malmenée par l'Homme, où les animaux ne savent pas se défendre, hormis les serpents venimeux.

Attention, ce ne sont pas toujours les serpents les plus dangereux… Si Serena vous propose un emploi, fuyez, pauvres fous, mais si elle vous tend ce recueil, achetez-le et lisez-le, nom de Dieu !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Plus bas dans la vallée de Ron Rash
Un recueil de sept nouvelles dont celle qui fait suite à Serena, sonemblématique héroïne.

Quand Serena était partie pour le Brésil en novembre, elle avait laissé la consigne à Meeks le chef comptable que tout l'a coupé devait être terminée fin juillet impérativement. On était le 28, elle venait d'arriver avec son aigle mangeur de crotales, les nouveaux qui ne la connaissaient pas n'en revenaient pas. Un contrat avait été signé avec Brandonkamp pour la vente du matériel qui devait être chargé sur le train pour le 31, il reste donc trois jours et les intempéries sévissent tout comme les crotales plus féroces que jamais. Mais Serena n'a pas changé, elle n'envisage même pas un retard qui lui vaudrait 10% de moins sur l'accord, alors elle va mettre une pression infernale sur les hommes aidée par son âme damnée le manchot Galloway…

Le colonel Allen et ses hommes arrivent chez Rebecca et ses deux enfants. Il l'interroge prêt à tout prendre, saccager, brûler, puis, il découvre les lettres, celles d'Aaron, mort dans cette foutue guerre…

Gunter vient voir le pasteur pour qu'il le baptise à la demande d'Ezra, mais sa première femme a été retrouvée pendue, la seconde, Susanna était battue et le pasteur l'avait aidée à s'enfuir. Il veut maintenant épouser Pearl, 14 ans, fille d'Ezra, que va décider Yates le pasteur…

Stacy fait le contrôle des pêcheurs dans le parc, il y a ceux qui attrapent et relâchent, ceux qui attrapent et mangent et puis il y a Hardaway qui pêche sans permis, odieux, qui a fait de la prison…son chef lui conseille de l'oublier…

Il avait fermé le magasin, elle avait frappé au carreau, pieds nus, blessée à l'arcade. le 38 dans la ceinture il avait ouvert, il avait déjà pris tellement de mauvaises décisions dans sa vie…

Denton avait emmené ses deux beaux frères en virée dans son 4x4, il avait mis des pièges pour les ours dans la forêt, il veut récupérer leur vésicule biliaire, un remède bien connu. Il va visiter ses pièges pendant que Marlboro et Baroque sont au chaud. Il les appelle sur leur portable, il a glissé dans le torrent gelé…

Quand les gamins dirent aux vieux du coin qu'ils avaient vu un poisson énorme, les deux bras écartés au maximum, ils leur dirent d'aller raconter leurs blagues ailleurs mais lorsque Harley, un des leurs revint de la pêche avec sa canne démontée. le plus gros poisson pris dans le secteur était une perche de 80 cm dans les années 40. Alors on sort les jumelles, on guette et ce matin là, on l'aperçoit, gigantesque, entre l'alligator et la sirène…

On retrouve évidemment avec beaucoup de plaisir la terrible et sans scrupules Serena, encore plus intraitable et dont le coeur paraît s'être endurci au Brésil. Beaucoup d'humour dans certaines des autres nouvelles et puis la guerre, le machisme, la lâcheté.
Un recueil à consommer sans modération, l'écriture de Ron Rash est addictive.
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S'il y a un auteur dont je ne raterais à aucun prix les publications, c'est Ron Rash ! Et comme les bibliothèques n'oublient pas non plus de se procurer ses livres, je n'ai jamais trop longtemps à attendre. Cette fois, j'ai eu le plaisir de retrouver Serena, le personnage du roman du même nom lu il y a une dizaine d'années en version originale. Enfin, un plaisir tout relatif, car jamais, au grand jamais, je n'aurais envie de rencontrer réellement Serena.
Elle est revenue du Brésil pour exploiter les parcelles de forêt qui lui restent, et elle soumet les bûcherons à un rythme de travail effréné pour terminer la coupe avant la date-butoir d'un contrat qu'elle a passé. En une centaine de pages, les points de vue varient autour de plusieurs personnages, certains connaissant déjà Serena, d'autres la découvrant. La conclusion inattendue de cette nouvelle m'a ravie, ainsi que les ambiances pleines de tension dramatique, et la description toujours juste des personnages, des paysages, de la forêt martyrisée…

Dans les autres nouvelles, les atmosphères rudes du coeur des Appalaches restent noires, mais l'humour est bien présent aussi. Une sorte de miracle m'a évoqué les films des frères Coen, avec des personnages vraiment réjouissants ! Les autres textes, où les époques et les protagonistes sont des plus divers, ne m'ont pas déçue non plus. On y retrouve toujours l'empathie de Ron Rash, et une noirceur jamais gratuite.
Amateurs de nouvelles noires, à vos carnets !

Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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critiques presse (2)
Lexpress
21 novembre 2022
Un recueil de nouvelles grinçantes par l'écrivain des Appalaches.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Culturebox
17 octobre 2022
Et on replonge avec elle dans un monde âpre de bûcherons, où les serpents pullulent, un environnement fait de labeur insensé, de résignations et aussi de superstitions. Et on retrouve dans Plus bas dans la vallée, la finesse habituelle de Ron Rash.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Dans un marais on pouvait couper des arbres tout en sachant que des poissons continueraient à nager là où il y avait eu des arbres, et puis sur leurs souches on voyait des grenouilles, des tortues boîtes et des oiseaux. Mais ici les souches pâles donnaient à la terre un aspect vérolé, comme si elle était infectée par une horrible maladie. Une maladie qui tuait aussi l’ensemble des animaux, parce que Quince n’avait vu ni lapin, ni cerf, ni oiseau dans le secteur qu’ils avaient déboisé.
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L’équipe examina les arpents encore intacts.
« Va savoir s’ils nous demanderont pas d’accélérer la cadence, comme à la filature, dit Quince. Mon oncle Nebuchadnezzar, il y a travaillé dans une de ces usines, et v’là-t-y pas que leur « expert en efficacité » y se ramène avec une montre et chronomètre l’oncle Neb quand y change les bobines, comme si c’était une course ou un truc de ce genre, et pis qui dit à Neb qu’y devrait s’activer comme ça toute la journée. L’oncle Neb, il a demandé au type s’il voyait un fil électrique qui lui sortait du cul. Quand le type a répondu que non, l’oncle Neb lui a dit « Ben voilà », et y s’est tiré.
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Meeks avait l’impression que sa tête était une ruche, ses pensées y entraient et en sortaient à toute vitesse sans qu’il y en ait une seule qu’il parvienne à retenir et sur laquelle il puisse compter.
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La route, à peine plus large que l’auto elle-même, dévalait le flanc de la montagne en penchant et virant, comme dessinée avec une malveillance d’ivrogne.
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Il suffisait de regarder la Floride sur une carte
pour voir qu'elle pendouillait,
accrochée au reste de l'Amérique
comme une bite flasque .
C'était incroyable que les pères fondateurs
n'aient pas scié ce putain d'État
pour le laisser partir à la dérive.
Un État dont "l'individu" le plus célèbre
se baladait en feignant d'être une souris
de deux mètres cinquante.
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