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EAN : 9782757809570
416 pages
Points (22/05/2008)
4.5/5   58 notes
Résumé :
-...Vous viendrez me dire : Il m'est arrivé tel malheur -, vous auriez 18 ans, je vous aurais vu pleurer dans le coin là-bas, parce que vous m'auriez dit qu'une fille vous avait laissé dans telles ou telles circonstances, bon ! - Je vous aurais dit : T'en fais pas mon petit, c'est pas grave. - Bien sûr c'est très grâce de perdre ses billes ou d'avoir son ballon ou sa première bulle de savon qui crève, mais je vous aurait dit : - T'en fais pas mon petit. -Bien que le... >Voir plus
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C'est de la " mauvaise herbe "( et un copain de Brel et Ferré)
"Au village, sans prétention
J'ai mauvaise réputation
Qu'je me démène ou que je reste coi
Je passe pour un je-ne-sais-quoi…"

C'est un poète, qui chante Ronsard et Villon ;
Et un timide qui fredonne " Sous un coin de parapluie :"
Un petit coin de parapluie
Contre un coin de paradis
Elle avait quelque chose d'un ange
Un petit coin de paradis
Contre un coin de parapluie
Je ne perdais pas au change, pardi. "

Tous ses albums, soit plus de 200 chansons, sont réunis dans cette ballade de Brassens, l'éternel "polisson de la chanson".
Quand Margot dégrafait son corsage
Pour donner la gougoutte à son chat
Tous les gars, tous les gars du village
Étaient là, lalala la la la (bis)."

Georges Brassens, le parolier chanteur et poète, naquit à Sète en 1921. Il meurt en 1981. Avec 15 disques publiés de son vivant, il est l'un des chansonniers français les plus emblématiques. En 1991, inauguration à Sète de l'Espace Georges-Brassens.
"Supplique pour être enterré sur la plage de Sète."
Vous envierez un peu l'éternel estivant
Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant
Qui passe sa mort en vacances."
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Tout petit, à la maternelle, dans les années 50, entouré d'ombres noires encornées d'une blancheur à s'y "méprendre", entre le verre de lait de Mendès et la croix d'honneur qu'on recevait tout fier le samedi à midi, j'ai fredonné un après-midi, était-ce avant ou après la sieste ?... de mes lèvres enfantines " une jolie fleur dans une peau de vache". L'ire des amazones de Pie XII s'est alors abattue sur moi avec la brutalité de ces censeures qui n'hésitaient pas, pour protéger la chasteté virginale de leurs divinités, à enscotcher des lèvres purpurines envoûtées par le malin qui n'avait pas hésité à emprunter les traits poupins qui étaient les miens à l'époque. Je dus, le bec cloué par leur saint sparadrap, attendre que ma mère vienne récupérer son petit suppôt de Satan, qu'elle se répande en contritions, pour que la sainte inquisition ne me défasse de mon bâillon et me laisse enfin respirer librement cet air après lequel je gaspais depuis des heures tel un poisson qui aurait trop pêché.
Ce fut sur le radeau de ces "méduses" que je fis la connaissance de celui qui faisait passer les copains d'abord, et n'en déplaise aux encornées "fluctuat nec mergitur" fut la leçon que je retins de ces mères de substitution qui passaient leur temps à me faire croire qu'elles étaient mes soeurs.
Peut-être est-ce à elles que je dois d'être un mécréant à qui il arrive de songer plus souvent qu'à son tour que " est-il en notre temps rien de plus odieux, de plus désespérant, que de n'pas croire en Dieu ? J'voudrais avoir la foi, la foi d'mon charbonnier, qui'est heureux comme un pape et con comme un panier..."
Peu d'années s'écoulèrent avant que je retrouve, amoureux, l'ami Georges sur les bancs publics, puis encore un peu de patience avant que j'entende des voix bien intentionnées s'écrier " gare au gorille !".
Jeune homme, convoqué par mon pays pour m'acquitter de mes obligations à son égard, je refusai le quatorze juillet de marcher au pas sur une musique qui ne me regardait pas. Et que m'importait qu'on me fît une mauvaise réputation, j'avais rendez-vous avec vous. Vous dont le mari était parti un soir d'orage vendre des paratonnerres, vous à qui je répétais... quand je pense à... mais non, vous à qui je disais "j'ai l'honneur de ne pas te demander ta main, ne mettons pas nos noms au bas d'un parchemin." Vous que je contemplais dans l'eau de la claire fontaine ou donnant la gougoutte à votre chat. Avant vous, je n'avais jamais ôté mon chapeau devant personne... maintenant je rampe et je fais le beau ... j'étais chien méchant... et vous m'faites manger dans votre menotte. Eh oui, je me suis fait tout petit devant cette poupée qui ferme les yeux quand on la couche...Je me suis fait tout petit devant une poupée qui fait maman quand on la touche..." Pourtant des passantes dans ma vie sont passées, toutes ces femmes qu'on aime pendant quelques instants secrets, celles qu'on connaît à peine, qu'un destin différent entraîne, et qu'on ne retrouve jamais. Qu'elles fussent marquises, filles de joie, filles à cent sous, nymphomanes ou femmes qui, quatre-vingt quinze fois sur cent s'emmerdent en baisant... toutes m'ont convaincu qu'il n'y a pas d'amour heureux. Nous sommes comme ce petit cheval dans le mauvais temps... et pourtant, tout est bon chez elles, y'a rien à jeter, sur l'île déserte il faut tout emporter. Comme il faut de tout pour faire un homme, j'ai même été lèche-cocu... souvenez-vous... et tandis que lèche-cocu se prosternait cornes au cul devant ses éventuelles victimes, par surcroît, l'on couchait aussi - la morale était sauve ainsi - avec sa femme légitime . de toute façon et quoi qu'on en pense et dise, Cupidon s'en fout !
Qui peut dire, du moins parmi ceux de ma génération, celle d'avant et celle d'après, qu'il ne s'est pas senti accompagné par "le gros" comme le surnommait Brel quand ces potes de génie étaient pleins comme des cochons ?
On connaît la rengaine concernant Brassens : 3 accords et pom pom pom.
Que nenni ! L'homme composait d'abord au piano, et tout bon musicien vous dira que ses mélodies sont beaucoup plus élaborées que ce qu'en disent les mauvaises langues.
On lui reproche aussi son libertarisme, son anarchisme, son pacifisme... que certains associent à une forme de pleutrerie qui ne dit pas son nom.
Des chansons comme Les patriotes...Quant à nos trépassés, s'ils ont tous l'âme en peine, c'est pas d'être hors d'état d'mourir d'amour cré nom de nom, mais de ne plus pouvoir se faire occire à la prochaine, au monument aux morts , chacun rêve d'avoir son nom.
La Guerre de 14-18 ou le Général dort debout ont été détournées par leurs détracteurs dans ce sens.
Je songe en revanche à La tondue, chanson peu connue... et pour cause... qui sait ?
La belle qui couchait avec le roi de Prusse, avec le roi de Prusse, à qui l'on a tondu le crâne rasibus, le crâne rasibus. Son penchant prononcé pour les " ich liebe dich", pour les "ich liebe dich", lui valut de porter quelques cheveux postich's, quelques cheveux postich's. Et ces cheveux dont il va ramasser une mèche, il la mettra à sa boutonnière en guise de rosette...
Donc, les musiques de Brassens sont de très jolies musiques et ces textes font partie du patrimoine poétique français. C'est du moins ce dont je suis persuadé moi, qui "vis" avec Brassens depuis plus de soixante ans et dont ce livre qui contient l'ensemble de son oeuvre, de ses écrits est une bible... que je garde près de moi en permanence depuis des années et que je consulte de temps à autre, car elle parle mieux que beaucoup des femmes ( sans misogynie ) des hommes et des dieux. Et toujours elle se garde des périls qu'il y a à vouloir s'approcher trop près des trompettes de la renommée.
Brassens l'intemporel.

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Autant le dire tout de suite, la poésie n'est vraiment pas ma tasse de thé.
Sans doute à cause de mauvais souvenirs scolaires, les écrits des poètes suscitent en moi un ennui profond, je les trouve généralement pompeux, et parfois (souvent) à la limite du ridicule.
"Les bouts rimés
me font bailler".
J'entends déjà grincer des dents, s'affuter des commentaires bien sentis pour me remettre à ma place : "Mais pour qui se prend t'il pour critiquer ce qui fait le prestige de notre belle langue, etc".
Restons calme, je n'ai pas fini !
Heureusement, il y a la chanson, qui, quand elle est bonne est aussi une forme de poésie, avec en prime, l'inestimable bonus de la musique.
Nous en arrivons donc, à ce cher vieux Brassens.
Si il n'avait fait qu'écrire des poèmes, je ne l'aurais jamais lu, d'ailleurs, il n'aurait certainement pas touché le grand public, restant un obscur auteur, auto-éditant des plaquettes de ses textes.
Mais voilà, il y avait sa musique, son phrasé, sa pipe et ses greffiers.
De plus Brassens à aborder des thèmes qui parlent à chacun d'entre nous, l'amour, l'amitié, la connerie, et la mort, très présente dans son oeuvre...
Alors, si vous voulez me parler poésie, parlez moi de Brassens, et nous trouverons un inépuisable sujet d' échanges...
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Avec Brassens, la poésie retrouve sa position originelle, celle d'être un art chanté, conté. Comme les troubadours et les trouvères, l'auteur redonne sa vocation première à l'art poétique, s'adresser par monts et par vaux aux hommes puissants ou misérables, notables ou classes populaires. Brassens respecte à la lettre l'esprit des ménestrels ou autres bardes, en récitant en musique, les heurs et malheurs du temps, les joies et peines d'amours, n'oubliant surtout pas au passage d'égratigner les méchants, les fourbes, les égoïstes, les bourgeois. Tel un chansonnier des rues, l'auteur s'amuse avec la langue, les mots, les expressions, incluant de l'argot à la mode Audiard pour donner une verve, une causticité croustillante à des textes à l'humeur libertaire. Mais là, où Brassens excelle, c'est dans ses chansons et poésies sur la gente féminine. Ce thème étant à la fois sa raison d'exister et à contrario également son talon d'Achille. Car l'auteur ne fait pas vraiment dans l'amour courtois, raillant souvent les dames avec un délice inavoué, cependant, point de misogynie acerbe chez Brassens, plutôt un besoin presque enfantin et tendre de taquiner en permanence les élues et les recalées de son coeur. Sans concessions, l'auteur au ton parfois grivois se délecte de ses jeux de mots et de ses vers ironiques envers les femmes, attitude qui peut-être de nos jours serait sujet à controverse, pour des esprits chagrins puritain et sans humour décalé. Néanmoins, Brassens reste et restera encore pour longtemps un petit filou au coeur tendre, aimant la vie, la poésie, les copains et les femmes…
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Brassens n'est pas le misogyne qu'on dit.
Il a composé des odes au féminin. Il a repris le genre du blason, comme les poètes de la Renaissance faisant l'éloge de la beauté, de la poésie, sur un morceau choisi du corps féminin. Brassens en joue parce que « Le Blason », il le dédie au con, et la « Vénus Callipyge » au titre élégant, cale une référence à la pétanque et au cul de Fanny. Mais Brassens le fait tout en finesse dans ses chansons, contrairement à moi, il a de la délicatesse, lui. Dans « Rien à jeter », une de ses jolies chansons d'amour, « tout est bon chez elle » (et moi, toujours aussi classe, j'ajoute que tout est bon chez ce cochon). Brassens nous parle avec bonheur et avec honneur des filles de joie ou de toutes ces femmes qui rendent leur mari cocu. Une de celles que je préfère, c'est « La traîtresse », ou plutôt « Ma maîtresse, la traîtresse », celle qui trompe son amant avec son mari, parce qu'elle me fait bien rire celle-ci. Il n'est pas toujours délicat avec les femmes, il est vrai, mais nous ne le sommes pas toujours nous non plus. Nous sommes de sacrés peaux de vaches, ou des jolies fleurs , selon notre humeur ou selon la fantaisie.
En effeuillant« Les Lilas », je me suis dit que ce n'est peut-être pas pour rien que je trouve Brassens triste quand il chante ... Il dit dans une interview qu'il ressent le besoin d'être aimé. Il a un sourire coquin, celui qui chante a propos de ce "coquin de sort" mais ses yeux restent tristes, je trouve, et sa musique me laisse ce sentiment aussi ...

« Si ma chanson chante triste
C'est que l'amour n'est plus là »

« Et c'est triste de n'être plus triste sans vous ». (p.171)

Brassens entame « Je suis un voyou » par :
« Ci-gît au fond de mon coeur une histoire ancienne,
Un fantôme, un souvenir d'une que j'aimais …
Le temps, à grands coups de faux, peut faire des siennes,
Mon bel amour dure encore, et c'est à jamais … »
Il compare la femme à la Madone (la mère par excellence) :
« De la Madone, Tu es le portrait ! »
Elle, plus loin, comme une mère pourrait le faire, avec les mains sur les hanches  :
« Elle m'a dit, d'un ton sévère :
Qu'est-ce que tu fais là ? ».
Il se soumet assez souvent à la volonté impérieuse de cette femme : « Je subis sa loi, je file tout doux sous son empire » , comme dans « Je me suis fait tout petit ». C'est un coquin, ce personnage polisson, qui ne demande qu'à être mené par une femme à la figure maternelle, aux « dents de lait » quand elle sourit, chante ; et aux « dents de loup » quand elle se fait méchante.

Brassens nous charme avec ces femmes, aux « grâces roturières », avec sa Margot, la « Déesse en sabots ». Des femmes un peu naïves celles-ci. Dans «  Brave Margot », je crois qu'il rend un bel hommage aux mères et à la scène de l'allaitement. C'est, après tout, « un petit chat qui venait de perdre sa mère » et « le chat, la prenant pour sa mère, se mit à téter tout de go ». Nous n'entendons le plus souvent que la version la plus coquine, celle qu'on entend derrière ce fameux " là, la la la la la la". Il suffit de garder notre âme d'enfant, pour entendre autre chose, l'innocence. Cette naïveté du sens, c'est aussi ça qui fait que Brassens trouve un si grand public, et c'est quelque chose que j'admire, ces différents niveaux de lecture. Victor Hugo, de même, dans les Contemplations, mêle aussi bien les registres dans ses poèmes.

Quant aux mélodies de Brassens, certains disent que c'est sempiternellement la reprise de la même ritournelle,
moi je dis que ce retour du même, justement, cette musique familière qu'on entend, nous fait penser à une mélodie entendue il y a longtemps
« Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. » (Verlaine)
Dans « Celui qui a mal tourné », il se met en scène alors qu'il revient au quartier natal et qu'il ne retrouve plus ce qu'il a laissé derrière lui. On peut dire, je crois, que Brassens est un passéiste, un éternel nostalgique. Il est un peu mélancolique aussi, notamment dans ses chansons qui parlent de la mort.

Je ne m'attarde pas longuement sur le Brassens plus scandaleux, nettement plus drôle, des « Trompettes de la renommée », de « La ronde des jurons », du « Pornographe » et j'en passe. Je ne parle pas non plus du Brassens anti-clérical, anti-flics, du "Mort aux vaches". Je citerai juste Victor Hugo qui dit dans les Misérables que « [d]evenir un coquin, ce n'est pas commode. Il est moins malaisé d'être honnête homme. »

Sinon, ce que j'écoute le plus volontiers dernièrement de Brassens, c'est « Le bistrot » et « Le vin ». mais je le répète, j'aime tout chez lui.

PS : Je salue la (ré)partition intelligente des poèmes et chansons dans cette édition puisque nous avons sans la mélodie les textes disposés comme des disques à deux faces.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
https://www.youtube.com/watch?v=2BzH4T7ic-s

Gastibelza l’homme à la carabine
Chantait ainsi
Quelqu’un a-t-il connu Dona Sabine
Quelqu’un d’ici ?
Chantez, dansez, villageois la nuit gagne
Le Mont Falu
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou

Quelqu’un de vous a-t-il connu Sabine
Ma Senora ?
Sa mère était la vieille maugrabine d ’Antéquarra
Qui chaque nuit criait dans la Tour Magne
Comme un hibou
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou

Vraiment la Reine eut, près d’elle, été laide
Quand vers le soir
Elle passait sur le pont de Tolède
En corset noir
Un chapelet du temps de Charlemagne
Ornait son cou
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou
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Georges Brassens découvrit aux puces de Vanves le recueil d’Antoine Pol qu’il trouva médiocre, excepté le poème « Les Passantes ». Brassens le mettra en musique en 1972. J’ai beaucoup pensé au superbe poème de Charles Baudelaire « À une passante ».
Un extrait de la fin de la chanson :

Mais si l’on a manqué sa vie,
On songe, avec un peu d’envie
À tous ces bonheurs entrevus,
Aux cœurs qui doivent vous attendre,
Aux baisers qu’on n’osa pas prendre,
Aux yeux qu’on n’a jamais revus.

Alors, aux soirs de lassitude,
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir,
On pleure les lèvres absentes
De toutes les belles passantes
Que l’on n’a pas su retenir.

***
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Georges Brassens va découvrir le poème « Les passantes » écrit par la poète Antoine Pol en 1940 en se baladant au marché aux puces à Paris. Il a 19 ans, le met en musique et l’oublie. Au moment où, en 1971, il veut demander à Antoine Pol à le rencontrer et lui demander la permission de l’enregistrer, celui-ci meurt avant leur rencontre. Brassens créera la chanson à Bobino en décembre 1972. Plus tard, Maxime Le Forestier et Francis Cabrel l’interpréteront également. (Ce poème me rappelle le magnifique « À une passante » de Charles Baudelaire).

LES PASSANTES

Je veux dédier ce poème
À toutes les femmes qu’on aime
Pendant quelques instants secrets,
À celles qu’on connaît à peine,
Qu’un destin différent entraîne
Et qu’on ne retrouve jamais.

À celle qu’on voit apparaître
Une seconde à la fenêtre
Et qui, preste, s’évanouit,
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu’on en demeure épanoui.

À la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage,
Font paraître court le chemin ;
Qu’on est seul peut-être à comprendre,
Et qu’on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré sa main.

À celles qui sont déjà prises,
Et qui, vivant des heures grises
Près d’un être trop différent,
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D’un avenir désespérant.

Chères images aperçues,
Espérances d’un jour déçues,
Vous serez dans l’oubli demain ;
Pour peu que le bonheur survienne,
Il est rare qu’on se souvienne
Des épisodes du chemin.

Mais si l’on a manqué sa vie,
On songe, avec un peu d’envie,
À tous ces bonheurs entrevus,
Aux cœurs qui doivent vous attendre,
Aux baisers qu’on n’osa pas prendre,
Aux yeux qu’on n’a jamais revus.

Alors, aux soirs de lassitude,
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir,
On pleure les lèvres absentes
De toutes les belles passantes
Que l’on n’a pas su retenir.

***
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Quand les cons sont braves

Sans être tout à fait un imbécile fini,
Je n'ai rien du penseur, du phénix, du génie.
Mais je n' suis pas le mauvais bougre et j'ai bon cœur,
Et ça compense à la rigueur.
Quand les cons sont braves
Comme moi,
Comme toi,
Comme nous,
Comme vous,
Ce n'est pas très grave.
Qu'ils commettant,
Se permettent
Des bêtises,
Des sottises,
Qu'ils déraisonnent,
Ils n'emmerdent personne.
Par malheur sur terre
Les trois quarts
Des tocards
Sont des gens
Très méchants,
Des crétins sectaires.
Ils s'agitent,
Ils s'excitent,
Ils s'emploient,
Ils déploient
Leur zèle à la ronde,
Ils emmerdent tout l' monde.
Si le sieur X était un lampiste ordinaire,
Il vivrait sans histoir's avec ses congénères.
Mais hélas ! il est chef de parti, l'animal :
Quand il débloque, ça fait mal !
Si le sieur Z était un jobastre sans grade,
Il laisserait en paix ses pauvres camarades.
Mais il est général, va-t-en-guerr', matamore.
Dès qu'il s'en mêle, on compt' les morts.
Mon Dieu, pardonnez-moi si mon propos vous fâche
En mettant les connards dedans des peaux de vaches,
En mélangeant les genr's, vous avez fait d' la terre
Ce qu'elle est : une pétaudière !
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Pluriel

« Cher monsieur, m'ont-ils dit, vous en êtes un autre »,
Lorsque je refusai de monter dans leur train.
Oui, sans doute, mais moi, j'fais pas le bon apôtre,
Moi, je n'ai besoin de personn' pour en être un.

[Refrain] :
Le pluriel ne vaut rien à l'homme et sitôt qu'on
Est plus de quatre on est une bande de cons.
Bande à part, sacrebleu ! c'est ma règle et j'y tiens.
Dans les noms des partants on n'verra pas le mien.

Dieu ! que de processions, de monomes, de groupes,
Que de rassemblements, de cortèges divers, -
Que de ligu's, que de cliqu's, que de meut's, que de troupes !
Pour un tel inventaire il faudrait un Prévert.

Oui, la cause était noble, était bonne, était belle !
Nous étions amoureux, nous l'avons épousée.
Nous souhaitions être heureux tous ensemble avec elle,
Nous étions trop nombreux, nous l'avons défrisée.

Je suis celui qui passe à côté des fanfares
Et qui chante en sourdine un petit air frondeur.
Je dis, à ces messieurs que mes notes effarent :
« Tout aussi musicien que vous, tas de bruiteurs ! »

Pour embrasser la dam', s'il faut se mettre à douze,
J'aime mieux m'amuser tout seul, cré nom de nom !
Je suis celui qui reste à l'écart des partouzes.
L'obélisque est-il monolithe, oui ou non ?

Pas jaloux pour un sou des morts des hécatombes,
J'espère être assez grand pour m'en aller tout seul.
Je ne veux pas qu'on m'aide à descendre à la tombe,
Je partage n'importe quoi, pas mon linceul.

2484 - [p. 192-193]
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Vidéo de Georges Brassens
EN BATEAU AVEC GEORGES BRASSENS THALASSA PLANETE
Un film de Rémi Sautet 52' diffusé sur Planéte Thalassa en octobre et novembre 2011. Une version de ce film de 35' a été diffusée dans le magazine Thalassa sur France 3 en avril 2012
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