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EAN : 9781420934854
90 pages
Oxford Paperbacks (01/01/2010)
3.62/5   4 notes
Résumé :
Bruno Gautier, outre ses nombreux engagements sociaux ..., est aussi écrivain, poète, traducteur. Il présente ici, une nouvelle version française (bilingue) du florilège poétique de Gerard Manley Hopkins ... Cette nouvelle version fait suite à celle qu'l avait publiée en 2003 (Prix Nelly Sachs de la traduction littéraire 2004 et O'Connor Awards 2004). On notera aussi aux Editions du Cerf (2017) de "Quelque chose qu'ils ne soupçonnaient pas - Prédications de G.M. Hop... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Une note en fin de volume, p. 384, sur le poème n°51, nous apprend sur quelle édition anglaise de Hopkins Bruno Gaurier fonde son travail, sa présentation et sa traduction françaises. On s'attendrait à trouver ce genre d'information dans la préface : un lecteur curieux voudrait savoir qui est Hopkins, quand et comment il vécut, ce qu'il écrivit, et selon quelle méthode ses vers ont été rendus en français. Il lui faudra donc tomber par hasard sur une note en fin de volume pour le savoir, et sur des "Eléments de chronologie biobibliographique"... Bruno Gaurier n'oublie pas de parler de son sujet, heureusement, mais il ne s'oublie jamais non plus. On trouve bien des citations et des allusions gratuites à René Char, Martin Heidegger, André Chouraqui, Maître Eckart et tant d'autres signes extérieurs de culture parfaitement inutiles, sauf pour l'ego du traducteur.

Ces motifs d'agacement ne doivent quand même pas effacer les grandes qualités du volume : d'abord, il donne à lire les poésies complètes (supposons) de ce génial Gérard Manley Hopkins, qui n'existent en français que dans des éditions partielles ou des anthologies. On peut donc tout lire ici, à haute voix selon les conseils du poète, en s'aidant de la traduction, qui s'efforce de présenter un équivalent poétique français de la difficile poésie de l'original. Paradoxalement, ces versions traduites sont parfois plus obscures et difficiles que l'anglais, qui, avec ses rudes monosyllabes saxons, concrets, charnus, parle mieux, clair et haut, à la sensibilité que les abstractions françaises. Traduire de la poésie est une tâche infernale, on sera reconnaissant à l'auteur de s'y être attelé. La poésie de Hopkins lance un défi aux Français et en a stimulé plus d'un (surtout l'excellent Pierre Leyris). Pour certains poèmes, les plus célèbres, il existe plusieurs versions possibles qu'il est intéressant de comparer entre elles.

Ce livre a donc le mérite d'exister. Une édition complète plus technique, plus modeste, plus sérieuse que celle-ci est souhaitable.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
I wake and feel the fell of dark, not day.
What hours, O what black hours we have spent
This night ! what sights you, heart, saw ; ways you went !
And more must, in yet longer light's delay.
With witness I speak this. But where I say
Hours I mean years, mean life. And my lament
Is cries countless, cries like dead letters sent
To dearest him that lives alas! away.

I am gall, I am heartburn. God's most deep decree
Bitter would have me taste : my taste was me ;
Bones built in me, flesh filled, blood brimmed the curse.
Selfyeast of spirit a dull dough sours. I see
The lost are like this, and their scourge to be
As I am mine, their sweating selves ; but worse.

Traduction de Pierre Leyris.
Réveil : je sens le chu du noir, non pas le jour.
Quelles heures, déjà, ô quelles noires heures
De nuit ! Mon coeur, quelles visions ! Par quelles voies !
Et quelles à subir tant que tarde encor l'aube !
J'ai témoin pour ce que j'avance. Or, quand je dis
Heures, j'entends années, j'entends vie. Et ma plainte
Est cris sans nombre, cris lancés comme des plis
Perdus vers le très cher qui vit las ! hors d'atteinte.

Je suis fiel, aigreur. Dieu, selon sa loi profonde,
M'a fait goûter l'amer : mon goût propre : os, chair, sang
Ont charpenté, rempli, comblé le maléfice.
Self-levain de l'esprit, sûrit une pâte aigre.
C'est le lot des damnés, et leur fléau doit être
Comme je suis le mien, leur moi suant ; mais pire.

Traduction de Bruno Gaurier.
Dès l'éveil je ressens la tombée de la nuit, non le jour.
Ces heures, O quelles heures noires aurons-nous endurées
Cette nuit ! quelles visions mon âme ; quels chemins sous tes pas !
Plus encore à venir, et plus longues qu'attente du jour.
J'en témoigne j'en parle. Mais où je compte en
Heures, je dirais en années, tout à longueur de vie. Et ma plainte
N'est que clameurs sans fin, clameurs lancées en lettres mortes
Vers lui que j'aime il vit hélas ! au loin.

Tout m'est rancoeur, l'âme me brûle. Dieu par décret intime
M'a fait goûter l'amer : ce goût était tout moi ;
Mes os ont engoncé, ma chair m'a gavé, mon sang m'a débordé de malfaisance.
Levain-au-coeur lève une lourde pâte rance. J'y vois
Le sort des fils perdus, leur châtiment sera
Comme le mien je suis, leur être en suintera ; en pire.

Une autre encore :
Eveillé, je vis la nuit brute, non l'aube.
Quelles heures, O quelles noires heures subies
Cette nuit ! Mon coeur, quelles visions vues, détours suivis !
Avant d'autres encore, le jour encore tardant.
Je parle avec témoin. Mais quand je dis
Des heures, ce sont des ans, ma vie. Et ma plainte
Multiplie ses cris, cris comme lettres en pure perte
A lui, l'ami aimé, qui vit hélas ! ailleurs.
Je suis fiel, brûlure d'âme. le décret de Dieu, si profond,
A voulu pour moi ce goût amer ; ce goût était moi :
Mes os bâtis, ma chair emplie, mon sang gorgé d'opprobre.
Le propre-levain d'esprit une pâte lourde aigrit. Je vois
Que les damnés sont tels, et leur enfer d'être,
Comme je suis le mien, leur être suant ; mais pire.
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44.
To seem the stranger lies my lot, my life
Among strangers. Father and mother dear,
Brothers and sisters are in Christ not near
And he my peace my parting, sword and strife.
England, whose honour O all my heart woos, wife
To my creating thought, would neither hear
Me, were I pleading, plead nor do I ; I wear-
y of idle a being but by where wars are rife.

I am in Ireland now ; now I am at a third
Remove. Not but in all removes I can
Kind love both give and get. Only what word
Wisest my heart breeds dark heaven's baffling ban
Bars of hell's spell thwarts. This to hoard unheared,
Heard unheeded, leaves me a lonely began.

Traduction de Pierre Leyris.
Paraître l'étranger, tel est mon lot, ma vie
Parmi les étrangers. Père et mère chéris,
Frères et soeurs, sont dans le Christ non proches
Et Lui ma paix, mon désunir, glaive et discord.
L'Angleterre ô mon coeur en quiert l'honneur ! épouse
De mon penser créant, ne m'écouterait pas
Si je plaidais, ni ne plaidé-je : combien las-
sé d'être là, oisif, où les guerres abondent.

Me voici en Irlande à présent : c'est ma tierce
Eloigne. Non qu'à chaque éloigne je ne donne
Et ne reçoive amour. Mais à toute parole
De mon coeur le plus sage, ou le ban confondant
Du ciel noir, ou l'enfer, met barre. Ce garder
Inouï, ou ouï sans plus, me laisse à zéro, seul.

Traduction de Bruno Gaurier.
Passer pour l'étranger tel est mon lot, mon lait
En terre étrangère. Père et mère chéris,
Frères et soeurs ne sont plus proches en Christ
Lui et ma paix et ma rupture, mon fer mon désaccord.
Angleterre, que je me voue O de tout coeur à honorer, épouse
De mes créations, jamais n'écoutera
Ma plainte, aussi ne me plaindrai-je : je suis
Las d'être là sans rien faire quand les guerres font rage.

Je suis en Irlande à présent ; c'est mon troisième
Eloignement. Non pas que je ne sache à chaque départ
Amour tendre donner recevoir. Seul ce mot
Sage de mon coeur délivré des nuits du ciel vouant aux gémonies
L'attrait des antres de l'enfer. Mon cri non reconnu,
Entendu non reçu, me laisse à plat ébauche solitaire.

Autre version des trois derniers vers :
Mais la parole
La plus sage née de mon coeur, le non brut du ciel obscur
L'arrête ou l'emprise d'enfer l'empêche. La tenir inentendue
Ou, entendue, inécoutée, me laisse seul, inabouti.
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46.
Patience, que c'est dur ! et dure affaire de prier,
Mais prétendre à, là c'est Patience ! Patience à qui cherche
Veut la guerre, veut du sang ; peinent ses jours, ses tâches ;
A faire sans, on prend des coups, et l'on s'incline.
Rare patience s'enracine là, car, en-dehors,
Rien d'autre. Lierre inné de l'âme, Patience masque
La débâcle de nos plans révolus. Et elle exhibe là
Ses yeux injectés ses océans de feuilles diluées tout le jour.

46.
Patience, hard thing ! the hard thing but to pray,
But bid for, Patience is ! Patience who asks
Wants war, wants wounds ; weary his times, his tasks ;
To do without, take tosses, and obey.
Rare patience roots in these, and, these away,
Nowhere. Natural hearts's ivy, Patience masks
Our ruins, of wrecked past purpose. There she basks
Purple eyes and seas of liquid leaves all day.
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41.
No worst, there is none. Pitch past pitch of grief,
More pangs will, schooled at forepangs, wilder wring,
Comforter where, where is your comforting ?
Mary, mother of us, where is your relief ?
My cries heave, herds-long ; huddle in a main, a chief
Woe, world-sorrow ; on an age-old anvil wince and sing -
Then lull, then leave off. Fury has shrieked "No ling-
ering ! Let me be fell : force I must be brief."

O the mind, mind has mountains ; cliffs of fall
Frightfull, sheer, no-man-fathomed. Hold them cheap
May who ne'er hung there. Nor does our small
Durance deal with that steep or deep. Here ! creep,
Wretch, under a comfort serves in a whirlwind : all
Life death does end and each day dies with sleep.

Non de pire, il n'est rien. Douleur extrême plus qu'extrême,
Affres plus encore, à l'aune d'affres du passé, leurs brutales torsions.
Où est Consolateur, où ta consolation ?
Marie, mère de nous, où est-il ton recours ?
Montent mes cris en longs-cortèges ; drainés par une grande, majeure afflic-
tion, monde-en-larmes ; sur une enclume hors d'âge ils gémissent, se tordent,
Puis renoncent, et lâchent prise. La furie rugissait "point de
Répit ! soyons cruelle : force n'est que de couper."

O la pensée, pensée a ses montagnes ; des hauts à-pics
Horreur, vertige, de vie d'homme-insondables. Ne le tiendra pour rien
Que celui qui jamais n'y fut pendu. Et ne saura notre longue ou légère
Endurance maîtriser cette escarpe ou cet abysse. Ici ! rampe,
Pauvre hère, il est un réconfort très bas dans la tourmente : à toute
Vie la mort met fin, dans le sommeil meurt chaque jour.
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Inversnaid.
... What would the world be, once bereft
Of wet and of wilderness ? Let them be left,
O let them be left, wildness and wet :
Long live the weeds and the wilderness yet.

Qu'adviendrait-il du monde, une fois dévêtu
De sa nature et de ses eaux ? Laisse-les là,
O laisse là, le naturel et l'eau ;
Vivent l'herbe et sauvage la nature là.
(Trad. Bruno Gaurier)
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Vidéo de Gerard Manley Hopkins
Gerard Manley HOPKINS – Hommage de Jean Mambrino (France Culture, 1977) Une émission spéciale animée par Jean Mambrino diffusée le 29 avril 1977 sur France Culture. Présences : André Dhotel, Diane de Margerie, Jean Mambrino, François-Xavier Jaujard, Patrick Reumaux. Lecture : Jean Topart, Catherine Sellers et Jean Faubert.
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