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EAN : 9782352843030
156 pages
Editions du Jasmin (14/06/2018)
3.72/5   9 notes
Résumé :
"Quelles paroles, quels gestes ? On sous-estime toujours le pouvoir des mots, le poids des actes, leurs empreintes dans le tissu du temps."

À sa sortie, elle l'attend. Florianne n'est plus une adolescente et, à son tour, elle emmène Loïc au bord de la Mer du Nord. L’occasion de faire resurgir différentes strates de souvenirs pour celui qui a besoin de temps "pour [se] réaccoutumer au chaos du monde, [se] réconcilier avec ce millénaire qui pour l'heure... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Qui mieux qu'un éducateur spécialisé pouvait décrire de l'intérieur le fonctionnement de cette profession ? L'auteur plante le personnage central de son premier roman au coeur d'une maison d'enfant à caractère social. Avec pour décor, le quotidien des douze enfants accueillis, se joue le sort de Loïc, un professionnel d'internat confronté à un véritable tourbillon mêlant tout en les articulant, étroitement et confusément, vie privée et vie publique, douleur de l'existence et opportunité pour s'en sortir, tragédie personnelle et destin des enfants placés.
Cet ouvrage ne retient pas seulement l'attention pour sa belle écriture et son rythme cadencé. Il va creuser au plus profond de ce qui motive et perturbe, anime et bouscule, stimule et dérange beaucoup de ces adultes payés pour se confronter à la détresse de ces mômes si jeunes et pourtant déjà si fracassés pas la vie. Bien sûr, il y a ceux qui se protègent, en assurant le minimum requis ou en ne pensant qu'à leur carrière. D'autres préfèrent se réfugier derrière des schémas théoriques. Loïc, ravagé par un drame personnel, va transgresser les limites imposées par la profession. Reviennent de façon récurrente des questions dont la résolution est traditionnellement considérée comme un pré requis, pour exercer ce métier : puis-je être meilleur parent pour cet enfant que sa propre mère ? Comment résister au transfert massif qui m'envahit ? Jusqu'où doit aller mon implication ? Que faire pour continuer à protéger un enfant, quand le dispositif légal s'arrête ? Comment réussir à gérer mon sentiment d'impuissance ? Notre profession a pris l'habitude de s'abriter derrière la fallacieuse « bonne distance ». Ludovic Joce dynamite avec bonheur cette préconisation. Certes, pour les plus orthodoxes, l'illustration extrême qu'il propose ne fera que les confirmer dans leur conviction. Pour les autres, la trame de cette fiction viendra ébranler les évidences qui n'en sont pas vraiment. Et, elle les incitera, un peu plus encore, à s'engager dans la quête d'une authentique rencontre qui a bien peu de chance de se réaliser, quand on se limite au rôle de technicien de l'éducation distancié, neutre et désaffectivé.
Le roman commence brutalement par la sortie de prison du personnage central. Tout au long des pages, on ne cesse de s'interroger sur ce qui a pu l'y amener. On ne le saura qu'à la fin du récit. Que le lecteur ne compte pas sur cette chronique pour le lui révéler. L'intrigue tisse sa toile avec talent et suscite une avidité de lecture qui ne s'apaise qu'une fois la dernière page tournée, laissant toutefois un sentiment de trop peu, tant on aurait voulu que le propos perdure. C'est avec regret que l'on quitte Loïc, l'avenir qui s'offre à lui s'ouvrant sur un ensemble des possibles que l'auteur se garde bien de limiter. Ludovic Joce laisse le lecteur libre de donner cours à son imaginaire pour concevoir la suite.

Jacques Trémintin
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Loïc a fait la connaissance d'Hélène qui l'a guidée vers le métier d'éducateur spécialisé. Ensemble, ils ont eu une petite fille, Manon.
Jusqu'au drame, une ceinture oubliée et c'est la descente aux enfers pour Loïc qui culpabilise et se noie dans l'alcool pour tenter d'oublier.

C'est difficile de ne pas trop dévoiler l'histoire, alors je m'arrête là. La suite, vous l'imaginez déjà, c'est un long travail de deuil que Loïc va devoir faire.

Ce roman très réel de par l'histoire, mais aussi les lieux choisis qui peuvent être familiers pour certains, ne m'a cependant pas captivé. Pourtant, le style et l'écriture employés par l'auteur sont remarquables. Mais, je pense tout simplement que je n'accroche pas toujours à ce genre, le récit de vie.

Merci à l'opération Masse critique et au partenariat avec les Éditions du Jasmin qui m'a permis de découvrir un auteur, Ludovic Joce, dont j'ai apprécié la plume.
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L'incipit : »Dernier sas »est un miroir qui va se fissurer, trop vite, trop douloureusement. L'entrée est fracassante. le lecteur marche à reculons, ne quitte pas des yeux Loïc, le narrateur et protagoniste principal, le borde de raison. C'est un récit qui vit, s'agite et foudroie. le lecteur ne bouge plus, retient les gestes de Loïc, son désespoir en creux de vagues, sa déchéance, son pas de côté. Loïc tire les rideaux inaltérables, souffrances et batailles emmêlées, vacille sous le joug des évènements qui vont monter crescendo. Retenir le pourquoi, ne pas dire l'ultime. Ce récit est si prenant qu'il somme les faits divers de se taire. Un rai de lumière passe dans cette écriture subrepticement. le lecteur ne perçoit rien encore, tout se passe en invisibilité. Délivre Loïc, tels des morceaux de puzzle qui vont s'assembler, en diapason d'une espérance qui va s'éveiller en aurore de gravitation. le lecteur écarte les pans de ce tumulte intérieur. Admire l'écriture douée, rauque, d'un sanglot qui se retient, sur la majuscule de cette encre érudite. Loïc était, n'est plus, revient à la vie, frêle et titubant, emblématique de cette tendresse fraternelle. « Elle m'a demandé si j'avais une photo de ma fille. J'ai sorti mon portefeuille. –Là voilà, c'est elle. Elle l'a trouvée jolie. –On se ressemble un peu, tu ne trouves pas ? Je n'ai pas répondu. »Loïc pénètre dans le cercle d'une normalité, cabossée, il est néanmoins compatissant et protecteur et sera pour l'enfant attachante l'issue de secours à double sens. C'est si beau ici, dans ce point de gravité qui a trouvé son axe, tel l'outil spéculatif qui élève et consent. Ce récit n'a pas de point final. Il devient un horizon à réinventer. du linge claquant au vent des certitudes à venir. C'est un joyau, une rédemption en robe lactée. Une histoire réaliste qui ne laisse pas indemne et qui ouvre la porte sur l'avenir. « Qui sait ce que nous allons faire de ce que la vie a fait de nous. »Ludovic Joce vient de mettre au monde une gamme majeure. Publié par Les Editions du Jasmin, reçu grâce à l'opération Masse-Critique de Babelio « Point de Gravité » est une merveille à l'aube née. Merci !!!
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Loïc sort de prison. A la suite de quel problème a-t'il été incarcéré ? nous ne le saurons qu'à la fin du roman. Une jeune femme l'attend dehors et l'emmène directement au bord de la mer, tout au nord, là ils ont ils tous deux des souvenirs.

Loïc se remémore le passé, l'enfance pas très gaie, puis la rencontre avec Hélène, la naissance de sa petite fille, Manon, sa lumière. Un drame, dont il se sent responsable, va tout lui enlever. L'alcool achèvera d'en faire un quasi-zombie, avalant tout ce qu'il peut jusqu'à ne plus se rappeler de rien au petit matin.

Loïc a mis son métier d'éducateur entre parenthèses, incapable de l'exercer dans l'état où il se trouve, jusqu'au jour où une rencontre fortuite avec une collègue lui permet de revenir. Mais hanté par le souvenir de Manon, pourra-t'il tenir sa place auprès d'enfants diversement fracassés par la vie ?

Deux thèmes se dégagent de ce roman. Celui de la perte et du deuil impossible à faire pour Loïc et d'autre part, l'amour qu'il a de son métier et des gosses dont il s'occupe, aux réactions aussi imprévisibles que les siennes.

Le métier d'éducateur est rarement évoqué dans les romans et il est montré ici sans angélisme, dans sa réalité brute, avec ses hauts et ses bas. La fragilité de Loïc ne va pas faire bon ménage avec l'exigence du quotidien et on tremble en sentant venir les problèmes.

Une histoire que l'on suit avec une certaine anxiété, tant Loïc apparaît comme une marmite dont le couvercle est toujours sur le point de sauter, débordé par des sentiments contradictoires ..
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"J'avance lentement, avec cette curieuse impression de m'enfoncer dans l'asphalte. J'imagine qu'il va me falloir du temps pour me réadapter. Je suis bien placé, du moins je l'étais autrefois, pour savoir combien la tâche peut être ardue. Mais tout va bien se passer. C'est ce qu'on m' a rabâché maintes et maintes fois." A sa sortie, Loïc est attendu par Florianne. L'adolescente a laissé place à une jeune femme souriante qui travaille en tant qu'éducatrice. Comme lui avant. Les souvenirs remontent à la surface, Loïc replonge dedans et se souvient.

Loïc marié et papa d'une petite fille. Et brutalement le drame qui l'a déconstruit, rongé jusqu'à l'os. Après plusieurs mois d'absence et sur l'insistance d'une collègue, il retourne travailler. Malgré sa chute profonde, il veut donner à ces enfants ce qu'il doit leur apporter. Il faut sans cesse faire attention de ne pas dépasser ces limites où un enfant ( ou un adolescent) risque de s'attacher. Un métier qui demande de naviguer habilement entre le professionnel et le personnel. Sauf que Loïc veut changer un peu les règles pour eux et pour lui. Histoire de bonheur qui se voit en sourires.

la suite sur :
http://claraetlesmots.blogspot.fr/2014/05/ludovic-joce-point-de-gravite.html
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Caroline était une fille extra qui par certains côtés me faisait penser à Lili ou encore à Hélène le genre de fille qui s'investit à fond dans son boulot et croit dur comme fer qu'on peut changer le cours des choses, apporter sa pierre à l'édifice, aussi petite soit-elle.
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Qu'a-t-elle conservé de moi, précisément ? Quelles paroles, quels gestes ? On sous-estime toujours le pouvoir des mots, le poids des actes, leurs empreintes dans le tissu du temps.
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"J'avance lentement, avec cette curieuse impression de m'enfoncer dans l'asphalte. J'imagine qu'il va me falloir du temps pour me réadapter. Je suis bien placé, du moins je l'étais autrefois, pour savoir combien la tâche peut être ardue. Mais tout va bien se passer. C'est ce qu'on m' a rabâché maintes et maintes fois."
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J'ai l'impression de rêver. Tout est si soudain, paraît si irréel : ma sortie, ces retrouvailles, sans compter ces vagues de souvenirs qui resurgissent, se télescopent, me submergent. Je monte dans sa voiture. A l'intérieur, ça sent le tabac froid et quelque chose qui ressemble à de l'eucalyptus. Le cendrier déborde de mégots de cigarettes, de boules de chewing-gum collées dans leurs emballages. Sur la banquette arrière traînent quelques magazines people, une cartouche de News entamée et un sac à main en cuir blanc.
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J'ai l'impression de rêver. Tout est si soudain, paraît si irréel : ma sortie, ces retrouvailles, sans compter ces vagues de souvenirs qui resurgissent, se télescopent, me submergent. Je monte dans sa voiture. A l'intérieur, ça sent le tabac froid et quelque chose qui ressemble à de l'eucalyptus. Le cendrier déborde de mégots de cigarettes, de boules de chewing-gum collées dans leurs emballages. Sur la banquette arrière traînent quelques magazines people, une cartouche de News entamée et un sac à main en cuir blanc.
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