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EAN : 9782864248958
176 pages
Editions Métailié (10/01/2013)
3.68/5   39 notes
Résumé :
Un jeune médecin portugais, Sidonio Rosa, tombé éperdument amoureux de Deolinda, une jeune Mozambicaine, au cours d’un congrès médical, part à sa recherche et s’installe comme coopérant à Villa Cacimba. Il y rencontre les parents de sa bien-aimée, entame des relations ambiguës avec son père et attend patiemment qu’elle revienne de son stage. Mais reviendra-t-elle un jour ? Là, dans la brume qui envahit paysage et âmes, il découvre les secrets et les mystères de la p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Je reste en Afrique (dans mes lectures). Je reste en lusophonie. Je quitte l'Angola de Jose Eduardo Agualusa et prends le cap du Mozambique de Mia Couto.


Un medecin portugais s'installe dans un bled perdu du Mozambique, essayant de retrouver la trace d'une femme qui l'avait quitte et disparu mysterieusenent. C'est la qu'habitent les parents de cette femme: lui, vieux loup de mer agonisant, elle, sorciere ou tenue pour telle.


Avec force dialogues, Couto campe admirablement la problematique de la rencontre de differentes mentalites, une qui se veut scientifique et une attachee a des modes de pensee et de vie traditionnels, archaiques; et la problematique de l'immersion d'un homme blanc en une communaute d'hommes noirs qui ont connu le colonialisme. "A mesure qu'il s'eloigne des recoins qu'il connait si bien [...] l'etrangete cede la place a la peur [...] Il s'apercoit combien son Afrique etait reduite: une place, une rue, deux ou trois maisons en ciment. Alors il comprend combien sa personne apparaissait deplacee et combien, meme s'il ne le voulait pas, il se faisait beaucoup remarquer. Au fond, le Portugais n'etait pas une personne. Il etait une race qui marchait solitaire sur les sentiers d'une ville africaine". Il n'y a pas de grands heurts mais surtout une certaine mefiance (ou une certaine defiance?), et beaucoup d'incomprehension. Comment comprendre cet europeen, ce blanc, qui est venu se perdre dans un coin perdu, eloigne de tout grand ou moyen centre, presque sans communications avec l'exterieur? Que cherche-t-il vraiment? Et comment lui peut comprendre, en cet endroit qui vit comme reclus dans une autarchie sociale, les dissensions de ses habitants? Sont-elles dues a l'ancienne colonisation ou a des luttes survenues apres? Qui en fait l'accepte et qui le repousse? Qui est franc et qui lui ment? Tous mentent? Tous l'embobinent? Il ne peut saisir la verite de chaque mensonge, ce que chaque mensonge englobe de verite: "cette terre ment pour vivre". Et quand il finira par comprendre, ou croire avoir compris, ce sera la fin, ou trop tard, ou sans remede: il devra partir. Repartir. Vers le pays qu'il avait quitte sans trop savoir pourquoi. Maintenant il realise: " on part a l'etranger lorsque notre pays nous a deja quitte".


Couto est ne et vit au Mozambique. Il est tres engage dans le devenir de ce pays, et cela se sent a son ecriture. A son empathie profonde envers ses concitoyens, de tous bords, de toutes classes. Il ecrit leur histoire, leurs traditions, leurs valeurs, ce qu'il voit comme qualites et ce qu'il considere defauts. En une prose seduisante. Ici il entortille le lecteur dans une histoire d'amour egare, ou s'embrouillent d'autres passions intenses, des secrets accablants, des rancunes qui durent plus que la vie, une jungle humaine decrite avec tendresse et beaucoup d'humour.


J'ai aime les differents portraits que nous livre Couto, sans jamais les juger. J'ai aime les dialogues qui deviennent comiquement absurdes a force de non-dits, de malentendus, d'incomprehension. J'ai moins aime la fin, ou l'auteur precipite nombre d'intrigues imprevues et de stupefiantes solutions. Cela n'a pas gache mon plaisir, le style de Couto pardonne tout. Mais a ceux qui seraient interesses je conseillerais plutot "L'accordeur de silences", qui est une vraie merveille. Il laisse dans une certaine ombre ce livre-ci, malgre tous ses poisons et ses remedes.

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Sidonio, médecin portugais, s'est installé comme coopérant à Vila Cacimba, bled perdu au fond du Mozambique. Côté face, il s'agit d'une mission humanitaire, côté pile, le jeune homme est à la recherche de Deolinda, rencontrée lors d'un congrès médical à Lisbonne. A Vila Cacimba, il a retrouvé ses parents et s'est lié avec eux, sans révéler au père, Bartolomeu, qu'il est amoureux de sa fille.

Mais les parents n'ont guère plus de nouvelles de Deolinda, à part quelques lettres qui arrivent on ne sait comment et on ne sait d'où, dans lesquelles elle s'excuse à chaque fois de devoir reporter son retour. En attendant, Sidonio doit endiguer une mystérieuse épidémie de folie qui se répand parmi les soldats casernés à Vila Cacimba, et essaie de soigner Bartolomeu qui, parmi de nombreux maux, souffre surtout du mal de vivre et de saudade. Il tente aussi de le rabibocher avec sa femme et d'apaiser leur couple chaotique.

« Poisons de Dieu, remèdes du Diable » est un roman poétique, elliptique, qui raconte une histoire entre brumes et ombres, mensonges et vérités, dans lequel tout est brouillé et incertain, où l'on ne sait jamais trop si on est dans la réalité ou la métaphore. Sidonio est comme le lecteur : à peine croit-il tenir un bout de vérité qu'il s'aperçoit que ce n'était qu'une illusion, ou en tout cas une seule facette d'une réalité multiple et complexe, voire contradictoire, entre passion, rancoeurs, amour et secrets.

Avec un flou artistique charmeur et attachant, Mia Couto nous raconte aussi le Mozambique comme il va et ses habitants comme ils vivent, dans un contexte post-colonial et post-guerre civile qui imprègne encore fortement les coeurs et les âmes.
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Sidonio Rosa quitte Lisbonne pour Vila Cacimba au Mozambique où il espère retrouver Deolinda une jeune femme originaire de cette ville dont il est tombé passionnément amoureux, qui est repartie sans explications peu de temps après leur rencontre.
Tout est étrange aux yeux de Sidonio dans cette ville de Vila Cacimba et plus encore dans la maison où vivent confinés les époux Sozinho, parents de Deolinda, et plus particulièrement Bartolomeu, le père, qui ne quitte plus sa chambre depuis qu'il s'est enfui de l'hôpital «L'hôpital est un espace malade» protestait le vieux. En s'échappant de cet antre, il retournait à ses anciens recoins. «Moi et la maison souffrons de la même maladie : de saudades, dit-il».
Un livre où dominent les ombres, celles de la maison aux rideaux tirés reflet de l'ombre qui a envahi les protagonistes tous hantés par Deolinda la fille du couple infernal que forment les Sozinho. Sidonio va se rendre chaque jour au chevet de Bartolomeu dans cette chambre où «on fête le chaos ou, comme on dit en ville, on danse avec les démons.»
Le lecteur assiste à un jeu de colin maillard au cours duquel, à tour de rôle, chacun se renvoient Sidonio Rosa, étranger au pays, qui s'imaginait impressionner ces «africains» lui le médecin portugais. Il a affaire à de plus madrés que lui, c'est eux qui vont le gruger. A chaque fois qu'il croit enfin apprendre et comprendre ce qu'est devenue Deolinda il est à nouveau devant une énigme, tiraillé entre Bartolomeu Sozinho, malade confiné dans sa chambre, sa femme Mundinha et Suacelencia l'Administrateur.
Chacun va le balader en lui révélant, par étape, des pans troubles de sa vie, des secrets mais sans le laisser atteindre ce qu'il est venu chercher.
Qui ment ?
Les questions lui reviennent renversées, détournées du sens qu'il leur donne et il se retrouve à chaque fois perdu. 
«Finalement, tout commence par une erreur. Et tout se termine par un mensonge» p 163


L'atmosphère pourrait être étouffante car les ombres y sont épaisses et tout semble clos, envahi par la mort. Mais la langue exerce sa magie et le décalage entre Sidonio et les habitants de Vila Cacimba fait de ce livre un livre qui «déjoue la tristesse» 

Comme Sidonio, le lecteur se sent un peu balloté avant d'être pris dans une séries de rebondissements. L'obscurité, les mensonges dans lesquels chaque personnage se débat et tente de se protéger vont se transformer comme pour dona Munda qui finit par avouer au docteur :

--- Je vous désire beaucoup, Sidonio.
Le portugais garde le silence, la respiration contenue.

--- Vous m'avez donné le plus grand médicament. Je rêve à nouveau.

--- Et vous rêvez de qui ?

--- Je rêve de moi-même.

Ils vont pouvoir aussi se dissoudre grâce à des brassées de fleurs blanches les «beijos da mulata», les fleurs de l'oubli. 



J'avais mis trois étoiles après ma première lecture et en relisant pour essayer de présenter ce livre je lui en mets quatre. Il est peut-être un peu moins poétique et attachant que «L'accordeur de silences» mais je ne regrette pas cette lecture et je sais que Mia Couto fait partie des auteurs qui ne me déçoivent pas.
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Sidonio Rosa, médecin en mission humanitaire à Vila Cacimba, un village du Mozambique, rend visite à Bartolomeu Sozinho, un ex-mécanicien de bateau qui ne quitte plus sa chambre. Ces visites ont un sens particulier, puisque Bartolomeu est le père de Deolinda, une jeune femme que "Sidonho" a rencontré à l'occasion d'un congrès médical et dont il est tombé amoureux. Seule Mundinha, la femme de Bartolomeu, est au courant que le jeune docteur portugais connaissait leur fille. Deolinda, qui doit revenir au village, ne cesse de reporter son retour, et envoie à Sidonho d'étranges lettres, venues on ne sait comment dans ce village sous les nuages, des lettres lui demandant de prendre soin de ses parents, qui se détestent mutuellement, tandis que les habitants du village souffrent d'un mal étrange, se transformant en va-nus-puants, sorte de fantômes qui hantent le paysage.

J'adore la plume de Mia Couto, le langage poétique, les réflexions universelles, les mystères... Son écriture est consolante, berçante, apaisante, d'une grande douceur, toujours vive et changeante comme de l'eau, et jamais longtemps dénuée d'humour.
Ce récit s'attache aux pas d'un Portugais venu retrouvé sa belle. L'amour qu'il porte à Deolinda est une sorte de pierre d'ancrage, seul élément réel et stable de tout le livre. Dans la ville sous les nuages et la brume, les gens comme les vérités semblent tous déformés au hasard de celui qui prononce sa vision des choses, qu'il s'agisse de l'amour-haine que se portent les "beaux-parents" de l'amoureux, de l'origine de l'inimitié entre Bartolomeu et Suacelencia, l'Administrateur, voire même du rôle de Mundinha, que l'on prend parfois pour sa fille et qui va pleurer son chagrin tous les soirs dans la rivière. Les personnages comme les sentiments sont troubles, et troublent le lecteur comme le docteur Sozhino. Les faits semblent recouverts de plusieurs couches d'ombres. Les malades, ceux qui marchent découverts, les va-nu-puants, sont peut-être les plus sincères, les plus "vrais", et quand les doutes et découvertes multiples et contradictoires s'empilent, il ne reste plus qu'à mâcher les beijos de mulata, "les baisers de la mulatre", comme l'est Mundinha, que l'on appelle également les fleurs de l'oubli.
L'écriture, les images, les néologismes, sont éminament poétiques. Ce livre a une portée symbolique forte (le village avec l'épidémie, l'état de santé de bartolomeu et l'état de sa maison, le nom de fleurs de l'oubli et l'état de mulâtre de Mundinha) et l'on se prend à vouloir que ce jeu d'ombres et de lumières ne finissent jamais...
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Par amour d'une jolie africaine, un Portugais quitte son pays pour devenir coopérant dans un village du Mozambique. Mais sa belle est absente, elle serait partie en stage au loin. En l'attendant, il fait connaissance de sa famille, car son père malade a besoin de ses soins.

Le village est fictif si j'en crois les logiciels de recherche sur le web et l'ensemble de la situation navigue dans le mensonge et la métaphore. le père raconte quelque chose qui n'est pas tout à fait la vérité, la mère demande un remède pour mettre fin aux souffrances de son mari. Les fils de l'histoire s'entortillent et forment une pelote complexe qu'on ne réussira à démêler qu'à la fin du livre.

Un roman d'une écriture particulièrement poétique. L'auteur (et la traductrice) n'hésitent pas à inventer des mots savoureux, par exemple avec subterfuges : « Le réceptionniste, subterfugitif » (p. 57).

Un roman qui parle de la vie et de la mort, du rêve et des aspirations de la réalité.
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critiques presse (4)
Actualitte
17 janvier 2014
L'Afrique restera-t-elle pour toujours irrémédiablement mystérieuse ? Ce qui est sûr, c'est que Mia COUTO sait mieux que quiconque la raconter sans pour autant la dévoiler.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LaPresse
13 mai 2013
Voix montante de la littérature africaine, Mia Couto parle du Mozambique de la décolonisation et d'après la guerre d'indépendance en passant par des huis clos étouffants qui deviennent des microcosmes de la réalité du pays.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Lexpress
23 janvier 2013
Reste la faconde de Mia Couto, dont la langue enchantée - superbement traduite en français - sert de thérapie au monde délabré qu'il met en scène.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
16 janvier 2013
Mia Couto est un écrivain d'ombres et de lumières, un illusionniste moderne qui regarde le Mozambique avec les yeux de David Lynch. Ses images tiennent du rêve, mais ses mots viennent crever les bulles oniriques pour ramener chacun au plaisir d'être sur terre, malgré les souffrances endurées.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
--- Vous êtes heureuse, dona Munda ?
--- Ce n'est pas que je sois malheureuse. C'est heureuse que je ne suis pas.
Et elle explique : la double absence de bonheur et de malheur est encore plus douloureuse que la souffrance. Le véritable châtiment, ce n'est pas l'enfer avec ses flammes dévoratrices. La plus grande punition, c'est le purgatoire éternel.
--- J'ai appris une chose dans la vie. Celui qui a peur du malheur ne parvient jamais à être heureux. p 36
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Le destin des femmes est d'etre coupables. Avec l'age elles maitrisent davantage de savoirs dangereux. Pas besoin de preuves. Il suffit que l'accusation de sorcellerie retombe sur elles. La justice est sommaire, sans juges, sans jugements. Le verdict est facilite: les femmes ont deja ete jugees avant qu'il n'y ait de tribunal.
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Dona Munda renâcle en agitant un éventail en paille près de son visage. Ce n’est pas la chaleur qu’elle chasse. C’est l’air empesté du dispensaire, l’odeur fétide de la maladie. Elle passe prudemment entre les malades prostrés par terre, adossés aux murs. Elle n’a jamais vu le dispensaire si plein à craquer de gens.

L’épidémie qui a atteint Cacimba se propage. De plus en plus de personnes sont en proie aux fièvres, aux délires et aux convulsions. Le Portugais, nouveau venu, est l’unique médecin et il ne vient pas à bout de la situation. La maladie est d’un autre ordre qui échappe aux sciences, qui sait ? Afin d’écarter cette nature nébuleuse de l’épidémie, dona Munda brasse l’air avec son éventail nerveux. Ensuite, elle jette un œil par une fenêtre intérieure et voit le médecin Sidónio Rosa soigner un enfant.

“Tout médecin a un peu d’une mère”, pense-t-elle en observant le geste enveloppant avec lequel le Portugais tient l’enfant malade.
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Finalement, les hommes sont aussi de lents pays. Et là où l'on pense trouver de la chair et du sang, il y a de la racine et de la pierre. D'autres fois, cependant, les hommes sont des nuages. Il suffit que le vent souffle et ils se défont sans trace.
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- Docteur Sidonho?
- Dites, mon ami.
- Vous avez apporte le medicament?
- Quel medicament?
Le vieux sourit, triste. Ses paupieres tombent tandis qu'il secoue la tete. Un soupir efface la frontiere entre la resignation et la patience.
- Oh! Docteur, le medicament avec des jambes, des seins, des fesses...
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Vidéo de Mia Couto
Dimanche 2 octobre 2022 Clôture du FIG 2022 et annonces du FIG 2023 avec François-Xavier FAUVELLE, président 2022, Merieme CHADID, grand témoin 2022, Mia COUTO, président du Salon du Livre 2022, Bruno TOUSSAINT, maire de Saint-Dié-des-Vosges et Thibaut SARDIER, président de l'ADFIG
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