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EAN : 9782851842879
161 pages
Ivrea (14/01/2010)
3.86/5   7 notes
Résumé :


prosodie, phrasé : à quoi, de nos à jours, on ne prête plus guère attention, pour tomber dans les clichés les plus éculés -la fameuse "musique" du vers-, alors que la prosodie, par ses règles -en cela, différente de la simple scansion, orale, elle, ou rythmique-, d'ordre syntaxique, ici -comme, au reste, en musique, précisément- transmet ce qui, de sens -d'affect, aussi-, peut et doit, phrasé, se dire : en vérité.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
La pièce semble avoir été créée pendant la saisons 1643-1644 au théâtre du Marais, la première publication date de 1644. Elle continuera à être jouée, d'une façon régulière, ce qui laisse supposer un certain succès. le titre originelle en était La mort de Pompée. Lors de la première publication de ses oeuvres complètes en 1660, Corneille modifie la pièce, et le change le titre. Il est coutumier (comme d'autres auteurs de cette époque), de ces procédés, il s'agissait dans l'esprit du temps, d'améliorer les oeuvres, les polir.

« A bien considérer cette Pièce, je ne crois pas qu'il y en ait sur le Théâtre, où l'Histoire soit plus conservée et plus falsifiée tout ensemble ». (Examen de Pompée)

Cette phrase issues de l'Examen de Pompée inclus dans l'édition de 1660 permet d'aborder la question du rapport à l'histoire de Corneille. Question importante, beaucoup de commentaires sur l'auteur insistent sur cet aspect de ses oeuvres. le rapport fidélité / invention dans l'oeuvre est complexe. A son époque, pour ainsi dire toute la production tragique a recours à des sujets historiques (ou mythologiques, ou s'inspirant d'une histoire mythique ). Mais dans toute cette production, Corneille a une attitude différente, qui l'a opposée à un certain nombre de théoriciens du théâtre de son temps. La conception de l'époque permettait de larges accommodements avec les faits connus, ils étaient non seulement tolérés, mais considérés comme indispensables. Et ils s'appuient sur une source à l'autorité incontestable, Aristote.
« ...le rôle du poète est de dire non pas ce qui a eu lieu réellement, mais ce qui pourrait avoir lieu dans l'ordre du vraisemblable et du nécessaire […..] la poésie est plus philosophique et plus noble que l'histoire : la poésie traite plutôt du général, l'histoire du particulier. Le « général », c'est le type de chose qu'un certain type d'homme fait ou dit vraisemblablement ou nécessairement.»

La poésie (le théâtre était considéré comme de la poésie à l'époque) est supérieure à l'histoire, et peut donc la transformer. Corneille dans la préface de Polyeucte a parlé d' « ingénieuse tissure des fictions avec la vérité ». Mais Corneille diffère parce qu'il va chercher dans l'histoire des événements extraordinaires, qui ne sont pas jugés vraisemblables par ses contemporains. La caution historique (tel événement a vraiment eu lieu) permet de le rendre crédible aux yeux du spectateur, qui sans cela risquerait de ne pas adhérer au contenu de la pièce, ce qui permet à Corneille d'outrepasser le vraisemblable et le nécessaire. Sa fidélité à certains fait historiques lui a été reprochée à son époque, au nom de la bienséance, de la vraisemblance. de même on a reproché à ses personnages historiques d'être trop proches, trop fidèles, à leur époque. On jugeait ses Romains vraiment tels que Rome les a connus. Or les théoriciens de l'époque, voulaient qu'ils se rapprochent des hommes du XVIIe siècle, par les moeurs, les coutumes, la façon d'être, pour que le spectateur y croit davantage.

Mais Corneille n'est pas fidèle d'une façon pointilleuse à l'histoire, il invente, modifie. Il expérimente d'ailleurs, ce n'est pas la même formule dans toutes les pièces. Mais ce qui est important, c'est « l'action principale », et on peut modifier le reste, les détails. Il rajoute par exemple des personnages féminins (il faut une histoire d'amour à toute tragédie) comme Emilie dans Cinna. Ces inventions permettent au lecteur de rentrer dans le récit, d'y prendre du plaisir (premier objectif d'une pièce) et d'une certaine façon permettent de faire passer l'esprit de l'histoire, au prix d'une entorse avec la lettre. Il y a quelque chose de la recherche d'un universel derrière tel ou tel personnage historique, qui s'accommode de quelques modifications sur des détails liés à une époque, et quelques embellissements pouvant rendre le récit plus plaisant aux hommes de son temps. Cette capacité à capter un universel, est sans doute ce qui a permis à son théâtre de traverser les siècles, en disant sans doute des choses différentes, mais ayant un sens, à des spectateurs et lecteurs d'une époque autres que la sienne.

Pour en revenir à Pompée, Corneille s'est appuyé sur de nombreuses sources historiques, et tout particulièrement Lucain et Plutarque. le sujet a donné lieu à plusieurs pièces avant lui, et il en connaissait sans doute certaines. La pièce paraît à un moment historique sensible, le cardinal de Richelieu meurt en 1642, la pièce a donc sans doute été écrite après sa mort. Certains exégètes ont donc voulu y voir une attaque contre le cardinal. Il semble très difficile de trancher, et à la limite, ce n'est pas forcément très important, l'essentiel étant à mon sens la pièce elle-même, sa consistance et charge dramatique.

Nous sommes en l'an -48, Pompée vient d'être défait à la bataille de Pharsale par Jules César, il veut se réfugier en Egypte. La pièce commence à ce moment. Les conseillers de Ptolomée, roi d'Egypte, lui proposent de tuer Pompée, pour s'attirer les faveurs du nouveau maître. Ptolomée les écoute. Pompée est invitée à terre, et assassiné. Un serviteur fidèle brûle comme il le peut son corps. L'intrigue est compliquée par Cléopâtre, qui lutte avec Ptolomée pour le trône. Elle est contre la mort de Pompée, et elle a déjà une intrigue amoureuse avec Jules César. César montre de l'indignation à la vue de la tête de Pompée qu'on lui présente, il l'a fait remettre à la veuve, Cornélie, pour une cérémonie funéraire plus digne que la précédente. Ptolomée, inquiet, envisage un coup de force contre les Romains, et le meurtre de Jules César. L'intrigue est dénoncée par Cornélie, et les Romains sont vainqueurs, Ptolomée meurt courageusement, et Cléopâtre peut s'emparer du trône et vivre son amour avec Jules César. Cornélie part continuer la lutte.

Une pièce très puissante. le tout début, avec la description des restes de la bataille, des cadavres, des horreurs, des morts, est saisissant. Tout comme la mort de Pompée. le personnage de Jules César, tout en ambiguïtés, entre opportunisme politique, et une vertu affichée, est étonnant. Ptolomée, cauteleux, voulant mener double jeu, et facile à manipuler pour ses conseillers, est aussi un personnage intéressant. Cléopâtre, bien moins vénéneuse et sensuelle que ce que l'on attendrait, en paraît presque pâle, les aspects les plus potentiellement choquants ont été soigneusement édulcorés ou passés sous silence, elle est au final une bonne reine vertueuse, qui veut sauver Pompée, puis son frère, et qui aime véritablement Jules César. Elle introduit une galanterie un peu fade dans une pièce par ailleurs d'une grande violence et cruauté. Mais cela demeure fort.
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C'est beau ! C'est beau ! C'est beau !
Comme toujours notre cher Corneille
Comme ce petit pas d'une coccinelle
Avec la douceur qui interpelle
Celle qui nous appelle
Celle qui nous dit c'est elle !
Les mots qu'on ramasse à la pelle

Rare ceux des pièces de théâtre me font vibrer chapeau bas...

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Corneille nous offre en vers la mort de Pompée par Achillus et Septime sur ordre de Ptolémée, qui croyait, ce faisant, faire plaisir à César. Celui-ci poursuivant Pompée débarque pour faire sienne l'Egypte, placer sur le trône Cléopâtre et se débarrasser de Ptolémée.

L'histoire est connue et même archi-connue. Mais c'est plaisant et même fort plaisant de la lire ainsi en vers. Et pour une fois, même si les longues tirades cornéliennes sont bien présentes, j'ai eu l'impression de moins de longueurs. Et c'est même de façon enlevée qu'il m'a semblé que Corneille venait à bout de son ouvrage. Un bon moment de lecture.
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Pompée a perdu la bataille contre César. En fuite, il demande asile en Égypte.

Pompée n'est pas la meilleure tragédie de Corneille. C'est une pièce classique, en 5 actes, dont le sujet s'inspire très librement de l'histoire antique. Elle met en scène avec brio trois figures historiques mythiques (Pompée, César et Cléopâtre), leurs problèmes et leurs calculs politiques, qui paraissent d'ailleurs encore furieusement d'actualité. Cependant, l'essentiel de l'histoire ne se déroule malheureusement pas sur scène, ce qui ralentit l'action, dont on n'a connaissance que par des récits rapportés.

Une tragédie classique efficace mais écrite de manière un peu pesante.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
PTOLÉMÉE : Assez et trop longtemps l'arrogance de Rome
A cru qu'être Romain c'était être plus qu'homme.
Abattons sa superbe avec sa liberté ;
Dans le sang de Pompée éteignons sa fierté ;
Tranchons l'unique espoir où tant d'orgueil se fonde,
Et donnons un tyran à ces tyrans du monde.

Acte I, Scène 1.
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Je l'aime ; mais l'éclat d'une si belle flamme,
Quelque brillant qu'il soit, n'éblouit point mon âme,
Et toujours ma vertu retrace dans mon coeur
Ce qu'il doit au vaincu, brûlant pour le vainqueur.
Aussi qui l'ose aimer porte une âme trop haute
Pour souffrir seulement le soupçon d'une faute ;
Et je le traiterais avec indignité,
Si j'aspirais à lui par une lâcheté.
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Quand les dieux étonnés semblaient se partager,
Pharsale a décidé ce qu'ils n'osaient juger.
Ses fleuves teints de sang, et rendus plus rapides
Par le débordement de tant de parricides,
Cet horrible débris d'aigles, d'armes, de chars,
Sur ses champs empestés confusément épars,
Ces montagnes de morts privés d'honneurs suprêmes,
Que la nature force à se venger eux-mêmes,
Et dont les troncs pourris exhalent dans les vents
De quoi faire la guerre au reste des vivants,
Sont les titres affreux dont le droit de l'épée,
Justifiant César, a condamné Pompée.
Ce déplorable chef du parti le meilleur,
Que sa fortune lasse abandonne au malheur,
Devient un grand exemple, et laisse à la mémoire
Des changements du sort une éclatante histoire.
Il fuit, lui qui, toujours triomphant et vainqueur,
Vit ses prospérités égaler son grand coeur ;
Il fuit, et dans nos ports, dans nos murs, dans nos villes ;
Et contre son beau-père ayant besoin d'asiles,
Sa déroute orgueilleuse en cherche aux mêmes lieux
Où contre les Titans en trouvèrent les dieux :
Il croit que ce climat, en dépit de la guerre,
Ayant sauvé le ciel, sauvera bien la terre,
Et dans son désespoir à la fin se mêlant,
Pourra prêter l'épaule au monde chancelant.
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Ô soupir ! Ô respect ! Oh ! Qu’il est doux de plaindre
Le sort d’un ennemi quand il n’est plus à craindre !
(Acte V, scène 1)
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Lecture par l'auteur
Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos
« Ce livre est un ensemble de nouvelles autobiographiques, classées par âge de la vie, de la petite enfance à aujourd'hui. Ces nouvelles sont souvent, pas toujours, des mésaventures dans lesquelles j'éprouve peur et honte, qui me sont assez naturelles et me donnent paradoxalement l'énergie d'écrire. Scènes de gêne ou de honte, scènes de culpabilité, scènes chargées de remords et de ridicule, mais aussi scènes, plus rares forcément, de pur bonheur, comme celle qui donne son nom au livre, Célidan disparu : personnage à la fois pusillanime et enflammé d'une pièce de Corneille que j'ai jouée à mes débuts d'acteur, dont je découvris lors de l'audition pour l'obtenir, qu'il me révélait à moi-même, et faisait de moi un acteur heureux. »
Denis Podalydès
À lire – Denis Podalydès, Célidan disparu, Mercure de France, 2022.
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