Le sobre et puissant « making of » d'un documentaire sur l'apostasie en Israël.
Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/04/14/note-de-lecture-pork-and-milk-valerie-mrejen/
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En 2002, une galerie de Tel-Aviv m’a contactée pour me proposer une exposition. L’idée était de passer du temps sur place et d’y élaborer un projet lié au pays. Par hasard, quelques jours plus tôt, j’avais discuté avec une amie rentrée depuis peu à Paris après avoir vécu six ans en Israël ; nous avions entre autres évoqué les religieux, leur façon de s’habiller, leur vie organisée, leur attitude fermée et rigoriste. Elle me disait s’être un jour perdue en voiture dans les rues de Méa Sharim, le quartier ultra-orthodoxe de Jérusalem, un vendredi en fin de journée alors qu’elle faisait visiter la ville à ses parents. Instantanément, les gens étaient apparus aux fenêtres et s’étaient mis à crier shabes ! shabes ! shabes ! (Shabbat en yiddish). Une femme religieuse qui rentrait chez elle leur avait conseillé de fuir au plus vite en indiquant une direction. Quelques secondes de plus et ils se seraient sans doute retrouvés sous des nuées de pierres, assaillis de toutes parts.
Pour avoir souvent traversé ce quartier lors d’un séjour là-bas, j’avais été frappée par ces hommes habillés en noir, ces jeunes garçons aux crânes rasés avec de longues mèches sur les tempes, ces mères aux regards indifférents et aux perruques invariablement coiffées en brushing, ces fillettes portant des collants opaques sous les robes de leurs sœurs aînées. Dans le bus ou aux arrêts, un religieux ne viendrait jamais s’asseoir à côté d’une femme. Si une femme s’installait sur sa banquette, il se déplacerait aussitôt pour aller à côté d’un homme. Il ne daignerait pas adresser la parole à un non-pratiquant, se laisserait encore moins aborder par un goy.
Nous avions repéré Michal au cours de la fête organisée par l’association Hillel au sous-sol d’un immeuble, dans une grande salle polyvalente. Pour elle, l’expérience de l’armée avait été déterminante. Comme pour beaucoup d’enfants issus de familles religieuses, ça avait été la première porte de sortie, le moyen de s’échapper en étant pris en charge et de rencontrer une réalité nouvelle ignorée jusqu’alors. C’est là qu’elle avait commencé à faire du sport et pris goût au rugby. Je m’appelle Michal, j’ai 23 ans, je viens d’une famille religieuse, 9 frères et sœurs, père rabbin, mère professeur dans une école religieuse. Elle s’était toujours posé des questions mais avait vite compris qu’il était inutile de les formuler autour d’elle, autant à l’école que dans sa famille. Les réponses n’étaient pas satisfaisantes ou éludaient habilement la question, qui concernait généralement l’existence même de Dieu. Elle a continué a douter en secret et à garder ses interrogations pour elle jusqu’à ses dix-huit ans.
Où, quand et comment avez-vous découvert la pratique documentaire ? C'est la question posée par Balises à Pauline Horovitz et Bani Khoshnoudi,, invitées du cycle « Féminin singulier, formes du réel », proposé par la Cinémathèque du documentaire à la Bpi et le Centre national des arts plastiques en juin 2023.
Réalisation et montage : Julie Combes
Merci à Pascale Cassagnau et Arnaud Hée
Merci également aux artistes pour leur disponibilité : Joanna Grundzinska, Daphné Hérétakis, Pauline Horovitz, Bani Khoshnoudi, Marie Losier, Ariane Michel, Valérie Mréjen, Florence Pezon, Noëlle Pujol et Éléonore Saintagnan
Réalisé en partenariat avec le SAE Institute
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