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EAN : 9782363080639
231 pages
Arléa (04/09/2014)
3.83/5   190 notes
Résumé :
Il s’appelle Olivier, elle s’appelle Héloïse. Ils partent déjeuner, mais la rame de métro dans laquelle ils sont montés est gravement endommagée par une explosion.
Restera de cet accident des corps meurtris, un sentiment brisé et une photo de leur évacuation, si violente et si impudique qu’elle va tout faire trembler autour d’eux. Ils n’auront qu’une obsession : réparer les dégâts que cette image aura causés dans leurs vies.

Portrait d’après b... >Voir plus
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A qui profite le crime ?

Parfois au criminel, toujours aux médias qui vendent leur papier ou la publicité à la télévision et sur les réseaux sociaux.

Le 19 septembre, Olivier et Heloïse, deux collègues, déjeunent ensemble puis empruntent le métro. A 12 H 07 une explosion ravage la rame et les blesse grièvement. Olivier arrache Heloïse aux décombres et la porte sanglante à l'extérieur. Un paparazzi les photographie et la presse à scandale titre sur « les amants du métro ».

Les familles des deux victimes prennent en pleine figure ce portrait lourd de sous entendus. Les deux blessés sont touchés jusque dans leurs vies professionnelles. Olivier est mis au placard par son employeur.

Hélène Gestern décrit jour par jour le calvaire physique et psychologique enduré par Olivier, Heloïse et leurs familles, du 19 septembre au 19 décembre (il est peu vraisemblable qu'un 1 novembre, jour férié, un salarié reprenne son travail). Elle imagine leur contre attaque et l'offensive lancée, avec leur avocat, un webmaster et des photographes, pour tuer la rumeur, ou au moins la freiner.

C'est glacial, bouleversant, profondément humain car chacun se reconnait en Olivier et chacune en Heloïse. Tous se reconnaissent aussi en consommateur des médias …

« Portrait d'après blessure » prend à bras le corps une question essentielle, lourde d'impacts judiciaires, qui est d'autant plus urgente que l'IA (Intelligence Artificielle) crée des photos fausses et semblant plus vraies que nature.

Le quotidien «Libération» illustre sa une du jeudi 19 octobre 2023 d'une photo qui montre un manifestant en colère au Caire brandissant l'image générée par IA d'un bébé sous les gravats.

« Fake news » qui choque aujourd'hui mais pourrait devenir la « norme » demain ?

PS : de la même romancière : L'odeur de la foret
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Hélène Gestern reprend dans son troisième roman les thèmes qui lui sont chers, la photographie et la (non) communication, en choisissant un nouveau prisme. A la différence de Eux sur la photo et la Part du Feu, dans lesquels la photographie était un révélateur du passé liée au secret de famille, ce Portrait d'après blessure nous interroge sur les effets de l'image en temps réel. La vie des deux protagonistes Héloïse et Olivier, collègues de travail, est bouleversée lorsqu'à la suite d'un attentat ils se retrouvent en couverture d'un magazine. le genre de littérature "le poids des mots, le choc des photos" que vous feuilletez dans la salle d'attente du dentiste ou chez le coiffeur et qui vous transforme en voyeur. Cette leçon de chose est d'autant plus intéressante lorsqu'au fil de la lecture vous apprenez qu'ils travaillent pour Histoire d'Images, une émission télévisée qui recueille les réactions de personnes face à des photos historiques prises lors de conflits.

Où commence le droit à l'information, où s'arrête celui du respect de la vie privée, en particulier lorsque la personne photographiée n'a pas de droit de réponse.
En reprenant le même principe narratif, alterner la voix des deux protagonistes, Hélène Gestern nous donne à réfléchir sur la place de l'information et des nouveaux media.




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Olivier enseigne l'histoire à l'Université.
Il s'est mis en disponibilité afin de produire des " émissions historiques" au Service Culturel à la télévision, un moment enthousiasmant dans sa vie.
Il vit avec Karine, une hôtesse de l'air, il est atypique,bouillonnant, drôle, brassant quinze idées à la seconde...
Héloïse, elle, est discrète, érudite, élégante et timide, mariée à Yves, un ingénieur Aéronautique, ils ménent une vie calme, banale,rythmée par les nombreuses missions d'Yves au Etats-Unis, ils n'ont pas d'enfants car lui n'est pas prêt,Heloïse, aprés des études d'histoire, gère les archives du département Mémoire et Patrimoine du Ministère de la Défense.
Tout naturellement, elle devient la collaboratrice d'Olivier, ils ont en commun la passion de l'histoire et de la photo.
Un matin, ils prennent le métro ensemble, une explosion se produit dans la rame.
Héloïse est gravement blessée, Olivier oubliant sa propre douleur et ses blessures,réussit à la dégager des décombres.
Au moment de leur évacuation, ils sont photographiés alors qu'ils se trouvent tous deux dans un état de vulnérabilité extrême.
Cette image volée donnant à voir leurs corps abîmés et leur douleur sera reprise à l'infini par les journaux et largement diffusée sur Internet.
Olivier et Héloïse, hospitalisés dans un état grave sont loin de se douter que cette photographie impudique et violente fera basculer leur vie.....
Plus tard, Héloïse visionnant cette photo par hasard est submergée par la honte, l'humiliation et le désarroi....elle tente de contacter Olivier, parti se ressourcer en Irlande afin de poursuivre le photographe qui a fichu leur vie en l'air.....
Je ne connais pas Héléne Gestern mais j'ai beaucoup aimé ce livre surtout pour les questions salutaires qu'il pose...
L'auteure s'interroge sur le pouvoir et le poids dévastateur de l'image, cette image que l'on voit partout , tellement qu'elle peut bousculer et détruire des vies, changer le regard sur vous.

Une image volée cristallisera tous les non-dits,le voyeurisme obscène, les fantasmes, le fatras,la calomnie, le mensonge, le regard de l'autre....
Avec une infinie pudeur, sans pathos, un style net , ciselé, précis, vif, elle nous interroge et nous oblige à réfléchir sur le droit à l'information et ses limites, sur la puissance d'Internet difficile à maîtriser, sur certaines pratiques journalistiques outranciéres et sur l'avalanche d'images qui nous étouffent et nous privent de réflexion :" le sordide fait vendre"....
Quand cesserons nous d'être passifs?
Doit - on tout montrer?
Quel est le poids de " vies ordinaires" face à cette information agitatrice, démesurée, sans recul et dans la surenchére?
Un lavage de cerveau?
Cette auteure raconte aussi avec délicatesse,en laissant " les questions ouvertes", avec finesse, sensibilité et intelligence, le destin de ces deux êtres, traumatisés, meurtris, blessés,attachants, pour toujours?
Se relèveront t- ils?
Retrouvront - ils leur dignité et leur sérénité?
Comment se reconstruiront ils ?un ouvrage simple qui fait réfléchir dans un monde saturé d'informations....
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Un simple événement peut faire basculer une vie, alors imaginé être victime d'une explosion dans le métro. Un attentat ? C'est la piste que poursuit la police.
Héloïse et Olivier se sont trouvés au mauvais endroit au mauvais moment, Olivier dans un sursaut arrivera à sortir Héloïse de cette carcasse de tôle broyée qui gémit encore de tant de malheurs et de vies brisées. C'est à ce moment là qu'un photographe les fige pour l'éternité alors qu'ils se trouvent dans une posture de total délabrement. lls ne sont pas mariés mais collègues de travail. La photo choc sera publiée à la une de bons nombres de magazines et de journaux télévisés sous le prétexte du droit à l'information. Double peine pour des victimes innocentes qui n'avaient franchement rien demandé.
Un livre très bien construit qui alterne les points vues des deux protagonistes et qui posent la réflexion du voyeurisme à notre époque d'hyper médiatisation. L'auteur nous ballade sur toute l'étendue des émotions : du dégout du plus profond à la joie, de la colère à l'espoir ... Un regard sur ces accidentés et sur les dégâts collatéraux dont ils sont victimes et dont ne parle jamais les médias qui ont pour seul crédo : scotcher le quidam dans le fond de son canapé afin de lui administrer sa dose de pub, donc de bonheur, hebdomadaire. Remarquez nous sommes un peu complice, l'audience n'est jamais aussi élevé que quand cela devient gore ...
Oui madame, je suis choqué ! Rendez-vous compte de ce que l'on voit à la télé !
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Quatrième roman que je lis d'Hélène Gestern , et ses personnages m'émeuvent toujours autant!

Olivier et Héloïse. Rescapés d'une explosion dans une rame de métro. Un événement traumatisant. Mais ce qui le sera plus encore, c'est cette photo. Prise par un paparazzi à l'affût de scoops. Ce viol de l'intimité. Olivier qui emporte celle qu'il commence à aimer pour qu'elle soit sauvée. Elle est exposée, blessée, à demi-nue dans ses bras. Elle qui est si pudique, discrète. On devine les ravages que cette photo fera sur leurs entourages respectifs, car ils sont tous les deux mariés.

On sait que la photographie est un sujet obsessionnel chez l'auteure. D'ailleurs, ses deux personnages travaillent dans ce domaine. Ici se pose le problème très actuel du droit à l'information , sésame qui permet tout, notamment une intrusion violente dans la vie intime. " Il est vrai qu'il n'y avait pas de mot dans le code pénal pour décrire ce geste très particulier qui consiste à violer la douleur avec un objectif" . Au-delà de l'histoire particulière d'Olivier et Héloïse, de la difficulté à se reconstruire, l'auteure fait réfléchir sur les photos de journalistes en général. Faut-il tout montrer, l'horreur des guerres, la souffrance ? Une femme interrogée à propos d'une de ces photos écrit:" Oh! Je sais bien, il parait que maintenant le citoyen a le droit et le devoir de pouvoir à toute heure contempler la saloperie du monde.(...) Peut-être que c'est de la lâcheté de ma part , que je vieillis, mais moi, je n'y arrive plus."

Les blessures individuelles prennent ici un aspect universel. C'est sans doute pour cette raison que les deux personnages ne sont pas assez, à mon avis, fouillés. C'est le seul regret que je garde, après lecture. Un roman en tout cas poignant, qui nous interpelle. A lire!
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Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
Bien que les mots du ministère public fussent sans équivoque, qui disaient la détresse, le dénuement des blessés, et l'inéluctable avilissement des lecteurs à qui était offert ce spectacle, ils n’avaient pas empêché les avocats du groupe de presse de gagner par ce qui ressemblait à un KO technique.

Le tribunal avait relaxé le magazine en raison de l’« absence d'une définition suffisamment précise » pour qualifier l'infraction. Il est vrai qu il n'y avait pas de mots dans le code pénal pour décrire ce geste très particulier qui consiste à violer la douleur avec un objectif.

J’ai essayé d'imaginer ce qu'avait éprouvé la plaignante à l'énoncé du jugement. S'était-elle sentie doublement trahie ?
Une deuxième fois blessée dans sa chair ?

Avait-elle éprouvé la même frustration que celui qui voit le coupable sortir libre parce qu'une preuve a été mal cataloguée, une signature oubliée au bas d'un formulaire ?
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Dans mon sac à dos, je n'avais glissé qu'un livre, de ceux qu'on laisse des années dans sa bibliothèque sans avoir le courage de les ouvrir. Un balcon en forêt, de Julien Gracq. j’y ai plongé comme on se laisse glisser dans l'eau. Ce récit de violence cachée, celle-là même dont je venais d'apprendre la langue à mes dépens, aurait maintenant pu être le mien. J'avais besoin du secours de ces mots, ces images de forêt, de lumière pale, quand la drôle de guerre gronde à bas bruit autour des hommes avant de se déchaîner.

Je lisais le volume sans hate, soir après soir, en découpant les pages encore scellées avec un couteau de cuisine. Quand je pensais à Héloïse, son image se confondait, dans mes rêves, avec celle de Mona, la femme de la forêt.
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Oh, je sais bien, il paraît que maintenant le citoyen a le droit et même le devoir de pouvoir à toute heure contempler la saloperie du monde, les corps ensanglantés sur les chaussées de Syrie ou d’Irak. Même une enfant qui se noie centimètre par centimètre au journal de vingt heures, on nous la montre.

Peut-être que c'est de la lâcheté de ma part, que je vieillis, mais moi, je n’y arrive plus. Si ça ne nous laisse que le temps d’avoir mal à notre impuissance, sans rien pouvoir y faire, merci bien.
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Au fond, on devrait pouvoir abolir les belles-familles ; ou en tout cas, se dispenser de fréquenter certains de leurs ressortissants. Je n'ai jamais aimé Fabienne et elle me l'a toujours bien rendu. Elle méprise mon métier, mes études d'histoire, qui me rangent dans la catégorie honnie des "intellos" ; je n'ai que peu d'estime pour ses préoccupations de matrone, toujours au ras du pot de pâte à tartiner dont elle goinfre son insupportable marmaille. Le fait que je n'aie pas encore "donner d'enfant" (c'est l'expression qu'elle emploie) à son frère est à ses yeux la preuve d'un égoïsme impardonnable. Je me retiens de lui rétorquer que, de ce point de vue, elle travaille pour deux : six enfants, les deux derniers fabriqués dans le dos de son mari, un pauvre hère qui finira par craquer, ce qui sera, je n'hésite pas à le dire, bien fait pour elle - et dommage pour les petits.

p.78
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Mon œil a été attiré, sur la page des dépêches du jour, par un article : « Suicide d'une adolescente cyber-harcelée ». J'ai cliqué. Au Canada, une jeune fille de dix-sept ans s’était donné la mort après avoir été saoulée à la vodka, violée, et prise en photo par ses agresseurs, qui avaient posté les images sur le net. Après quoi ses camarades de classe avaient inondé le compte de la jeune fille de messages d'insultes et de propositions obscènes.

La justice avait renoncé à poursuivre les violeurs faute de preuves.

La victime, elle, avait fini par se pendre.
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" Il y a des femmes magiciennes ! On avait adoré 555 et Hélène Gestern revient avec un nouveau roman, Cézembre, qui est le nom d'une île au large de Saint-Malo. Ce roman est une invitation, l'histoire des armateurs malouins au travers de personnages prenants ! C'est définitivement une des grandes écrivaines françaises contemporaines. Captivant !" - Gérard Collard.
Au fil de pages magnifiques qui sont autant de tableaux de cette côte bretonne à la beauté aussi envoûtante qu'inquiétante, l'époustouflante saga d'une famille malouine dont la mer a fait la fortune et le malheur.
À retrouver sur lagriffenoire.com https://www.lagriffenoire.com/cezembre.html
Et en format poche : - 555 https://www.lagriffenoire.com/555-2.html
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