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EAN : 9782717865936
128 pages
Economica (17/06/2013)
3.5/5   4 notes
Résumé :
En 1939, l'Allemagne part en tête dans la course à l'atome. Elle a les meilleurs physiciens, les laboratoires les mieux équipés et elle met vite la main sur des mines d'uranium.
Pourtant, ce sont les États-Unis qui ont eu la bombe et pas Hitler. Pourquoi? Les savants allemands se sont-ils trompés? Ont-ils saboté la recherche par antinazisme, comme ils l'ont prétendu? Les bombardements alliés les ont-ils empêché de travailler?
Au cours d'une enquête min... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'un des films qui fait un carton en ce moment est le biopic de Christopher Nolan sur Robert Oppenheimer, le "père" de la bombe atomique américaine. Je suis encore réticente à aller m'enfermer pendant 3 heures … sauf si la canicule persiste !

Néanmoins intéressée par ce sujet « brûlant », j'ai retrouvé dans ma bibliothèque un livre publié en 2013 par l'historien et scientifique Nicolas Chevassus-au-Louis qui pose la question : Pourquoi Hitler n'a pas eu la bombe atomique ?

L'essai est court, clair, les explications accessibles au non initié, toujours d'actualité. Car à la veille de la Seconde guerre mondiale, la plus grande puissance de recherche est l'Allemagne avec un nombre exceptionnel de prix Nobel en physique et chimie (7 entre 1919 et 1939 contre 5 aux USA et 5 aux britanniques, 2 en France). Dès 1939, l'Allemagne s'est lancée dans deux projets de recherche sur le nucléaire, l'un civil, l'autre militaire.

Grâce à l'annexion des Sudètes, elle a accès aux mines de pechblende, et à partir de 1939, elle décide de stopper toute exportation d'uranium … le milieu scientifique est cependant peu favorable au nazisme mais c'est une voie pour les jeunes chercheurs d'échapper à l'incorporation.

La question fondamentale est : comment enrichir l'uranium 235 pour produire des matériaux explosifs qui dépassent d'un facteur de plusieurs dizaines la force des explosifs existants ? Et il faut aussi un modérateur d'une masse atomique aussi faible que possible pour maîtriser la réaction en chaîne : l'eau lourde ou le graphite. Seule l'usine norvégienne NorskHydro est en mesure de la produire … C'est ce qui donnera le célèbre film « La bataille de l'eau lourde » en 1948. Plus tard, les chercheurs exploiteront un nouveau procédé avec une cascade de centrifugeuses …

Toutefois, l'appareil d'Etat nazi se caractérise par la multiplication de structures redondantes et rivales entre elles. Plusieurs programmes sont en concurrence, y compris chez la Poste, puis à la Kiegsmarine. Au fur et à mesure de leurs conquêtes, les Allemands s'emparent d'un important stock d'uranium en Belgique (Congo), du cyclotron de l'équipe Joliot-Curie à Paris … Mais à partir de 1943, l'intensification des bombardements alliés perturbe les programmes de recherche et imposent le déménagement des laboratoires. Après la débâcle, les Américains et les Britanniques « recrutent » nombre de scientifiques allemands, nombreux sont aussi ceux qui partent continuer à travailler en URSS – dont peu passeront à l'Ouest.

Aux Etats-Unis, les ingénieurs américains n'ont que mépris pour les atomistes allemands. Leur projet Manhattan, unique, est gigantesque. Il aboutit en août 1945 avec les bombes sur Hiroshima et Nagasaki. En 1949, les Russes parviennent au même résultat.

La clé de la réussite de ces programmes est une direction unique à deux têtes dotée de tous les pouvoirs : un militaire et un scientifique. Leslie Groves et Robert Oppenheimer d'une part, Lavrenti Beria et Kourtchakov d'autre part.

Dispersion des efforts, concurrence des projets, redondances, manque de matières premières critiques, bombardements ont nui à l'aboutissement dans les temps des projets allemands sans compter les conflits de pouvoirs, la désorganisation de l'appareil d'Etat nazi, et la peur omniprésente dans un régime totalitaire.

Certains des savants ont tenté, pour justifier leur échec, d'avancer une sorte de résistance passive, se concentrant davantage sur la mise au point d'une machine génératrice d'énergie plutôt que sur la bombe … Cependant, il est à peu près certain que les Allemands ont procédé à un essai nucléaire en Thuringe, causant la mort de centaines de prisonniers. Mais il ne subsiste aucun écrit de ce fait, seulement quelques témoignages … IL n'étaient donc pas loin d'atteindre leur objectif !
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Durant la première moitié du vingtième siècle, la physique atomique allemande était en pointe, suivie par la France où le couple Joliot-Curie avait pris le relais des travaux fondateurs de Pierre et Marie Curie. L'Angleterre n'était pas en reste avec les laboratoires de Rutherford, de J.J. Thomson et le théoricien Paul Dirac.
Quant aux États-Unis, ils allaient bientôt profiter d'une fuite des cerveaux sans précédent en Europe avec l'avènement du nazisme et les lois antisémites.

La découverte de fission nucléaire par Otto Hahn et son laboratoire allait d'un coup rendre envisageable la conversion contrôlée de l'énergie de masse de la matière en énergie thermique. Cette éventualité a été partout (Italie, France, Angleterre, Allemagne etc.) très tôt prise au sérieux. Même si la manière de contrôler la fission restait à inventer, il était déjà clair que l'Uranium 235 jouerait un rôle fondamental. Lorsqu'on découvrit le plutonium, un des produits de fission de l'uranium, l'opinion qu'une nouvelle source d'énergie allait naître était confortée.

Sous le nazisme trois programmes de recherches nucléaires allemand étaient en lancés. Ils n'étaient pas coordonnés et ne communiquaient pas entre eux.

Le premier programme était un programme dont les objectifs étaient civils (production d'énergie). Il est né de la réunion du 29 avril 1939 au ministère de l'Education du Reich où furent conviés quelques physiciens atomistes allemands (ni Heisenberg, ni Otto hahn n'y auraient participé. Les participants de cette réunions se baptisèrent l'Uranverein : le cercle de l'uranium.

Le second programme est créé le 15 juin 1939 à l'initiative du Heereswaffenamt (HWA) le centre de recherche et développement sur l'armement de la Wehrmacht. C'est Erich Schumann, général de brigade, qui le dirige. Il est informé des découvertes de Otto Hahn et à pris conscience des potentialités destructives du nucléaire. Schumann nommme Kurt Diebner à la tête d'un programme de recherche pour une bombe atomique.



Cependant, un troisième programme de recherche, subventionné par la Poste du Reich dirigée par un nazi de la première heure soucieux de se faire bien voir du Führer. Wilhelm Ohnesorge se laisse convaincre par Manfred von Ardenne, ingénieur et physicien, inventeur et touche à tout génial, de signer avec son laboratoire privé un contrat de recherche portant sur "le développement technique de procédures et d'installations dans le domaine de la fission de l'atome". L'autodidacte von Ardenne, méprisé par les physiciens de l'Uranverein n'a accès aucune aide intellectuelle ou matérielle de leur part.

Quand la guerre éclate (3 septembre invasion de la Pologne), l'Uranverein est placé sous tutelle du HWA.

Les scientifiques de l'uranverein, étaient certainement l'équipe la mieux préparée intellectuellement à la réussite. Les meilleurs physiciens restés en Allemagne y collaborèrent ; le prestige de ses savants (Heisenberg en tête) a fait que ce groupe le plus connus et le plus étudié des historiens. Leurs travaux progressèrent lentement, gênés par leur isolement de la communauté scientifique internationale et de plus en plus, par les bombardements alliés qui détruisaient leurs usines et leur laboratoires.
Sous la direction de Kurt Diebner le second groupe, beaucoup plus militarisé semble être parvenu à la réalisation d'une bombe qui aurait été essayée à Ohrdrurf (Thuringe) en mars 1945. Ce fait est très peu connu ; il repose sur quelques minces témoignages recueillis récemment et d'autres trouvés dans les archives de la STASI. Des photographies aériennes américaines ont identifié de site mais les mesures radiologiques effectuées à l'époque confirment faiblement cette hypothèque parce qu'elles furent mal réalisées.
L'équipe de von Ardenne travaillait sur la construction d'un cyclotron pour pouvoir séparer les isotopes de l'uranium par voie électromagnétique. Faute d'archives disponibles on ne sait rien de l'état d'avancement de leurs travaux.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Les Britanniques n'ont été que très partiellement informé des avancées du projet Manhattan, jalousement gardées secrètes par Groves. En mettant la main sur les principaux physiciens atomistes allemands, dont se désintéressent leurs alliés américains, ils tiennent ainsi peut-être une occasion unique de récupérer des informations cruciales pour la maîtrise de l'énergie nucléaire.
C'est ainsi que naît l'opération Epsilon, visant à interner les physiciens atomistes allemands dans un cottage truffé de micros. Après les terribles conditions de vie de l'Allemagne en ruine de 1945, les invités de sa Majesté qui s'installent, après être passés par la Belgique, à Farm Hall le 3 juillet 1945, apprécient le luxe de l’accueil qui leur est fait. La nourriture est excellente, la bière à volonté et tous reprennent du poids après deux années de privations. Logés en chambre individuelle, ils sont autorisés à écouter la radio, disposent d'une bibliothèque, dans laquelle von Laue rédige une histoire de la physique, et d'un piano sur lequel Heisenberg aime à jouer Beethoven. Le major Rittner vient régulièrement leur faire la lecture pour améliorer leur anglais, souvent sommaire. Pour tromper l'ennui, ils se promènent dans la roseraie, jouent aux cartes, au volley-ball dans le jardin, et, surtout, discutent interminablement de physique. Un séminaire est organisé deux fois par semaine.
L'annonce de l'explosion d'Hiroshima, comme on l'a vu dans le prologue, vient interrompre dramatiquement cette routine. Elle devient pendant plusieurs semaines l'unique sujet de conversation des invités. Le 8 août 1945, ils décident d'envoyer à la presse un communiqué, comme les y a autorisé le major Rittner. Il commence en ces termes: "Les articles parus dans la presse ces derniers jours contenant des affirmations en partie incorrectes au sujet de prétendus travaux conduits en Allemagne sur la bombe atomique, nous souhaitons vivement expliquer brièvement comment se sont développés leurs travaux sur le nucléaire." Viennent ensuite cinq paragraphes, avec chacun ses annexes. le premier rappelle la découverte de la fission de l'uranium par Hahn et Strassmann. Le deuxième mérite d'être cité intégralement, car il être à l'origine de bien des controverses sur lesquelles on reviendra au chapitre suivant. "Au début de la guerre, un groupe de recherche a été réuni, ayant pour instruction de faire étudier les applications pratiques de cette énergie. Vers la fin de 1941, les travaux scientifiques préliminaires avaient montré qu'il serait possible d'utiliser l'énergie nucléaire pour produire de la chaleur, et donc de faire fonctionner des machines. D'autre part, la production d'une bombe ne semblait pas possible, à ce moment là, compte tenu des moyens techniques disponibles en Allemagne." Les trois derniers paragraphes résument respectivement la manière dont fut organisé, à partir de la Norvège, l'approvisionnement en eau lourde, les travaux de Harteck sur l'enrichissement en 235U par centrifugation, et enfin les travaux menés sur les réacteurs de Berlin, puis Haigerloch. "Compte tenu de l'avancement des travaux vers la fin de la guerre, la construction d'un appareil produisant de l'énergie n'aurait sans doute pas pris très longtemps" conclu le memorandum.
Ce texte, qui ne sera cependant jamais publié, des atomistes allemands offre donc un résumé correct des travaux menés au sein de l'Uranverein [le cercle de l'Uranium]. En revanche, il est remarquablement mutique sur les recherches menées par d'autres acteurs, celles de von Ardenne sur la séparation isotopique et, surtout, celles menées par le groupe de Diebner d'abord sur un réacteur à Gottow, puis sur une arme en Thuringe. Gerlach et Diebner, les deux seuls à en être informés, n'ont évidement aucune intention de révéler l'existence de ce test qui a causé la mort de centaines de prisonniers. La seule mention du nom d'Ohrdruf suffirait à les désigner comme criminels de guerre. Lorsque l'armée américaine a libéré le camp de concentration, elle y a été tellement impressionnée par les empilements de cadavres, parfois calcinés, qu'une visite des généraux, Eisenhower en tête, a été organisée, et un film tourné. Alors que le monde découvre, terrifié, la barbarie des camps nazis, Gerlach et Deibner ne peuvent en aucun cas révéler qu'ils y sont associés. Le pacte secret n'est rompu qu'une fois, de manière grinçante et allusive, par Diebner, dans l'émotion collective qui suit l'annonce de l'explosion d'Hiroshima. Si l'Allemagne avait pu construire la bombe, lance-t-il, "le professeur Gerlach serait devenu obergruppenführer de la SS et se retrouverait à présent en prison [...] comme criminel de guerre".
La rédaction de ce communiqué suscite cependant de vifs débats et réactive bien des rancoeurs. "Diebner, fait remarquer le major Rittner dans son rapport, a faire remarquer qu'il avait détruit tous ses papiers, mais qu'il y avait un danger très important que Schumann ait pris des notes sur tout". Pour des raisons que les transcriptions des écoutes ne permettent pas de déterminer, Wirtz, von Weizsäcker, Diebner, Bagge et Korsching refusent d'abord de signer le texte. Mais Heisenberg parvient à les en convaincre. Le communiqué est finalement signé des dix physiciens, von Laue ayant cependant ajouté un post-scriptum dans lequel il précise "ma signature signifie que je partage la responsabilité de l'exactitude des affirmations ci-dessus, non que j'ai pris une quelconque part aux travaux mentionnés".
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Vidéo de Nicolas Chevassus-au-Louis
Un débat animé par Nicolas Chevassus-au-Louis, avec le physicien Hervé Krivine et l?informaticien Guillaume Wisniewski.
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