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EAN : 9782355261435
90 pages
Nouvelles Editions Lignes (08/04/2015)
3/5   1 notes
Résumé :
Unique débat public, resté inédit, entre deux des intellectuels français les plus importants de la fin du siècle dernier, en février 2003, à la veille de l’intervention américaine en Irak. Opposant les moyens de la pensée à cette guerre-là, qui s’exceptait de tout droit international ; pensant la guerre contemporaine en général et les guerres à venir. Un DVD de l’enregistrement du débat est joint au livre.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Impossible de regarder le débat : manque de dynamisme, nos deux protagonistes au bord de la mort ne trouvant plus assez de matière vive pour régénérer les cellules au moment de l'entrevue.

Impossible d'écouter le débat : Derrick même provoquerait une plus importante décharge d'adrénaline chez l'auditeur.

Autant lire le bouquin. Ça se passe en 2003. L'atmosphère est encore toute chaude des attentats du 11 septembre. (Voyez, on ne se sent même plus obligés de préciser l'année). Grosse claque infligée aux puissances dominantes occidentales. C'est pourquoi les doctorants ici réunis nous disent que la guerre ne pourra plus avoir lieu. Pas que plus personne ne va mourir, ni finir blessé, ni finir morflé, frappé, buté, violé, niqué, mais que la guerre, telle que nous l'avons connue, genre sachant pour quoi elle se bat (si toutefois elle l'a jamais su), ne pourra plus exister : toute guerre à venir sera dirigée uniquement dans l'objectif de corriger l'humiliation symbolique du 11 septembre. Mais Jacquot la fripouille l'a dit : le symbolique, ce n'est pas le réel. Voilà ce qu'en dit Baudrillard : « [La guerre] est un évènement second, c'est-à-dire un événement de substitution, de rachat, de ravalement, du seul événement fondamental qui a été fait le 11 septembre. »


Bon, on comprendra que ça le fait pas trop d'affirmer ça quand pendant ce temps y a de vrais gens qui perdent leurs os, leur gras de phoque et leur sang pour des causes symboliques. L'indécence ne disparaît pas à la seule force des gentilles prétentions intellectuelles. Derrida, d'ailleurs, est un peu moins chaud : « […] Les signes que ces guerres ont eu lieu, comme le 11 septembre, ce sont d'abord les morts indéniables, les milliers de morts, et encore les milliers et milliers de malades, non seulement du côté des populations irakiennes mais du côté même des soldats qui se sont engagés dans la guerre du Golfe. Donc j'aurai toujours du mal à dire simplement que cette guerre n'a pas eu lieu ». le même creuse la question vers le sens qui nous intéresse aujourd'hui : « L'enjeu aujourd'hui de part et d'autre, c'est le Conseil de sécurité, ce que va devenir le Conseil de sécurité, au sortir de cette crise. Et ce que va devenir par conséquent l'ONU, le Conseil de sécurité étant l'instance souveraine et efficace –relativement efficace- de l'ONU. ».


Rappelons-nous que le débat a eu lieu en 2003. Ça peut être utile de brasser les événements à chaud mais le manque de recul aboutit rarement à des analyses pertinentes. René Major, un autre doctorant, intervient dix ans plus tard pour jeter un petit regard rétrospectif sur ce débat, alors que Baudrillard et Derrida ont crevé comme des rats sans peau. En vue de l'évolution de la situation géopolitique, il veut nous faire croire que les deux vieux schnoques avaient bien compris que le truc qui allait devenir le plus problématique, avec le temps, c'était ce monolithisme du Conseil de sécurité, de l'ONU, de l'OTAN et de tous ces autres jouets qui amusent surtout les Etats-Unis. Bref, nous tombons un peu au fond d'un cul de sac qui nous empêche de réagir face à une situation de plus en plus incontrôlable dans les pays du Moyen-Orient, et c'est la merde. Alors, que fait-on ? On ne saura pas. Peut-être bien faire tout éclater, comme Kofi Annan l'avait diplomatiquement suggéré avant de se faire gommer.


René Major, avec sa petite voix de grand-mère, essaie de nous faire croire que Baudrillard et Derrida avaient été presque dissidents lors de leur intervention. On peut essayer d'y croire. En vrai, ça ne donnera que quelques idées de bon sens pour essayer de maintenir la tête hors de l'eau médiatiquement correcte. Grosse faille du débat : les intervenants abordent la civilisation occidentale comme si elle baignait dans une aura de pureté immaculée. Jamais ils n'évoqueront leurs antécédents violents et leurs interventions schizophréniques dans les pays orientaux pour tenter de comprendre (comprendre n'est pas pardonner, rappelons-le pour les courts d'esprit) les réactions terroristes de leurs victimes. Complétons donc cette analyse par celle de Michel Collon, et le compte est bon : https://youtu.be/WabuB6gXwq4
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Le crime n’a pas eu lieu mais la répression, elle, a bien lieu ; le crime est absent, en quelque sorte, mais il nous laisse sa répression. […]
Donc, on aurait affaire à un principe de précaution, mais ce n’est pas seulement un principe, ça deviendrait une sorte de réalité totalitaire et sécuritaire, qui n’est plus exactement de l’ordre de la dissuasion de la Guerre Froide.

[Baudrillard]
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Tous les pouvoirs […] coalisés, c’est le principe même de légitimité et de représentation qui est mis à mal, et on se retrouve devant une situation de fin de la souveraineté, puisque les pouvoirs sont tous d’un côté.
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La différence, c’est qu’avant la guerre du Golfe, il n’y avait pas la guerre. Avant la guerre de demain, il y a déjà la guerre.
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Ce qui arrive aujourd’hui, selon vous, c’est le passage de l’universel au mondial. Les valeurs universelles réussissaient plus ou moins bien jusqu’à présent à intégrer une singularité comme différence, dans une culture universelle des différences. L’universel est aujourd’hui confronté à un ordre mondial sans alternative et à la dérive, ou à l’insurrection des singularités.

(René Major)
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Depuis le démantèlement de l’Empire ottoman après la Première Guerre mondiale et le partage du Proche-Orient par les accords franco-britanniques de 1916, suivis de l’abolition du califat par Ataturk en 1924, une partie du monde arabe gardait en mémoire un sentiment d’humiliation venu de l’Occident.
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Videos de Jean Baudrillard (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Baudrillard
Le 13 septembre 2014, l'émission “Une vie, une oeuvre” diffusée tous les samedis sur France Culture, était consacrée à l'évocation du philosophe français, Jean Baudrillard (1929-2007). Par Delphine Japhet et Olivier Jacquemond. Réalisation : Ghislaine David. Attachée d'émission : Claire Poinsignon. Ni morale, ni critique, une « pensée radicale ». Rendre au monde son étrangeté, l’appréhender avec un regard séducteur, telle fut l’entreprise de Baudrillard. Sociologue, philosophe, poète ? Baudrillard est inclassable, et s’est toujours tenu à la marge des institutions académiques, créant son propre style. Ni morale, ni critique, il ne conçut jamais sa pensée comme édificatrice. En revanche, concepts féconds, réflexion visionnaire, il a toujours été un observateur hors norme de notre temps. Au risque de l’hostilité, de la polémique, il s’est emparé d’événements historiques aussi délicats que la Guerre du Golfe ou les attentats du 11 septembre. Reconnu comme une icône, un gourou à l’étranger, traduit dans une trentaine de langues, il est méconnu en France. Cet épisode de « Une vie, une œuvre », traque les traces de celui qui a toujours cherché à les effacer et à faire de la pensée un jeu de piste. Invités : Marine Baudrillard, épouse de Jean Baudrillard. François L’Yvonnet, professeur de philosophie et éditeur. François Cusset, historien des idées, professeur de civilisation américaine à l’Université de Nanterre. Sylvère Lotringer, philosophe français, professeur à l’université Columbia de New York. Robert Maggiori, philosophe, journaliste à Libération. Jacques Donzelot, maître de conférences en sociologie politique à l'Université de Paris X Nanterre.
Thèmes : Arts & Spectacles| Philosophie| Société| Jean Baudrillard
Source : France Culture
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