Doug a la petite quarantaine, il est consultant en marketing pour des boissons sportives, Jean est décoratrice d'intérieur en entreprise. Ni l'un ni l'autre ne s'épanouissent vraiment dans ces activités alimentaires, ni autres activités d'ailleurs …
Doug semble pourtant avoir un centre d'intérêt, la maison de
Preston Falls qu'il a achetée sans trop se préoccuper de l'avis de Jean et de leurs deux enfants, déjà adolescents. Un vague projet de maison de campagne, à quelques heures de leur domicile new yorkais, resté à l'état de projet.
Le récit commence avec le départ de la famille pour un dernier week end ensemble avant que Jean et les enfants ne rentrent à New York poursuivre sans Doug la routine de l'école et du travail car lui a décidé de se secouer et a pris deux mois de congés sans solde pour se consacrer aux travaux nécessaires. Son frère et sa petite amie les rejoignent à
Preston Falls et tout part (ou continue de partir), en eau de vaisselle. Cynique, indifférent, apathique et complétement auto centré, Doug laisse à Jean l'organisation des choses concrètes, repas, enfants, courses … sans se mêler de ces considérations triviales. Elle s'affaire, agacée au delà de l'agacement par son détachement affecté, et sa propension au dérisoire. Bref le couple bat de l'aille, et sérieusement même .. On attend la catastrophe inévitable dès lors que Doug fait preuve d'une capacité hors du commun à se retrouver dans des situations impossibles, même loin de tout et même en tentant de rattraper le cours de cette séparation provisoire, de ces derniers moments avant le vide. Or, rien ne vient, du moins pas grand chose … Doug accumule les ennuis, notamment envers les autorités locales, Jean sauve les meubles, colmate les inconséquences de l'agressivité et du mépris affecté de Doug envers les voisins, et tout ce qui n'est pas lui, ses guitares, ses livres. On comprend rapidement que ce personnage tourne en rond ( et le récit aussi, d'ailleurs), relisant les mêmes livres, rejouant les mêmes airs …
Jean se débat avec ce qui lui reste de sentiments, et repart à New York, lui se plonge dans un abattement autodestructeur, seul à
Preston Falls, et le récit devient celui de sa démission en tant que mari, père et personne sociale .. Suite à une série de rencontres improbables, il est acculé à la disparition.
C'est donc le récit d'un naufrage, dont les étapes offrent peu de palpitations tant les deux protagonistes appartiennent dès le départ à deux espaces temps aussi vides l'un que l'autre. Lui, si fier de son antique camion délabré qu'il considère comme un bras d'honneur aux volvos des banlieusards qu'il croise, l'indice de sa marginalité infantile, noyé dans un retour aux sources imaginaire. Elle, moralisatrice, dépassée par les règles qu'elle s'impose, contre les microbes, les gros mots, obsédée par la bien pensance convenue. Elle est aussi agaçante que son jean foutiste de mari.
Ce récit d'une crise de milieu de vie ne prend pas d'envol et peu de recul, la chute en est aussi peu palpitante qu'un petit trou d'air.
Lien :
https://aleslire.wordpress.c..