Ainsi, dans tous les problèmes philosophiques, la pluralité suppose l'unité; et, tout en reconnaissant que nous ne connaissons guère que des parties, c'est cependant le tout que nous apercevons dans chacune des parties. D'où cette nouvelle définition: la philosophie est la science partielle du tout, la science fragmentaire de l'unité.
Ce n'est pas sans intention que nous avons donné pour litre à ces études: Introduction à la science philosophique. Notre objet en effet est d'établir, s'il est possible, que la philosophie est une science, et de la traiter comme elle. C'est donc là la première question qui se présente à nous. Rien de plus contesté à la philosophie que le droit de s'appeler science. On n'en nie pas l'existence; qu'elle s'appelle comme elle voudra; mais science, non pas.
On peut dire tout ce qu'on voudra de la philosophie: qu'elle est une science obscure, arbitraire, conjecturale, dévorée par des divisions intestines, immobile et rééditant sans cesse les mêmes systèmes (tout cela est à examiner); mais ce qu'on ne peut pas dire, c'est que son objet n'existe pas, qu'elle ne porte pas sur des problèmes réels.