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EAN : 9781090424877
60 pages
éditions Lunatique (25/08/2017)
3.4/5   10 notes
Résumé :
Fabien Maréchal imagine une société soumise à la peur (ici, née d’un chômage de masse), une société où la question de la sécurité en vient à saturer l’espace social. Pourquoi s’opposer au renforcement de l’arsenal protecteur ? Sauf, bien sûr, à avoir soi-même quelque chose à se reprocher... On devient vite suspect aux yeux des tenants de l’ordre, y compris à ses propres yeux !
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Une société guère différente de la nôtre, où les chômeurs sont considérés comme potentiellement dangereux. On les redoute d'autant plus qu'ils sont de plus en plus nombreux et de moins en moins aidés.
Solution mise en place : renforcer la présence de l'administration - pas celle qui rend service, progressivement remplacée par Internet (là je parle de la real-life d'ici et maintenant), mais celle qui surveille, soi-disant pour protéger les 'honnêtes citoyens'. Ceux-ci sont donc priés de laisser leur domicile à disposition de l'Etat, et c'est ainsi que Cécile et Marc abritent malgré eux une annexe de la Police, installée au sous-sol.
Mais la perte d'intimité qui en résulte n'est-elle pas pire que la menace d'une révolte des plus démunis ?

C'est toujours délicat de recevoir un livre gentiment dédicacé par son auteur, sans avoir rien demandé.
J'ai commencé cette nouvelle avec la meilleure volonté possible, bien que la politique-fiction soit un domaine que j'évite.
L'ambiance rappelle Kafka, Pavloff (Matin Brun), Orwell (1984). Le propos est intéressant, le message utile, certes, mais il ne convainc que des convertis. Et j'ai eu d'autant plus de mal à adhérer à cette histoire qu'il règne dans ce couple une étrange violence larvée, malsaine, déjà présente avant l'arrivée des colocataires indésirables...

Avis très mitigé, donc, et j'en suis désolée...
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J'ai reçu ce court roman dans le cadre de la dernière Masse Critique Babelio et je remercie les éditions Lunatique de me l'avoir fait parvenir.
J'ai pensé qu'il s'agissait d'un livre pour la jeunesse mais je ne croit pas qu'il soit destiné à des adolescents.
Il m'a fait pensé bien sûr à "Matin Brun" mais aussi au film "Brazil" de Terry Gilliam.
L'atmosphère et les thèmes sont kafkaïens par leur absurdité calme qui amène l'héroïne à douter de sa santé mentale.
Tout débute avec l'annonce que sa maison où elle vit avec son mari, va être réquisitionnée (le sous-sol en tout cas) pour l'implantation d'une annexe de la Police dans le quartier. Elle perçoit cela comme une invasion qui empiète sur sa vie privée et sa liberté alors que son mari ne jure que par le surcroît de protection et de sécurité que cela va leur apporter.
Cela amène à une réflexion générale sur les limites d'intervention de l'administratif et du public dans la vie des citoyens mais finalement ce qui m'a le plus dérangé c'est le personnage du mari et sa façon de traiter sa femme, l'évolution que cela entraîne dans leurs relations et leur couple.
C'est une nouvelle intéressante qui pousse à s'interroger.
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Bienvenu dans un futur proche en mode comédie grinçante. le dispositif de la comédie est assumé, respecté et parfaitement adapté. Une femme narratrice décidée à ne pas se laisser faire. Un mari soumis à l'autorité de l'uniforme. Et un chef de police réquisitionnant leur garage pour installer un centre de police. Forcément ça prend de de plus en plus de place. Les moeurs, l'entendement, l'humanité sont plus que malmenés pour notre plus grand plaisir. Les dialogues sont savoureux. L'histoire est savamment bien menée. le dénouement n'est pas attendu car l'auteur place très astucieusement de la nuance et arrive à presque nous faire basculer la tête "Non ils vont finir par s'opposer !" Eh bien... Lisez le livre ! Cela m'a rappelé "Matin Brun" de Franck Pavloff et "Les jardins de l'horreur" pour le côté pièce de théâtre malgré soi. Bref une lecture que je recommande vivement.
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Cette lecture m'a été permise grâce à la masse critique Babelio. Je commencerai donc par remercier les Editions Lunatique et Babelio.
Ce qui m'a plus tout de suite est le sujet de la surveillance qui est gros sujet d'actualité.

L'histoire met en scène un couple et est narré par la femme. Une cellule de la police emménage dans le sous-sol du couple et le mari est totalement dévoué et même soumis aux hommes en costume alors que le femme ne comprend pas l'importance d'avoir ces policiers au domicile et ne compte pas se soumettre à leur exigence et à cette intrusion dans leur vie privée. Leur avis divergent sur ce point, leur relation change au fur et à mesure des chapitres.

Fabien Maréchal a décidé de traiter ce sujet d'une manière loufoque et exagérée. C'est une lecture assez spéciale au premier abord mais qui nous amène à avoir un réflexion sur la surveillance excessive dont nous pouvons être sujet, que nous acceptons.
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On ne lui a pas laissé le choix, mais Marc est ravi : en accueillant une brigade de policiers dans son sous-sol, le voilà enfin certain d'être en sécurité. Et tant pis si sa femme Cécile trouve la présence des policiers anxiogène et regrette sa liberté passée... On rit des poulets guignolesques qui s'agitent autour de Marc et Cécile, jusqu'à ce que la satire se fasse plus sombre. En une soixantaine de pages rondement menées, Fabien Maréchal croque une société qui ressemble désespérément à la nôtre : obsession sécuritaire, bureaucratie qui tourne à vide, stigmatisation des chômeurs... Et sa conclusion est désolante : on s'habitue décidément à tout.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
« Entrez, c’est toujours ouvert. »
L’uniforme jaune et bleu pousse le portillon, et grimpe la douzaine de marches jusqu’à moi. Nous avons un facteur philosophe : « Je colporte heurs et malheurs plein la sacoche, aime-t-il à dire, mais ne choisis pas à qui je les distribue. » Toutefois, aujourd’hui, il arbore un visage étrangement fermé et me salue à peine. Il me tend une enveloppe frappée d’un drapeau tricolore.
À défaut de choisir, me dis-je, il doit parfois deviner la nature de ses augures : le plus gros expéditeur de courrier du pays est l’Agence nationale du travail.
Si mon mari avait reçu le pli officiel à ma place, il se serait débrouillé pour l’égarer dans un coin du salon. Un homme, ça fait semblant de ne pas avoir marché dedans tant qu’il ne sent pas l’odeur. J’arrache le haut de l’enveloppe avec les dents.
« Et moi qui voulais installer une alarme ! », s’écrie Marc, avachi en jogging devant une émission de téléréalité qui promet un emploi de veilleur de nuit au gagnant. Cécile, tu effraierais un cambrioleur ! »
La lettre porte l’en-tête du ministère de l’Intérieur. J’en termine la lecture à haute voix en m’approchant de Marc :
« …que votre sous-sol a été désigné pour abriter une annexe du commissariat central de la Police nationale.
– Pas étonnant, dit Marc sans quitter la télévision des yeux, vu qu’il est vide. »
Vide, notre sous-sol ? Mais j’y ai entreposé mille projets ! Un atelier pour me mettre à l’aquarelle ; une salle de sport pour que Marc élimine son bedon naissant de quadragénaire ; un dressing…
Je coupe d’autorité le son de la télévision.
« Une annexe du commissariat, moi, je ne me plains pas, grogne Marc. Ça aurait pu être un centre de réinsertion pour chômeurs délinquants. »
Mon mari a toujours eu un faible pour les uniformes. Il regarde passer les camions de pompiers comme un gosse et, l’an passé, est allé voir le défilé du 14 juillet sur les Champs-Élysées.
« De toute façon, ça aurait fini par arriver, soutient-il en m’attrapant la taille sans bouger de son fauteuil. Les emplacements libres sont devenus rares dans le quartier. »
Une demi-douzaine d’annexes du commissariat y ont déjà élu domicile. Sans marcher plus de dix minutes, nous avons accès à une sous-sous-préfecture, à deux tribunaux correctionnels, à une cour d’assises et, bien entendu, aux multiples bureaux de l’Agence nationale du travail et des services de recrutement interarmées, de la Police nationale et de la magistrature.
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À l’instant où je pousse notre portillon, un petit flic bourrelé surgit d’entre les thuyas de la haie et tend un bras en l’air comme pour un salut fasciste. J’en lâche mon sac à main.
« Vous m’avez fait peur.
– Papiers, madame !
– Mais… Je suis chez moi ! «
J’attends que le flic ramasse mon sac. Il se contente de baisser le bras.
« Je ne connais pas encore tout le monde ici. », explique-t-il.
Je vais pour le contourner, mais il s’interpose à nouveau, bras en ailes d’avion.
« Qui me prouve que vous habitez là ? Vos papiers ou je vous embarque. »
Je ne tiens guère à passer la soirée dans mon sous-sol. Je lui colle ma carte d’identité sous les yeux. La porte de la maison s’ouvre au même instant.
« Te voilà enfin !, fait Marc depuis le haut des marches. Laisse donc monsieur travailler. »
Le policier s’écarte avec un sourire de détraqué sexuel. Je monte l’escalier extérieur, claque la porte derrière moi et envoie promener mon sac sur le canapé du séjour.
« Nous avons un garde en permanence, jubile Marc en me collant une main aux fesses. n’est-ce pas formidable ? Bien sûr, si tu le distrais tout le temps…
– Il refusait de me laisser passer.
– Je me disais bien qu’il avait l’air particulièrement consciencieux. »
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- Je n'ai jamais compris ce truc chez les femmes, insiste-t-il. Vous adorez le boucan. Mixeur, sèche-cheveux, tondeuse, à moins de 80 décibels, vous croyez que c'est en panne et vous appelez le service après-vente. Ma chérie, si nous ne vivions pas ensemble, je t'offrirais une machine à bruit pour ton anniversaire.
Je devrais le gifler.
(p. 19-20)
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Pour être franche, on se fait à la vidéosurveillance comme aux trains quand on habite à côté d’une voie ferrée. Le temps dissout tout. Il suffit de ne pas penser qu’un policier indélicat, quand le lieutenant est absent… Que les enregistrements sont détruits… Qu’une machine ne les duplique pas pour le cas où… Il suffit d’oublier. L’oubli peut devenir une habitude que l’on prend, comme des gens finissent par aimer les conditions de leur malheur.
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C’est juste une annexe du commissariat, dit Marc d’une voix caressante. Et puis, pourquoi n’aurions nous pas droit à la nôtre ?
— Peut-être parce que nous n’en voulons pas ?
— Nous ? »
Marc lâche mes hanches.
« Tu as déjà pensé à ce que ça représente, pour un homme, de savoir son foyer en sécurité ?
— Je ne suis pas en sécurité, avec toi ?
— Avec ce chômage, tous ces gens qui ne fichent rien de leurs journées, je ne suis pas rassuré.
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Videos de Fabien Maréchal (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Fabien Maréchal
PLUS PERSONNE POUR AUJOURDHUI, de Fabien Maréchal (Le Réalgar, 2022) : lecture d'un extrait par l'auteur
"À plusieurs reprises, avant de déménager, tu es passé par inadvertance devant une école à l'heure de la récréation, hésitant entre la fuite éperdue, oreilles bouchées avec les poings, et l'attente mélancolique de la prochaine cloche, te gavant par procuration de bonheurs qui n'étaient plus tiens. Une fois, un agent de police, un jeune avec des cheveux ras, s'est approché. Il y a des flics partout en région parisienne, surtout près des écoles. Tu avais dû regarder la cour de récréation de façon un peu trop insistante..."
+ Lire la suite
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